Tom Hayden (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Tom Hayden (source primaire)

« Nous nous sommes retrouvés seuls à la tombée de la nuit, sans armes ni rien, seulement un coffre à outils. »

Pour le témoignage complet de M. Hayden, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Tom Hayden (en haut) avec ses amis sur le Mont Etna en 1943.
Tom Hayden (en haut) avec ses amis sur le Mont Etna en 1943.
Avec la permission de Tom Hayden
Les amis de Tom Hayden : Norm Smith et Martinson (prénom inconnu) buvant sur le Mont Etna, Italie, en 1943.
Les amis de Tom Hayden : Norm Smith et Martinson (prénom inconnu) buvant sur le Mont Etna, Italie, en 1943.
Avec la permission de Tom Hayden
Un camion d'atelier mobile est chargé à bord d'un bâteau en préparation de l'invasion de l'italie, en juillet 1943.
Un camion d'atelier mobile est chargé à bord d'un bâteau en préparation de l'invasion de l'italie, en juillet 1943.
Avec la permission de Tom Hayden
Jour de lessive sur la ligne Siegfried. Tom Hayden a pris la photo lorsqu'il était en train de déménager en Allemagne en 1945.
Jour de lessive sur la ligne Siegfried. Tom Hayden a pris la photo lorsqu'il était en train de déménager en Allemagne en 1945.
Avec la permission de Tom Hayden

Transcription

Avant de quitter l’Angleterre, nous sommes montés en Écosse pour faire imperméabiliser tous nos véhicules. Et ce n’était pas l’idéal car il y avait des prises d’aération qu’on obstruait avec une sorte de pâte à modeler, et il a fallu retirer cette pâte dès notre arrivée en Sicile.

C’était absolument indispensable, comme on s’en est rendu compte, car si l’air ne s’évacuait pas de la prise de l’essieu arrière, l’huile se transformait en une mousse qui traversait l’essieu jusqu’aux freins. Et c’en était fini de vos freins. C’était donc très dangereux. Si bien que pendant nos premiers jours en Sicile, on m’a envoyé avec un camarade jusqu’à la côte. Et à mesure qu’arrivaient les camions, nous retirions de chaque prise cette pâte qui ressemblait à du mastic. Nous devions aussi la retirer du distributeur d’allumage pour éviter qu’il ne suinte et provoque un court-circuit. Alors on se mettait à la tâche, et c’était toute une affaire.

On nous a ensuite envoyés tous les deux au front de mer, où les bâtiments de débarquement faisaient descendre les camions sur la côte. Et nous étions là quand nos véhicules sont arrivés pour retirer la fameuse pâte. Mais notre officier, celui qui nous avait menés sur la côte, qui se trouvait à huit kilomètres environ, nous a tout simplement oubliés sur place. Nous nous sommes retrouvés seuls à la tombée de la nuit, sans armes ni rien, seulement un coffre à outils. Ce n’était guère rassurant parce que les soldats italiens, qui n’étaient pas vraiment des prisonniers de guerre car ils avaient capitulé très tôt, eh bien, ils vagabondaient dans les environs et l’on ne pouvait distinguer les bons des méchants (rires). C’était donc assez risqué.

Puis autre chose… On avait installé des rouleaux qui avançaient dans l’eau parce que les petits bateaux ne pouvaient accoster pour décharger les munitions. Alors ces rouleaux s’avançaient très loin et de chaque côté, des Italiens faisaient rouler dessus les boîtes de munitions, puis ils les chargeaient dans les camions qui devaient les transporter. Et c’était quelque chose à voir. C’était en fait des prisonniers italiens, et on les autorisait à sortir une quinzaine de minutes seulement. Ils restaient dans l’eau pendant ce court moment, puis on en faisait venir d’autres.

Dans les ateliers, on passait l’essentiel de notre temps à réparer les véhicules, car il y avait des pannes mais aussi de gros dommages. Et comme nous nous trouvions à 40 ou 50 kilomètres du mont Etna, on nous y a conduit en camion aussi loin que la route le permettait, sachant qu’il nous faudrait revenir à pied. Norm Smith et moi, nous nous étions enrôlés ensemble et sommes tout de suite devenus amis. Alors nous avons gravi le mont Etna. Mais l’on s’est fait un peu avoir. Car en descendant de nos véhicules, nous nous sommes retrouvés face à une montagne, et il y avait une piste qui en faisait le tour. Et l’on s’est dit que c’était le mont Etna, qui se trouvait en fait derrière cette montagne.

Mais nous ne le savions pas encore et nous sommes dit : « Mieux vaut gravir la montagne que de la contourner. C’est un peu abrupt, mais ce sera beaucoup plus rapide en montant à travers les rochers. » Alors on a gravi cette petite montagne qui cachait le mont Etna, puis il a fallu en descendre, mais c’était très facile parce que le sol était formée de scories de lave projetées par le volcan Etna. Il suffisait de sauter sur deux mètres, puis on glissait sur environ cinq mètres de scories. On a dévalé la montagne en un rien de temps, même si c’était tout de même assez rude. Et c’est alors qu’on a croisé nos camarades qui avaient contourné la première montagne. Toute une aventure ! Gravir tous ces rochers sans le moindre sentier, pour finalement se rendre compte qu’on avait choisi la mauvaise montagne (rires) !

Mais ce n’était pas si mal, et on s’est bien amusés. Une fois arrivés au sommet par un sentier plutôt solide et dégagé, on a trouvé une vieille brouette et on s’est mis à prendre des photos. Et tour à tour, chacun se faisait porter dans la brouette pendant la descente. On a tous bien rigolé.

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