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Hortense Gordon

Hortense Gordon, peintre (née le 24 novembre 1886 à Hamilton, en Ontario; décédée le 6 novembre 1961 à Hamilton). Hortense Gordon est l’une des deux fondatrices du Groupe des onze, un groupe de peintres abstraits basé en Ontario.

Hortense Gordon, peintre (née le 24 novembre 1886 à Hamilton, en Ontario; décédée le 6 novembre 1961 à Hamilton). Hortense Gordon est l’une des deux fondatrices du Groupe des onze, un groupe de peintres abstraits basé en Ontario. Tout comme les autres membres du groupe, Hortense Gordon est influencée par l’expressionnisme abstrait. Elle enseigne également la conception et les arts appliqués, comme la céramique, dans une école technique à Hamilton pendant de nombreuses années.

Jeunesse, éducation et enseignement

Hortense Gordon, dont le nom de jeune fille est Hortense Crompton Mattice, voit le jour en 1886 à Hamilton, en Ontario. Dès un jeune âge, elle démontre un intérêt marqué pour l’art. Alors qu’elle n’a que huit ans, elle reçoit une bourse pour assister à des cours de la Hamilton Art School le samedi matin. À 17 ans, elle commence à suivre des cours d’art à temps partiel à la Hamilton Technical and Art School (autrefois appelée la Hamilton Art School). Cette même année, Hortense déménage chez des membres de sa famille à Chatham au sud-ouest de l’Ontario, ce qui pourrait s’expliquer par les rapports compétitifs qu’elle entretient avec sa sœur, Marian, elle aussi artiste. Elle rend souvent visite à un cousin qui habite la ville de Detroit, au Michigan. Lors de ces voyages, elle visite des musées, comme la National Gallery of Art, à Washington, D.C., où elle aurait admiré en 1915 les premières œuvres d’artistes modernistes de renom comme Picasso et Matisse, dont les peintures du début du XXe siècle suscitent l’engouement en France.

Par la suite, Hortense Gordon s’inscrit à des cours de peinture au couvent des Ursulines à Chatham. Elle commence alors à étudier la décoration de porcelaine. Les œuvres de William Morris (1834–1896), figure emblématique du mouvement Arts and Crafts de la Grande-Bretagne, l’inspirent. À cette époque, sa tante Mary loue un studio à Chatham qui lui est destiné et installe un four près de la ferme familiale. Hortense Gordon commence alors à offrir des leçons particulières de peinture sur céramique et de poterie. Elle enseigne brièvement à la Chatham Vocational School, mais retourne à Hamilton en 1917 après que John Sloan Gordon (1868–1940), directeur du département des arts de la Hamilton Technical and Art School, lui propose un poste d’enseignante. Elle commence à y enseigner en 1918 et les deux artistes se marient en 1920. Hortense Gordon met sur pied un cours de céramique à l’école, qui devient le Hamilton Technical Institute en 1923. Pendant la Crise des années 1930, Hortense Gordon se consacre à transmettre à ses étudiants des compétences qui les aideront à trouver un emploi. Elle communique également avec les entreprises locales pour les encourager à embaucher ses étudiants. En 1924, Hortense Gordon est le premier membre du département des arts du Hamilton Technical Institute à rédiger un article pour le journal Hamilton Spectator. Il s’intitule « Design and Applied Art Essential to Industry » (la conception et les arts appliqués essentiels à l’industrie).

Voyages et modernisme européen

Pendant plus d’une décennie, Hortense Gordon et son mari voyagent en France chaque été. Plutôt que de vivre à Paris, ils s’établissent à Étaples, un village du nord de la France près de la Manche.

Tout comme son amie Alexandra Luke, l’autre membre de sexe féminin du Groupe des onze, Hortense Gordon peint au départ des paysages. Par exemple, en mars 1909, le jury de l’Ontario Society of Artists accepte de présenter son paysage Early Morning in the Cornfield (1908) à son exposition printanière de l’Art Museum of Toronto (qui s’appelle désormais le Musée des beaux-arts de l’Ontario). Dans les années 1920, Hortense Gordon est de plus en plus influencée par des artistes de son époque comme Bertram Brooker et Kathleen Munn, comptant parmi les premiers peintres abstraits du Canada. Voulant approfondir sa compréhension du cubisme, elle cherche à en apprendre davantage sur l’avant-garde lors de ses voyages en France avec son mari. Grâce à ses connaissances sur l’art moderne européen, Hortense Gordon s’éloigne de son style traditionaliste pour expérimenter avec la couleur.

