John Joseph Kelso | l'Encyclopédie Canadienne

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John Joseph Kelso

John Joseph Kelso, journaliste et réformateur social (né le 31 mars 1864, à Dundalk, en Irlande; décédé le 30 septembre 1935, à Toronto, en Ontario). John Joseph Kelso a défendu les droits des enfants et des animaux pendant toute sa vie : il a fondé la Toronto Humane Society, la Children’s Aid Society of Toronto, le Fresh Air Fund et le Santa Claus Fund. Il a laissé un héritage capital, en étant un des tout premiers fondateurs du système des services sociaux en Ontario.

Kelso, John Joseph

John Jospeh Kelso, fondateur de la Children's Aid Society (1900) et de la Toronto Humane Society.
(avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-85881)

Jeunesse et formation

John Joseph Kelso naît le 31 mars 1864, à Dundalk, en Irlande. Son père, George, exploite une manufacture. Lorsqu’un incendie détruit l’entreprise familiale, les parents et leurs neuf enfants déménagent au Canada, alors que le jeune John Joseph n’est âgé que de dix ans. Arrivée dans son nouveau pays, la famille doit faire face à la pauvreté, au froid et à la faim. Le petit John Joseph contribue aux revenus familiaux, en collectant du bois de chauffage, en acceptant des petits boulots, notamment dans une imprimerie, et en vendant des journaux. Il fréquente le Jarvis Collegiate Institute, à Toronto, en Ontario. À l’âge de 14 ans, il est témoin de l’arrestation de cinq de ses amis; accusés d’avoir commis un petit larcin, ils sont emprisonnés avec des criminels adultes. Cette expérience s’avèrera déterminante dans l’intérêt qu’il manifestera, plus tard dans sa vie, pour la protection de l’enfance.

Journaliste

Diplômé du Jarvis Collegiate Institute, John Joseph Kelso travaille comme relecteur au journal The World, à Toronto, pour lequel il rédige également, sans être rémunéré, des articles. Il est ensuite promu journaliste pour les affaires policières, un poste qu’il occupe pendant trois ans. Dans ce cadre, il peut constater que les conditions de vie des enfants peuvent être extrêmement difficiles. Dans les familles pauvres, les enfants sont souvent contraints à travailler comme apprentis, dès leur plus jeune âge, certains d’entre eux étant également abandonnés. Le jeune journaliste remarque alors que de nombreux enfants, nés dans des milieux défavorisés, où ils sont souvent négligés, adoptent des comportements criminels. Le système policier de l’époque ne dispose pas des moyens de traiter ces jeunes avec compassion et les emprisonne avec des adultes.

John Joseph Kelso se passionne également pour le bien‑être des animaux maltraités. Les chevaux âgés et handicapés sont souvent exploités jusqu’au bout et contraints de tirer des wagons et des tramways lourdement chargés; cette situation amène un lecteur, à envoyer, en 1886, une lettre au journal The World sur les mauvais traitements subis par les chevaux. Le journaliste lui répond alors : « Pourquoi n’avons‑nous pas une société pour la prévention de la cruauté? » À la suite de cette réponse, des lecteurs décident d’envoyer des dons, en vue de la création d’une telle société.

En 1887, John Joseph Kelso est embauché comme journaliste spécialisé dans les affaires policières par le journal The Globe, où il travaille jusqu’en 1902. Au cours de cette période, il écrit et publie de nombreux articles s’appuyant sur des entrevues qu’il mène avec des enfants pauvres et maltraités à Toronto.

Fontaine à Toronto, 1899

Fontaine à l’angle de la rue College et de l’avenue Spadina, à Toronto, en Ontario. De telles fontaines, conçues pour abreuver les chevaux d’un côté et permettre aux êtres humains de boire de l’autre, étaient courantes à Toronto à la fin du 19siècle. Photo prise le 26 avril 1899.
(Photo par F.W. Micklethwaite, avec la permission des City of Toronto Archives, fonds 200, série 376, dossier 2, article 49, Wikimedia, sous licence Creative Commons)


Toronto Humane Society

En 1887, John Joseph Kelso fonde la Toronto Humane Society. Conçue, au départ, pour la protection des enfants et des animaux contre la cruauté et la négligence, elle s’occupe désormais uniquement des animaux. La société, quoique non confessionnelle, est construite autour des principes chrétiens d’amour et de bonté. Elle collabore avec la police en vue de modifier les comportements publics. Des fontaines plus nombreuses pour les chevaux sont, par exemple, installées sur le territoire de la ville de Toronto. L’organisation se bat également pour une réforme du droit de la protection de l’enfance et travaille, dans ce cadre, avec des avocats, en vue de concevoir et de mettre en place un système judiciaire de la jeunesse. Elle estime que les jeunes délinquants devraient être pris en charge par le système judiciaire, dans le cadre d’une structure différente de celle qui juge les adultes.

