Niagara Falls (Ontario) | l'Encyclopédie Canadienne

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Niagara Falls (Ontario)

Niagara Falls (Ontario), ville constituée en 1904 de 88 071 habitants (recensement de 2016; 82 997 au recensement de 2011). La ville de Niagara Falls tire son nom et sa gloire des magnifiques et célèbres chutes Niagara, sur la rivière Niagara. L’essor de ce poste frontalier entre le Canada et les États-Unis repose sur la présence de gares ferroviaires, mais aussi sur le tourisme et le jeu. Dans le passé, l’industrie manufacturière (notamment la fabrication de produits électrochimiques et de produits abrasifs) a dominé la région, grâce à la facilité d’alimentation en hydroélectricité et au prix modique de cette énergie.

Peuplement

Peuples autochtones

Avant l’arrivée des Européens, le peuple Neutre habite la région qui comprend aujourd’hui les chutes Niagara, entre les rivières Grand et Niagara. Ce peuple est appelé « Neutre » par les Français, qui remarquent qu'ils ne prennent pas position dans la plupart des conflits entre les Wendats (Hurons) et la Confédération Haudenosaunee (aussi appelée les Iroquois). En plus de chasser et de pêcher, les Neutres cultivent la courge, les fèves et le maïs, et leurs villages sont composés de maisons longues.

En 1647, plusieurs villages des Neutres sont conquis par les Sénécas, nation de l’est de la rivière Niagara. Plus tard, au début des années 1650, d’autres de leurs villages sont détruits par les Iroquois. Ces attaques, combinées aux épidémies de variole de 1638 à 1640, causent la disparition des Neutres. On les mentionne pour la dernière fois dans les écrits d’explorateurs français en 1671. Les Iroquois, quant à eux, continuent d’habiter la région malgré les efforts des Français, des Britanniques et des Américains qui souhaitent avoir la mainmise sur le territoire. Aujourd’hui, de nombreux Iroquois sont présents dans la région de Niagara Falls, sur la réserve (la réserve des Six Nations à l’ouest de la ville) ou dans d’autres collectivités.

Colonisation européenne

Les premiers Européens à fouler le sol de la péninsule du Niagara sont les Français, qui arrivent par la vallée du Saint-Laurent et le lac Ontario au début du XVIIe siècle. Ils y font la traite des fourrures et exercent des activités missionnaires de Détroit, à l’ouest, jusqu’à la rivière Ohio, au sud. Ils établissent une route de portage près de Niagara Falls afin de relier les lacs Ontario et Érié. En 1679, les colons français construisent une estacade à l’emplacement futur du fort Niagara, qu’ils nomment fort Conti. Puis, ils établissent leur tout premier peuplement sur la rive est de la rivière Niagara. Cet emplacement est choisi pour défendre le monopole de la traite autour des Grands Lacs, en réponse à l’expansion des colonies américaines.

La capture du fort Niagara par les Britanniques en 1759 et la défaite des Français partout ailleurs au Canada permettent aux Britanniques de s’installer à l’ouest de la rivière Niagara et au sud de l’Ontario. Des traités avec les Sénécas en 1759 et les Mississaugas en 1781 leur cèdent des terres agricoles à l’ouest de la rivière. La région représente une source d’approvisionnement alimentaire importante pour les militaires britanniques pendant la Révolution américaine. À la fin de la guerre, en 1783, une frontière entre les États-Unis et ce qui allait devenir l’Ontario est tracée au milieu de la rivière Niagara.

La guerre de 1812, opposant les États-Unis et la Grande-Bretagne et, par extension, les colonies britanniques, se déroule dans la péninsule du Niagara. La guerre fait beaucoup de morts et de dommages matériaux dans les deux camps, mais la frontière entre les États-Unis et l’Ontario est maintenue. Une paix fragile, qui perdure 50 ans, est conclue, et différents groupes viennent peupler la rive ouest de la rivière Niagara, notamment de Premières Nations, de Métis, de colons britanniques (provenant pour la plupart des États-Unis), d’Afro-Américains (certains libres, d’autres esclaves) et de mennonites germanophones (souvent appelés les Hollandais de Pennsylvanie).

Développement

La collectivité de Drummondville est créée en 1800, près du futur champ de bataille de Lundy’s Lane. On y construit, en 1822, l’un des premiers hôtels de la région sur le chemin Portage, en face des chutes. Le village de Clifton est fondé en 1832, et une troisième collectivité, Elgin, se forme en 1848 où le premier pont est construit, soit au-dessus de la gorge. En 1856, les villages de Clifton et d’Elgin sont fusionnés et deviennent la ville de Clifton, qui est rebaptisée en 1881 comme la municipalité de Niagara Falls. La même année, Drummondville devient le village de Niagara Falls. Cette situation ambiguë est résolue en 1904, lorsque la municipalité et le village de Niagara Falls sont fusionnés et deviennent la ville de Niagara Falls (7 000 habitants). Le canton de Stamford rejoint la ville en 1963. En 1970, la municipalité régionale de Niagara accueille également le village de Chippawa, ainsi que des portions des cantons de Willoughby et de Crowland.

