La musique dans les collèges de jeunes filles et couvents | l'Encyclopédie Canadienne

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La musique dans les collèges de jeunes filles et couvents

Collèges de jeunes filles et couvents. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, on estimait au Canada que l'étude de la musique convenait davantage aux jeunes filles qu'aux jeunes gens.

Collèges de jeunes filles et couvents. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, on estimait au Canada que l'étude de la musique convenait davantage aux jeunes filles qu'aux jeunes gens. Au début, même les jeunes filles n'avaient accès qu'à des cours particuliers et d'une portée limitée, mais au début du XXe siècle, l'enseignement de la musique fut introduit dans quelques écoles de jeunes femmes et de jeunes filles. Un prospectus de l'académie de jeunes filles du couvent des Ursulines de Québec offrait des cours d'accordéon, de guitare, de harpe, d'orgue et de piano, tandis que les pensionnaires de l'Hôpital général de Québec étudiaient la musique avec les organistes de la basilique de Québec. Plus tard (1857-68), ce furent les religieuses de l'Hôpital général qui se chargèrent de l'éducation musicale.

Collèges de jeunes filles

Au début des années 1840, les classes moyennes du Canada vinrent à considérer la musique comme une matière acceptable et nécessaire à l'éducation des jeunes filles. En conséquence, un nombre croissant de collèges de jeunes filles l'ajoutèrent à leur programme. À Cobourg, Ont., l'Upper Canada Academy (plus tard Université Victoria), incorporée en 1836 par la Conférence de l'Église épiscopale méthodiste du Canada, possédait, pour les jeunes filles, un département distinct qui dispensa des cours de musique dès 1839. Quelques années plus tard, l'appendice à l'ouvrage Sketches of Canadian Life (Londres 1849), de William S. Darling, publiait des annonces de pensionnats de Toronto, tel celui de Mme Scobie où les élèves pouvaient étudier « la musique, le français et le dessin à un tarif des plus modérés », et d'une école française et anglaise pour jeunes filles (dirigée par M. et Mme Deslandes) qui offrait une instruction musicale aux pensionnaires, ainsi que « l'allemand, l'italien, le chant et la danse au tarif habituel » aux externes. Ces cours étaient apparemment facultatifs et devaient être payés en sus des frais habituels.

Parmi d'autres écoles et collèges de l'Ontario qui employaient des professeurs de musique au XIXe siècle, citons l'Adelaide Ladies' Academy et l'école de Mlle MacNally à Toronto, la Burlington Academy à Hamilton, la Misses' Dunn School for Ladies à Cobourg, l'Oakville Ladies' Academy (Oakville), la Saint Mary's Academy à Windsor, Ont. (où Salomon Mazurette fut dir. de la musique en 1875-76), l'Ottawa Ladies' College (Edward Fisher y fut dir. de la musique v. 1875) et le Hellmuth Ladies' College à London. Ce dernier, fondé par l'Église d'Angleterre en 1869, offrait des cours de chant choral, de chant, d'harmonie, d'histoire, d'orgue, de piano, de matières théoriques et de violon. Le collège eut notamment pour dir. de la musique W. Waugh Lauder qui occupa ce poste de 1883 à 1885. Au nombre de ses professeurs (v. 1884-94), on compte William Caven Barron (piano et orgue), Thomas Martin (piano), Roselle Pococke (violon) et Nelda von Seyfried (chant). Une autre institution digne de mention fut le Wesleyan Ladies' College à Hamilton, incorporé par la Conférence de l'Église méthodiste du Canada en 1861. Les professeurs du dépt de musique (créé en 1870) incluaient Robert Steele Ambrose (musique instrumentale et vocale), C.L.M. Harris et Clarence Lucas (harmonie), Emma Kellogg (chant) et L.H. Parker (orgue). L'apport de l'Ontario Ladies' College de Whitby et de l'Alma College de Saint Thomas fut également significatif. Parmi ceux qui enseignèrent au collège de Whitby, mentionnons G.D. Atkinson, Edward Fisher, Stanley Osborne et F.H. Torrington. Et parmi ceux qui furent professeurs à l'Alma College, dont le dépt de musique fut mis sur pied par Saint John Hyttenrauch, on compte Frank Welsman (aussi dir. de la musique, 1928-31), Gertrude Huntly Green (dir. de la musique pendant les années 1930) et Doreen Hall.

