Mario Bernardi | l'Encyclopédie Canadienne

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Mario Bernardi

Mario (Egidio) Bernardi. Chef d'orchestre, pianiste (né à Kirkland Lake, Ontario, 20 août 1930, décédé à Toronto, 2 juin 2013). D.Mus. h.c. (Laurentienne) 1972, D.Mus. h.c. (Ottawa) 1974, F.R.H.C.M. h.c. 1978, D.Mus. h.c. (Windsor) 1978, LL. D. h.c. (C.-B.) 1997, D.Mus. h.c. (Carleton) 2001.
Bernardi, Mario
Le chef d'orchestre Mario Bernardi (avec la permission de Gold Photography/Calgary Philharmonic Society).

Mario Bernardi

Mario (Egidio) Bernardi. Chef d'orchestre, pianiste (né à Kirkland Lake, Ontario, 20 août 1930, décédé à Toronto, 2 juin 2013). D.Mus. h.c. (Laurentienne) 1972, D.Mus. h.c. (Ottawa) 1974, F.R.H.C.M. h.c. 1978, D.Mus. h.c. (Windsor) 1978, LL. D. h.c. (C.-B.) 1997, D.Mus. h.c. (Carleton) 2001. Il arrive à six ans en Italie où il étudie le piano, l'orgue et la composition avec Bruno Pasut au Conservatoire Manzato à Trévise (1938-1945) et se présente ensuite aux examens au Conservatoire de Venise. Il obtient les plus hautes notes possibles et devient le plus jeune diplômé de l'année. De retour au Canada en 1947, il étudie au Conservatoire royal de musique (1948-1951) avec Lubka Kolessa (piano) et Ettore Mazzoleni (direction d'orchestre), tout en gagnant sa vie comme organiste à l'église Saint Vincent de Paul à Toronto. Il joue le Concerto de Grieg dans la production de Melody Fair de Song of Norway (1951), ainsi qu'à la radio de la SRC.

Bien que sa carrière de chef d'orchestre et de répétiteur commence en 1953 à la Royal Cons. Opera School (University of Toronto Opera Division), son activité de pianiste et d'accompagnateur se poursuit sans relâche durant les 10 années suivantes et occasionnellement par la suite. Son jeu, lors d'un concert Brahms avec Lea Foli (violon) et Peggie Sampson (violoncelle), suscita les commentaires suivants de Kenneth Winters : « Le manque de considération de Brahms pour la main de l'homme est légendaire, encore que Bernardi répond à ses plus difficiles exigences avec un aplomb absolu, une intelligence sans faille et un mécanisme qui les font apparaître comme positivement modérées... C'est un homme heureux et habile et qui fait honneur à la profession... » (Winnipeg Free Press, 15 janvier 1963). Bernardi est soliste avec l'Orchestre symphonique de la SRC (création du Concerto pour piano de Pentland, 1958), le Toronto Symphony (Burleske de Strauss, 1960), le (Stratford) National Festival Orchestra (Pièce concertante no 1 de Papineau-Couture, 1960) et l'Orchestre symphonique de Montréal (création du Concerto Fantasy de Beckwith, 1962), et occasionnellement accompagnateur de Donald Bell, Maureen Forrester, Margo MacKinnon, Jean-Pierre Rampal, Janos Starker et d'autres. Il joue le Quatuor de Fauré avec des membres du Quatuor à cordes Parlow en 1957 et, au Festival de Stratford, deux oeuvres de Bartók : la Sonate pour deux pianos et percussion avec William Aide en 1963, et Contrastes avec Oscar Shumsky et Benny Goodman en 1965.

