Gilbert John Murray Kynynmond Elliot, 4e comte de Minto | l'Encyclopédie Canadienne

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Gilbert John Murray Kynynmond Elliot, 4e comte de Minto

Gilbert John Murray-Kynynmound Eliot, vicomte Melgund et 4e comte de Minto, gouverneur général du Canada de 1898 à 1904 (né le 9 juillet 1845 à Londres, au Royaume-Uni ; décédé le 1er mars 1914 à Minto, Roxburghshire, au Royaume-Uni).

Lord Minto et son personnel

Lord Minto (assis) et son personnel. De gauche à droite : Capitaine Lacelles, Arthur Guise, Major Lawrence Drummond, Capitaine Henry Graham. Ottawa, Ontario, mai 1899.

(photo de Topley Studio, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-028066)

Famille, éducation et carrière militaire

Gilbert est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons nés de l’union entre le propriétaire foncier et député écossais William Hugh Murray-Kynynmound Eliot, vicomte Melgund, et Emma Hislop. Gilbert est scolarisé très tôt à la maison par sa mère, qui est l’auteure d’une série d’histoires familiales et de biographies. Il fait également ses études secondaires au collège d’Eton de 1859 à 1863, avant de fréquenter le Trinity College de Cambridge de 1864 à 1867. En 1910, il obtient un doctorat honorifique de Cambridge.

En 1859, à la mort de son grand-père paternel le 2e comte de Minto, Gilbert hérite du titre de courtoisie de vicomte Melgund, appartenant auparavant à son père. À l’instar des générations précédentes de sa famille, lord Melgund poursuit une carrière militaire au sein de l’Empire britannique. Il sert lors de la Deuxième guerre d’Afghanistan en 1878-1879 et est blessé pendant l’occupation britannique d’Égypte en 1882.

Mariage et enfants

Le 28 juillet 1883, lord Melgund épouse Mary Caroline Grey, fille du secrétaire particulier de la reine Victoria, le lieutenant-général Charles Grey, et de Caroline Farquhar, et sœur du comte Grey, gouverneur général du Canada de 1904 à 1911. Le couple a cinq enfants : lady Eileen (1884-1938), lady Ruby (1886-1961), lady Violet (1889-1965), lord Victor, 5e comte de Minto (1891-1975), et lord Gavin (1895-1917).

Début de carrière au Canada

Après leur mariage, le vicomte et la vicomtesse Melgund s’installent au Canada, car lord Melgund s’est vu offrir un poste de secrétaire militaire par lord Lansdowne, gouverneur général du Canada, en 1883. Lord Melgund et lord Lansdowne sont des amis de longue date, étant allés à l’école ensemble. Les Melgund résident au Rideau Cottage, qui est aujourd’hui la résidence du premier ministre. Le couple voyage beaucoup dans l’est du Canada et s’adonne au patinage et à la pêche au saumon. Leur fille aînée, Eileen, naît à Ottawa et est surnommée « La petite Canadienne » par le premier ministre Sir John A. Macdonald. Les fonctions de lord Melgund consistent notamment à recruter une petite force canadienne de bateliers-voyageurs pour tenter de lever le siège de Khartoum (aujourd’hui capitale du Soudan) en 1884. Il s’agit là du premier conflit impérial britannique auquel le Canada participe en tant que dominion autonome. Lord Melgund sert ensuite comme chef d’état-major du général Frederick Middleton, l’officier qui a commandé la milice canadienne, pendant la rébellion du Nord-Ouest de 1885.

John A. Macdonald, grand admirateur de lord Melgund, aurait prédit : « Je ne vivrai pas assez longtemps pour le voir, mais un jour le Canada vous accueillera à nouveau en tant que gouverneur général ».

Gouverneur général du Canada

Le 17 mars 1891, le vicomte Melgund succède à son père à titre de comte de Minto. Il aspire à une carrière politique, mais ses efforts pour briguer un poste au Parlement sont infructueux. Il se consacre alors à la gestion des domaines écossais de sa famille. Il fait discrètement campagne pour le poste de gouverneur général du Canada, écrivant dans son journal en mars 1898 : « Le poste est vacant à l’automne – j’ai dit [à lord Wolseley au British War Office] que je ne voulais pas le demander, mais que s’il pouvait faire connaître mon désir au autrui, je serais prêt à accepter une proposition ». C’est toutefois George Stephen, banquier et homme d’affaires canadien ayant été président du chemin de fer du Canadien Pacifique de 1881 à 1888, qui recommande lord Minto pour le poste. Le comte reçoit la nomination et arrive au Canada avec sa femme et leurs cinq enfants en bas âge en novembre 1898.

Les Minto instaurent une plus grande formalité dans les réceptions de Rideau Hall et limitent le nombre d’invités aux occasions officielles. Lord Minto acquiert rapidement une réputation selon laquelle il se préoccupe trop des protocoles et maintient un cercle social étroit.

Lord Minto considère que Rideau Hall n’est pas une résidence adéquate pour un gouverneur général et préfère offrir l’édifice au Musée des beaux-arts du Canada, qui a besoin d’un foyer permanent pour sa collection. Il fait construire l’aile Minto à l’extrémité est de Rideau Hall pour héberger temporairement ses enfants et sa famille jusqu’à ce qu’on leur trouve une nouvelle résidence. L’aile Minto est endommagée par un incendie en 1904.

