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Hope Lee

Hope (Anne Keng-Wei) Lee. Compositrice, pianiste, professeure (Taïwan, 14 janvier 1953, naturalisée canadienne en 1974). B. Sc. (Toronto) 1973, B. Mus. (McGill) 1978, M. Mus. (ibid.) 1981.

Hope Lee

Hope (Anne Keng-Wei) Lee. Compositrice, pianiste, professeure (Taïwan, 14 janvier 1953, naturalisée canadienne en 1974). B. Sc. (Toronto) 1973, B. Mus. (McGill) 1978, M. Mus. (ibid.) 1981. Née à Taiwan de parents originaires de la Chine continentale, Hope Lee commence à étudier le piano à l'âge de cinq ans. Venue au Canada en 1967, elle étudie le piano (avec Patrick Li) et la théorie au Conservatoire royal de musique (1970-1973). Elle songe à devenir médecin avant de s'orienter vers une carrière musicale en 1974. Elle fait ses études de premier et de deuxième cycles à l'Université McGill (1974-1981) où elle étudie le piano avec Rose Goldblatt et Louis-Philippe Pelletier, la musique électronique avec Mariano Etkin, Alcides Lanza et Bengt Hambraeus et la composition avec Hambraeus, John Rea et Brian Cherney. En 1980, elle épouse le compositeur David Eagle. Elle travaille (1981-1983) avec Klaus Huber à la Staatliche Hochschule für Musik à Freiburg, en Allemagne de l'Ouest, grâce à une bourse d'échange universitaire et à la première des cinq bourses du Conseil des Arts du Canada, la plus récente en 2004.

À partir de 1978, elle participe à des cours de musique et à des festivals en Autriche, en France, à Hong Kong de même qu'au Center for Computer Research in Music and Acoustics à l'Université de Stanford et ailleurs. Le Darmstadt Ferienkurse für Neue Musik (1989) et l'Oriental Music Festival à Durham (Angleterre, 1979) jouent un rôle fondamental dans son développement musical. Le Durham Festival l'incite à approfondir la poésie chinoise ancienne ainsi que l'histoire et la théorie de la musique chinoise (voir Chine), en particulier l'idéologie, la philosophie et la notation du qin (cithare chinoise à sept cordes pincées) sur lequel elle devient experte. Dès Ballade of Endless Woe (1978-1979), elle incorpore les résultats de cette recherche dans bon nombre de ses propres compositions.

Lee assiste à la première Conférence internationale des compositrices à Berlin-Ouest (1982), est compositrice en résidence à la Künstlerhaus Boswil, en Suisse (1985), et professeure invitée en composition à l'Université Queen's (1986-1987) et à l'Université de Calgary (1999, 2001, 2003-2004). Elle étudie la musique et la poésie traditionnelles chinoises, ainsi que l'informatique musicale à Berkeley en Californie (1987-1990). En 1990, David Eagle et elle s'installent à Calgary. En 2000, elle obtient une bourse d'artiste résident à Die Hoege à Bassum en Allemagne et est compositrice invitée dans le cadre de l'International Computer Music and Multimedia Symposium à Taïwan. Depuis, elle est compositrice et professeure de composition invitée au Conservatoire de musique de Wuhan en Chine (2004), compositrice en résidence de l'Orchid Ensemble, à Vancouver (2006, avec le soutien de la Fondation SOCAN) et compositrice invitée au Dresdner Musikfestspiele, en Allemagne (2007).

À partir de 1983, Lee reçoit de nombreuses commandes (voir « Compositions ») et sa musique est jouée dans des congrès, des festivals et d'autres événements partout au Canada et aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Pologne, à Hong Kong, à Taïwan, en Chine, au Japon et ailleurs. Elle remporte de nombreux prix, notamment le premier prix au Concours de jeunes compositeurs de la SDE Canada en 1979 (pour Dindle et Ballade of Endless Woe), deux bourses William Saint Clair Low de la CAPAC (en 1979 pour Ballade et en 1982 pour Nabripamo), le Music Today Award (Japon, 1985, pour Melboac) et le premier prix dans la catégorie Compositeurs de l'année lors de la compétition du Scotia Festival of Music Boulez (1991, pour Nabripamo). On entend Tangram à l'International Computer Music Conference de Banff (1995). Dans le cadre des Journées mondiales de la musique de la Société internationale pour la musique contemporaine, le jury canadien sélectionne à cinq reprises des œuvres de Lee (1993-2004) et le jury international la choisit en 1987 et en 2002.