Développement hydroélectrique

Entre 1905 et 1906, trois centrales hydroélectriques de grande envergure commencent leurs activités. L’exploitation de l’énergie se déplace à l’escarpement du Niagara, à Queenston Heights, lorsqu’on inaugure la centrale hydroélectrique Sir Adam Beck no 1 en 1921. Sa puissante totale de 373 MW (aujourd’hui de 498 MW) augmente considérablement lorsque la centrale Sir Adam Beck no 2 est mise en service en 1954. Ces centrales énergétiques en aval des chutes requièrent un important détournement des eaux, acheminées du haut des chutes dans un canal à tranchées profondes, puis dans deux tunnels sous la ville et dans l’inversion de l’écoulement de la rivière Welland, pour remplir les réservoirs des centrales Sir Adam Beck nos 1 et 2 qui se vident dans la gorge. En 2004, le gouvernement de l’Ontario annonce la construction d’un troisième tunnel sous la ville pour alimenter les centrales. Terminé en 2013, le tunnel de Niagara engendre la production de 1,6 TWh supplémentaire, une hausse d’environ 14 % de la production hydroélectrique.

Commission des parcs du Niagara

En 1885, le gouvernement provincial de l’Ontario met en place la Commission des parcs du Niagara. Graduellement, l’aménagement impeccable d’espaces verts du parc Queen Victoria remplace le paysage désordonné et carnavalesque qu’on retrouvait auparavant aux alentours des sites hydroélectriques près des chutes. Situé près des chutes, le parc, d’une superficie initiale de 62 hectares, s’étend le long de la rivière vers le nord et le sud et atteint Fort Erie en 1915. En raison de la Première Guerre mondiale, il ne rejoint Niagara-on-the-Lake qu’en 1931. La promenade du Niagara continue à s’étendre pour former un ensemble d’espaces verts couvrant plus de 1 325 hectares entre les lacs Érié et Ontario.

Développement urbain

Les chutes sont rendues célèbres en Europe et aux États-Unis grâce aux peintures et aux écrits de visiteurs au XIXe siècle, mais ce n’est qu’à partir des années 1920 que le tourisme se développe véritablement à grande échelle, lorsque la voiture remplace peu à peu le train comme moyen de transport des touristes. On observe alors des changements radicaux dans le paysage de la ville : le centre-ville axé sur le train connaît un déclin; la zone touristique et commerciale de Clifton Hill, près des chutes, connaît quant à elle beaucoup de succès; une série d’hôtels et de motels apparaît le long de l’allée Lundy (la portion de l’autoroute 20 devenue le tronçon commercial le plus long en son genre au monde); des tours d’observation, des hôtels gratte-ciel et d’autres attractions touristiques se profilent près des chutes; l’autoroute Queen Elizabeth, qui accueille une circulation dense provenant des zones urbaines du sud de l’Ontario et des États-Unis par le pont Peace, contourne la ville par l’ouest; l’autoroute 420 relie l’autoroute Queen Elizabeth aux chutes, où elle traverse le pont Rainbow et rejoint le système d’autoroutes aux États-Unis; le chemin McLeod devient une route d’appoint, partant de l’autoroute Queen Elizabeth pour traverser des zones résidentielles de Marineland jusqu’aux chutes. Le centre commercial Niagara Square (1977) et deux casinos (l’un ouvert en 1996, l’autre en 2004) engendrent encore plus d’achalandage à l’emplacement original du centre-ville. Malgré tout, au milieu des années 2000, la revitalisation d’infrastructures publiques et de propriétés privées permet d’améliorer le sort du centre-ville.

Population

La ville de Niagara Falls résulte de la fusion de quelques villages (Drummondville, Elgin et Clifton), du canton environnant de Stamford, et des ajouts récents du village de Chippawa et de portions des cantons de Willoughby et de Crowland. Ces collectivités variées ainsi que l’expansion urbaine d’après la guerre et les centres touristiques de Clifton Hill et de Fallsview créent une ville très diversifiée. À la fin du 19e siècle, la mise en marche des centrales hydroélectriques et des industries lourdes attire nombre de groupes d’immigrants, surtout du Sud et de l’Est de l’Europe. La communauté italienne joue un rôle particulièrement important dans la vie urbaine; un quartier informel surnommé la « Petite Italie » persiste aujourd’hui. En effet, selon le recensement de 2016, ceux qui citent une origine ethnique italienne représentent 19,2 % de la population de la ville. L’origine canadienne et celle anglaise sont les deux autres origines ethniques les plus souvent citées, groupant 26,8 % et 25,8 % de la population respectivement. Les minorités visibles représentent 13 % de la population de la ville, les Sud-Asiatiques, les Philippins et les Noirs constituant les communautés les plus importantes de ce groupe.