La guerre des Boers et l’armée

La participation du Canada à la Deuxième guerre des Boers (1899-1902) est l’une des principales controverses politiques du mandat de lord Minto comme gouverneur général. Les Canadiens anglais sont favorables à la participation officielle du Canada au conflit, tandis que les Canadiens français s’opposent à la participation aux conflits impériaux du Royaume-Uni.

Un autre débat porte sur la question de savoir si les Canadiens devaient servir sous les ordres d’officiers britanniques. Bien que lord Minto soit associé à ce poste, il soutient les Canadiens qui servent dans leurs propres contingents. Lord Minto s’intéresse beaucoup au développement de l’armée canadienne et est nommé lieutenant-colonel honoraire des Governor General’s Foot Guards, une tradition qui se poursuit encore aujourd’hui.

Au cours de la guerre des Boers, le premier ministreSir Wilfrid Laurier fait un compromis en permettant à un contingent volontaire de plus de 7000 Canadiens, équipés à leurs frais, de participer au conflit. La controverse de la guerre des Boers met à rude épreuve les relations de travail entre lord Minto et le premier ministre Laurier, mais leurs rapports s’améliorent après le conflit. Wilfrid Laurier observe d’ailleurs que lord Minto « prend ses devoirs à cœur ».

La ruée vers l’or du Yukon

En 1900, lord et lady Minto entreprennent une vaste tournée des provinces de l’Ouest canadien et deviennent le premier couple vice-royal à visiter le Yukon. Lord Minto décrit cette tournée dans son journal comme « une expérience merveilleuse ». Comme il le fait remarquer, « il semble qu’il y ait une impression selon laquelle nous nous tiendrions à l’écart et refuserions généralement de rencontrer toutes les classes ou d’échanger des idées. Nous avons fait de notre mieux pour voir tout le monde et faire tout ce que le temps nous permettait de faire ».

La ruée vers l’or du Klondike a lieu pendant le mandat de lord Minto comme gouverneur général. Ce dernier critique d’ailleurs la gouvernance du Yukon par le Canada en se basant sur ses observations à Dawson City, qui compte alors une population d’environ 17 000 habitants. Lord Minto écrit à Chamberlain : « Le gouvernement du Dominion semble avoir considéré le Yukon comme une source de revenus, comme un endroit où l’on peut profiter le plus possible, et a utilisé ses recettes en grande partie pour la corruption politique plutôt que pour le développement du pays ». Ces conclusions poussent lord Minto à réclamer une réforme des systèmes de licences d’alcool et de redevances sur la poussière d’or et une augmentation des investissements dans les infrastructures et les services au Yukon.

Sports et intérêts

Tous deux des patineurs accomplis, lord et lady Minto fondent le club de patinage Minto à Ottawa en 1903. En été, lord Minto aime faire du vélo et jouer à la crosse. En 1901, il crée la coupe Minto de la Canadian Lacrosse Association, qui est décernée chaque année à l’équipe masculine junior ayant remporté le championnat de crosse.

Lord Minto est un ami du président américain Theodore Roosevelt et partage l’intérêt de ce dernier pour le développement des parcs nationaux, encourageant un programme similaire pour le Canada. Lord Minto s’intéresse également beaucoup à l’histoire du Canada et soutient la création d’un service centralisé d’archives nationales au Canada. Enfin, lord et lady Minto sont préoccupés par la propagation de la tuberculose au Canada et fondent ainsi la première fondation antituberculeuse du pays, qui finance des hôpitaux dans tout le pays.

Tournée royale de 1901

En 1901, lord et lady Minto accueillent le Duc et la Duchesse de Cornwall et de York (le futur roi George V et la reine Mary) lors de leur tournée pancanadienne. Le couple royal est accompagné par le frère de la duchesse, le futur comte d’Athlone et gouverneur général du Canada de 1940 à 1946. Lord Minto est l’hôte de la délégation royale à Rideau Hall, organisant même un match de crosse de la coupe Minto à la demande du Duc. Lord Minto accompagne également la délégation royale pendant une partie de sa tournée, notamment pour des engagements publics en Ontario et au Québec et pour la chasse au canard au Manitoba.

Lord et lady Minto entretiennent des relations chaleureuses avec la famille royale et assistent au couronnement d’Édouard VII le 9 août 1902. Dans le cadre de la cérémonie, lord Minto est nommé conseiller privé par le nouveau roi.

Dernières années

À l’instar du comte de Dufferin et du marquis de Lansdowne, lord Minto est nommé vice-roi de l’Inde après son mandat de gouverneur général du Canada. En tant que vice-roi de 1905 à 1910, il introduit des réformes politiques, comme l’inclusion d’un représentant indien dans son conseil. Le comte et la comtesse de Minto retournent au Royaume-Uni en 1910. Lord Minto reçoit un diagnostic de cancer du côlon en 1913 et meurt au château de Minto l’année suivante.

Peu après, lady Minto commande une biographie de son défunt mari. L’ouvrage est écrit par John Buchan, futur baron Tweedsmuir et gouverneur général du Canada de 1935 à 1940.

Patrimoine

Il existe de nombreux endroits au Canada qui portent le nom de Minto, notamment la place Minto à Ottawa, la rue Minto à Toronto, Minto City et Mount Minto en Colombie-Britannique, et les villes de Minto en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

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