L’influence du cubisme, mouvement artistique dans lequel les objets et les formes sont décomposés, est présente dans les œuvres d’Hortense Gordon du début des années 1920. Toutefois, lors de son premier voyage en France en 1922, sa nouvelle passion pour l’art abstrait l’emporte sur son intérêt pour le cubisme. En effet, les premières traces d’abstrait apparaissent dans ses œuvres des îles Anglo-Normandes de 1932. Elle continue de peaufiner son style abstrait personnel des années 1940 aux années 1950. Puis, en 1953, elle fonde avec d’autres membres le Groupe des onze, qui regroupe des artistes abstraits basés en Ontario. À l’époque, elle a 67 ans, ce qui fait d’elle le membre le plus âgé du groupe.

Engagements et carrière d’enseignement

En 1908, Hortense Gordon devient membre de l’Ontario Society of Artists, puis est élue associée de l’Académie royale des arts du Canada en 1930. Elle s’implique aussi auprès de la Hamilton Women’s Art Association. De plus, dans les années 1930, elle organise avec son mari une série de conférences informelles pour le Women’s Art Committee, que des artistes et des écrivains sont invités à animer. En plus de sa carrière de peintre et d’enseignante à la Hamilton Technical School, Hortense Gordon occupe un autre poste de professeure à l’Ontario Training College for Technical Teachers de Hamilton. En 1935, son mari prend sa retraite en raison de son état de santé fragile. Hortense Gordon est alors nommée directrice du département des arts, poste qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 1951.

Formation officielle aux États-Unis

Au début des années 1940, Hortense Gordon décide de poursuivre son apprentissage en art abstrait. Elle se renseigne sur l’école des beaux-arts de l’artiste allemand Hans Hofmann située à Provincetown, au Massachusetts, mais ne s’inscrit qu’en 1946. Elle y retourne en 1949, en 1952, puis en 1954. Elle est la première artiste d’origine canadienne que Hofmann prendra sous aile; elle enseigne par la suite ses techniques à Hamilton. Alexandra Luke étudie également avec Hans Hofmann à partir de 1947. En 1941, avant d’étudier avec lui, Hortense Gordon prend des cours d’été à la Cranbrook Academy of Art à Bloomfield Hills, une communauté bien nantie du Michigan située non loin de Detroit. Cette académie est à l’époque une institution américaine d’arts visuels et d’arts plastiques respectée.

Principales expositions

Après ces formations, Hortense Gordon participe régulièrement à des expositions aux États-Unis. À l’instar d’Alexandra Luke, ses œuvres sont présentées dans le cadre de l’exposition Canadian Women Artists organisée par le Riverside Museum de New York en 1947. La tournée prendra fin en 1950. En février 1952, Hortense Gordon présente une exposition individuelle à la Creative Gallery de New York. Le mois suivant, elle participe à une autre exposition à Ann Arbor, au Michigan, organisée cette fois par Jean-Paul Slusser, directeur du département des arts de l’Université du Michigan. En mai 1952, l’exposition se déplace à la Phillips Gallery à Detroit, puis au Flint Institute of Arts au Michigan en juin. En novembre 1952, Lawren P. Harris, fils du peintre Lawren Harris faisant partie du Groupe des sept, fait en sorte que l’Université Mount Allison, à Sackville, au Nouveau-Brunswick, accueille son exposition individuelle qui se trouve alors à New York. Lawren P. Harris prévoit également que l’exposition soit présentée à la Galerie Agnes Lefort à Montréal.

La même année, l’œuvre d’Hortense Gordon apparaît dans la Canadian Abstract Exhibition, menée par Alexandra Luke. Cette exposition joue un rôle important dans la formation du Groupe des onze, qui organise une exposition à New York en 1956, trois ans après sa fondation. L’année d’après, Clement Greenberg, critique d’art américain, visite Toronto pour examiner les œuvres réalisées par les membres. En 1960, on offre à Hortense Gordon une rétrospective en son honneur à l’Art Gallery of Hamilton. Âgée de 75 ans, elle décède d’un emphysème en novembre 1961. Sa rétrospective devient alors une exposition commémorative, qui sera inaugurée en mars 1963.