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Jardins japonais au Canada

Des deux grands types de jardins japonais - jardin paysager sec ou jardin zen et jardin-promenade - c'est le premier que les Canadiens commandent le plus. Les jardins paysagers secs comportent du gravier râtelé et des rochers qui représentent l'eau et des îles.

Jardins japonais au Canada

  Ancrés profondément dans des traditions spirituelles, littéraires et philosophiques complexes, les jardins japonais sont présents depuis plus d'un siècle dans des propriétés et des lieux publics du Canada. Ils ont fait preuve de souplesse dans leur adaptation aux matériaux et au climat du pays. Magnifiques à observer à tout point de vue, que ce soit sensoriel ou symbolique, les jardins japonais du Canada offrent un refuge au cœur de contextes urbains souvent trépidants.

Des deux grands types de jardins japonais - jardin paysager sec ou jardin zen et jardin-promenade - c'est le premier que les Canadiens commandent le plus. Les jardins paysagers secs comportent du gravier râtelé et des rochers qui représentent l'eau et des îles. Ils offrent un stimulus à la méditation et à la réflexion et doivent être observés plutôt que parcourus. Les jardins-promenades, eux, invitent à déambuler pour les admirer à partir de perspectives différentes. D'habitude, de l'eau y coule (mais pas de fontaine) et on y trouve des rochers choisis attentivement, des ponts, des lanternes, des plantes et des arbres et aussi des poissons (souvent des carpes multicolores, « appelées fleurs vivantes »). Chaque élément a une signification symbolique et renforce les valeurs associées à l'harmonie, au renouvellement, au calme, à la continuité et à la vénération de la nature.

Les premiers jardins japonais du Canada se trouvent à Victoria, en Colombie-Britannique, et ils sont encore parmi les plus beaux. Pendant un séjour au Canada, de 1907 à 1912, Isaburo Kishida, jardinier professionnel et concepteur de parcs de Yokohama, en dessine quatre à Victoria ou dans les environs. Il en reste encore deux. Le plus ancien, maintenant perdu, est conçu pour un site d'Esquimalt, en Colombie-Britannique, au BC Electric Gorge Park; il ouvre le 11 juillet 1907 et survit jusqu'en 1942. La popularité de la maison de thé et du jardin de la Gorge incite les habitants de Victoria à commander à Kishida la conception de trois autres jardins japonais : un jardin de rocs dans les jardins Butchart, en 1908; le jardin japonais du lieu historique national du Canada Hatley Park, en 1909 et 1913 (ce dernier est agrandi par les architectes paysagistes de Boston Brett & Hall) et un jardin privé réalisé à cette époque pour Sir F.S. Barnard pour un domaine maintenant disparu désigné par le nom de Clovelly.

Avec la cliente et conceptrice de jardins Jennie Butchart, Kishida dessine un jardin japonais dans une des premières parties des jardins Butchart, maintenant célèbres, de Brentwood Bay, à 23 km (14 milles) au nord de Victoria. C'est à cet endroit que Kishida aide à acclimater à la Colombie-Britannique des plantes et arbres japonais indigènes de Yokohama, entre autres des pins pigniers ou sciadopitys verticillata, dont certains vivent encore. Comme le fait remarquer l'historien Lyle Dick, le concept original du jardin comporte des qualités hybrides, à la fois nord-américaines et japonaises ainsi que des éléments japonais agencés d'une façon qui aurait été inusitée au Japon : « Doté d'éléments traditionnels des jardins japonais, comme un paysagement harmonieux d'un ruisseau, des lanternes de pierre importées, des ponts de bois et des érables palmés, il a aussi un caractère nord-américain propre. Pour son entrée, Butchart a choisi un portique torii (littéralement un perchoir) de laque rouge, commun dans les sanctuaires shintoïstes, mais inusité dans les jardins japonais. Elle a aussi intégré au concept des plantes telles que le cornouiller indigène. »

Au château Hatley, un grand domaine qui finalement comprend un jardin italien et une roseraie, le jardin japonais jouit d'un emplacement magnifique et pittoresque qui en fait l'un des plus beaux jardins du pays. Embelli de ponts et de vastes plans d'eau, le jardin comprend beaucoup d'arbres et de plantes exotiques, parfois indigènes au Japon, et d'autres qui sont plutôt typiques du couvert forestier de la Colombie-Britannique, entre autres le hêtre pourpre (fagus sylvatica), le genévrier rouge (thuja plicata), l'érable palmé (acer palmatum), le cerisier du Japon (prunus serrulata), de nombreuses couleurs et variétés d'azalées décidues (rhododendron) et encore des pins pigniers japonais. Maintenant âgé de plus de 100 ans, ce jardin vénérable, qui a appartenu au ministère de la Défense nationale et appartient maintenant à l'Université Royal Roads, est remarquable en toute saison.

