La musique à Expo 67 | l'Encyclopédie Canadienne

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La musique à Expo 67

Expo 67 a été le plus grand événement parmi les célébrations qui marquaient le centenaire du Canada. Il s’est déroulé du 28 avril au 27 octobre 1967, sous le thème Terre des hommes.
Le pavillon du gouvernement canadien \u00e0 Expo 67 \u00e0 Montréal, carte postale. Image: Biblioth\u00e8que et Archives Canada/1982-131 PIC.

Expo 67 a été le plus grand événement parmi les célébrations qui marquaient le centenaire du Canada. Il s’est déroulé du 28 avril au 27 octobre 1967, sous le thème Terre des hommes. L’exposition avait lieu sur 400 hectares d’îles artificielles bâties dans le fleuve Saint-Laurent sur la rive de Montréal et comprenait six pavillons-thèmes, 48 pavillons nationaux, quatre pavillons provinciaux, 27 pavillons institutionnels et de compagnies privées et un complexe de divertissement de 54 hectares (théâtres, amusements de foire, bars et restaurants) nommé La Ronde, et plusieurs kiosques de musique, scènes à ciel ouvert, places publiques et petits théâtres répartis sur le site.

En association avec, et se déroulant simultanément à l’Expo, avait lieu le Festival mondial des arts, organisé par le directeur artistique Gordon Hilker et le directeur administratif Jean Côté, et présentant plusieurs des plus grandes troupes mondiales d’opéra, de ballet et de théâtre, les ensembles de chambre, groupes de jazz, chanteurs, musiciens solo, troupes de danse et chanteurs pop et folk. Le comité consultatif de la société sur les arts de la scène était composé de Peter M. Dwyer, Jean Gascon,John Hirsch,Jean-C. Lallemand etJean Vallerand.

Marlene Dietrich chante \u00e0 Expo 67 \u00e0 Montréal.
Image: Biblioth\u00e8que et Archives Canada/1970-190 NPC.\r\n

Aperçu

Durant les six mois de l’exposition, près de 6000 concerts gratuits sont présentés sur le site de l’Expo par des groupes professionnels et amateurs venus de partout dans le monde. Certains sont envoyés et financés par leurs gouvernements, et d’autres fournissent leurs services et paient leurs propres dépenses. La musique est continue et omniprésente : les concerts sont présentés à des heures fixes dans les places publiques et les kiosques de musique, des groupes itinérants se promènent sur le site, faisant la sérénade aux foules, des groupes sont invités pour jouer dans les pavillons nationaux, des comédies musicales et des opérettes sont présentées à l’Expo-théâtre, et des artistes de cabaret et de musique pop sont engagés à La Ronde.

Les compositeurs mandatés d’écrire des oeuvres pour des concerts, films et pour l’environnement sonore de certains pavillons incluent : R. Murray Schafer (pour Kaléidoscope, le pavillon des industries chimiques), Eldon Rathburn(pour Labyrinthe, le pavillon de l’ONF), Serge Garant(pour le pavillon L’Homme et les régions polaires), André Prévost, Alexander Brott, Robert Fleminget Otto Joachim (pour le pavillon du Canada), Dolores Claman et Richard Morris (pour le pavillon de l’Ontario, A Place to Stand, qui a remporté un Oscar pour le meilleur court métrage) et Gilles Tremblay (qui a remporté lePrix de musique Calixa-Lavallée en 1968 pour sa trame sonore pour le pavillon du Québec)

Festival mondial des arts

Le Festival mondial des arts se veut l’un des plus grands rassemblements de talents musicaux jamais réunis dans une seule ville, et sans aucun doute le plus grand au Canada. Le lieu principal pour le Festival mondial est la Place des Arts (PDA), dans la ville de Montréal, qu’Expo loue pendant la durée de l’événement. Les événements ont lieu dans les trois salles de la PDA, dans la salle de 2000 places de l’Expo-théâtre construit pour Expo 67 à la sortie du site principal, ainsi que dans l’église catholique romaine Saint-Jacques. Plus de quatre millions de billets sont imprimés pour 672 événements qui mettent en vedette 110 groupes totalisant presque 25 000 artistes de 25 pays (ces nombres incluent les spectacles à grand déploiement comme le spectacle de carrousel militaire Tatoo des Forces armées canadiennes, se tenant dans l’Autostade adjacent à l’Expo). La présence pour l’opéra est 87 % de la capacité totale et 72% pour la musique.

