Louis Levi Oakes | l'Encyclopédie Canadienne

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Louis Levi Oakes

Louis Levi Oakes (aussi appelé Tahagietagwa), soldat mohawk, héros de guerre, sidérurgiste, superviseur de travaux publics (né le 23 janvier 1925 à Saint-Régis, au Québec; mort le 28 mai 2019 à Snye, au Québec). Durant la Deuxième Guerre mondiale, Oakes a été transmetteur en code pour l’armée des États-Unis. Les transmetteurs en code utilisaient leurs langues autochtones pour rendre les messages radio incompréhensibles à l’ennemi. À sa mort, à l’âge de 94 ans, Louis Levi Oakes était le dernier transmetteur en code mohawk encore vivant. (Voir aussi Transmetteurs en code cri et Les peuples autochtones et les guerres mondiales.)

Jeunesse

Louis Levi Oakes grandit dans le territoire mohawk d’Akwesasne, qui chevauche les frontières du Québec, de l’Ontario et de l’État de NewYork. (Voir aussi Territoire autochtone.) À l’âge de 18 ans, il se joint à l’Armée des États-Unis. Après son entraînement à Fort Drum dans le nord du New York, il est déplacé dans une base en Louisiane. Quand les autorités constatent que Louis Levy Oakes parle couramment le Kanien’kéha, la langue mohawk, il reçoit une formation de transmetteur en code et devient technicien de grade 4 dans la Compagnie B, 442nd Signal Battalion.

Transmetteurs en code

Les transmetteurs en code traduisent des messages importants dans leur langue autochtone. Ces messages sont envoyés par radio militaire à d’autres transmetteurs en code parlant la même langue qui les retraduisent en anglais. Comme certains termes militaires n’ont pas d’équivalent dans les langues autochtones, des mots convenus sont utilisés pour les représenter, par exemple « tortue » pour char, « poisson de fer » pour sous-marin, « colibri » pour avion de combat.

Les transmetteurs en code ont fourni une aide précieuse aux forces alliées durant les guerres mondiales. (Voir aussi Peuples autochtones et les guerres mondiales.) Les militaires américains ont commencé à employer des transmetteurs en code durant la Première Guerre mondiale. En octobre 1918, les communications sur le terrain des Américains sont interceptées par les Allemands durant une importante offensive. L’ennemi écoute les lignes de téléphone, décrypte les codes et capture des messagers. En voyant parler ensemble deux soldats autochtones de la nation Choctaw, un capitaine comprend immédiatement les possibilités que cela offre pour expédier des messages. D’autres locuteurs de la langue Choctaw sont trouvés, et des messages d’essai sont transmis par téléphone. Les messages reçus à l’autre extrémité de la ligne sont retraduits en anglais rapidement et correctement. Le résultat est la création de l’escadron de téléphone Choctaw. C’est la première utilisation des transmetteurs en code.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les militaires américains mettent en place des politiques officielles pour recruter et former des locuteurs de langues autochtones pour en faire des transmetteurs en code. L’armée est la première, en 1940, suivie par les marines en 1941, puis par la Navy. Des autochtones des nations Navajo, Kiowa, Hopi, Creek, Seminole, Mohawk et de plusieurs autres nations sont recrutés. En tout, 33langues autochtones sont utilisées.

Le Canada emploie aussi des transmetteurs en code durant la Deuxième Guerre mondiale, utilisant souvent des locuteurs de langue crie pour protéger leurs communications. (Voir aussi Langue crie.) Comme les transmetteurs en code américains, ils sont tous soumis à un serment de secret. Le système canadien est déclassifié en 1963, et le système américain en 1968. Les codes utilisés par les transmetteurs de code n’ont jamais été cassés. (Voir aussi Transmetteurs en code cri.)

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Louis Levi Oakes et 16 autres habitants d’Akwesasne travaillent comme transmetteurs en code durant la guerre contre le Japon. Louis Levy Oakes fait son service dans le Pacifique Sud, en Nouvelle-Guinée et aux Philippines, puis séjourne quatre mois au Japon après la fin de la guerre.

Après-guerre

Louis Levi Oakes obtient sa libération honorable de l’armée le 15 février 1946 après six ans de service. Il passe 30 ans dans la région de Buffalo, dans l’État de New York, travaillant comme sidérurgiste, un métier exercé par de nombreux Mohawks. Il se marie en 1950 et a 10 enfants. Plus tard, il travaille pour le département des travaux publics du conseil d’Akwesasne pendant encore 30 ans, occupant le poste de superviseur au moment de sa retraite.

Reconnaissance

En 2008, Le président américain George W. Bush signe le Code Talkers Recognition Act, qui autorise le Congrès à reconnaître et honorer la contribution des transmetteurs de code. Une médaille d’or unique est frappée pour chaque « tribu autochtone américaine » dont des membres ont été transmetteurs de code, et des répliques en argent sont préparées pour les transmetteurs de code individuels. Louis Levi Oakes reçoit sa médaille le 28 mai 2016 à Akwesasne d’une congressiste américaine. Sa médaille porte l’inscription « Akwesasne Mohawk Code Talkers » (Transmetteurs de codes mohawks d’Akwesasne).

En 2016, Louis Levi Oakes reçoit la Médaille d’argent pour bravoure dans l’action contre l’ennemi, la troisième médaille la plus prestigieuse des forces armées américaines. Le 15 mai 2018, il est intronisé dans le NewYork State Senate Veterans’ Hall of Fame. Peu après, il reçoit la Médaille de la Liberté de l’État de NewYork, la plus grande distinction civile accordée par l’État.

Le 4 décembre 2018, la contribution de Louis Levi Oakes à l’effort de guerre est reconnue à Ottawa. Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, remet au vétéran une couverture étoilée et un médaillon perlé à l’occasion d’une assemblée spéciale des chefs de l’APN à Ottawa. Le même jour, après avoir été introduit par le président, la Chambre des communes offre à Louis Levi Oakes une ovation debout. Il rencontre ensuite en tête à tête le premier ministre Justin Trudeau.

La 10th Mountain Division (LI) et la 10thCombat Aviation Brigade de l’armée des États-Unis ont contribué à offrir au très estimé Louis Levi Oakes, le dernier transmetteur en code mohawk, des funérailles militaires à la hauteur de ses mérites.

(avec la permission de Fort Drum et 10th Mountain Division (LI)/Flickr cc by 1.0)


Postérité et signification

Louis Levi Oakes est l’une des 3090 personnes issues des Premières Nations au Canada qui ont fait leur service parmi les forces armées durant la Deuxième Guerre mondiale. Ironiquement, ces langues autochtones dont le gouvernement fédéral a activement tenté d’éradiquer l’utilisation, notamment par le système des pensionnats indiens, se sont révélées un atout important et décisif pour les Alliés durant la Deuxième Guerre mondiale.

Collection des peuples autochtones

Guide pédagogique perspectives autochtones

En savoir plus : Deuxième Guerre mondiale

Liens externes