Centre national des arts | l'Encyclopédie Canadienne

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Centre national des arts

Dès son ouverture officielle, présidée par le Premier ministre Pierre Trudeau, le 31 mai 1969, le CNA répond à bon nombre des attentes qui ont motivé sa création. Sous la direction musicale de Mario Bernardi, l'orchestre de 46 musiciens du CNA acquiert une réputation internationale.
Centre national des arts
Fa\u00e7ade du Centre national des arts \u00e0 Ottawa, en Ontario (Environnement Canada, Service de relevés des richesses du patrimoine).

D'après la Loi sur le Centre national des Arts, adoptée le 15 juillet 1966, le conseil d'administration de ce dernier a pour mandat « d'exploiter et de maintenir le Centre, de développer les arts de la scène dans la région de la capitale nationale et d'assister le Conseil des Arts du Canada dans le développement des arts de la scène ailleurs au Canada. » Construit pour marquer le centenaire de la Confédération canadienne et conçu par l'architecte montréalais Fred Lebensold, le Centre national des Arts (CNA) consiste en un élégant complexe composé de trois hexagones, situé sur la rive du Canal Rideau, dans le centre-ville d'Ottawa. Il comprend trois salles de spectacle, une salle d'opéra de 2323 places (maintenant appelée Southam Hall), un théâtre de 897 places et un studio de 300 places et, depuis 2001, une Quatrième Salle multifonctionnelle et multidisciplinaire de 150 places. De 1981 à 1996, il gère aussi l'Atelier, un théâtre de poche satellite de 84 places situé non loin.

Réputation

Dès son ouverture officielle, présidée par le Premier ministre Pierre Trudeau, le 31 mai 1969, le CNA répond à bon nombre des attentes qui ont motivé sa création. Sous la direction musicale de Mario Bernardi, l'orchestre de 46 musiciens du CNA acquiert une réputation internationale. L'orchestre fait des tournées nationales et internationales, enregistre plus de 35 albums et commande plus de 50 œuvres canadiennes. De 1970 à 1984, le centre organise un festival d'été dans le cadre duquel il présente de l'opéra de haut niveau. Dès le début, il crée des compagnies de théâtre francophones et anglophones. Au cours des deux premières années de son existence, il accueille, durant les mois d'hiver, la Stratford Festival Company (voir Festival de Stratford) comme troupe résidente. Il organise des galas, accueille des chorales, des festivals, des films, des pièces de théâtre et des spectacles de danse en provenance de tout le Canada et de l'étranger. De 1978 à 1981, ses propres productions théâtrales font régulièrement des tournées, mais il doit les interrompre faute d'appui financier suffisant du gouvernement.

Le CNA est cependant l'objet de controverses suscitées, en partie, par des débats sur son mandat et son financement. À la fin des années 1980 et durant les années 1990, il diminue le nombre de ses propres productions, en favorisant des coproductions avec d'autres troupes de théâtre ainsi que des superproductions musicales telles que Les Misérables, The Phantom of the Opera (v.f. Le Fantôme de l'opéra), Rent, Riverdance et Notre Dame de Paris pour financer ses autres activités.

Plusieurs directeurs généraux se succèdent à la tête du CNA : G. Hamilton Southam (1967-1977), Donald MacSween (1977-1987), Yvon Desrochers (1988-1994) et Joan Pennefather (1994-1995). Après la démission de cette dernière, en 1995, le centre n'a pas de directeur général attitré, bien que la présidente du conseil d'administration, Jean Thérèse Riley, en assume en grande partie la direction jusqu'à ce que John Cripton soit nommé directeur général en 1996. Cripton démissionne en octobre 1998 à la suite d'un conflit avec le conseil d'administration et il est remplacé, un mois plus tard, par Elaine Calder, qui agit en tant que directrice intérimaire et PDG jusqu'en juin 1999. Le mois suivant, Peter Herndorf est nommé directeur général (plus tard président) et PDG. Riley démissionne de son poste de présidente du conseil en avril 1999 et est vite remplacée par David Leighton (1999-2006). Julia Foster lui succède (depuis 2006).