Un gala d’ouverture le 29 avril présente la première de Terre des hommes, l’oeuvre orchestrale de chorale deAndré Prévost, interprétée par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et la Chorale du festival mondial (cette dernière préparée par Marcel Laurencelle) avec Albert Millaire et Michelle Rossignol en tant que narrateurs, et Pierre Hétu comme chef d’orchestre. Wilfrid Pelletier dirige aussi l’OSM et la Rutgers University Chorus dans L’Hymne à la joie de Beethovenm avecPierrette Alarie, Maureen Forrester, Léopold Simoneauet Joseph Rouleau comme solistes.

Opéra

Les compagnies entières de La Scala, l’Opéra d’État de Vienne, l’Opéra Bolchoï, l’Opéra d’État d'Hambourg et l’Opéra royal de Suède, toutes à leur début sur une scène nord-américaine, donnent un nombre de spectacles complètement mis en scène.

L’Opéra de Suède est dirigé par Silvio Varviso et Sixten Ehrling dans des productions de Un Ballo in Maschera, de Verdi, Aniara, l’« opéra de l’espace » de Karl Birger Blomdahl, The Rake's Progress, de Stravinsky (la production d’Ingmar Bergman), et Tristan und Isolde, de Wagner, avec Birgit Nilsson et Ken Neate.

L’Opéra d’État d'Hambourg est dirigé par Hans Schmidt-Isserstedt et Leopold Ludwig dans des productions de Mathis der Maler, de Hindemith, Janáček's Jenůfa, de Berget une version concert de Der Freischütz de Weber.

L’Opéra d’État de Vienne est dirigé Karl Boehm, Heinrich Hollreiser, Berislav Klobucar et Josef Krips dans des productions de Don Giovanni et Le Mariage de Figaro, de Mozart, Elektra et Der Rosenkavalier, de Strauss, et Wozzeck,de Berg.

L’Opéra Bolchoï de Moscou offre des productions de Prince Igor, de Borodin, Boris Godunov, de Mussorgsky, La Dame de pique de Tchaikovsky, Guerre et Paix, de Prokofiev, et La Légende de la ville invisible de Kitège et de la demoiselle Fevronia, de Rimsky-Korsakov.

La Scala de Milan se donne en spectacle dans des productions de Il Trovatore et Nabucco, de Verdi, La Bohème, de Puccini, I Capuleti e i Montecchi, de Bellini et Requiem, de Verdi, dirigé par Herbert von Karajan.

The English Opera Group est dirigé par Benjamin Britten, Rudolph Schwarz, James Lockhart et Steuart Bedford dans des productions de Curlew River, The Burning Fiery Furnace et A Midsummer Night's Dream de Britten, The Bear, de Walton, Acis and Galatea, de Handel et The Beggar's Opera, de John Gay (à partir l’oeuvre de Britten).

L'Opéra de Quat'sous par le English Opera Group \u00e0 Expo 67 \u00e0 Montréal. Image: Biblioth\u00e8que et Archives Canada/1970-019 NPC.

La Compagnie d’opéra canadienne(COC) est dirigée par Victor Feldbrill etOtto-Werner Mueller dans des productions de Louis RieldeHarry Somerset Les Contes d’Hoffmann de Offenbach avecBernard Turgeon, Cornelis Opthof, Joseph Rouleau, Patricia Rideout, Roxolana Roslak, Mary Morrison, André Turp, Colette Boky, Eleanor Calbes, Heather Thomson, Phil Stark, Jan Rubes, Norman MittelmannetAlan Crofoot.

Une saison de deux opéras est aussi offerte par l’OSM: Otello, de Verdi, dirigée par Zubin Mehtam avec Jon Vickers, Teresa StratasetLouis Quilico, et Faust, de Gounod, Joseph Rouleau, Richard Verreau, Robert SavoieetHeather Thomson, et dirigée par Wilfrid Pelletier.

Orchestres et chorales

Des concerts orchestraux sont donnés par l’Orchestre philharmonique de Vienne sous Karl Böhm, l'Orchestre de la Suisse romande sous Ernest Ansermet et Paul Kletzki, l’Orchestre Concertgebouw d’Amsterdam sous Bernard Haitink, l’Orchestre de l’ORTF, l’Orchestre philharmonique tchèque, l’Orchestre philharmonique de Buffalo, le National Youth Orchestra(NYO), l’Orchestre symphonique de Melbourne sous Willem van Otterloo avec la soprano Marie Collier, l’Orchestre symphonique d’Hambourg, l’Orchestre philharmonique de New York, le Symphonique de Toronto (maintenant l’Orchestre symphonique de Toronto), l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, l’Orchestre symphonique de San Francisco, le MSO, le JM International Orchestra et le Northern Sinfonia d’Angleterre.