Dans l'ouest du Canada, une certaine Mme Mills et ses filles dirigèrent une école pour jeunes filles à Red River Colony (Winnipeg) vers 1851. Les élèves avaient accès à l'enseignement de la musique qui incluait des cours de piano. À New Westminster, C.-B., la Saint Ann's Academy (fondée en 1865) offrait des cours de piano jusqu'à un niveau très avancé. Le Saint Hilda's College for Girls, ouvert à Calgary à la fin des années 1880, dispensait lui aussi l'enseignement de la musique. Il compta parmi ses professeurs Ada Dowling Costigan, qui apporta à Calgary le premier piano crapaud (« quart de queue »), ainsi que Annie Glen Broder.

Dans les Maritimes, Sackville, N.-B., était le site d'un centre pédagogique important. Au début des années 1890, le Mount Allison Ladies' College (Université Mount Allison) était l'une des plus importantes écoles de ce type au Canada et possédait l'un des départements de musique les mieux équipés.

À Montréal, deux écoles de jeunes filles fondées grâce à l'appui financier de lord Strathcona offraient des cours de musique. La première, ouverte sous le nom de Trafalgar Institute (Trafalgar School for Girls après 1887 et affiliée à l'Université McGill en 1911), incluait des cours d'appréciation de la musique et de chant en groupe dans son programme d'études régulier. Frantz Jehin-Prume et Victor Brault y enseignèrent. Le Royal Victoria College for Women, fondé en 1896, possédait un dépt de musique mis sur pied par Clara Lichtenstein, ceci dès son ouverture en 1899. Ce département fusionna au McGill Cons. en 1904.

Couvents

Dans la province de Québec en particulier, l'éducation musicale fut longtemps la chasse gardée de congrégations de religieuses catholiques romaines qui fondèrent des écoles et des académies (mixtes depuis quelques années) où les enfants pouvaient recevoir une éducation générale et, quelquefois, une éducation spécifiquement musicale. Bien que la plupart de ces écoles se trouvent au Québec, les principales communautés religieuses ont fondé des institutions semblables dans les autres provinces du Canada. Il ne sera ici question que de quelques-unes d'entre elles.

Pendant les années 1870, lady Dufferin, épouse d'un gouverneur général, visita plusieurs couvents de Québec dont celui de Jésus-Marie à Sillery, où elle fut conduite dans une salle où se trouvaient « 12 compartiments en verre renfermant chacun un piano de sorte que les élèves puissent travailler simultanément, pendant que dans une autre pièce, aussi en verre, était assise la surveillante qui, heureusement pour elle, n'entendait pas » (My Canadian Journal 1872-78, Toronto 1969, p. 24). Lady Dufferin se rendit également au couvent du Sacré-Coeur à Montréal où elle entendit des élèves chanter « une opérette originale » (ibid., p. 285) en février 1878.

La Congrégation de Notre-Dame (fondée à Montréal en 1658 par Marguerite Bourgeoys) commença à enseigner le piano aux élèves de son pensionnat en 1834. Les professeurs y furent notamment Eugénie Kilchen de la Peronnière, W.H. Warren et J.-C. Brauneis II. En 1845, le gouverneur du Bas-Canada fit cadeau d'une harpe à cette école, et Henry Berlyn y enseigna cet instrument. Entre autres directrices de la musique, l'institution compta au XIXe siècle Henriette Dufresne (soeur Saint-Michel, 1845-?) et soeur Sainte-Berthe (1895-1910). En 1908, la congrégation fonda à Montréal une École d'enseignement supérieur (pour former les professeurs) affiliée à l'Université Laval. Romain-Octave Pelletier fut parmi les premiers à y enseigner. En 1926, soeur Sainte-Anne-Marie fonda l'Institut pédagogique (rebaptisé collège Marguerite-Bourgeoys en 1976) et l'École normale de musique, à Montréal également. Afin d'assurer l'uniformité des programmes de musique offerts dans tous ses établissements, la Congrégation de Notre-Dame créa le poste de dir. général des études musicales en 1936. On inaugura en 1943 un programme échelonné sur 10 ans, accessible à tous les étudiants réguliers. En 1958, 137 des maisons de la communauté au Canada et aux États-Unis ainsi que 3 de ses missions au Japon dispensaient l'enseignement de la musique. Parmi les nombreux professeurs à l'emploi de la congrégation au fil des ans, on remarque J.-Arthur Bernier, Charlotte Cadoret, Albert Chamberland, Guillaume Couture, J.-B. Dubois, Henri Gagnon, Arthur Laurendeau, Omer Létourneau et Berthe Roy.

