Mitchell, Louis | l'Encyclopédie Canadienne

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Mitchell, Louis

Louis Mitchell (Mitchel). Facteur d'orgues (Montréal, 1823? - 6 mai 1902). On sait peu de choses de sa formation première, sinon que son désir de devenir « organier » naquit pendant son séjour à l'école de musique de l'abbé Charles-Joseph Ducharme au collège de Sainte-Thérèse.

Mitchell, Louis

Louis Mitchell (Mitchel). Facteur d'orgues (Montréal, 1823? - 6 mai 1902). On sait peu de choses de sa formation première, sinon que son désir de devenir « organier » naquit pendant son séjour à l'école de musique de l'abbé Charles-Joseph Ducharme au collège de Sainte-Thérèse. Apprenti (1855-60) chez Samuel Russell Warren, dont il fut plus tard un des principaux concurrents, il ouvrit en 1861 son propre atelier en association avec Charles Forté, formé aussi chez Warren, qui resta à ses côtés jusqu'en 1865 environ. Le nom de son père, Samuel Mitchell, apparaît également dans des textes rendant compte des orgues produits par la maison. Les trois premiers instruments furent fabriqués dès 1861 pour l'église de Beloeil, le couvent du Pied-du-Courant (Montréal) et l'église Saint-Joseph-de-Bytown (Ottawa). Au sujet de ce dernier instrument, Paul Letondal écrivit dans La Minerve (24 septembre 1861) qu'il s'agissait d'un « vrai succès tant au point de vue de la facture qu'à celui de l'effet ».

Pendant les années suivantes, des orgues Mitchell furent installés à Sainte-Scholastique, à l'Hôtel-Dieu de Montréal et à Lanoraie, instruments « qui ne dépassent pas quinze jeux... solides, bien équilibrés » (Coup d'oeil). L'excellent accueil réservé jusqu'alors à sa production valut à Mitchell d'obtenir en 1864 le contrat de réfection du grand orgue de la basilique de Québec. Il transforma cet orgue Elliott (1802) de 8 pieds et 14 jeux en un beau 16 pieds et 32 jeux. Dès lors, son succès alla grandissant, comme en témoignent l'orgue commandé par les Pères jésuites pour l'église Holy Family à Chicago, instrument reconnu, dès son installation (1870), comme un des premiers orgues d'Amérique par la dimension (63 jeux) et la qualité, et celui de la cathédrale de Saint-Boniface, Man. (1875).

Important d'abord ses tuyaux de France, Mitchell les fabriqua à partir de 1874 avec l'aide d'un contremaître européen et prit soin de ne pas utiliser de zinc mais plutôt un alliage d'étain et de plomb garantissant une excellente qualité sonore. Il employa aussi parfois des jeux d'étain pur, importés des É.-U. Le Canada musical révèle qu'en 1879, l'atelier comptait six charpentiers, trois ouvriers préposés au métal et deux harmonistes.

Les orgues de Mitchell se retrouvent un peu partout au Québec, et même à l'extérieur de la province : à l'église Saint-Jacques de Montréal (1867), au couvent des Dames du Sacré-Coeur du Sault-au-Récollet (1877), à Tignish, Î.-P.-É. (1882, op. 129), aux églises de Saint-Nicolas (1883), Saint-Pierre de Sorel (1884) et Sainte-Croix de Lotbinière (1887, remanié après 1910 par Casavant), ainsi qu'à l'Ancienne-Lorette, à Brockville, au Gesù de Montréal (remplacé en 1901 par un Casavant), à Guelph, Ont., ainsi qu'à Saint-Augustin de Portneuf, Saint-Janvier, Québec (église Saint-Patrice), Saint-Romuald, Saint-Zotique et Terrebonne, pour ne nommer que ceux-là.

Encore aujourd'hui, les orgues de Saint-André de Kamouraska, de Saint-Michel de Vaudreuil (1871), de Saint-Roch-sur-Richelieu, de Saint-Norbert, et le très bel instrument de l'église Notre-Dame de Lévis (1870) dont les remaniements ultérieurs ont largement respecté la tuyauterie, témoignent éloquemment de la valeur du travail et du sens artistique de Louis Mitchell. La construction solide, la qualité des matériaux, l'équilibre de l'ensemble, la beauté des timbres (particulièrement les jeux d'anches), la grâce du buffet (de style gothique le plus souvent) expliquent aisément que la popularité du facteur se soit maintenue à un haut niveau. L'entreprise ferma toutefois ses portes en 1893.

Selon l'organiste Christopher Jackson, certains aspects de sa production font penser à celle du facteur français Calinet, actif au début du XIXe siècle. Si rien n'indique que Mitchell se soit jamais rendu en France, Arthur Laurendeau mentionne dans L'Action nationale (juin 1950) qu'il aurait cependant étudié son métier à Londres, à une date indéterminée.

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