Macario Fat | l'Encyclopédie Canadienne

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Macario Fat

Macario Fat, ancien combattant philippino-canadien (né le 2 janvier 1886 à Barili, province de Cebu, aux Philippines; décédé le 24 novembre 1936 à Victoria, en Colombie-Britannique). Macario Fat était soldat au sein du Corps expéditionnaire canadien. Il a fait partie des quelques Philippino-Canadiens ou Canadiens d’origine asiatique à pouvoir participer à la Grande Guerre.

Jeunesse

Macario Fat voit le jour dans la province insulaire de Cebu, aux Philippines. Il est le fils de Condino et de Remigia Fat. À la fin des années 1800, le pays est encore une colonie de l’Espagne. Macario Fat parle vraisemblablement l’espagnol, la seule langue qui, à l’époque, est utilisée dans ces îles. Il arrive au Canada en 1904, quelques années après l’annexion des Philippines aux États-Unis. À Vancouver, il devient travailleur de scierie. Il est naturalisé Canadien trois ans plus tard.

En 1914, Macario Fat devient l’un des premiers directeurs du Club philippin nouvellement établi à Vancouver. À l’époque, la communauté philippino-canadienne est très restreinte au Canada. Les membres de ce club social assistent à des conférences et prennent part à des activités récréatives. Ils fournissent également du soutien à des fins charitables et de bienfaisance. À sa fondation, le club compte 41 membres.

Recrutement de volontaires

Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, le gouvernement du Canada exclut de nombreuses personnes non blanches du service militaire. Toutefois, lorsque les pertes humaines s’accroissent à l’étranger, le Corps expéditionnaire canadien (CEC) a désespérément besoin de volontaires. Deux ans après l’entrée en guerre, la politique sur le recrutement des minorités ethniques est abandonnée. Comme dans la plupart des cas, l’enrôlement permet aux recrues d’échapper à la faim et à la dépression économique. Se joindre au CEC accorde également des prestations et des privilèges spéciaux, en dépit d’un faible taux de rémunération.

Macario Fat s’enrôle dans l’Armée canadienne plusieurs mois avant le début de la conscription en 1917. Plus tôt cette année-là, il se rend au bureau de recrutement de Vancouver pour s’inscrire. Sa condition physique est jugée suffisante pour le service militaire à l’étranger. Dans son document d’attestation, Macario Fat indique occuper un poste de « pompier » et ne pas être marié. Il désigne également son frère et sa mère, qui sont à Cebu, comme ses plus proches parents.

Bataillon des Bantams

Lorsqu’il s’enrôle dans le 143e Bataillon (BC Bantams), Macario Fat se voit attribuer le matricule 827234. Basée à Victoria, en Colombie-Britannique, cette unité militaire est un bataillon de bantams (une unité composée de soldats dont la taille est inférieure à la taille minimale requise par l’armée, soit 5 pi 4 po ou 163 cm). Ses documents d’attestation indiquent qu’il mesure 5 pi 1 1/4 po (155 cm), et qu’il a le teint foncé, les yeux bruns et les cheveux noirs. Ce soldat de 31 ans se prépare alors à partir à la guerre.

Le 17 février 1917, Macario Fat quitte le port de Victoria à bord d’un traversier à destination de Vancouver. Il traverse ensuite la plus grande partie du Canada en train jusqu’à Halifax, en Nouvelle-Écosse. De là, il quitte le Canada à bord du SS Southland et arrive dix jours plus tard à Liverpool. À son arrivée, tout comme le reste du 143e Bataillon, il est envoyé au Canadian Holding Depot (centre pour soldats canadiens) du camp Purfleet. Là-bas, les soldats de tous rangs passent devant une commission médicale. Alors qu’il attend d’être déployé, il est admis à l’hôpital militaire le 11 mars 1917 en raison d’une grippe. Il est appelé en service quelques jours plus tard.

Service en temps de guerre

Le 143e Bataillon des Bantams est divisé pour aller renforcer d’autres unités. Le 23 mars 1917, le soldat Macario Fat est rattaché au 24e Bataillon de réserve. En mai, il est de nouveau transféré, cette fois au 1er Bataillon de réserve. En juin, il se joint au 47e Bataillon du CEC (Royal Westminster Regiment), qui fait partie de la 4e Division du Canada. Il est ensuite déployé en France.

Le soldat Macario Fat arrive sur le Front occidental après que les Canadiens aient réussi à s’emparer de la crête de Vimy. (Voir Bataille de la crête de Vimy.) Les forces alliées règlent aussi les derniers préparatifs en vue d’une autre offensive. À l’été 1917, les forces alliées défendent la ligne avant d’attaquer. (Voir aussi La guerre des tranchées.) À la mi-octobre, le Corps canadien (voir Corps expéditionnaire canadien) reçoit l’ordre d’attaquer la crête de Passchendaele. (Voir Bataille de Passchendaele.) Au cours des affrontements, le soldat Macario Fat est blessé au dos et à l’avant-bras gauche par des éclats d’obus.

En novembre, il est évacué vers un hôpital militaire d’Angleterre pour y être soigné. Présentant des signes de jaunisse, il est soumis à des tests médicaux. Il est également radiographié pour le rhumatisme dont il souffre. Il fait désormais des allers-retours entre les hôpitaux de Liverpool et de Brighton. Il commence également à souffrir de myalgie et de fragilité physique, mais demeure globalement en bonne santé. À la fin de l’année 1918, il est de nouveau infecté par la grippe durant la seconde vague de la grippe espagnole. (Voir aussi La grippe espagnole de 1918 au Canada.) La commission médicale de Seaford recommande de le renvoyer au Canada à la fin du conflit.

La vie après la guerre

Le 11 novembre 1918, un armistice est conclu, mettant fin à la Première Guerre mondiale. (Voir aussi Jour du Souvenir au Canada.) Deux semaines plus tard, Macario Fat rentre au Canada. En tant que militaire blessé en service, il est tout d’abord envoyé au Shaughnessy Hospital de Vancouver. Il finit par être transféré au Esquimalt Military Convaslescent Hospital (hôpital militaire pour convalescents). On lui fait suivre un programme de réadaptation pour traiter l’affaiblissement dont il souffre au genou gauche.

Macario Fat bénéficie de la gratification de service de guerre durant les deux années suivant sa libération honorable le 20 juin 1919. En l’honneur de son service durant la guerre, on lui remet l’insigne de service de guerre de « Classe A » et de « Classe B ». De plus, il reçoit vraisemblablement la Médaille de la victoire et la Médaille de guerre britannique.

Survivant de la guerre, le soldat Macario Fat déménage à Victoria. Dans les années 1920 et 1930, il travaille notamment comme chauffeur. Quelques semaines après son cinquantième anniversaire, une cardiopathie entraîne son décès soudain le 24 novembre 1936. Il est inhumé au cimetière Ross Bay, parmi les centaines de victimes de la Première Guerre mondiale.