Michael Ignatieff | l'Encyclopédie Canadienne

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Michael Ignatieff

Michael Grant Ignatieff, écrivain, communicateur, politicien (né le 12 mai 1947 à Toronto, ON).
Michael Ignatieff, homme politique

Michael Grant Ignatieff, écrivain, communicateur, politicien (né le 12 mai 1947 à Toronto, ON). Ignatieff se distingue internationalement en tant qu’universitaire primé, commentateur et auteur. Il revient au Canada et entre en politique, il devient le chef du Parti libéral et le chef de l’Opposition officielle de 2008 à 2011. Lors des élections fédérales de 2011, Ignatieff mène le Parti libéral à une défaite écrasante qui vaut au Parti conservateur de Stephen Harper de former la majorité et au NDP de Jack Layton de former la nouvelle Opposition officielle.

Famille et éducation

Michael Ignatieff est descendant de deux familles nobles. Il est le petit-fils du comte Paul Ignatieff, dernier ministre de l'éducation de la Russie impériale, et de la princesse Natalie Mestchersky. Par sa mère, Alison, il descend de deux directeurs de l'UPPER CANADA COLLEGE (son grand-père William Lawson Grant et son arrière-grand-père George PARKIN) et d'un recteur de l'Université Queen (son arrière-grand-père George Monro GRANT). Le philosophe George Parkin GRANT est son oncle.

Ignatieff passe sa petite enfance à New York, Washington, Belgrade et Londres, capitales où son père George IGNATIEFF, diplomate canadien, est en poste. Le jeune Ignatieff termine ses études secondaires à l'Upper Canada College, puis fréquente l'UNIVERSITÉ DE TORONTO où il décroche un baccalauréat en histoire en 1969. En 1976, il obtient son doctorat en histoire à Harvard après avoir rédigé une thèse sur le système carcéral britannique durant la révolution industrielle. Après avoir enseigné deux ans à l'UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE, il reçoit une bourse pour faire de la recherche au King's College de l'Université de Cambridge.

Journalisme et écriture

Ignatieff quitte son poste universitaire en 1984 pour travailler comme écrivain et communicateur à Londres, en Angleterre. Il devient un intellectuel public de premier plan dans le monde anglophone au cours des deux décennies suivantes. Il anime les émission-débats Thinking Aloud et The Late Show, présentés à la télévision de la BBC. Il est chroniqueur hebdomadaire du London Observer et écrit pour d'autres grands périodiques, dont The New Yorker, The Financial Times, The Guardian, Dissent et The New York Times Magazine.

Ignatieff écrit plusieurs ouvrages littéraires (de fiction et non-romanesques). The Russian Album (1987; trad. L'album russe), qui retrace l'histoire de quatre générations de sa famille, lui vaut un prix du Gouverneur général au Canada. Son roman très acclamé Scar Tissue (1993) raconte l'histoire, du point de vue du fils qui en prend soin, d'une femme atteinte de démence. Cette œuvre traite également de l'histoire de la famille d'Ignatieff, puisque sa mère, Alison, a souffert de la maladie d'Alzheimer et que son frère Andrew s'est occupé d'elle. Blood and Belonging: Journeying into the New Nationalism (1993) et Virtual War: Kosovo and Beyond (2000) lui valent des prix importants. Isaiah Berlin: A Life (1998), biographie qui retrace dans un style élégant la vie de ce philosophe libéral, est saluée de toutes parts.

Ignatieff quitte l'Angleterre en 2000 pour occuper le poste de directeur du Carr Centre for Human Rights Policy à Harvard. Il appuie l'invasion américaine de l'Irak dans un article de 2003 dans le New York Times Magazine, faisant valoir que la guerre est un dernier recours légitime pour empêcher la prolifération des armes de destruction massive et mettre fin à la tyrannie de Saddam Hussein; il réitèrera cette position dans Empire Lite: Nation-Building in Bosnia, Kosovo, and Afghanistan (2003; trad. Kaboul-Sarajevo : les nouvelles frontières de l'empire).

Carrière politique

Après 36 années passées à l'étranger, Ignatieff retourne au Canada en 2005 pour travailler comme professeur invité en politique des droits de la personne à l'Université de Toronto et au poste de chercheur principal au Munk Centre for International Studies de cet établissement. Il est élu dans la circonscription d'Etobicoke-Lakeshore pour le PARTI LIBÉRAL et au Parlement en janvier 2006. Ignatieff devient candidat à la direction du parti à peine trois mois plus tard. Partant grand favori, il est vite attaqué par ses adversaires qui lui reprochent sa longue absence du Canada et son appui à la guerre américaine en Irak. Ils l'accusent également d'être pour la torture, faisant référence à un article de 2004 dans lequel il a fait valoir que les « interrogatoires coercitifs » sont parfois nécessaires pour « vaincre le mal ». Ignatieff nie catégoriquement cette allégation, soutenant qu'il est contre l'usage de la torture. Au congrès à la direction du parti en décembre 2006, Ignatieff arrive en deuxième place derrière Stéphane Dion, qui nomme sans tarder son principal adversaire chef adjoint du parti.

Ignatieff fait marche arrière au sujet de son appui à la guerre irakienne dans un article publié en août 2007 dans le New York Times Magazine, affirmant que son appui initial était fondé sur les émotions ressenties pendant un voyage en Irak en 1992 où il a été témoin de la brutalité qu'infligeait Sadam Hussein à la population kurde.

Après la défaite des Libéraux aux élections d'octobre 2008, et de la démission de Dion à la tête du parti, Ignatieff est nommé chef intérimaire avant de remporter la course à la direction du Parti libéral au congrès du printemps 2009. Les membres de son parti ne le défendent guère quand les conservateurs diffusent des publicités lui reprochant son long séjour à l'étranger et affirmant : « Il n'est que de passage » et « Il n'est pas revenu pour vous ».

En mars 2011, bien que les libéraux traînent de dix points derrière les conservateurs dans les sondages d'opinion, ils se liguent avec les partis d'opposition pour défaire le gouvernement Harper aux Communes et forcer la tenue d'élections. Au début de la campagne, Ignatieff semble réduire l'écart entre son parti et celui des conservateurs. Toutefois, ce seront les débats télévisés qui marqueront le tournant de la campagne. Calme et posé, Harper sape les tentatives de l'opposition de le dépeindre comme un dirigeant autoritaire obnubilé par le désir de contrôler. Pour sa part, Ignatieff est éclipsé par le chef du NPD, Jack Layton, qui se montre à la fois détendu et vigoureux dans ses attaques contre le premier ministre. Quelques jours après le dernier débat, les sondages révèlent un recul des libéraux dans les intentions de vote. Le jour des élections, soit le 2 mai, Ignatieff perd son siège et, sur les 77 sièges détenus auparavant, les libéraux n'en conservent que 34 et se trouvent ainsi relégués au rôle de troisième parti en importance aux Communes derrière le parti majoritaire des conservateurs et le NPD qui est le nouveau parti d'opposition. Le lendemain, Ignatieff annonce qu'il quitte son poste à la tête du parti. Peu après, il accepte un poste au Massey College de l'Université de Toronto.

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