Gordon Andry (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Gordon Andry (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

« Ce n’était pas une promenade, je peux vous le dire. Quelqu’un disant qu’il n’avait pas peur est un menteur, ou il n’était pas là. »

Pour le témoignage complet de M. Andry, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Transcription

Je me suis enrôlé à London [Ontario] le 16 avril 1940, et j’avais 16 ans. Eh bien, je mesurais six pieds deux, 217 livres. Je n’avais pas l’air de 16 ans, mais de 20. Eh bien, mon frère s’était enrôlé six mois avant ça, donc lui, mon père et ma famille savaient que j’allais y aller de toute façon. Mon père m’a donc dit: «Assume les conséquences de tes actes.

Nous étions stationnés en Angleterre de 1940 à 1941, nous entraînant tout le temps. En fait, nous étions dans lesack-acklégers [canons antiaériens]. Nous étions là durant leBlitz*, et nous n’avons pas quitté l’Angleterre avant la fin duBlitz. Nous tirions avec des canons antiaériens Bofors de 40mm**. Nous étions donc là, et nous pouvons dire que nous étions dans la guerre du début à la fin.

Le dernier endroit où je me rappelle être dans l’ack-ackléger est Walton-on-the-Naze [Angleterre]. On l’appelait «Walton-on-the-Noze». Nous étions aux batteries de tir là-bas. Deux avions ont survolé l’endroit. Nous sommes restés là environ un mois, sur le «wall-on-the-naze». Puis, nous avons voyagé partout en Angleterre, je peux vous le dire, partout en Angleterre, nous entraînant çà et là, ou à n’importe quel endroit où ils avaient besoin d’ack-ack, nous y étions.

Et puis, nous avons débarqué lors du Jour-J, lors de la deuxième vague, qui était à 10h30 le matin. Nous avons avancé vers Bény-sur-Mer [Normandie, France], et c’est là où nous avons débarqué, à Bény-sur-Mer. Nous avons progressé de quatre ou cinq miles jusqu’à un terrain où il y avait une tranchée. Cette nuit-là, nous avons creusé le terrain jusque de l’autre côté de la route à côté de nous. Les Maisonneuves [le régiment de Maisonneuve] étaient là, et un bougre d’idiot a allumé une cigarette, et il a été bombardé. Ils ont éliminé toute la foutue compagnie qui était là.

Ce n’était pas une promenade, je peux vous le dire. Quelqu’un disant qu’il n’avait pas peur est un menteur, ou il n’était pas là. Mais...j’en suis revenu indemne. J’ai été chanceux, très chanceux. Et je peux vous dire qu’à partie de Caen [Normandie, France] et après, juste avant la brèche de Falaise***, nous avons été bombardés par les Anglais et nous avons été bombardés par les Américains, et nous avons été bombardés par nos propres avions. Nous courrions sur le terrain en désamorçant les bombes incendiaires, et ils ont commencé à larguer les bombes lourdes. Je peux me souvenir que, le matin après le bombardement, je suis sorti de la tranchée et j’ai vu cette grosse bombe enterrée dans la poussière, et j’ai pensé: «Oh, elle n’a pas explosé». Donc, trois ou quatre d’entre nous se sont approchés, pour voir, pour regarder la bombe: c’en était une de 500 livres. Nous étions à huit pieds quand elle a explosé, mais aucun d’entre nous n’a été blessé.

Nous arrivions à Antwerp [Belgique], et nous traversions un terrain et, en revenant, il y avait une route qui était comme: tu y vas dans un sens et tu la prends dans l’autre sens. Nous sommes arrivés à cette maison de ferme et il y avait des funérailles qui étaient célébrées. Le prêtre, il parlait anglais, et nous avons donc demandé ce qui se passait. Il a dit qu’ils enterraient une petite fille de douze ans à cause des Allemands. Elle nous avait vus venir de l’autre côté, c’était environ loin de quatre miles. Elle nous avait vus venir au-delà de la courbe, et elle a dit aux Allemands: «Vous avez peur, maintenant», elle a dit, «lesTommy**** arrivent.» Elle ne savait pas qu’ils étaient Canadiens, parce que nous étions habillés de la même façon. Elle a dit: «LesTommiess’en viennent», et ils l’ont abattue.

Ne pensez pas que nous n’avions pas peur, nous aussi. On avait peur, mais, vous comprenez, nous passions par-dessus. Et puis, juste après, quand tu arrêtes et tu réfléchis, tu trembles comme une feuille. Pendant une bataille, tu ne réfléchis pas, vous savez, tu ne faisais que te battre et c’était tout. Mais quand tu arrêtais, tu commençais à trembler parce qu’à ce moment, tu réalisais ce qui aurait pu arriver.

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