Bernardi fait ses débuts de chef d'orchestre avec la Canadian Opera Company le 25 février 1957, dans Hansel and Gretel, et dirige par la suite les productions suivantes de cette compagnie : Carousel (1957), Les Joyeuses commères de Windsor (production de tournée, 1960), I Pagliacci (1961), La Bohème (1963), Don Giovanni (1963), The Barber of Seville (1965), Mavra (1965), Rigoletto (1969), Carmen (1970), Joan of Arc (1978), The Abduction from the Seraglio (1980), Jenufa (1982), Fidelio (1991) et Werther (1992). Il dirige également Gianni Schicchi et The Optimist de Mavor Moore à la télévision de la SRC (1957), des opéras au Festival de Stratford et pour les associations d'opéra de Vancouver et d'Edmonton (années 1960), ainsi que quatre représentations de La Bohème (1966) et quatre de The Marriage of Figaro (1967) pour l'Opera Guild of Montreal. Pendant l'été 1959, il étudie avec Erich Leinsdorf au Mozarteum de Salzbourg. Engagé comme répétiteur et chef d'orchestre adjoint au Sadler's Wells à Londres en 1963, il y fait ses débuts le 19 décembre dans Hansel and Gretel, en remplacement de Colin Davis. En 1966, il est nommé directeur musical d'une des deux compagnies du Sadler's Wells. Il conserve ce poste jusqu'en 1968, dirigeant Don Pasquale, The Flying Dutchman, I Pagliacci, The Queen of Spades, A Masked Ball, une reprise acclamée de Glorianade Britten, oeuvre qu'il dirige également sur le continent européen, Don Giovanni et The Italian Girl in Algiers. Durant son séjour à Londres, il se produit en récital avec Steven Staryk au Wigmore Hall et, en 1968, est chef invité de l'Orchestre symphonique de Londres et du Royal Philharmonic Orchestra. Il fait ses débuts aux États-Unis en 1967 dans La Bohème au San Francisco Opera.

En 1968, Bernardi devient le premier chef d'orchestre de l'Orchestre du Centre national des arts (OCNA) nouvellement formé et, avec Jean-Marie Beaudet, est responsable du choix des instrumentistes. Cependant, c'est Bernardi qui, personnellement, fait de cet orchestre un ensemble d'une extraordinaire distinction, remarquable par la précision de ses attaques, sa sonorité transparente et sa justesse d'intonation. Avec cet orchestre, il dirige des créations d'œuvres d'Adaskin, Beecroft, Fleming, Freedman, Gellman, Pentland, Prévost, Ridout, Schafer, Tremblay et Wilson. Il se produit aussi comme soliste avec l'OCNA dans des concertos de Mozart et Ravel, dirigeant du clavier. En 1971, il devient directeur musical général de la musique du Centre national des arts (CNA) et directeur artistique de Festival Canada (rebaptisé Festival Ottawa en 1978), dont il dirige subséquemment les productions des principaux opéras de Mozart et une longue liste d'autres œuvres incluant Le Comte Ory (1974), The Queen of Spades (1976), Ariadne auf Naxos (1977) et A Midsummer Night's Dream de Britten (1978). D'autres engagements comme chef d'orchestre le conduisent à la Place des Arts (La Bohème, 1970), au New York City Opera (The Abduction from the Seraglio, 1971) et au pupitre des orchestres symphoniques de Chicago et Pittsburgh (1972) et de l'Orchestre philharmonique de Varsovie (1975). Il dirige en outre l'Orchestre symphonique de la BBC dans des œuvres d'Aitken, Beecroft, Freedman, Hétu et Schafer le 4 novembre 1977, dans le cadre de Musicanada.

Bernardi quitte l'OCNA en 1982 et, l'année suivante, remplace John Eliot Gardiner à la tête de l'Orchestre de la SRC à Vancouver (Orchestre radiophonique de la SRC). Gardiner s'applique à former au style authentiquement baroque un orchestre qui privilégie jusqu'alors la musique contemporaine. Bernardi le rend à sa vocation originale héritée de John Avison, son chef fondateur. Il profite cependant de l'expertise de l'orchestre pour présenter, avec sa clarté et sa précision de direction coutumières, du répertoire baroque. Bernardi demeure à la tête de l'Orchestre radiophonique de la SRC en 2003.

