Léonard “Pete” Gauthier (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Léonard “Pete” Gauthier (Source primaire)

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

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Soldats canadiens-français au garde-à-vous, Chandler, Québec (1945).
Soldats canadiens-français au garde-à-vous, Chandler, Québec (1945).
<p>Soldats canadiens-français au garde-à-vous en attendant d'être passés en revue par le major-général Georges P. Vanier. M. Léonard Gauthier fait partie du groupe. Photo prise devant l'église de Chandler, Québec (1945).<br></p>
<p>Avec la permission du Projet Mémoire/Léonard Gauthier<br></p>

M. Léonard Gauthier en 2010.
M. Léonard Gauthier en 2010.
(Avec la permission du Projet Mémoire/Léonard Gauthier)

"Quand ma mère m’a vu arrivé chez nous avec ça, elle m’a dit : « Où vas-tu avec ça ? » Je lui ai dit que je m’étais enrôlé dans l’armée. Elle m’a fait une scène."

Transcription

Léonard Gauthier, j’ai 87 ans. Je demeure à Chandler (Québec) depuis ma tendre enfance. À mon souvenir, je suis allé à l’école comme tout le monde jusqu'à l’âge de 12-13 ans. On ne pouvait pas suivre les études comme aujourd'hui, car les familles étaient grandes. On ne pouvait pas s’en aller à l’extérieur pour étudier. Chez nous, on était 18 enfants. Le père était tout seul à faire vivre la famille. C’était difficile, alors il fallait arrêter les études de bonne heure et rester à la maison pour aider. Le dernier endroit que j’ai travaillé en (19)39-(19)40, à l’usine d’Arvida à Chicoutimi. Le contremaître m’a dit : « Monsieur Gauthier, tu vas aller au bureau à 4 heures. » Je lui ai demandé ce que j’avais fait de mal. Il m’a dit : « Tu n’as rien fait de mal. J’aurais aimé te garder parce que tu es un bon travailleur. » J’ai passé au bureau, le patron m’a dit que je devais aller chez moi. J’avais reçu mon laissez-passer pour l’armée. Un de mes frères était déjà parti pour l’armée. Nous devions y aller. C’était la conscription obligatoire (dans le cadre de la Loi sur la mobilisation des ressources nationales adoptée par le gouvernement de Mackenzie King en 1940). Mon père ne voulait pas que j’y aille. Je lui ai dit qu’il aurait une charge de moins sur les épaules. Aller là ou aller ailleurs. J’aurais pu me faire tuer au travail de la même façon. Il avait ouvert des terres derrière chez moi. Mon père est allé voir un avocat et il a obtenu une exemption de « fils de cultivateur ». Moi je voulais aller dans l’armée. J’ai appris qu’ils allaient ouvrir une armée de réserve. On m’a demandé si ça m’intéressait. J’ai parlé de ça à quelques un de mes amis. On est allé à l’automne 1942. Je me suis enrôlé dans l’armée de réserve. Je ne l’ai pas dit à mes parents. Quand on est allé s’enrôler, ils m’ont dit d’aller chercher mon kit (équipement); ton casque, ta carabine, le sac à dos, tout le kit. On est allé chercher notre équipement. On devait retourner trois jours après. Quand ma mère m’a vu arrivé chez nous avec ça, elle m’a dit : « Où vas-tu avec ça ? » Je lui ai dit que je m’étais enrôlé dans l’armée. Elle m’a fait une scène. Je lui ai dit que je serais appelé seulement s’ils avaient besoin de moi. J’allais rester à Chandler. Je suis resté dans l’armée de réserve. J’ai été là jusqu’en (19)45. J’ai travaillé à l’usine. On travaillait. On était 100 ou 125 dans l’armée de réserve. Ils avaient arrangé ça en trois groupes. J’avais le mardi, le jeudi et le samedi. On avait seulement les nouvelles par radio, on n’avait pas de journalistes ou de télévisions comme aujourd’hui. Mes parents me disaient tout le temps comment c’était terrible le nombre de morts. Je leur disais d’en prendre et d’en laisser. Les officiers ne nous parlaient jamais de ça. La seule (chose) qu’ils nous disaient c’était qu’ils auraient besoin de soldats. Ils ne nous donnaient jamais de nouvelles sur ce qui se passait en Europe. Je les ai rencontrés sur la galerie de l’église. J’ai été bien content de les rencontrer, car ils s’en allaient sur le front. Au débarquement de Normandie (6 juin, 1944), un de mes amis s’est fait tuer. Mon professeur était sur une patrouille en motocyclette avec un panier à côté. Deux soldats arrivaient d’une patrouille. Ils s’en retournaient pour aller dans une autre direction. Mon ami s’est proposé pour prendre la relève. Ils sont allés sur une patrouille et ils ont frappé une mine, ils sont morts tous les deux. Sur ma photo c’est le général Vanier (major-général Georges P. Vanier) avec les officiers et son groupe. Ils étaient venus nous passer en revue. C’est là que la photo a été prise, en avant de l’église de Chandler. Il y a eu une messe après, à la mémoire des soldats. Je me suis dit à moi-même, mes deux amis sont partis, peut-être que je vais partir moi aussi. Ils nous ont annoncé à la fin de la messe que la guerre était finie. Mon dieu seigneur ! On était très content. C’était fini. Nous avons retourné tout l’équipement qu’ils nous avaient donné. On a apporté ça à la chapelle. Ils nous ont donné notre décharge, notre numéro de matricule. Ça a finit là.

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 TMP

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