Ladies Ontario Hockey Association (LOHA) | l'Encyclopédie Canadienne

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Ladies Ontario Hockey Association (LOHA)

La Ladies Ontario Hockey Association (LOHA), créée en 1922 et dissoute en 1940, a été le premier organisme dirigeant du hockey sur glace communautaire féminin, au Canada. Au départ, cette ligue était composée de18 équipes séniors, originaires de toute la province, aussi bien de grandes villes, comme Toronto, London et Ottawa, que de plus petites, telles que Bowmanville, Huntsville et Owen Sound. La création de la LOHA a conduit à la fondation, en 1925, de la Women’s Amateur Athletic Federation, qui a absorbé la LOHA lors de sa dissolution.

Hilda Ranscombe

Hilda Ranscombe a été reconnue par plusieurs comme la meilleure joueuse de hockey féminin de l’histoire du Canada. Elle a été intronisée au Panthéon des sports canadiens en 2015.

(avec la permission de Wikimedia Commons)


Contexte

Lors de la création de la LOHA, en 1922, le hockey est considéré comme un jeu pour les garçons et les hommes. Dans son ouvrage intitulé Coast to Coast: Hockey in Canada to the Second World War, Carly Adams analyse les attitudes générales de la société de l’époque. Elle écrit : « Historiquement, les tentatives des filles et des femmes de pénétrer sur ce territoire sacré [du hockey] ont été considérées avec dérision. Dans le cadre d’un processus complexe de contrôle et de compromis, le hockey féminin a effectivement été stigmatisé comme une forme inférieure du jeu “authentique” » et les femmes ont dû constamment « lutter pour leur “légitimité” » face à leurs homologues masculins.

Cependant, dès l’époque de la Première Guerre mondiale, des progrès sont accomplis dans ce domaine, les femmes commençant à s’adonner au hockey sur glace. En effet, de nombreuses Canadiennes, bien que faisant partie de la population active, ont tout de même du temps à consacrer à leurs loisirs. (Voir aussi Les femmes et le sport; Les femmes canadiennes et la guerre; Effort de guerre au Canada.)

Formation

La LOHA est constituée le 16 décembre 1922, lors d’une réunion au Temple Building, à Toronto. Les participants élisent des dirigeants pour la saison 1922‑1923 – notamment Frank Best, le premier président de la nouvelle organisation lors de sa première année d’activité –, élaborent des règles et créent un sous‑comité pour administrer le fonctionnement de la ligue. Après Frank Best, quatre femmes présideront la LOHA, entre 1923 et 1927 : Janet Allen (1923‑1927); Hazel Ruttier (1927‑1934); la vedette de l’athlétisme canadien Bobbie Rosenfeld (1934‑1939); et Roxy Atki (1939‑1940). Il est important, pour la LOHA, de compter des femmes à des postes de dirigeantes, les hommes y occupant des fonctions de conseillers.

Premiers défis

En 1923, la LOHA ne reçoit aucun soutien de l’Association canadienne de hockey amateur (ACHA). Lors d’un vote de cette dernière, les joueuses de la LOHA n’obtiennent aucune reconnaissance officielle. La LOHA doit également faire face à un certain nombre d’autres défis, notamment la double croyance que le hockey féminin est incompatible avec les normes conventionnelles de la féminité et qu’il s’agit d’un sport trop dur pour que les femmes le pratiquent.

Équipe de hockey féminine, 1921

Une équipe de hockey féminin de Gore Bay, île Manitoulin, Ontario, en 1921.

(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-074583)


Années 1920

Au cours de ses premières années, la LOHA réussit à tirer son épingle du jeu sur le plan financier. Selon Carly Adams, « des comptes‑rendus dans la presse indiquent que, chaque année, l’association réussissait à conserver une somme d’argent raisonnable dans ses coffre s».