En 1984, Bernardi devient également directeur musical de l'Orchestre philharmonique de Calgary (OPC). Un orchestre en pleine croissance, un conseil d'administration enthousiaste, la perspective d'occuper bientôt la nouvelle salle de concert Jack Singer, situation qui n'est pas sans rappeler celle de l'OCNA en 1968. Sous la tutelle de Bernardi, l'OPC devient un des orchestres canadiens de premier ordre, enregistre plusieurs disques et commence à faire des tournées. Son répertoire s'étend et ses programmes comportent un plus grand nombre d'œuvres contemporaines, dont beaucoup portent la signature de compositeurs canadiens. Bernardi démissionne de cet orchestre en 1993, détenant le titre directeur lauréat.

Parmi les créations que Bernardi dirige comme chef invité avec d'autres orchestres figurent The Dance (OS SRC, 1960) et Folksongs of Eastern Canada (orchestre de la SRC à Toronto, 1967) de Ridout; Rondino pour neuf instruments (Toronto, 1962) d'Adaskin; le ballet pour la télévision Tensions (orchestre de la SRC à Toronto, 1962) de Norman Symonds; Movement for Orchestra (orchestre de la SRC à Toronto, 1962) de Harry Somers; Contraste(OSM, Concours international de Montréal, 1970) de Papineau-Couture; Sagittarius (Canadian Chamber Orchestra et Canadian Brass, 1975) de Malcolm Forsyth et The Shadow Maker (TS et Victor Braun, 1978) de Rudi van Dijk.

Malgré un emploi du temps déjà chargé auprès de l'Orchestre de la SRC à Vancouver et, jusqu'en 1993, de l'Orchestre philharmonique de Calgary, Bernardi continue à se produire comme chef invité, particulièrement à l'opéra. On l'entend notamment au San Francisco Opera, au New York City Opera et au Houston Grand Opera. Le 19 janvier 1984, il fait avec succès ses débuts au Metropolitan Opera dans Rinaldo de Haendel. En 1986, c'est Aida à l'English National Opera et, en 1987, Cendrillon de Massenet au Kennedy Center de Washington (D.C.), et Don Giovanni à l'Opéra de Montréal. Il dirige aussi pour l'Opera Hamilton, l'Opera Lyra Ottawa, la Calgary Opera Association et pour d'autres compagnies d'opéra canadiennes.

Bernardi recommence à se produire régulièrement avec l'OCNA en 1993 et dirige des concerts tous les ans et des événements comme la célébration du 30e anniversaire du CNA, ainsi que des concerts de musique de Schafer et Alexina Louie. Il y devient chef d'orchestre lauréat en 1997.

La direction de Bernardi révèle un raffinement dans le style qui met en relief les éléments purement musicaux de tout ce qu'il choisit d'interpréter. Dans le répertoire classique, il s'appuie sur un orchestre minutieusement accordé, des cordes frottées légèrement par les archets et bien articulées plutôt que foncièrement sonores, ce qui donne des exécutions vivantes et élégantes, particulièrement des œuvres de Mozart, compositeur avec qui son affinité est évidente. Ce répertoire est au centre de son activité à l'OCNA. Avec l'OPC, ses résultats sont comparables dans les grandes œuvres romantiques, qu'il s'agisse des symphonies de Schumann ou de la Symphonie no 8 de Mahler. À l'Orchestre de la SRC à Vancouver, sa battue précise, analytique et régulière dans les subdivisions rythmiques éclaire certaines difficultés épineuses de plusieurs œuvres contemporaines. Parmi ses nombreux d'enregistrements, deux remportent des prix Juno (en 1998 et 2003). À l'opéra, ses exécutions sont dotées d'une texture transparente, bien rythmées et équilibrées, et les valeurs musicales ne sont jamais sacrifiées à la recherche de l'effet émotionnel. Par son travail discipliné, le choix consciencieux de sa programmation et les résultats remarquables qu'il obtient comme bâtisseur d'orchestres, Bernardi est peut-être le chef d'orchestre canadien le plus marquant de sa génération.