Chevaux s’abreuvant à une fontaine

Chevaux s’abreuvant à une fontaine, Toronto [vers 1910].
(Avec la permission d’Archives publiques de l’Ontario, fonds A.W. Barton C 121‑1‑0‑4‑1, I0019323)


Fresh Air Fund et Santa Claus Fund

En 1888, John Joseph Kelso fonde le Fresh Air Fund, à Toronto. Ce programme conçoit et organise des sorties vers des destinations de plein air, notamment des parcs et les îles de Toronto, pour les enfants pauvres et victimes de négligence, les organisateurs espérant que le grand air, l’exercice et la fréquentation de camarades seront bénéfiques pour les enfants.

John Joseph Kelso crée également, en 1888, le Santa Claus Fund, avec pour objectif d’offrir des cadeaux et des activités de divertissement aux enfants pauvres, à l’occasion de Noël. Joseph Atkinson, éditeur du Toronto Star, reprend le Fresh Air Fund, en 1901, et le Santa Claus Fund, en 1906, son journal poursuivant les activités de ces deux organismes de bienfaisance.

Children’s Aid Society of Toronto

En 1891, John Joseph Kelso démissionne de son poste de secrétaire de la Toronto Humane Society pour se concentrer sur l’organisation et la fondation de la Children’s Aid Society of Toronto, dont il est élu, cette même année, premier président. Cette nouvelle organisation se préoccupe principalement des enfants victimes de négligence et travaille à la création d’un refuge temporaire pour les enfants, qui ouvre effectivement en 1892. La société a également d’autres objectifs, notamment l’octroi de licences aux vendeurs de journaux, l’ouverture d’écoles maternelles missionnaires pour les enfants de moins de sept ans victimes de négligence et la création de foyers industriels pour enfants, ayant pour objectif d’éduquer et de former les enfants sans abri et abandonnés.

John Joseph Kelso

M. J.J. Kelso, fondateur de la Children’s Aid Society, avec W.H. Wightmyer et quelques enfants. Belleville, Ontario, 1910.
(Avec la permission de John Joseph Kelso/Bibliothèque et Archives Canada/C‑085882)


Loi sur la protection des enfants

Tout au long de sa carrière, John Joseph Kelso fait valoir que le gouvernement devrait assumer davantage de responsabilités pour protéger les enfants à risque. En 1893, la première loi sur la protection de l’enfance est adoptée au Canada. Intitulée Act for the Prevention of Cruelty to and Better Protection of Children, elle prévoit la création, partout en Ontario, de sociétés d’aide à l’enfance, ayant autorité pour intervenir et s’occuper légalement des enfants victimes de négligence. En 1893, John Joseph Kelso devient le premier titulaire du poste de surintendant provincial des enfants à la charge de l’État et victimes de négligence; à ce titre, il crée les sociétés d’aide à l’enfance, prévues par la Loi, dans toute la province.

En tant que surintendant, il supervise également le placement, dans des foyers d’accueil, des « petits immigrés britanniques » vivant dans des résidences temporaires. Plus de100000enfants orphelins, victimes de négligence et pauvres ont été envoyés des îles britanniques au Canada, entre 1869 et la fin des années 1930, pour travailler dans des fermes. Connus sous le nom de « petits immigrés anglais », ces enfants vivent dans des résidences temporaires, avant de partir pour des régions rurales, où ils travaillent comme domestiques et comme ouvriers agricoles. Les agriculteurs fournissent l’hébergement, la nourriture et une petite allocation contre le travail des enfants. Cependant, dans les faits, ces conditions sont souvent violées et nombre de ces enfants sont confrontés à divers types de maltraitance. Finalement, c’est le gouvernement fédéral qui reprend cette responsabilité.

Réforme

Tout au long de sa carrière de défenseur des enfants, John Joseph Kelso plaide en faveur de nombreuses réformes visant à améliorer le bien‑être des enfants et des familles. Il défend la mise en place d’un système d’allocations financières pour les mères et la création de terrains de jeux pour les enfants, avec la Toronto Playground Association. Il pousse pour la légalisation de l’adoption et soutient activement la première loi de l’Ontario sur ce sujet. En 1921, il devient administrateur de l’Adoption Act et de la Children of Unmarried Parents Act de l’Ontario.

Central Neighbourhood House

En 1911, John Joseph Kelso contribue à la création du Central Neighbourhood House, un centre d’accueil pour les nouveaux arrivants qui continue de fonctionner de nos jours à Toronto, bien que son emplacement ait changé au fil des ans.

Vie personnelle et héritage

En 1901, John Joseph épouse Irene Maddin Martin, avec laquelle il aura deux enfants. Il prend sa retraite en 1934 et décède à Toronto, le 30 septembre 1935, à l’âge de 71 ans. Porte‑drapeau et spécialiste de la protection de l’enfance, il laisse derrière lui un important héritage, qui lui vaut son surnom « d’ami des enfants ».

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