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Mon pays

Cette chanson revêt un caractère politique indéniable. Benoît L'Herbier, par exemple, la décrit comme « ... un hymne québécois s'il en est un, qu'on fredonne fièrement et orgueilleusement » (La Chanson québécoise, Montréal 1974).
<em>Mon Pays</em> par Gilles Vigneault

Mon pays

« Mon pays. » Composée en 1964 par Gilles Vigneault (paroles et musique), cette chanson fut commandée par l'Office national du film du Canada pour le film La Neige a fondu sur la Manicouagan (1965). « Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver », cette phrase d'ouverture illustre bien le climat métaphorique de la chanson dans laquelle Vigneault parle avant tout de rafale, de froidure, de neige et de glace, la température du Québec servant comme métaphore pour son isolement culturel. Mais, « dans ce pays de poudrerie », l'auteur sera tout de même fidèle et accueillant à la manière de son père qui y a fait bâtir maison : « ... la chambre d'amis sera telle qu'on viendra des autres saisons pour se bâtir à côté d'elle ». Il évoque aussi dans le second couplet la solitude des grands espaces et son idéal de fraternité. Puis, Vigneault termine sur ces paroles : « Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'envers d'un pays qui n'était ni pays ni patrie. Ma chanson, ce n'est pas une chanson, c'est ma vie. C'est pour toi que je veux posséder mes hivers... »

Cette chanson revêt un caractère politique indéniable. Benoît L'Herbier, par exemple, la décrit comme « ... un hymne québécois s'il en est un, qu'on fredonne fièrement et orgueilleusement » (La Chanson québécoise, Montréal 1974). Dans une interview accordée à Pierre Nadeau, Vigneault se défend pourtant d'avoir voulu composer un hymne national (L'Actualité, septembre 1979).

« Mon pays » valut entre autres à son auteur le Prix Félix-Leclerc décerné par le Festival du disque (1965). Pour son interprétation de la chanson, Monique Leyrac remporta le Grand prix de la Journée internationale au Festival international de la chanson à Sopot, Pologne (1965). Patsy Gallant en a enregistré une version française et, sous le titre « From New York to L.A. », une version anglaise dont les paroles diffèrent totalement de l'originale et qui fut désavouée par l'auteur. Ce disque connut un immense succès au Canada et aux États-Unis en 1976. Vigneault interprète « Mon pays » sur les microsillions Gilles Vigneault à la Comédie-Canadienne, Mon pays, Les Grands succès de Gilles Vigneault, ainsi que sur Les Chansonniers du Québec (2-RCI 360-361), J'ai vu le loup, le renard et le lion (Les Productions du 13 août enrg. VLC-13) et Les Chansons d'or du Québec (Deram DEF-1000). Plusieurs autres artistes ont également enregistré cette chanson, notamment Salome Bey, Neil Chotem (version instrumentale), Roger Doucet, l'Ensemble Claude-Gervaise, Judy Lander (« My Country »), Danielle Licari, Monique Leyrac, Ginette Reno, Gaston Rochon, Catherine Sauvage, Michel Louvain, Michèle Richard et René Simard. André Gagnon l'a utilisé comme thème du premier mouvement du quatrième concerto de Mes quatre saisons. Le texte seul a paru dans un recueil de poèmes de Vigneault, Avec les vieux mots (Québec 1964). Edith Fowke en rapporte les paroles et la musique dans Canadian Vibrations (Toronto 1972). La musique imprimée (arrangement et harmonisation de Gaston Rochon) a été publiée par les Éditions du Vent qui vire.

Mon Pays a été admis au panthéon du paroliers canadien en 2005.

Vigneault a aussi écrit « Mon pays II », édité originellement par la même maison, puis par Sibecar (Paris 1969) pour la France, la Suisse et le Benelux. Rochon a signé les arrangements de cette chanson qui ramène d'abord le pays à des dimensions très réduites pour ensuite l'identifier à une ville, une province et, enfin, à une planète « que sur le bord d'une fenêtre un enfant fait tourner du doigt ».