Francis William Godon (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Francis William Godon (Source primaire)

« Même si des camarades hurlaient ou gémissaient parce qu’ils avaient été touchés, vous deviez continuer sans vous arrêter. »

Pour le témoignage complet de M. Godon, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Francis Godon à North Bay, Ontario, 1942.
Francis Godon à North Bay, Ontario, 1942.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Francis Godon)
Francis Godon photographié ici au camp d'entraînement de North Bay, Ontario, 1942.
Francis Godon photographié ici au camp d'entraînement de North Bay, Ontario, 1942.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Francis Godon)
Francis Godon (au centre) avec deux amis à Shilo, Manitoba, 1943.
Francis Godon (au centre) avec deux amis à Shilo, Manitoba, 1943.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Francis Godon)
Francis Godon avec ses parents, Florence et Willy Godon, avant qu'il s'engage dans l'armée, 1941.
Francis Godon avec ses parents, Florence et Willy Godon, avant qu'il s'engage dans l'armée, 1941.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Francis Godon)
Des soldats canadiens débarquant sur Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, le 6 juin 1944.
Des soldats canadiens débarquant sur Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, le 6 juin 1944.
Image: Lieutenant Ken Bell/Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada /PA-132655.
Vue d’une ville en Normandie lors de l'invasion
Vue d’une ville en Normandie lors de l'invasion
© Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/R112-1860-2-E.
Fantassins du Royal Winnipeg Rifles
Fantassins du Royal Winnipeg Rifles
Fantassins du Royal Winnipeg Rifles à bord de péniches de débarquemment en route pour Courseulles-sur-Mer, France, le 6 juin 1944.
Canada. Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-132651
Francis Godon (à droite) avec deux de ses amis à Shilo, Manitoba, juste avant de partir en outremer, 1943.
Francis Godon (à droite) avec deux de ses amis à Shilo, Manitoba, juste avant de partir en outremer, 1943.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Francis Godon)
Photo prise à Juno Beach alors que les soldats soignent les blessés.
Photo prise à Juno Beach alors que les soldats soignent les blessés.
Avec la permission du Projet Mémoire/Gerry Macdonald

Transcription

Ma vie de famille c’était assez, vous savez, parce que vous êtes métis et ils vous avaient, ils vous appelaient un fils de p… et ça c’était un sale fils de p… Et c’était très dur pour nous d’essayer de faire comprendre aux gens qu’on était des gens comme eux. Mais, alors je travaillais à l’extérieur quand j’avais 11 ans. Je ne parlais pas trois mots d’anglais mais je me suis bien débrouillé. Et je n’ai jamais été à l’école parce qu’ils ne nous prenaient pas. Il n’y avait pas d’école là où on était et l’école était à huit ou dix kilomètres et ils ne nous ont pas pris là-bas parce qu’ils ne voulaient pas que les gens comme nous aillent dans les écoles pour blancs parce qu’on était, je viens de dire ce qu’on était, comment ils nous appelaient. Moi je pense qu’on était aussi bien qu’eux.

Et je n’avais pas d’éducation. Finalement entré là avec le, à travailler dans les cuisines, pour les corvées. C’était une des manières d’entrer mais pas vraiment dans l’armée, juste pour travailler. J’ai pensé que je pourrais essayer ça. Si je pouvais mettre un pied dans la place, je savais que je pourrais y entrer complètement. C’est comme ça que je suis entré dans l’armée, c’est comme ça que j’ai été dans l’armée, parce que j’avais mis un pied dans cette place-là et alors je travaillais pour l’armée, aux cuisines, à éplucher des pommes de terre et les corvées, laver par terre et autres.

Alors ils ont bien vu que je me plaignais pas, ils ont vu que je me débrouillais bien. Alors un jour j’y suis allé et je me suis engagé dans l’armée.

On est resté à Aldershot pendant je ne sais pas combien de temps parce qu’on a suivi une formation spéciale et on est allé à l’île de Wight, un endroit appelé l’île de Wight en Angleterre. C’est là qu’on a fait notre entraînement. C’est là qu’on a fait notre entraînement pour… On devait suivre un entraînement spécial. Là sur l’île de Wight, voyez j’étais dans les fusiliers de Winnipeg, la 3ème division. On commençait à être fatigués, on attendait et on attendait alors juste quand ils allaient faire l’invasion, mais – on savait qu’on allait participer à l’invasion mais on ne savait pas où. Alors vous attendez et vous commencez à être agité et finalement, une nuit, ils ont dit, bon les gars, vous allez faire votre truc parce que vous les gars vous êtes, on est en route.