Depuis 1989, Lee travaille à « Voices In Time », un cycle de onze morceaux inspiré par un moment particulier de l'histoire de la Chine, mais qui a une résonnance contemporaine. Les neuf premières œuvres, terminées en 2005 et traitant de la période allant de l'an 2255 avant J.-C. à 1911 après J.-C., sont In the Beginning was the End; Hsieh Lu Hsing; entends, entends le passé qui marche...; Tangram; Voices in Time; Fei Yang; arrow of being, arrow of becoming; Parting at Yang Kuan et Four Winds from Heaven. La dernière pièce, and the end is the beginning, qui porte sur l'avenir, est composée en 2008-2009. La seule pièce non terminée, la dixième, Secret of the Seven Stars, qui porte sur le présent, est commencée depuis 2010. Selon Lee, toutes les pièces intègrent la poésie chinoise ou la musique du qin de la période représentée et, pour ce qui est des matériaux, des techniques et des formes, recherchent un équilibre entre la continuité et le changement. Le cycle, dans sa totalité, affiche bon nombre de niveaux de la pensée sur le plan musical et philosophique.

Les intérêts interdisciplinaires de Lee et sa vision de la créativité (« une aventure sans fin d'exploration, de recherche et d'expérimentation ») se reflètent dans son goût pour les projets multimédias. Elle entreprend plusieurs projets importants en collaboration avec Eagle, y compris « Lumina », une célébration multimédia composée de lumière et de son (inspirée par la cathédrale gothique) qui se déroule en mai 1988 à Toronto, pour laquelle elle compose In a Mirror of Light en réconciliant de façon convaincante le langage musical, les textes, les instruments et les pratiques d'interprétation du XIVe siècle avec les idiomes et la technologie du XXe siècle. Le couple collabore aussi (Lee contribue à deux pièces) pour one thousand curves ten thousand colours, un concert multimédia en direct réunissant la musique acoustique et la musique électroacoustique interactive avec des images générées par ordinateur et projetées. L'œuvre est exécutée par l'Ensemble Resonance à Calgary et à Vancouver (1997-1998); une version à laquelle est ajoutée une chorégraphie est présentée à Taipei en 2001 et qualifiée par Allan Gordon Bell de « chef-d'œuvre » et de travail d'« artistes en pleine possession de leur technique et ayant accès à une dose enviable d'imagination » (Musicworks, hiver 2002). Des pièces individuelles et des extraits sont exécutés à Taïwan (2000, 2004) et en Chine (2004).

Musique de Lee

Lee écrit une musique atonale complexe qui évite les formes traditionnelles et qui est souvent âpre, propulsive et énergique dans son expression. Elle exploite les instruments conventionnels avec imagination et dans des combinaisons inhabituelles génératrices de sonorités colorées et évocatrices. Ses origines chinoises, sa formation scientifique autant que ses intérêts littéraires, philosophiques et interdisciplinaires enrichissent considérablement ses œuvres. Judicieusement décrite par Michael Schulman comme une « exploratrice interculturelle », elle est toujours en quête de nouvelles sonorités et de nouvelles structures et cherche à s'épanouir constamment, dans ses œuvres individuelles tout comme dans l'ensemble de sa production. Les œuvres de Lee, à l'origine autopubliées, sont maintenant publiées par Furore-Verlag à Kassel en Allemagne, qui sort un catalogue de ses œuvres complètes, Hope Lee Werkverzeichnis. Ses œuvres sont également disponibles par le biais du Centre de musique canadienne.

Lee est membre de la Ligue canadienne des compositeurs et de l'Association des femmes compositeurs canadiennes, et elle est compositrice agréée du Centre de musique canadienne et affiliée à la SOCAN.

Compositions

Le texte entre crochets indique la personne ou l'organisation qui a commandé l'œuvre.

Musique de chambre
Ballade of Endless Woe : 1978-1979 (rév. 1987); quatuor de voix, ensemble de percussions; version avec piano; 1987.