Économie et main d’œuvre

Niagara, chutes
Vue des chutes canadiennes en forme de fer à cheval et des environs, à Niagara Falls, en Ontario (avec la permission de la Niagara Parks Commission).

Le tourisme et les activités de service prédominent à Niagara Falls. La Commission des parcs du Niagara, le Casino Niagara (1996) et le complexe du casino Niagara Fallsview (2004) sont les principaux employeurs de la ville. L’internationalisation de l’économie touristique conduit à la revitalisation de nombreux établissements de service, dont ceux de la rue Ferry et de l’allée de Lundy, les tronçons commerciaux, ainsi qu’à la construction de nouveaux hôtels en face des chutes. La Commission des parcs du Niagara apporte aussi sa contribution, notamment en revitalisant des terrains de golf de la région et en faisant la promotion de la ville de Niagara Falls à titre de destination mondiale pour le golf. Les tentatives visant à construire des attractions touristiques, comme un téléphérique au-dessus de la gorge, sont quant à elles considérées comme intrusives et sont jusqu’à aujourd’hui écartées. La démolition d’une voie ferrée abandonnée qui traversait la ville (pour la construction du Niagara Fallsview) est très bien reçue par la plupart des citoyens. Les voies ferrées toujours en place sont la ligne principale du Canadien National qui traverse le centre-ville et les lignes du chemin de fer Canadien Pacifique et de Norfolk Southern Corporation qui cernent la ville. En plus des chutes elles-mêmes et des deux casinos, le parc Marineland est un attrait touristique très populaire. Fondé par un seul entrepreneur dans les années 1960, Marineland comprend un épaulard dans un aquarium et d’autres mammifères marins, ainsi qu’un parc d’attractions. La garde de ces animaux en captivité a récemment fait l’objet de manifestations par des organismes de défense des droits des animaux et d’accusations de cruauté envers les animaux. L’industrie manufacturière de Niagara Falls n’est aujourd’hui qu’une pâle copie de ce qu’elle était avant, mais on y fabrique toujours des produits alimentaires et des boissons, de l’équipement de transport, des produits chimiques et des produits métallurgiques.

Transport

Le tout premier pont est construit au-dessus de la gorge du Niagara en 1848. Puis, en 1953, le pont suspendu des chutes du Niagara est érigé pour accueillir le Grand Chemin de fer occidental, un chemin de fer qui traverse la rivière. Le pont cantilever des chutes du Niagara est construit juste au sud de celui-ci en 1883, pour les chemins de fer du sud du Canada et du centre du Michigan. En 1897, le pont ferroviaire en arc de Niagara est construit sous, et avec, le pont suspendu d’origine dans le but de remplacer ce dernier. Ces ponts, de véritables merveilles d’ingénierie, l’attrait de la rivière et des chutes et le début des trains passagers en 1878 amènent des milliers de visiteurs à Niagara Falls. Jusqu’en 1950, des bateaux à vapeur transportent sur le lac Ontario les touristes en provenance de Toronto à destination de St. Catharines et Niagara-on-the-Lake, d’où des trains partent pour Niagara Falls.

Un tramway au trajet circulaire (appelé le Great Gorge Route) est construit entre 1893 et 1899 : il embarque les touristes près du pont suspendu reliant Queenston et Lewiston, puis les amène en haut de l’escarpement du Niagara, avant de longer la gorge du côté canadien jusqu’au pont Honeymoon. Le tramway traverse ensuite de l’autre côté de la rivière, aux États-Unis, pour descendre la gorge et longer la rivière jusqu’au pont de Queenston et Lewiston. L’avènement de la voiture ainsi que de nombreuses interruptions de service en raison d’éboulements conduisent à la fermeture du tramway en 1932.

Dans les années 1920 et 1930, le transport par voiture et par camion éclipse de plus en plus le transport ferroviaire, ce qui mène à l’ouverture de la toute première autoroute à quatre voies au Canada, l’autoroute Queen Elizabeth, entre Toronto et Niagara Falls en 1939. Alors que les trains de marchandises sont nombreux dans la région, le seul train de passagers qui la dessert est le train quotidien de VIA Rail/Amtrak entre Toronto et Niagara Falls. Les fins de semaine d’été, le service ferroviaire GO (du gouvernement de l’Ontario) relie Niagara Falls et Toronto. Beaucoup de pression est d’ailleurs exercée sur le gouvernement de l’Ontario afin que son service ferroviaire direct GO entre les deux villes devienne quotidien et remplace son service de navettes train-bus qui oblige une liaison à la station de Burlington.