Être acceptée par l’Association athlétique amateur du Canada (AAAC) s’avère tout aussi difficile pour la LOHA. Carly Adams précise que John DeGruchy, le conseiller en chef pour les affaires féminines de l’AAAC, « était en faveur de la suppression de tout ce qui était susceptible de rendre le hockey sur glace trop difficile pour les femmes ». Cependant, en 1925, la LOHA contribue à la création de la Women’s Amateur Athletic Federation. Cette organisation contribue à doter les femmes d’un meilleur contrôle sur le sport féminin et offre, à un plus grand nombre de Canadiennes, la possibilité de pratiquer un sport.

L’année 1925 voit également la création d’une division intermédiaire de la LOHA, permettant ainsi aux femmes moins performantes d’avoir, elles aussi, la possibilité de jouer au hockey. Cependant, compte tenu de ressources publicitaires limitées, il s’avère difficile, pour l’association, d’attirer des équipes dans cette division inférieure.

Années 1930

À l’instar de nombreuses organisations canadiennes, dans les années 1930, le principal défi pour la LOHA se résume à survivre à la Grande Dépression, ses fonds étant réaffectés à des services essentiels. À cette époque, l’association est confrontée à un certain nombre de problèmes, notamment une diminution du nombre de joueuses et de l’accès aux patinoires pour les femmes, les équipes de hockey masculin de l’Ontario ayant obtenu un temps de glace prioritaire. La plupart des patinoires au Canada utilisaient, alors, des surfaces de glace naturelles, et dépendaient donc des températures. Frustrée par cette situation, la présidente de la LOHA, Bobbie Rosenfeld, pose la question suivante dans sa chronique régulière du Globe and Mail : « Qui a dit les dames d’abord ? » En 1934, il n’y a que sept équipes féminines comptant des membres, et seule l’une d’entre elles est de Toronto. En 1937, la ligue revient à une unique division sénior.

Preston Rivulettes

L'équipe de hockey féminin de Preston Rivulettes dans les années 1930. Hilda Ranscombe est assise au premier rang, la première à gauche.

(avec la permission de Wikimedia Commons)


Rivulettes de Preston

En 1931, les Rivulettes de Preston, l’une des collectivités dont la fusion donnera naissance à l’actuelle Cambridge, intègrent la ligue et deviennent rapidement l’équipe dominante. Les Rivulettes remportent pratiquement l’intégralité des matchs qu’elles disputent, ne concédant que trois matchs nuls et seulement deux défaites. Elles s’approprient dix titres de l’Ontario et quatre championnats du Dominion. Cependant, leur domination et l’attention qu’elles suscitent ne sont pas considérées comme entièrement positives. Les équipes, sachant que leurs chances de battre les Rivulettes sont minces, hésitent à intégrer l’association. (Les Rivulettes sont alors souvent comparées à l’équipe féminine de basketball des Grads d’Edmonton, qui a remporté 95 % des matchs qu’elle a disputés.)

Hilda Ranscombe, de Doon, en Ontario, est la capitaine et la meilleure joueuse des Rivulettes. Considérée, par beaucoup, comme la meilleure joueuse de hockey sur glace de l’histoire du Canada, elle est louée pour « sa vitesse impressionnante et ses excellentes qualités au maniement du bâton ». En 2015, elle est intronisée au Panthéon des sports canadiens. Glory, une production théâtrale canadienne, montrée pour la première fois en 2018, raconte l’histoire des Rivulettes.

Dissolution

À la fin de 1940, la LOHA avait cessé ses activités. Dans les années 1940 et 1950, le hockey féminin doit faire face à de nombreuses difficultés, en raison de la Deuxième Guerre mondiale. L’intérêt du public pour le hockey féminin connaît un regain dans les années 1960 et 1970, un mouvement qui ne cesse de se renforcer depuis.

Voir aussi Les femmes et le sport; Les femmes et le sport au Canada: une histoire; Histoire des sports au Canada; Hockey sur glace au Canada; Origines du Hockey sur glace.

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