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Jerome Drayton

Jerome Peter Drayton (né Peter Buniak), marathonien, coureur de fond (né le 10 janvier 1945, à Kolbermoore, en Allemagne). Jerome Drayton est considéré comme le meilleur marathonien et le meilleur coureur de fond canadien de tous les temps. Il a établi le record masculin national du marathon, à deux reprises, avec des temps de 2h 16min 11s, en 1968, et de 2h 10min 08s 4/100, en 1975, ce dernier record ayant tenu 43 ans. Il a couru sous les couleurs du Canada aux Jeux olympiques d’été 1968 et 1976 et a remporté la médaille d’argent au marathon des Jeux du Commonwealth 1978, à Edmonton. Il a été le dernier coureur canadien à avoir, en 1977, remporté le marathon de Boston. Il a également établi un record du monde sur 10 milles en 46min 37s 4/100. Membre du Panthéon des sports canadiens, il a accumulé 12 titres et 13 records nationaux sur diverses distances.

Enfance

Jerome Drayton, Peter Buniak de son nom à la naissance, voit le jour en Allemagne bavaroise, de parents ukrainiens, le 10 janvier 1945. Enfant unique, le jeune Peter connaît une enfance difficile dans un pays sorti exsangue de la Deuxième Guerre mondiale. Bien que n’étant pas juifs, ses parents ont été déportés dans un camp de concentration, parce qu’ils étaient atteints de la tuberculose. Petit enfant, il doit se contenter de manger des patates gelées et de sucer des glaçons. À l’âge de six ans, il est placé dans une famille d’accueil, où il reste pendant quatre ans. Ne comprenant pas l’allemand, il rencontre de nombreuses difficultés. Il déclarera plus tard, en 2009, au magazine Canadian Running : « Je ne parlais pas allemand, alors je me suis retrouvé impliqué dans de nombreuses bagarres! »

Après son divorce, sa mère, Sonia, déménage, avec le jeune garçon, au Canada, en novembre1956. Elle trouve un emploi dans un hôpital, à Toronto. À son arrivée au Canada, Peter est désigné comme « DP », abréviation de « displaced person » (personne déplacée). Au cours de son enfance et de son adolescence en Ontario, il a du mal à s’intégrer et à sympathiser avec ses camarades de classe.

Début de carrière sportive

Le jeune Peter Buniak commence à courir à l’école secondaire. À l’âge de 18 ans, il participe à sa première compétition d’athlétisme, lors de la rencontre d’athlétisme de l’école secondaire Mimico de 1963. À cette occasion, il remporte les épreuves courues sur un demi‑mille, sur unmille et sur deuxmilles. Il est alors recruté par le Toronto Olympic Club, où il est entraîné par l’entraîneur national canadien de fond Paul Poce.

Peter Buniak tente sa chance sur l’épreuve du8milles, une expérience qui ne lui plaît pas vraiment. En 1965, il quitte le Toronto Olympic Club, qu’il réintègre, toutefois, ultérieurement cette même année, après que le vainqueur du marathon des Jeux panaméricains, Andy Boychuk, lui a dit : « Tu n’es pas vraiment un homme, tant que tu n’as pas couru un marathon! »

Jeux olympiques de 1968

Peter Buniak réalise, pour la première fois, le minimum olympique canadien de 2h 24min, lors d’un marathon à Detroit, le 2 juin 1968. Cependant, c’est Andy Boychuk, qui a couru, sur la distance, dans un meilleur temps que lui, à l’occasion d’un autre marathon, qui est sélectionné. Toutefois, il va tout de même réussir à se qualifier pour les Jeux olympiques de 1968, à Mexico, en signant le record canadien sur la distance, en 2h 16min 11s, lors du marathon Guelph-Dundas, en Ontario. Malheureusement, à Mexico, en 1968, il n’est pas en mesure de terminer la course en raison d’une dysenterie.