Bernardi est nommé compagnon de l'Ordre du Canada en 1972. Il reçoit en 1981 la médaille du Conseil canadien de la musique et, l'année suivante, le Diplôme d'honneur de la Conférence canadienne des arts. En 1994, il est le sujet d'une émission à la radio de la SRC, Mostly Music. De plus, Bernardi reçoit le prix Jean E. Chalmers en 1999, le Prix du Centre national des arts en 1999 et le Prix du Gouverneur Général pour les arts de la scène en 2001. En 2009, Mario Bernardi est nommé ambassadeur du Centre de musique canadienne. Sa femme est la mezzo-soprano Mona Kelly.

Bibliographie

Michael OLVER, « Famous musicians : featuring pianist Mario Bernardi », Sharps and Flats (janv. 1963).

Clare SLATER, « Profile : Mario Bernardi », OpCan (mai 1968).

Barrie HALE, « A conductor for all seasons », Globe Magazine (Toronto, 27 mars 1971).

-, « The Sound of Mario Bernardi », Maclean's (avril 1972).

Jean-Jacques VAN VLASSELAER, « Mario Bernardi : un véritable professionnel », Musicanada, (janv. 1978).

Lawrence O'TOOLE, « Flying with trumpets and strings », Maclean's (10 sept. 1979).

Ulla COLGRASS, « Mario Bernardi moves on », Music, IV (juil.-août 1981).

Ruby MERCER, « The Gamble that paid off », OpCan, XXIII (été 1982).

Maryse ANGRIGNON SIROIS, « Mario Bernardi n'a qu'une passion : faire de la musique », Aria, XI (été 1988).

Pamela YOUNG, « Mario Bernardi and Mademoiselle Magner », Canadian Opera Company Magazine (sept.-oct. 1992).

Richard TODD, « Bernardi, opera and Ottawa », Ottawa Citizen (7 sept. 1995).

John CHARLES, « Bernardi returns to Edmonton », Edmonton Sun (13 oct. 1995).

New Grove Dictionary

Discographie

Bruch Concerto n<sup>o</sup> 2 : J. Ehnes (vn), Orchestre symphonique de Montréal, Bernardi c orch; 2002; SMCD 5222 CBC.

Coulthard Quebec May : Bernardi et Chotem p, ch SRC Tor, Waddington c orch; 1951; RCI 35 et 6-ACM 10.

Humperdinck Hansel and Gretel : Sadler's Wells Opera, Bernardi c orch; 1966; 2-Cap GBO-7256 et 2-Classics for Pleasure CFPD-4432.

Mozart Quatuor K. 478 : Bernardi p, Prystawski vn, Sternic al, Whitton vc; 1971; CBC SM-170.

- Horn Concertos : Sommercille cor, Orchestre de la SRC à Vancouver, Bernardi c orch; 1997; SMCD 5172 CBC.

Papineau-Couture Pièce concertante n<sup>o</sup> 1 : Bernardi p, OS SRC, Susskind c orch; Columbia MS-6285.

Pentland Concerto : Bernardi p, OS SRC, Feldbrill c orch; 1958; RCI 184 et 6-ACM 25.

Puccini La Bohème : OCNA, Bernardi c orch; 1980; 2-HRE 428.

Rachmaninoff Piano Concerto n<sup>o</sup> 4 : TS, Bernardi c orch; 1993; SMCD 5129 CBC.

Schafer The Garden of the Heart, Gitanjali, Adieu, Robert Schumann : OCNA, Bernardi c orch, Brown, Popescu, Forst sop; 1997; SMCD5173 CBC.

Voir aussi COMPOSITIONS de Murray Adaskin et DISCOGRAPHIES de l'Orchestre philharmonique de Calgary, l'Orchestre de la SRC à Vancouver, l'Orchestre philharmonique de Vancouver, l'Orchestre symphonique d'Edmonton, Frances James, l'Orchestre du Centre national des arts, Robert Silverman, Steven Staryk, le Toronto Symphony et l'Orchestre symphonique de Vancouver.

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