Luscombe, George | l'Encyclopédie Canadienne

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Luscombe, George

George Luscombe, metteur en scène (Toronto, Ont., 17 nov. 1926  -- 5 février 1999). Un des pionniers du théâtre moderne canadien, Luscombe consacre presque toute sa carrière à sa compagnie de théâtre de gauche, la Toronto Workshop Productions (TWP), qu'il fonde en 1958 et dirige jusqu'en 1988.

Luscombe, George

George Luscombe, metteur en scène (Toronto, Ont., 17 nov. 1926  -- 5 février 1999). Un des pionniers du théâtre moderne canadien, Luscombe consacre presque toute sa carrière à sa compagnie de théâtre de gauche, la Toronto Workshop Productions (TWP), qu'il fonde en 1958 et dirige jusqu'en 1988. Plus que tout autre, il donne une voix et un vocabulaire au théâtre canadien anglais.

Ayant grandi dans un quartier ouvrier de Toronto au début de la Deuxième Guerre mondiale, Luscombe se sert du théâtre comme véhicule d'agit-prop pour le Club des jeunes de la Fédération du commonwealth coopératif (FCC), pour lequel il crée une troupe de chant et de danse dont les spectacles sont destinés aux grévistes faisant du piquetage. Désirant parfaire sa formation, il déménage à Londres où il travaille pendant cinq ans comme comédien au célèbre Theatre Workshop de Joan Littlewood. Il y apprend les techniques de Stanislavsky et de Laban dont il s'inspire, comme de celle de Littlewood, pour développer sa propre méthode au cours des trente années suivantes.

À son retour au Canada, il fonde en 1958 son propre Workshop Theatre (rebaptisé Workshop Theatre Productions lorsqu'il commence à produire régulièrement en 1963) dans l'intention de monter un atelier à la manière de Littlewood. À l'instar de son mentor, Luscombe préfère écrire ses pièces au cours de répétitions, utilisant les techniques du théâtre de groupe, avec mime, effets sonores créés par les comédiens et spectacles, pour donner un nouveau souffle à des textes classiques ou, le plus souvent, pour adapter des oeuvres non dramatiques.

Bien qu'il signe la mise en scène de dizaines de pièces, il doit sa réputation à quelques productions qui, dans les années 1960 et 1970, contribuent à redéfinir le théâtre canadien à une époque cruciale de son évolution. Son premier succès international est Chicago '70, un journal vivant du procès des Sept de Chicago, créé et joué - sur un motif d'Alice au pays des merveilles - pendant le déroulement du procès. La pièce reste un an à l'affiche à Toronto, trois mois à New York et fait une tournée européenne.

L'oeuvre la plus importante de Luscombe est une trilogie de pièces documentaires sur l'histoire de la classe ouvrière, dont la première et la plus célèbre est Ten Lost Years, écrite en collaboration avec Jack Winter et le musicien Cedric Smith. Dans cette adaptation d'un ouvrage de Barry Broadfoot consacré à l'histoire orale de la Grande Crise au Canada, Luscombe juxtapose récits d'anecdotes, dialogues et musique en un complexe collage. Cette première pièce reste à l'affiche pendant trois mois, puis fait une tournée canadienne de trois mois en 1974; elle reprend l'affiche en 1975 et à nouveau en 1981, pendant trois mois. Les deux autres pièces de la trilogie, The Mac Paps (1979), sur les volontaires canadiens dans la guerre civile d'Espagne, et The Wobbly (1983), sur l'Association internationale des travailleurs, recourent aux même techniques mais n'atteignent pas l'immense popularité de Ten Lost Years.

Tout au long de sa carrière, Luscombe préfère adapter des oeuvres non dramatiques, issues de l'histoire orale ou de romans (The Good Soldier Schweik, Mark Twain's Letters From The Earth). Il croit fermement que ses pièces demeurent à jamais inachevées et que le travail du dramaturge fait partie d'une création collective. En 1986, il quitte la direction artistique de TWP et, deux ans plus tard, rompt complètement avec la troupe à la suite d'une dispute avec le conseil d'administration, qui abolit le théâtre peu après. Il se consacre ensuite à l'enseignement universitaire jusqu'à ce que la maladie le pousse à la retraite, en 1995. Il reçoit un doctorat honorifique de l'U. York et de l'U. de Guelph et est nommé Membre de l'Ordre du Canada en 1981.

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