Onomatopoeia : 1979-1981; avec Chan Chan, orchestre à cordes de chambre; chorale d'enfants Jia Yuan, 15 instruments; Tiao Tiao, orchestre de chambre.

Nabripamo : 1982; piano, marimba.

Nohr : 1983; sextet de cuivres.

M-Nabri : 1983; flûte, clarinette, mandoline, harpe, guitare, alto, contrebasse, marimba.

Liú Liú : 1984; pipa, percussion, baryton, orchestre à cordes [Orchestre de chambre chinois de Toronto, Conseil des Arts de l'Ontario].

Luminare : 1984-1985; flûte, hautbois, harpe, piano, percussion (deux joueurs), alto, violoncelle, contrebasse [Ars Omnia, Conseil des Arts du Canada].

Konductus : 1985; clarinette, piano, percussion [Arraymusic, Conseil des Arts de l'Ontario].

Jygge - Somebody's : 1987; saxophones sopranos et altos.

Jygge - Somebody's & Nobody's : 1987; deux instruments mélodiques quelconques.

...I, Laika... : 1988-1989; flûte, violoncelle, piano [Ensemble Daedaleus, Conseil des arts du Canada].

In the Beginning was the End : 1989; accordéon, clavecin [Joseph Macerollo, Vivienne Spiteri, Conseil des Arts du Canada].

Hsieh Lu Hsing : 1991; Guzheng, erhu, sho, dizi pour deux joueurs [Zhang Yan, Conseil des Arts du Canada].

arrow of being, arrow of becoming : 1997; quatuor à cordes [Innovations en Concert, Alberta Foundation for the Arts].

no word no whisper no cry : 1997; flûte, clarinette, percussion, piano, violon, alto, violoncelle [GroundSwell, Conseil des Arts du Canada].

flashing into the dark : 1998; clarinette basse.

Duo Solista : 2000; violon, piano [Duo Solista, Alberta Foundation for the Arts].

forever after : 2000; flûte.

Two Sketches for aXiØ : 2000.

Fei Yang : 2000-2001; quatuor à cordes, accordéon [New Music Concerts, SRC].

Days Beyond : 2002; saxophone alto, piano [Jamie Syer, Alberta Foundation for the Arts].

dancing shadow autumn moon : 2003; deux guzhengs [Han Mei, Conseil des Arts du Canada].

Parting at Yang Kuan : 2004; erhu, guzheng, marimba [Orchid Ensemble, Conseil des Arts du Canada].

Prelude to and the end is the beginning : 2006; violon, clarinette en si bémol, piano [St. Crispin's Ensemble, Alberta Foundation for the Arts].

Rubbing Stone : 2006; saxophone alto.

Secret of the Seven Stars : en cours (depuis 2010); cordes, accordéon, percussion.

Clavier
Dindle : 1979; piano.

Melboac : 1983; clavecin [Vivienne Spiteri, Conseil des Arts du Canada].

Flake Upon Flake Upon... : 1989; pièces pour jeunes pianistes [Alliance pour des projets de musique canadienne nouvelle, Conseil des arts de l'Ontario].

von einem fremden Stern : 1993; orgue [Heidi Emmert, Alberta Foundation for the Arts].

gently rings in autumn wind : 1995; orgue [Karen Holmes].

MO SHÚILE TÓGAM SUAS (I WILL LIFT UP MINE EYES) : 2008; fanfare pour trois trompettes en do [Université de Calgary].

and the end is the beginning : 2008-2009; accordéon à anches libres [Stefan Hussong, Conseil des arts du Canada].

Voix et chœur
Four Winds from Heaven (poèmes en anglais et en chinois de Robert Louis Stevenson, Amy Lowell, Will. H. Ogilvie, Hope Lee, Bible) : 2005; chœur de femmes.

This Song of Mine : 2007; soprano.

Électronique (médias mixtes)
In a Mirror of Light : 1988; ensemble de musique ancienne; synthétiseur/échantillonneur, bande [Toronto Consort, Conseil des Arts du Canada].

entends, entends le passé qui marche... : 1992; piano, bande [Rita Gauthier, Alberta Foundation for the Arts].