De 1846 à 2012, le bateau touristique Maid of the Mist passe devant les chutes américaines et transporte les touristes jusqu’au pied des chutes Horseshoe. À la suite d’un appel d’offres en 2012, le contrat pour la visite du côté canadien des chutes est octroyé par la Commission des parcs du Niagara à l’entreprise Hornblower Niagara Cruises. Un partenariat entre la ville de Niagara Falls et la Commission des parcs du Niagara assure le service d’autobus WEGO de la promenade Niagara, qui relie Chippawa et Niagara-on-the-Lake et qui s’arrête aux principales attractions touristiques.

Communications

La ville de Niagara Falls a son propre quotidien, le Niagara Falls Review, ainsi que deux stations de radio.

Gouvernement et politique

En 1970, la ville de Niagara Falls devient l’une des douze autorités municipales secondaires de la grande municipalité régionale de Niagara. Le maire et trois conseillers de Niagara Falls siègent donc à la gouvernance régionale, qui compte 30 conseillers. Ils sont élus par toute la région, c’est-à-dire que la municipalité entière vote pour eux, plutôt que de tenir des élections de représentants pour chaque partie de la ville. Le maire et huit conseillers (eux aussi élus par l’ensemble de la municipalité) siègent au Conseil municipal. Les services régionaux sont divisés entre les autorités primaire et secondaires, mais à Niagara Falls, les services touristiques sont principalement fournis par le secteur privé ou par la Commission des parcs du Niagara, qui relève du gouvernement provincial.

Vie culturelle

Les attractions à Niagara Falls sont nombreuses. On y trouve notamment le Conservatoire de papillons (1996), situé au nord de la ville dans les Jardins botaniques de la Commission des parcs du Niagara. Le pont Rainbow (1941) remplace le pont Honeymoon, qui est le plus long pont en arc encastré au monde avant qu’il s’effondre en 1938. Les jardins Rainbow sont aménagés au moment de la construction du pont Rainbow.

Chutes Niagara, Jardin botanique des
Établi en 1936, le Jardin botanique des parcs du Niagara est le seul collège qui offre une formation en horticulture au Canada ainsi que la pension à ses étudiants (avec la permission de la Commission des parcs du Niagara).
Parc Queen Victoria
L'espace dégagé du parc est adjacent aux chutes (Corel Professional Photos).
Sentier récréatif de la rivière Niagara
Le sentier s'étend sur environ 56 km parallèlement à la rivière Niagara, de Fort Erie à Fort George (avec la permission de la Commission des parcs du Niagara).

Au début des années 1930, Sir Harry Oakes achète les deux plus grands hôtels de la région et, en échange de terres au sommet de la colline de l’île Dufferin, en fait don à la Commission des parcs du Niagara. Le théâtre Oakes Garden, avec son aménagement paysager, ses terrasses et son amphithéâtre formels, ouvre ses portes en 1937. L’édifice Oak Hall, maintenant situé dans l’enceinte d’un terrain de golf, accueille aujourd’hui le siège administratif de la Commission des parcs du Niagara.

Le complexe du casino Niagara Fallsview comprend un amphithéâtre de 1 500 sièges, qui accueille toute l’année une multitude de vedettes internationales. En 2011, le centre des congrès Scotiabank ouvre ses portes dans le district touristique de Fallsview. Il comprend une salle d’exposition, une salle de bal, des salles de réunion et un amphithéâtre de 1 000 sièges, et est conçu pour attirer des colloques et des salons d’envergure nationale et internationale, dans le but de prolonger la saison touristique de mai à septembre.

Bien que les investissements publics et privés dans l’économie touristique de Niagara Falls sont énormes depuis les 20 dernières années, la ville, empreinte d’une ambiance de carnaval, demeure une destination avant tout estivale pour les familles de la classe moyenne. Ses deux casinos affrontent maintenant la concurrence d’un autre casino, situé de l’autre côté de la rivière à Niagara Falls, dans l’État de New York, et la menace du projet d’un autre casino, cette fois dans la région de Toronto. De plus, la hausse des mesures de sécurité à la frontière depuis le 11 septembre 2001 ainsi que l’obligation d’avoir un passeport pour traverser la rivière rebutent aujourd’hui un certain nombre de touristes américains.

Population (ville)

88 071 (2016)

Rang au Canada

64

Année d’incorporation

1904

Superficie

209,73 km2

Altitude

182,9 m

Température moyenne quotidienne en juillet

22,22 °C

Température moyenne quotidienne en janvier

-4,12 °C

Précipitations annuelles

947,49 mm

Lecture supplémentaire

Liens externes