Kain, Conrad | l'Encyclopédie Canadienne

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Kain, Conrad

Le monde pique la curiosité de Kain et il décide de voyager. Il pose sa candidature auprès du CHEMIN DE FER DU CANADIEN PACIFIQUE pour devenir guide de montagne au Canada, mais tous les postes sont pourvus.

Kain, Conrad

Conrad Kain, alpiniste (Nasswald, Autriche, 10 août 1883 - Cranbrook, C.-B., 2 février 1934). Conrad Kain est considéré comme l'un des grimpeurs les plus audacieux de sa génération. Surnommé « premier super guide du Canada », Kain c'est un guide solitaire qui effectue des escalades plus ardues que les guides suisses. Kain est né en Autriche dans une famille pauvre vivant dans des circonstances déplorables. Son père meurt alors qu'il n'est qu'un enfant, et il fait beaucoup pour sa famille en travaillant comme chevrier et roctier, ainsi qu'en s'adonnant au braconnage lorsque l'argent ne suffit pas. Il découvre rapidement ses véritables passions : être en montagne, escalader et guider. Il reçoit son certificat de guide (ou « Führerbuch ») en 1906, alors qu'il a 23 ans.

Le monde pique la curiosité de Kain et il décide de voyager. Il pose sa candidature auprès du CHEMIN DE FER DU CANADIEN PACIFIQUE pour devenir guide de montagne au Canada, mais tous les postes sont pourvus. Lorsque le Club alpin du Canada a un poste vacant en 1909, Kain se porte candidat, et Arthur Wheeler (alors président du Club) l'embauche comme le premier guide du Club au Canada. Kain dirige le camp alpin d'été annuel au lac O'Hara en 1909 et guide son groupe jusqu'au sommet du mont Huber. Il jouit rapidement d'une réputation de grimpeur, de guide, de conteur et d'alpiniste hors pair. Kain inspire l'idée de la construction du premier centre de ski à BANFF et aide à sa réalisation; il est en outre le premier à escalader l'imposant MONT ROBSON en 1913.

Kain a également un penchant pour les cimes des Bugaboosde la chaîne Purcell, et il est le premier à effectuer un grand nombre d'ascensions sur leurs parois abruptes. Le refuge Conrad Kain Hut dans les Bugaboos a été nommé en son honneur et en hommage à l'influence qu'il a eue sur beaucoup de grimpeurs.

La vie d'un guide de montagne dans les premières décennies du 20e siècle est plutôt précaire. À la fin de la saison d'alpinisme, les guides doivent souvent trouver d'autres sources de revenus. Kain devient piégeur et chasseur pour compléter ses maigres revenus, et il passe bien des nuits d'hiver à la belle étoile; il vit de ce qu'il trouve, mangeant souvent des mets raffinés comme des écureuils rôtis, des mésangeais du Canada ou de la soupe faite d'une carcasse de martre oubliée. Il n'est pas rare qu'il parcoure de 40 à 50 km par jour pour piéger ou chasser, mais ce qui le passionne vraiment, c'est d'escalader des pics et de guider d'autres personnes vers des sommets grandioses.

Kain effectue ses plus grandes ascensions de 1914 à 1916. Il escalade le mont Farnham (le plus haut de la chaîne Purcell) et la Farnham Tower en 1914, puis le mont Louis (près de Banff) et le Bugaboo Spire en 1916. Il s'agit de montées considérées encore aujourd'hui comme périlleuses. Kain ose souvent escalader des sommets difficiles et guider ses clients dans des ascensions dures que bien des guides suisses auraient jugées beaucoup trop risquées. Les différences entre les guides suisses et Kain se situent principalement dans le degré de compétences et de risques pris en montagnes. Cela dit, tous ont grandement façonné et défini l'alpinisme canadien à ses débuts. Il ne fait aucun doute que Kain avait tendance à accepter des clients rompus à l'escalade sur roche et sur glace. Les années 1920 sont les meilleures de sa carrière de guide. À l'aube des années 1930, sa qualité de vie diminue rapidement. Sa femme, Hetta, meurt en 1933, et Kain la suit en 1934, à l'âge précoce de 50 ans. L'histoire de Kain est bien racontée dans The Mountaineers: Famous Climbers in Canada (1979), mais elle est plus complète dans son autobiographie, Where The Clouds Can Go, qui est devenue un classique de l'histoire de l'alpinisme canadien. Une nouvelle dimension s'est ajoutée aux travaux d'érudition sur Kain : la recherche de ses nombreuses lettres, qui devraient en révéler davantage sur son for intérieur énigmatique et fascinant. À Wilmer, en Colombie-Britannique, se trouve un cairn qui célèbre sa vie, et dont la plupart des pierres proviennent d'endroits qu'il a escaladés. La plaque du monument porte l'inscription suivante : « In Conrad Kain there was splendid fire... He saw a peak first as something beautiful, the technical problem was always secondary and nothing counted beside that vision » (« Dans Conrad Kain brûlait un feu splendide... Il percevait les pics d'abord comme des choses magnifiques, les difficultés techniques étant toujours secondaires, et rien ne comptait outre cette vision »). La flamme de Kain continue de brûler dans le cœur des grands alpinistes canadiens comme Pat MORROW, qui a été en 1982, le deuxième Canadien à se rendre au sommet du mont Everest. De plus, le poète Earl Birney a écrit en 1951 Conrad Kain, un hommage qui célèbre la vie et les exploits de l'alpiniste au moyen d'images évocatrices et charmantes.

En 2009, la Conrad Kain Centennial Society (CKCS) a été fondée pour célébrer le centenaire de l'arrivée de Kain au Canada. La CKCS a divers projets qui feront au souvenir de Kain une place importante tant dans la mémoire des Canadiens en général que dans celle de la communauté canadienne de l'alpinisme. Le feu splendide qui a brûlé si vivement, bien que brièvement, dans la vie et les écrits de Kain demeure une inspiration pour beaucoup de Canadiens adeptes de la montagne qui considèrent Kain comme l'ancêtre de leur tradition.

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