Tangram : 1992; clarinette basse, clavecin, bande. Contemporary Anthology of Music by Women (1997) [Annelie de Man, Harry Sparnaay, Conseil des Arts du Canada].

March 3rd, 1911 : 1993; clarinette basse, piano avec ou sans bande [New Works Calgary, Alberta Foundation for the Arts].

Voices in Time : 1992-1994; flûte, hautbois, clarinette, clarinette basse, trompette, cor, harpe, percussion, accordéon, cordes, fichiers sonores, électronique en direct (version pour orchestre de chambre, accordéon, fichiers sonores, électronique en direct, 1995) [New Music Concerts, Conseil des Arts du Canada].

across the veiled distances : Ling's Dream  (dans one thousand curves ten thousand colours, avec David Eagle et autres) : 1996; piano, aXiØ facultatif [Colleen Athparia, Alberta Foundation for the Arts].

shadows of an uncounted journey (poèmes de Yang Mu, traduits par Hope Lee) (dans one thousand curves ten thousand colours avec David Eagle et autres) : 1996-1997; violon, clarinette basse, soprano, piano, aXiØ, fichiers sonores, électronique en direct [Ensemble Resonance, Conseil des Arts du Canada].

Two Studies for aXiØ and AudioBox : 1999.

Two Sketches for aXiØ : 2000.

Publications
Hope LEE, « A Time for Soul-Searching: A Composer Considers the Last ISCM World Music Days Festival », Musicanada, LXI (printemps-été 1988).

Hope LEE, « Eine Tür, durch die wir gehen müssen », Positionen, LXIII (mai 2005).

Discographie
Hope K. W. Lee: Musical Portrait: CAPAC Musical Portrait, Series 5/No 21 : 1986; AR731.

Melboac: New Music for Harpsichord from Canada and the Netherlands : 1988; Vivienne Spiteri; clavecin; SNE-542-CD.

...I. Laika... (extrait) : 1993; New Works Calgary Ensemble; Centre de musique canadienne (Calgary); CD 359.

...I. Laika... et entends, entends le passé qui marche... : e-motion : Acoustic/Electroacoustic Works [avec David Eagle]; 1994; New Works Calgary Ensemble; Colleen Athparia piano; New Concert Discs; NCD-0294.

entends, entends le passé qui marche... : Polaris : 1996; Colleen Athparia piano; UNICAL UC CD9601.

Tangram : 1997; Contemporary Anthology of Music by Women, Bloomington, Indiana University Press.

Voices in Time (avec Tim Brady) : 1999; Musicworks, LXXV (automne 1999).

Flake Upon Flake Upon (deux pièces) : 2000; Elaine Keillor piano, Studea Musica, BR1336.

flashing into the dark  : Namaste Suite : 2003; Aurait [Italie], Mnemes HCD/102.

Duo Solista (extrait) : 2005; Land's End Chamber Music Society; DMP-0182.

Fei Yang et Voices in Time : renew'd at ev'ry glance : 2008; Centredisques CERE 13708.

Tangram: Ladder of Escape 10 : 2008; Attacca Records 28120.

Rubbing Stone and Days Beyond: Rubbing Stone : 2009; Centredisques CERE 14909.

In the Beginning Was the End: jalsaghar : 2010; Centredisques.

Bibliographie

Aaron I. COHEN, International Encyclopedia of Women Composers, deuxième édition (New York et Londres, 1987).

Michael SCHULMAN, « Hope Lee », Compositeur canadien, CCXXVIII (mars 1988).

Eric DAWSON, « Lee's Love Turned to Music », Calgary Herald (1er février 1992).

The Norton/Grove Dictionary of Women Composers, éd. Julie Anne Sadie et Rhian Samuel (New York et Londres, 1995).

« Composer Profile Hope Lee », ACWC Bulletin (printemps-été 1996).

Elissa POOLE, « Calgarians Collaborate on Multi-Media Project », Words & Music (mars 1997).

« Composer News », Prairie Sounds, XLII (automne 1997).

Tim BRADY, « Eastern Traditions in Western Contexts », Musicworks, LXXV (automne 1999).

« 1000 Curves », Prairie Sounds, LI (printemps 2001).

Canadian Who's Who, éd. Elizabeth Lumley (Toronto, 2005).

Lecture supplémentaire