En 2000, le CNA commence à modifier son image et à améliorer son sort. Sous la direction de Leighton et de Herrndorf, il élabore un ensemble de quatre objectifs stratégiques qui, depuis, le guident et contribuent en grande partie à son succès. Le plan stratégique s'intitule « Rétablir la vision : une nouvelle orientation pour le Centre national des Arts ». Ses objectifs sont le développement et l'innovation artistiques, un accent accru sur le rôle national du CNA, un engagement plus grand envers les jeunes et les activités éducatives et la croissance des recettes du CNA. Chacun de ces objectifs est suivi de près et évalué régulièrement dans ses rapports annuels.

Talents

De nombreux grands talents dirigent les réalisations artistiques du centre. Depuis sa fondation, Jean-Marie Beaudet en est le directeur musical jusqu'à sa mort, Mario Bernardi assume alors cette tâche tout en demeurant chef d'orchestre fondateur. Les principaux chefs de son célèbre orchestre ont été : Mario Bernardi (1968-1982); Franco Mannino (1982-1987); Gabriel Chmura (1987-1991) et Trevor Pinnock (1991-1996). Pinnock est ensuite conseiller artistique de 1996 à 1998. Pinchas Zukerman agit comme directeur musical désigné de 1989 à 1999 et devient directeur musical en 1999; en 2006, son contrat est prolongé jusqu'en 2011. Franz-Paul Decker est le principal chef invité de 1991 à 1999. Mario Bernardi est nommé chef officiel de l'orchestre en 1998. Cathy Levy devient productrice de la programmation de la danse en 2000 et en 2001, Michel Dozois, précédemment producteur de danse et d'événements spéciaux, devient producteur de la programmation communautaire et des événements spéciaux; cette tâche inclut la responsabilité de la Quatrième Salle du CNA qui connaît un très grand succès.

Au fil des années, le volet théâtral du centre connaît plusieurs restructurations et changements de direction. Jean Roberts, directrice du théâtre (1971-1977), est remplacée par Jean Gascon (1977-1984). Le poste de directeur artistique du théâtre francophone est occupé par Jean Herbiet (1975-1982), André Brassard (1982-1989), Robert Lepage (1989-1993) et Denis Marleau (2000-2008), Wajdi Mouawad (2008-09). Jean-Claude Marcus est directeur artistique (1993-2000) du théâtre francophone.

Jean Roberts (1975-1977) et John Wood (1977-1984) ont assumé successivement la direction artistique du théâtre anglophone. Andis Clems est producteur de théâtre (1984-1997) et Marti Maraden est nommée directrice artistique du théâtre anglophone de 1997 à 2005. Depuis sa nomination, le Centre tend la main au milieu théâtral local dans le but d'établir, de concert avec la Great Canadian Theatre Company d'Ottawa, le Programme The Next Stage qui vise à soutenir le développement des artistes de la scène dans la région de la capitale nationale. La coordonnatrice artistique de ce programme est Lise Ann Johnson qui coordonne également, sous la direction de Maraden, un festival annuel de lectures de pièces en préparation par des dramaturges de partout au Canada, intitulé On the Verge. C'est en novembre 2005 que Peter Hinton succède à Marti Maraden, pour être remplacé, en 2012, par Jillian Keily.

En 1996, Brian Macdonald est nommé conseiller artistique principal du CNA et, en 1997, Nicholas Goldschmidt devient directeur artistique de Festival Canada, chargé de superviser cette année-là le premier de nombreux festivals d'été dans le centre depuis 1984. MacDonald démissionne en 1998 en raison des compressions budgétaires et le programme Festival Canada est remplacé durant l'été 1999 par un programme de l'orchestre du CNA, plus modeste et moins coûteux, mais non moins populaire. Ce programme, qui offre des soirées d'œuvres écrites par un seul compositeur, attire de vastes publics enthousiastes.

