Forcier, Marc-André
Marc-André Forcier, réalisateur (Montréal 19 juillet 1947). Après un court métrage tourné en 1967, il réalise, de façon artisanale, un premier long métrage, Le Retour de l'Immaculée Conception (1971), qui révèle son enthousiasme pour le cinéma. Il perfectionne son style et précise le genre de personnages qu'il veut mettre en scène : un univers composé de marginaux qui refusent, par leur comportement, la société où ils vivent, surtout le monde adulte, mais qui n'en demeurent pas moins profondément enracinés.
On peut diviser l'oeuvre de Forcier en deux périodes. La première, qui va de Bar salon (1973) à l'étonnant Au clair de la lune (1982), en passant par son film-phare, L'Eau chaude, l'eau frette (1976), se signale par un mélange de réalisme et de fantaisie assez unique dans le cinéma québécois. On y trouve des personnages singuliers marqués au coin de l'ironie et de la tendresse. Kalamazoo (1988), une histoire d'amour fou où se côtoient sirène androgyne et écrivain de pacotille, ouvre la deuxième période tout en proposant une synthèse de la première. Il s'agit d'un univers dans lequel le trivial est transfiguré par l'imagination, la poésie et le mythe. Il obtient le prix du meilleur long métrage de l'année décerné par l'Association québécoise des critiques de cinéma.
En pleine possession de ses moyens artistiques, Forcier atteint maintenant un plus large public. Il consolide son succès avec Une histoire inventée (1990), curieux cocktail où se mélangent drame shakespearien, spectacle de cabaret, artiste sur le déclin et amour impossible. Le Vent du Wyoming (1994) nous amène dans un univers analogue, fait de poésie, d'allégorie et de surréalisme. À noter toutefois qu'il met fin à sa longue association avec Jacques Marcotte, son scénariste depuis leur premier film. En 1997, Forcier réalise La Comtesse de Bâton rouge, un film aux allures autobiographiques où, pour la première fois, il fait référence à son métier de cinéaste sous le mode de la métaphore en plongeant au coeur de son propre imaginaire. Le film accroche moins et Forcier entame une certaine traversée du désert. Mû par le désir de créer et renouant avec le cinéma artisanal de ses débuts, il offre au public Acapulco Gold (2004), un faux documentaire sur un Français qui aurait rencontré Elvis Presley à Acapulco. L'humour de cette pseudo mystification farfelue déroute. N'empêche, le cinéaste revient en force avec Les États-Unis d'Albert (2005), une sorte de road movie fantaisiste à l'imaginaire débordant et d'une facture visuelle insolite. Des personnages étranges y vivent des passions et des rêves quasi surréalistes, écho direct des univers développés dans ses films antérieurs. L'oeuvre de Forcier est l'une des plus originales et surprenantes du cinéma québécois.