Alors après on est monté sur le bateau, quand on est montés sur le bateau, on y a passé une bonne dizaine de jours, onze jours, à entendre encore. Parce qu’on a eu une tempête. Alors après on était sur le bateau et puis quand ils ont dit, maintenant les gars, cette nuit c’est notre nuit, allez-y et faites ce que devez faire… il était deux heures du matin. Et il a dit, le commandant a dit, les gars vous tous vous êtes de bons combattants. Vous connaissez votre boulot, vous savez ce que vous avez à faire, allez-y et faites-en votre affaire, il a dit. Et il a dit, écrasez-les. Alors j’ai fait plus que de leur botter le train, mais il a dit, et la dernière chose que je veux vous dire les gars pendant qu’on est tous en train de monter sur la barge de débarquement, il a dit, les gars maintenant vous, je pense que vous savez où vous allez mettre les pieds. Bon, on a attendu ça , on s’est entraînés pour ça. Et puis il a dit, maintenant je vais vous dire quelque chose qui n’est pas terrible. Il a dit, la plupart d’entre vous les gars ne vont pas rentrer au pays.

Notre plage était en Normandie en France, et c’était Juno Beach. Juno Beach ils l’ont appelée comme ça parce que c’était, on y est allé en juin, le 6 juin. Alors c’est la plage qu’on a prise. Mais cette plage, on est allé un petit peu – on a débarqué là où on était censés débarquer, on a débarqué en plein milieu des allemands avec tous les, on était censés être là où il n’y en avait presque pas. Mais il y avait toutes ces mitrailleuses et tous ces blockhaus et des grosses boites remplies de ciment, boite. Elles faisaient 60 cm d’épaisseur et le seul moyen de pouvoir dégager, de les faire dégager de là c’est de vous faufiler, d’essayer d’arriver jusqu’à eux et de jeter une grenade à l’intérieur, parce qu’ils étaient trop épais pour que nos armes puissent les détruire.

Ramper et courir et ramper et courir. Et la seule chose que vous ne pouviez pas faire c’était de vous arrêter sur Juno Beach. Si vos copains étaient blessés pendant cette, et les cris et les pleurs, vous ne pouviez pas vous arrêter, vous deviez continuer. Si vous vous arrêtiez, et bien vous étiez mort vous aussi. Alors il fallait continuer. Ce qui était difficile à faire parce que la plage ressemblait à du ketchup, une plage recouverte de ketchup, sur la plage il y avait. C’était tout rouge de sang à ce point-là rouge de sang.

De cette bataille, voyez ce qui est arrivé, on est allés trop loin et on s’est retrouvés encerclés. On pouvait rien faire entrer. On n’avait pas de munitions, rien, on était out. Donc on avait, on ne pouvait pas se battre avec des fusils vides et ils avaient eux-mêmes des fusils ou des mitrailleuses et tout. Et c’est comme ça qu’on s’est faits prendre. Alors je suppose qu’on aurait pu rester mais on pouvait pas, on n’avait pas de munitions pour rester et les faire reculer. Mais on a fait reculer les allemands, on les a surpris, on les a surpris. On leur a fait comprendre qu’on devait se battre. On s’est battus toute la nuit aussi, nuit et jour, toute une nuit, juste pour, une heure ou deux à dormir peut-être. Mais il fallait. Il n’y avait pas d’autre moyen qu’on fasse autre chose mais on s’est faits prendre là dedans. Ils étaient derrière nous, ils étaient devant nous, ils étaient à côté de nous. Alors voilà. Et on a été faits prisonniers là.

Et puis on est allés dans un camp de concentration, un camp de travail. Quel moment. Vous travailliez là-bas de 16 à 18 heures par jour et rien à manger. Un peu d’eau au chou. Ce qui s’est vraiment passé ? On était tous dans le camp de concentration, vous savez, ils nous ont tous jetés là tout simplement. Vous savez ce qu’Hitler voulait qu’ils fassent ? Qu’ils nous tuent tous les prisonniers. Tuer tous les prisonniers, si vous savez qu’on va perdre la guerre. Mais pour certains, ça suffisait, ils ont décampé, juste avant la fin de la guerre. Alors le lendemain matin, on s’est levés et ici, les portes sont grandes ouvertes. Et ça a duré un jour et demi mais, ce n’était pas encore fini. Parce qu’on pouvait entendre les canons qui continuaient à tirer, je crois que c’était pas loin, oh oui, quelques kilomètres. Je pense que c’était à une douzaine de kilomètres à peu près.

Arrivant de l’autre côté il y avait les russes. On ne voulait pas que les russes nous prennent parce qu’on ne voulait pas être envoyés en Sibérie. On savait que les autres c’était les américains. Alors ce sont les américains qui nous ont libérés.

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