Les orchestres et ensembles de chambre incluent le Collegium Musicum de Zurich sous Paul Sacher, le Prague Soloists, le Berlin Philharmonic Octet, le Slovak Quartet, l’Orchestre Scarlatti de Naples sous Mario Rossi et Massimo Pradella, les Solistes de Liège, Belgique, le Bath Festival Orchestra sous Yehudi Menuhin, le Danzi Quintet des Pays-Bas et le Stern-Rose-Istomin Trio. Des récitals solo sont donnés par Henryk Szeryng, Christoph Eschenbach et Arturo Benedetti Michelangeli.

Les chorales incluent les Choeurs de l’Armée rouge et la chorale Piatnitsky de l’U.R.S.S., le Choeur et orchestre Munich Bach, la Chorale de l’Université de Copenhagen, l’Ensemble folklorique de Lado de Yougoslavie et l’Ensemble folklorique de Suisse.

Musique pop et jazz

Un large éventail d’artistes des genres pop, folk et jazz donnent des concerts - certains gratuits et d’autres payants - à Expo 67, incluant The Supremes, qui donnent six performances à guichets fermés à l’Expo-théâtre. Elles font aussi une apparition dans une des deux épisodes du Ed Sullivan Show filmés à l’Expo, l’autre met en vedette la chanteuse britannique Petula Clark, le groupe pop australien The Seekers et la soprano suédoise Birgit Nilsson chantant avec l’OSM.

Theolonious Monk \u00e0 Expo
Image: Biblioth\u00e8que et Archives Canada/1970-019 NPC.

D’autres chanteurs de renom incluent Luciano Pavarotti, Harry Belafonte, Bing Crosby, Renée Claude, Gilles Vigneault et Maurice Chevalier. Les groupes de rock psychédélique Jefferson Airplane et the Grateful Dead, le maître du blues Muddy Waters, et les groupes de jazz Dave Brubeck Quintet, Thelonius Monk, George Wein & The Newport All-Stars, et Roy Eldridge se donnent aussi en spectacle. Le Herbie Mann Quintet est également en vedette dans des performances, et Duke Ellington et son orchestre donnent plusieurs spectacles en compagnie de Sarah Vaughan.

Danse

Les compagnies de danse et de danse folk qui participent à l’Expo sont le Ballet du vingtième siècle, de Belgique, le Ballet Bolchoï , le Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet royal de Grande-Bretagne, la Ballet australien, le Ballet national du Canada, le Ballet royal de Winnnipeg, Les Grands Ballets Canadiens, le New York City Ballet, la Martha Graham Dance Company, le National Dance Theatre of Jamaica, la Troupe nationale folklorique tunisienne, la Compagnie de danse artistique folklorique japonaise, Musique et Danse d’Inde et Fiesta Cubana.

Le ballet national de la Jama\u00efque danse \u00e0 Expo 67 \u00e0 Montréal.
Image: Biblioth\u00e8que et Archives Canada/1970-019 NPC.\r\n


Performances du pavillon canadien

Le lieu principal pour les performances musicales par les artistes canadiens est le pavillon du gouvernement canadien, nommé Katimavik (un mot inuit signifiant « lieu de rassemblement »). Il contient un théâtre de 500 sièges et une scène à ciel ouvert de 1200 sièges, où 58 spectacles sont présentés chaque semaine par toutes sortes de groupes et d’artistes individuels. Hugh Davidson est le consultant musical de l’administration du pavillon.

Quatre concerts ont lieu chaque jour (sauf les lundis) sur la scène extérieure : chorales et ensembles amateurs à midi, un concert de groupe à 14:30 et 17:00 et des chansonniers et chanteurs folk à 15:45. Dans le théâtre (aussi fermé les lundis), se donnent des récitals d’orgue à midi (sur un instrument donné par Casavant Frères), de la musique de chambre et des groupes de jazz à 14:30, deux performances chaque après-midi par la troupe de danse Les Feux-Follets et une revue de comédie musicale à 18:15. Les samedis et dimanches, la performance de 14:30 met en vedette des récitals, dont l’accompagnateur officiel estJohn Newmark.

Les récitals de semaine sont donnés par Pierrette Alarie, Donald Bell, John Boyden, Victor Braun, Hyman Bress, Maureen Forrester, Richard Gresko, Elizabeth Benson Guy, Ida Haendel, Betty-Jean Hagen, Walter Joachim, Lois Marshall, Zara Nelsova, Louis Quilico, Joseph Rouleau, Robert Savoie, Steven Staryk, Bernard Turgeon, Ronald Turini, André Turp, Richard Verreau, le duo de pianistes Victor Bouchard et Renée Morisset, et les chanteurs Shirley Harmer, Pauline Julien et Monique Leyrac.

