Glover, Douglas | l'Encyclopédie Canadienne

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Glover, Douglas

Douglas Glover, romancier, nouvelliste, critique, éditeur, professeur (près de Simcoe, Ont., 14 novembre 1948). Douglas Glover est un homme de lettres éclectique dont la longue carrière prend plusieurs formes.

Glover, Douglas

Douglas Glover, romancier, nouvelliste, critique, éditeur, professeur (près de Simcoe, Ont., 14 novembre 1948). Douglas Glover est un homme de lettres éclectique dont la longue carrière prend plusieurs formes.

Diplômé en philosophie de l'UNIVERSITÉ YORK (Toronto) et de l'Université d'Édimbourg, Douglas Glover obtient ensuite sa maîtrise au Writers' Workshop de l'Université de l'Iowa. Né en Ontario dans une famille d'agriculteurs, il désapprouve les traditions coloniales et LOYALISTES dont il estime être un produit et passe la plus grande partie de sa vie aux États-Unis. « Je suis un nomade, un expatrié, un Canadien errant (ce qui est pire qu'être simplement Canadien, je suis doublement déplacé, un ringard canadien) », écrit-il. Ce n'est peut-être pas surprenant que Glover soit un admirateur de Don Quichotte de Cervantès, l'objet de sa monographie intitulée The Enamoured Knight (2004).

Dès le début de sa carrière, Glover explore beaucoup l'art de la nouvelle, de son premier ouvrage publié, The Mad River (1981), jusqu'à Bad News of the Heart (2003), en passant par Dog Attempts to Drown Man in Saskatoon (1985), A Guide to Animal Behaviour (1991) et Sixteen Categories of Desire (2000; trad. Seize sortes de désir). Bien que ses personnages et ses situations varient énormément, beaucoup de ses histoires traitent de crises, de points tournants ou de moments de décision. Par exemple, dans « Panther », nouvelle de son premier recueil, Jésus crucifié se rend en Angleterre pour confronter le centurion romain Pantheras, dont il pense être le fils. La nouvelle « Story Carved in Stone », dans A Guide to Animal Behaviour, décrit le retour dans le sud des États-Unis d'une femme ayant disparu au Canada et ayant vécu une aventure au Nunavut. Dans le même recueil, « Man in a Box » relate la vie d'un homme troublé qui vit dans une boîte de carton entouré d'information idiosyncrasique sur des « post-it ». Beaucoup de ces thèmes sont au cœur des romans de Glover : l'aliénation, la cruauté ainsi que les difficultés à interagir avec l'autre et à le comprendre, que cet autre soit une personne, une langue ou une culture. Le stress intérieur associé aux relations et les conflits externes avec l'histoire et le monde naturel en sont le résultat.

Les deux premiers romans de Douglas Glover sont des comédies. Precious (1984) s'inspire beaucoup des premières expériences de Glover dans différents journaux. L'ouvrage rappelle intentionnellement des auteurs comme Hammett et Chandler, mais il s'agit d'un livre policier original portant sur un journaliste devenu enquêteur malgré lui après un meurtre dans une petite ville de l'Ontario. The South Will Rise at Noon (1988) est presque une farce exubérante qui se termine par une reconstitution cinématographique tordante d'une bataille de la GUERRE DE SÉCESSION. Les deux ouvrages mettent en vedette des solitaires endurcis buvant beaucoup, Moss « Precious » Elliot et Tully Stamper, personnages imparfaits mais attirants qui éprouvent constamment des difficultés à nouer et à maintenir des relations sociales et personnelles.

Glover change drastiquement d'orientation littéraire en publiant The Life and Times of Captain N. (trad. Le rédempteur) en 1993. Le roman, qui se déroule à la frontière de la PÉNINSULE DU NIAGARA pendant la guerre de Sécession, est un récit noir et violent sur les frontières physiques et psychiques, où des cultures et des mentalités étrangères s'opposent dans un paysage putride et menaçant. Ce roman est très bien accueilli par la critique et, en 2003, lui succède Elle, roman inspiré de la légende de Marguerite DE ROBERVAL, une Française abandonnée sur la légendaire Île des Démons au cours de la dernière tentative ratée de colonisation du Canada de Jacques CARTIER, au XVIe siècle. L'auteur expose en détail les dislocations culturelles et psychologiques qu'elle vit, pour aboutir à une renaissance et à un retour au bercail étranges qui sèment le doute quant à la véracité de ses expériences. « La sauvagerie est autant intérieure qu'extérieure », se dit l'héroïne, métaphore appropriée aux perceptions instables et rompues des personnages dans ces deux ouvrages. Elle remporte l'édition 2003 des PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL et fait partie des finalistes de l'International IMPAC Dublin Literary Award de 2005. En 2006, Glover reçoit le prix Timothy Findley de la SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT AUX ÉCRIVAINS DU CANADA.