On compte parmi les dernières initiatives imaginatives et innovatrices du CNA, le Magnetic North Theatre Festival qui collabore avec la Canadian Theatre Festival Society. Inauguré en 2003 sous la direction artistique de Mary Vingoe, il célèbre le meilleur du théâtre contemporain en anglais. Depuis cette année-là, le festival alterne chaque année entre Ottawa et une autre ville canadienne, dont Edmonton en 2004 et St John's en 2006. En 2006, le CNA inaugure le festival Zones Théâtrales pour mettre en vedette des productions des communautés minoritaires francophones du Canada.

Notons également parmi les dernières innovations la célébration des différentes provinces du Canada. En 2005, une célébration de l'Alberta d'une durée de treize jours dans le cadre de son centenaire compte 95 événements artistiques et quelque 600 artistes de scène de cette province. Cette année-là, qui est également le centenaire de la Saskatchewan, l'Orchestre du Centre national des Arts fait une tournée en Alberta et en Saskatchewan. En avril et en mai 2007, Québec Scène au CNA comporte 100 événements se déroulant sur 16 jours et faisant appel à 100 artistes.

Le CNA s'engage activement pour les jeunes et les activités éducatives. Il fonde des programmes destinés spécifiquement aux écoles sous la forme de matinées pour les étudiants, de musiciens dans les écoles, d'ateliers pour les étudiants et de perfectionnement professionnel destiné aux enseignants. Il met sur pied un Summer Music Institute qui se compose de programmes pour les jeunes artistes, pour les chefs d'orchestre et pour les jeunes compositeurs. L'Orchestre du Centre national des Arts offre également une série d'ateliers de maître, des bourses pour les futurs musiciens et une vitrine nationale pour les jeunes musiciens. Dans le cadre de ses tournées nationales et internationales, l'Orchestre du Centre national des Arts inclut un volet éducatif débordant d'activités et populaire partout où il va. Toutes ces activités éducatives, et plusieurs autres, sont subventionnées par le National Youth and Education Trust qui est financé par de nombreuses corporations et personnes ainsi que par le CNA lui-même.

Crise financière et initiatives

La crise et la réorganisation que traverse le CNA dans les années 1990 sont en grande partie attribuables aux compressions budgétaires du gouvernement. En 1995, le gouvernement fédéral réduit les subventions au CNA (de 21,6 millions de dollars en 1995-1996 à 14,7 millions de dollars en 1998-1999). Les administrateurs et les bienfaiteurs du Centre en viennent alors à la conclusion que, pour survivre en tant qu'institution artistique essentielle au Canada, le Centre a besoin de dons importants de la part du secteur privé. Un tel appui s'est manifesté début 1999 en réponse à une campagne de financement qui a récolté plus de 2 millions de dollars en un peu plus de deux mois. La campagne a permis au Centre d'éliminer le déficit accumulé au cours de cette même année.

La plus remarquable des initiatives de financement du CNA au cours des dernières années est la création de la Fondation du CNA. Depuis sa création en 2001, la fondation, avec la PDG Darrell Louise Gregerson, amasse plus de 25 millions de dollars pour appuyer la programmation du centre. Le gouvernement fédéral verse environ la moitié des revenus totaux du CNA, et en 2007, il octroie une subvention de 56 millions de dollars pour des projets d'immobilisation, la plus grosse subvention que le Centre ait reçue à ce jour, et une revanche des années 1990 où sa subvention a été réduite.

Fin 1999, alors que le Centre a trente ans, il est permis d'espérer que, grâce à plusieurs personnes compétentes et renommées qui en occupent les postes clés, le Centre national des Arts retrouve la gloire dont il a joui à ses débuts. Il peut maintenant affirmer qu'il est devenu une précieuse vitrine des arts de la scène au Canada. Un statut qu'il conservera peut-être grâce à la stabilité et au dynamisme qu'il a recouvrés en 1999 avec Leighton et Herrndorf qui en assurent la direction.