Culture en serre | l'Encyclopédie Canadienne

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Culture en serre

Serre de polyéthylène double (avec la permission d'Isis Gagnon-Grenier).
Plants de pois chiche
Plants de pois chiche en serre (avec la permission de Bunyamin Tar'an)

Culture en serre

La culture en serre est la forme de production végétale la plus intensive. Par exemple, le rendement par unité de surface cultivée d'une culture de tomate en serre (>50 kg/m2) est de plus de dix fois supérieur à celui d'une culture au champ. D'autre part, les coûts d'investissement, de main-d'œuvre et d'énergie (environ 40 PJ d'énergie fossile au Canada, soit 12 p. cent de l'énergie totale utilisée en agriculture) sont plus considérables que dans n'importe quel autre secteur. Cependant, le rendement, la qualité et la valeur des récoltes sont proportionnellement plus élevés. La serre procure essentiellement un climat contrôlé qui, dans des conditions défavorables, peut être adapté aux besoins de certaines cultures. Par exemple, dans des pays septentrionaux comme le Canada, où la culture à l'extérieur n'est possible qu'environ 5 mois par année, les serres assurent un environnement climatique qui protège les plantes contre les faibles ou hautes températures, les fortes pluies, les vents violents, les INSECTES NUISIBLES et autres ennemis des cultures.

L'industrie de serre utilise aujourd'hui une technologie de fine pointe lui permettant de réduire ses effets négatifs sur l'environnement, d'améliorer considérablement l'efficacité énergétique des cultures (énergie utilisée par unité produite) et ainsi de demeurer compétitive sur les marchés nationaux et mondiaux. De nouvelles technologies serricoles telles que 1) l'optimisation des structures de serre et de recouvrement pour une transmissivité accrue de la lumière, 2) la culture hydroponique avec recyclage des effluents de serre pour une croissance optimale, 3) l'utilisation de milieux de culture hautement performants répondant aux besoins racinaires de la plante, 4) l'enrichissement des serres en dioxyde de carbone pour l'accroissement des rendements, 5) l'utilisation de l'éclairage photosynthétique en période hivernale permettant de produire à l'année, 6) la gestion informatisée du climat (température, lumière, humidité, CO2) et de la régie d'irrigation et de fertilisation, 7) l'utilisation de porte-greffes résistants aux pathogènes et plus efficaces à utiliser l'eau, 8) le contrôle biologique des insectes nuisibles et maladies, 9) l'amélioration génétique et le génie génétique pour le développement de nouvelles variétés, 10) la mécanisation des procédés pour l'optimisation de la main d'œuvre, ainsi que 11) la conservation de l'énergie et l'utilisation d'énergie renouvelable, contribuent tous à l'augmentation continuelle du rendement par unité de surface cultivée et de la qualité des produits offerts aux consommateurs. À titre d'exemple, le rendement des tomates a augmenté de 120 à 150 p. cent au cours des 8-10 dernières années et celui du concombre de 80 à 100 p. cent, alors que la consommation de l'énergie et les besoins de main-d'œuvre diminuaient. La qualité (visuelle, nutritive, organoleptique et nutraceutique) et l'innocuité des produits (sans PESTICIDES) sont maintenant des éléments clés des marchés des PLANTES ORNEMENTALES et des LÉGUMES de serre.

Secteur en croissance

La production de serre est un secteur important de l'industrie agroalimentaire canadienne, avec des valeurs à la ferme d'environ 2,5 milliards de dollars (1,2 milliards pour les récoltes de légumes) et une superficie totale de plus de 2 000 ha. Les principales provinces productrices sont l'Ontario (1 044 ha, dans les seules régions de Leamington et de Niagara), la Colombie-Britannique (493 ha dans la vallée du Fraser) et le Québec (235 ha) et l'Alberta (116 ha). L'industrie de serre de l'Ouest canadien diffère de celle de l'Est à beaucoup d'égards. D'abord, le climat dans les régions de la Colombie-Britannique où l'on pratique la culture est très tempéré (climat côtier), tandis que dans les provinces de l'Est, le climat est de type continental, avec des hivers froids, des étés chauds et humides, une luminosité ainsi que des températures et une humidité variables. De plus, la durée du jour n'est pas la même en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec, ce qui influe sur le taux de croissance des plantes. L'industrie de la Colombie-Britannique a adopté une technologie néerlandaise (serres de verre), alors que l'industrie des provinces de l'Est a emprunté à la fois des technologies européennes et nord-américaines (serres de verre et de polyéthylène double).

Cultures principales

Les principales cultures de légumes de serre au Canada sont la TOMATE (431 ha, 210 millions de kilogrammes); le CONCOMBRE (224 ha, 23,2 millions de douzaines); le POIVRON (215 ha, 51,4 millions de kilogrammes); et la LAITUE (9,3 ha, 23,5 millions d'unités). Les principales variétés de FLEURS coupées sont la tulipe (43 millions de tiges), la ROSE (34 millions), le gerbera (29 millions), le chrysanthème (28 millions), l'alstroemeria (18 millions), le lis (18 millions), le muflier (17 millions), l'iris (7,7 millions), le freesia (6,5 millions), la jonquilles (3,5 millions) et le lisianthus (1,1 million). L'industrie produit également des plantes en pot : 25 millions de GÉRANIUMS, 19 millions de plantes tropicales, de plantes à feuillage décoratif et de plantes vertes, 16 millions de chrysanthèmes, 12 millions de violettes africaines, 12 millions de pots suspendus, 11 millions de roses miniatures, 9 millions de poinsettias, 5,6 millions d'impatientes, 5,2 millions de lis, 5,1 millions de bégonias, 4,4 millions de pétunias, 4,1 millions de gerberas et 1,7 millions d'azalées, sans compter les boutures et transplants forestiers (806 millions), les plantes pour plate-bande (570 millions) et les transplants de légumes (465 millions).

En partenariat avec les universités et centres de recherche privés ou publiques tel Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'industrie est constamment à la recherche de nouvelles variétés ainsi que de méthodes de production durables, hautement performantes et abordables afin d'obtenir des rendements supérieurs et des plantes de meilleure qualité, tout en minimisant les effets sur l'ENVIRONNEMENT.

Nouvelles tendances

Grâce à la publicité, à la recherche et à l'éducation de la population pour des produits sains, ainsi qu'aux changements dans les habitudes des consommateurs en ce qui a trait aux aliments frais, goûteux, biologiques et bénéfiques pour la santé humaine (antioxydants, caroténoïdes, lycopène, fibre, minéraux, etc.), les produits de serre sont de plus en plus en demande. De même, la demande pour des produits de proximité (kilomètre alimentaire) ainsi que l'inquiétude des consommateurs face à l'innocuité et la traçabilité des aliments d'importation créent un avantage économique important pour la serriculture canadienne. Par ailleurs, de plus en plus de Nord-américains dépensent davantage en plantes horticoles pour le jardinage. Étant donné les possibilités du marché, la recherche et des efforts continus dans l'application de technologies nouvelles, l'efficacité de la production et de la commercialisation des produits canadiens ne cesse de s'accroître. Des méthodes de mise en marché dynamiques, des techniques de pointe et une saine gestion des cultures devraient ainsi assurer la prospérité d'un des secteurs les plus importants de l'industrie agricole au Canada.

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