Plusieurs jardins japonais commémorent des liens tissés entre le Canada et le Japon. C'est particulièrement vrai du jardin Nitobe de Vancouver ainsi que de jardins situés à Lethbridge et à Edmonton. C'est Kannosuke Mori qui conçoit le jardin commémoratif Nitobe ouvert en 1960 en hommage à Inazo Nitobe (1862-1933), un personnage complexe qui s'est efforcé de « devenir un pont sur le Pacifique ». Le jardin Nitobe donne au visiteur une expérience aussi semblable que possible, au Canada, de celle qu'il ressentirait dans un jardin japonais authentique. Conçu attentivement, construit patiemment et entretenu méticuleusement pendant des générations, le jardin Nitobe est sûrement le plus connu et le plus beau des jardins japonais du Canada. De son côté, le jardin japonais Nikka Yuko (amitié canado-japonaise) de Lethbridge, en Alberta, inauguré en 1967, reconnaît les apports des Canadiens d'ascendance japonaise dans le sud de l'Alberta. Le concepteur, Tadashi Kubo, s'est concerté avec les organisateurs locaux pour veiller à ce que le jardin suive les traditions japonaises en plus d'intégrer des plantes et matériaux locaux. En 1971, le jardin reçoit le prix d'excellence Vincent Massey en environnement urbain. Créé en 1989-1990 à Edmonton, le jardin japonais Kurimoto offre des possibilités d'échanges culturels entre Canadiens et Japonais.

D'autres jardins commémorent la perte infligée par l'INTERNEMENT des Canadiens-Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. C'est le cas de jardins situés dans l'île Mayne, en Colombie-Britannique (1999-2002) et du camp d'internement et jardin Nikkei de New Denver, en Colombie-Britannique, un petit village pittoresque où beaucoup de Canadiens d'ascendance japonaise ont été internés pendant cette guerre. Le jardinier paysagiste Roy Sumi de Vancouver supervise le jardin Nitobe pendant de nombreuses années et conçoit le petit mais parfait jardin du centre d'internement (terminé avant 1997).

Bien que Montréal ait des hivers plus froids que Victoria et connaisse plus de limites que la Colombie-Britannique quant aux espèces qui peuvent y croître, le jardin japonais du Jardin botanique de Montréal, conçu dans les années 1980 par le concepteur japonais renommé Ken Nakajima, offre un simulacre convaincant du Japon qui comprend des connotations symboliques de plusieurs degrés. Par exemple, les lampes du jardin évoquent la cérémonie très élaborée du thé du Japon où on trouve le symbole de la lumière qui disperse les nuages de l'ignorance. Des matériaux locaux ajoutent une touche canadienne unique, par exemple le choix d'une rare péridotite, une pierre vert émeraude provenant de Thetford-Mines (Québec). Le jardin japonais occupe 2,5 hectares de la surface beaucoup plus grande du jardin botanique fondé par le FRÈRE MARIE-VICTORIN en 1931.

En 1995, le MUSÉE CANADIEN DES CIVILISATIONS situé à Hull, au Québec, achève la première étape d'un jardin zen sec sur un des toits les plus bas du bâtiment. Ce jardin sur terrasse est conçu par Shunmyo Masuno, prêtre zen et maître architecte paysagiste, sur le thème Wakei No Niwa, qui évoque la compréhension et le respect entre Japonais et Canadiens. La plupart des matériaux utilisés proviennent de la région, notamment des plantes indigènes et des pierres des collines de la Gatineau. En 1989, le personnel municipal de Mississauga conçoit le petit jardin japonais du parc Kariya de Mississauga, en Ontario (commandé en l'honneur de la ville japonaise de Kariya, jumelée à Mississauga); des architectes paysagistes du Japon en revoient ensuite le plan directeur. De 1986 à 1994, la Takata Japanese Garden Society tente de recréer un jardin sur le site de l'ancien jardin japonais du parc de la Gorge, un projet qui se transforme en partenariat entre Saanich, le centre horticole du Pacifique de la Colombie-Britannique, et Takata Garden Partnership. La construction du jardin Takata commence en 1995, et un jardin zen paysager qui rend hommage aux premiers jardins japonais conçus au Canada en 1907 est terminé en 2003.

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