Ellis Richard Gunther (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Ellis Richard Gunther (Source primaire)

« Au moment de quitter, nous avions bu un peu trop de vin. Alors nous avons acheté des oeufs et avons acheté encore du vin, puis décidé d'acheter une oie. »

Pour le témoignage complet de M. Gunther, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Des membres des Ingénieurs Royaux canadiens (R.C.E.) à la recherche de mines (Italie, 20 décembre, 1943). M. Gunther servit également en Itale avec les Ingénieurs Royaux canadiens (R.C.E.).
Des membres des Ingénieurs Royaux canadiens (R.C.E.) à la recherche de mines (Italie, 20 décembre, 1943). M. Gunther servit également en Itale avec les Ingénieurs Royaux canadiens (R.C.E.).
Avec la permission de Ellis Richard Gunther

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Transcription

Lorsque nous étions en Italie, sur le front immobile, un de mes amis de l’époque et moi avons décidé d’aller à la recherche d’œufs, parce qu’il y avait des fermiers et que les fermiers semblaient avoir beaucoup de poulets. Nous avons donc pensé qu’il serait bien d’avoir des œufs frais parce que nous avions normalement des œufs en poudre, reconstitués, et ce n’était pas comme de vrais œufs. Nous voulions donc trouver de vrais œufs pour faire de vrais œufs frits frais.

Nous sommes donc allés et avons monté ce… en fait nous étions en hauteurs donc nous avons descendu la montagne, c’était en paliers. Nous nous sommes rendus à cette ferme, une ferme avec des poulets. C’était des Italiens très accueillants, et ils nous ont vendu des œufs. C’était un système de troc, nous avons échangé des cigarettes contre les œufs. Puis ils nous ont invités à rester pour le souper. Le souper était au-dessus de la grange, et il y avait de la volaille en dessous, et il y avait une longue table, et nous nous sommes assis et avons mangé avec eux, un très bon souper, très simple, mais très bon. Et ils avaient du vin donc nous avons eu du vin au souper.

Ils ne parlaient pas anglais. À ce point, nous parlions un peu d’italien, assez pour avoir une conversation. Il y avait des oies qui venaient dans l’escalier et marchaient à l’entour de la table et sautaient sur la table. Elles étaient chez elles. Nous disions parfois le mot « O.K. », c’est une expression qui nous utilisons parfois, « O.K. ». Et le mot pour « oie » en italien ressemble à ça, ça ressemble à « O.K. ». Ils pensaient donc que nous parlions des oies, et c’était plutôt drôle. La situation était cocasse. Et nous avons dit « oh non! », et avons expliqué ce que nous disions.

Lorsqu’est venu le moment de partir, nous avions bu trop de vin. Et nous avons acheté des œufs et avons acheté plus de vin pour l’apporter avec nous, et nous avons décidé d’acheter une oie. Nous avons demandé si nous pouvions acheter une oie pour manger une oie rôtie et des œufs frais. Donc lorsque nous sommes partis, nous avons pris tous les œufs et les avons mis dans sa tunique et l’avons boutonnée et l’avons attachée solidement au bas. Et j’ai pris l’oie, j’ai replié son cou sous son aile, elle était vivante, et l’ai transportée sous mon bras, et voilà!

Eh bien, nous avions bu beaucoup de vin, et mon ami a glissé sur une marche en montant vers sa terrasse et il a déboulé jusqu’au bas, et je me suis tourné en me disant qu’il s’était peut-être fait mal, alors je suis allé voir s’il était correct. Il a dit: « Eh bien, si tu me demandes si je suis blessé, non, je ne suis pas blessé, mais je ne suis pas O.K. ». Et les œufs sortaient de sa tunique, de la jambe et du rebord de son pantalon, et de partout. Il avait cassé tous les œufs.

Mais nous avons continué vers la maison, je veux dire le camp, et nous avions encore l’oie. Nous n’avions pas envie de faire quoi que ce soit avec l’oie ce soir-là, nous étions fatigués et devions nous nettoyer, car nous étions couverts d’œufs. Nous avons mis l’oie dans une petite caisse dans l’arrière du camion que je conduisais. Le jour suivant, nous cherchions de la nourriture pour l’oie et avons trouvé un sac de maïs. Et nous nous sommes dit que nous cuisinerions l’oie plus tard. Un autre jour.

Quelques jours plus tard, nous avons reçu l’ordre de nous déplacer. Et nous n’avions rien fait avec l’oie à part de la garder dans la cage et de la nourrir. Nous avons donc commencé à nous déplacer avec l’oie dans l’arrière du camion que je conduisais, et nous sommes arrivés à Leghorn (Livorno, Italie), avons chargé nos camions sur le bateau et sommes allés à Marseille (France) pour faire le déchargement, et l’oie était toujours à l’arrière. Nous la nourrissions, bien sûr. Nous sommes arrivés en Belgique et rendus là, l’oie était devenue une vraie mascotte bien connue de toutes les troupes, et ils venaient tous jeter un coup d’œil à cette oie dans le derrière du camion. Personne ne voulait plus la tuer, c’était une mascotte.

Nous l’avons donc remise en liberté dans les canaux de Belgique parce qu’il y avait là d’autres oies, les fermiers avaient aussi des oies. Elle s’est tout de suite sentie à l’aise avec les autres oies. Mais chaque soir, l’oie revenait. Elle savait où était le maïs, savait où se faire nourrir, elle revenait tout le temps et ce n’était pas un problème. Nous la remettions dans sa cage, lui donnions du maïs, et la relâchions chaque matin.

Puis un matin, nous avons reçu l’appel pour aller au front. Nous n’avions pas beaucoup de temps et sommes allés à la recherche de l’oie, mais ne pouvions la trouver. Nous avons dit à un petit garçon belge qui avait démontré de l’intérêt envers l’oie qu’elle était désormais à lui, et que lorsqu’elle reviendrait, il devrait lui donner du maïs, puis nous lui avons donné le maïs, lui avons dit: « voici le maïs, nourris l’oie, tu peux la garder ». Nous n’avons jamais revu l’oie.

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