Changement de nom

En mars 1969, Peter Buniak change officiellement son nom pour Jerome Peter Drayton. Il souhaite alors couper les liens avec sa jeunesse en Allemagne; il choisit son nouveau nom après avoir parcouru un annuaire téléphonique et un répertoire de noms. On a supposé qu’il avait choisi les noms de deux des meilleurs sprinteurs du monde à l’époque, le Canadien Harry Jérôme et l’Américain Paul Drayton; toutefois, il insiste sur le fait qu’il s’agissait là d’une pure coïncidence. Il a d’ailleurs déclaré, un jour, lors d’une entrevue : « J’ai toujours aimé le prénom Jerome, et j’ai choisi Drayton, parmi une vingtaine d’autres noms de famille, après avoir fait des essais et trouvé que c’était celui qui “sonnait” le mieux avec Jerome. »

Succès au Japon

Au marathon Motor City de 1969, à Detroit, Jerome Drayton établit un record nord‑américain avec un temps de 2h 12min 00s. Cette même année, il remporte le marathon de Fukuoka, au Japon, en 2h 11min 12s 8/100. À cette occasion, il bat non seulement son propre record nord‑américain, mais signe également la cinquième meilleure performance mondiale de tous les temps sur la distance. Le 7 décembre 1975, Fukuoka lui réussit une nouvelle fois, puisqu’il y décroche un record du Canada, en 2h 10min 08s 4/100. Ce record va tenir jusqu’au 21 octobre 2018, lorsque Cam Levins, de Black Creek, en Colombie‑Britannique, court, à Toronto, le marathon Scotiabank Waterfront en 2h 09min 25s.

Marathon de Boston 1977

En 1977, Jerome Drayton devient le 11Canadien à remporter le Championnat open du marathon de Boston, dans un temps de 2h 14min 46s, qui lui permet de devancer son suivant, le Turc Veli Balli – deuxième en 2h 15min 44s – de près d’une minute. Le vainqueur formule, toutefois, de nombreuses critiques sur certains aspects de cette course, qui conduisent à des améliorations dont beaucoup estiment qu’elles étaient indispensables. Il reste, à ce jour, le dernier Canadien à avoir remporté le marathon de Boston, la coureuse québécoise Jacqueline Gareau, de L’Annonciation, ayant toutefois remporté l’épreuve féminine, en 1980.

Autres points à noter

La réussite de Jerome Drayton ne se limite pas au marathon. Le 6 septembre 1970, il bat le record du monde du 10 milles, avec un temps de 46min 37s 6/100, lors d’une épreuve à l’Exposition nationale canadienne, à Toronto. Au cours de sa carrière, il remporte 12 titres et établit 13 records nationaux sur différentes distances.

De 1971 à 1974, Jerome Drayton se retrouve aux prises avec plusieurs blessures et rencontre des problèmes financiers. Il n’est pas sélectionné, dans l’équipe canadienne olympique, pour les Jeux d’été de 1972, à Munich. Il fait toutefois son retour, avec le Canada, pour les Jeux olympiques d’été de 1976 de Montréal, terminant 6edu marathon. Deux ans plus tard, en 1978, il remporte la médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth, à Edmonton, terminant deuxième derrière le vainqueur de l’épreuve, le Tanzanien Gidamis Shahanga. Il est l’un des deux Canadiens à avoir remporté une médaille au marathon, Paul Bannon ayant, pour sa part, décroché le bronze. Il se voit empêcher, en dépit de ses espoirs, de représenter le Canada lors des Jeux olympiques de 1980, à Moscou, en raison du boycottage canadien. Il prend sa retraite sportive, après avoir remporté le marathon du Maryland, en décembre 1980. Il occupe, dès 1975, un poste de consultant à la Division des sports et de la condition physique du ministère de la Jeunesse, de la Culture et des Loisirs de l’Ontario.

Distinctions

Après le marathon de Fukuoka 1969, Jerome Drayton est classé meilleur marathonien du monde par Track and Field News. Selon Canadian Runner, il est « le seul marathonien canadien à avoir réalisé cet exploit ». Après avoir remporté le marathon de Boston, il met la main sur le trophée Norton‑Crowe 1977, remis au meilleur athlète amateur masculin senior de l’année au Canada. Il est intronisé au Panthéon des sports canadiens, en 1978.

Voir aussi Course de fond; Athlétisme; Tom Longboat; Jacqueline Gareau.

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