Des concerts réguliers sont tenus tous les jours de la semaine à 14:30 et incluent des performances d’orchestres (ex. le Hart House Orchestra),vocalistes (ex. the l’ensemble vocal Chantal Masson, les Festival Singers, le Manitoba University Consort, le Petit ensemble vocal, Phyllis Mailing), groupes de chambre (ex. le Trio baroque de Montréal, le HidyTrio, le duo deArlene and Joseph Pach, les Cassenti Players, le Gabora String Quartet, le Quatuor à cordes Orford, la Quintette à vent de Toronto, la Quintette à vent du Québec, l’Orchestre de chambre McGill) et des groupes jazz (l’Ensemble de jazz Lee Gagnon, le Trio Pierre Leduc, le Moe Koffman Quartet, le Tommy Banks Quartet, le Quatuor de jazz Yvan Landry, le Ron Collier Jazz Group, le Lance Harrison Dixieland Band, Nimmons 'n' Nine). Des groupes organisés par la Société de musique contemporaine Québec (SMCQ) et la Ten Centuries Concerts livrent aussi des performances. Chaque groupe joue pendant quatre jours consécutifs, normalement dans une variété de programmes.

Les récitals d’orgue dans le théâtre sont donnés par Françoise Aubut, Hugh Bancroft, Douglas Bodle, Antoine Bouchard, Barry Cabena, Raymond Daveluy, Maitland Farmer, Frederick Geoghegan, Kenneth Gilbert, Conrad Grimes,Gordon Jeffery, Mireille Lagacé, Claude Lavoie, Jean Leduc, Lucienne L'Heureux-Arel, Hugh McLean, Kenneth Meek, Charles Peaker and Gerald Wheeler.

Les concerts de la scène extérieure mettent en vedette Hélène Baillargeon, Oscar Brand, Pierre Calvé, Dinah Christie, Tommy Common, Michel Conte and Micheline (Bardin), Bobby Curtola, Bonnie Dobson, leMaynard Ferguson Sextet, Louise Forestier, Tom Kines, Penny Lang, Raymond Lévesque, Gordon Lightfoot, Malka et Joso, Bruce McKay, Alan Mills, Jean-Guy Moreau, Ginette Ravel, la Famille Soucy, The Travellers et Alexandre Zelkine.

Plusieurs de ces concerts sont enregistrés par la CBC pour des diffusions ultérieures, et les albums de plus de 40 d’entre eux ont été rendus disponibles au travers de la CBC Expo series.

Pavillon L’Homme et la musique

Le pavillon L’Homme et la musique est dévoué aux oeuvres de Jeunesses Musicales du Canada(JMC) et présente des vitrines, des installations pour l’écoute de musique enregistrée, la présentation de célèbres méthodes d’enseignement telles que la méthode Orffet la méthodeKodály, et des studios dans lesquels sont données des classes de maître que peut observer le public. Le bâtiment en ciment préfabriqué qui héberge cette activité est plus tard déménagé afin de devenir une partie du camp musical de JMC (Centre d’arts Orford) au mont Orford, au Québec.

Entre le 16 juillet et le 22 juillet, sur le site de l’Expo et au travers de la ville de Montréal, JMC est l’hôte du 21e congrès mondial de la Fédération internationale des Jeunesses musicales. (Fédération internationale des Jeunesses musicales). Il s’y tient les tours finals de compétitions d’interprétation internationales importantes et d’une compétition internationale de composition. Les gagnants de la première sont Andrew Dawes (cordes), Annon Lee Silver (voix) et Robert Silverman (piano), et de la dernière Josef Maria Horvath (Autriche), Sydney Hodkinson (Canada), Zsolt Durko (Hongrie), Martin Boykan (É-U.) et Michael Finnissy (Angleterre). Un concert de gala par les gagnants de la Compétition nationale JMC a aussi lieu.

Chansons-thèmes

La chanson-thème officielle de l’Expo 67, sélectionnée par un jury dans une compétition ayant reçu plus de 2200 soumissions de 35 pays, est Un Jour, Un Jour (version anglaise Hey Friend, Say Friend) par Stéphane Venne. La chanson est enregistrée et joue fréquemment sur les stations de radio de Montréal mais ne suscite pas l’enthousiasme de Jean Drapeau, maire de Montréal et l’un des principaux promoteurs de l’Expo 67, car les paroles ne mentionnent jamais la ville hôte. Ca-na-dade Bobby Gimby, la chanson officielle des célébrations du centenaire, obtient plus de popularité, devenant l’extrait le plus vendu de l’année au Canada.

Une version de cet article est parue originalement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.

Lecture supplémentaire

Liens externes