Fondé à Longueuil, près de Montréal, en 1844 par soeur Marie-Rose, l'Institut des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie commença à enseigner le piano en 1845. Les cours furent d'abord donnés par William Benzinger, et par une certaine Mme Petipas (1872-80) qui fut chargée d'enseigner le chant et le piano. Soeur Marie-Stéphane fut nommée dir. des études musicales de la congrégation en 1920. Sous sa direction, on institua un programme d'études musicales de neuf ans pour les étudiantes régulières, ainsi qu'un système de tournées des écoles de la communauté au Québec et en Ontario par des soeurs expérimentées, pour venir en aide aux professeurs et faire passer des examens aux élèves. On décernait un certificat à la fin des six premières années d'études, et un diplôme pour les trois dernières. Soeur Marie-Stéphane fonda l'École supérieure de musique d'Outremont en 1932 (rebaptisée École Vincent-d'Indy en 1951). En 1991, environ 10 des écoles de la communauté enseignaient encore la musique. Parmi les professeurs à leur emploi, citons Lazare-Arsène Barbarin, Louis Bouhier, Jean-Noël Charbonneau, Alexis Contant, Guillaume Couture, Alfred De Sève, Arsène Dubuc, Jules Hone, Alfred Lamoureux, Émery Lavigne, ArthurLetondal et Romain-Octave Pelletier.

Les Soeurs de Sainte-Croix arrivèrent au Canada en 1847 et l'enseignement du piano fut dispensé à leur pensionnat de Saint-Laurent, Montréal, dès 1848. Leurs diplômes de fin d'études furent d'abord décernés par le Collège de musique Dominion, puis par le Cons. de musique du Québec. Au XXe siècle, soeur Marie de Sainte-Jeanne-du-Rosaire, qui fut nommée dir. de la musique de la communauté en 1936, ouvrit l'École et le Collège de musique Sainte-Croix. L'école enseignait aux plus jeunes tandis que le collège s'adressait aux élèves plus avancées. On y décernait des certificats et des diplômes d'interprétation et de pédagogie. Le collège fut affilié à l'Université de Montréal de 1957 à 1967. En 1968, l'école et le collège furent tous deux absorbés par le cégep Saint-Laurent. Dans la province de Québec, environ 24 institutions des Soeurs de Sainte-Croix ont enseigné la musique. En outre, on donne des cours de musique à la Musica School de la communauté, fondée à Cornwall, Ont., en 1962, dans 11 de ses couvents en Alberta et dans certains autres aux É.-U. On remarque au nombre des professeurs Françoise Aubut, Yvonne Hubert, Czeslaw Kaczynski, Yvette Lamontagne, Michel Longtin, Armas Maiste, Maurice Onderet, Michel Perrault, Calvin Sieb, Georges-Émile Tanguay et Jean-Eudes Vaillancourt.

Chez les Soeurs de Sainte-Anne, les cours de musique furent d'abord dispensés uniquement par des enseignants laïques. Quelques-unes des premières étudiantes du pensionnat de Lachine (Montréal) travaillèrent avec J.-B. Labelle et le programme d'études inauguré après 1869 servit de modèle pour les autres écoles régies par la communauté. En 1876, on forma à Lachine un jury qui avait pour responsabilité de décerner des certificats. Après 1899, de nombreux diplômes furent délivrés par l'AMQ. Paul Letondal supervisa les programmes d'études musicales pendant quelques années, à partir de 1871. L'école de musique de la communauté à Montréal fut affiliée à l'Université de Montréal en 1937 sous le nom d'École supérieure de musique et rebaptisée École de musique Wilfrid-Pelletier en 1965. Les directrices de l'école furent notamment Louisa Paquin (soeur Marie-Valentine), Diane Villeneuve (soeur Marie-Héloïse) et Rosa Lavallée (soeur Marie-du-Cénacle) qui fut remplacée en 1961 par Geneviève Gauthier (soeur Marie-Thérèse-Eugénie). Environ 60 maisons des Soeurs de Sainte-Anne ont enseigné la musique au Québec. La communauté possède aussi des écoles en Colombie-Britannique où l'apprentissage de la musique débuta en 1865, à New Westminster. En 1900, on institua des programmes de musique aux écoles de Kamloops, Vancouver et Victoria. Parmi ceux qui enseignèrent la musique pour le compte des Soeurs de Sainte-Anne, on remarque Lydia Boucher, Claude Champagne, Camille Couture, Gabriel Cusson, Bernard Diamant, Pauline Donalda, Salvator Issaurel, Charles-Marie Panneton, Raoul Paquet et Antoinette Wilscam. Plusieurs musiciens connus étudièrent chez les Soeurs de Sainte-Anne : citons Fernande Chiocchio, Marie Daveluy, Marguerite Lavergne et Louis Lortie. Cette communauté publia le Dictionnaire biographique des musiciens (Lachine 1922) et le Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (Lachine 1935) en plus de nombreux manuels de théorie et de solfège.

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