Île Partridge | l'Encyclopédie Canadienne

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Île Partridge

L’île Partridge est située dans la Baie de Fundy, à approximativement un kilomètre de la rive et de la ville de Saint John, au Nouveau-Brunswick. L’île a été désignée comme lieu de quarantaine en 1785 et utilisée à cette fin de 1830 à 1941. Un grand nombre d’immigrants arrivés au Canada par bateau, dont des milliers d’Irlandais en 1847, ont été isolés sur l’île avant qu’on leur permette d’entrer au pays. Le but était d’éviter la propagation de maladies contagieuses souvent présentes sur les bateaux surpeuplés. En 1974, la station de quarantaine de l’île Partridge est devenue un Lieu historique national du Canada. D’autres événements marquants sont associés à l’île, dont l’installation de la première corne de brume actionnée à la vapeur au monde en 1859 (voir aussi Robert Foulis).

Wolastoqiyik

Les Wolastoqiyik (Malécites) ont longtemps résidé le long du fleuve Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick et dans le Maine, et du fleuve Saint-Laurent au Québec. L’île Partridge, dont le nom Wolastoqiyik est Quak-m’kagan’ik, ou « pièce découpée », fait partie de leur territoire traditionnel.

La mythologie Wolastoqiyik comprend des récits sur les origines de l’île Partridge. Au moins deux de ces récits mettent en scène Glooscap, une entité surnaturelle présente chez plusieurs nations de langues algonquines (voir aussi Langues autochtones au Canada). Un de ces récits relate que Glooscap a utilisé un bâton pour détruire un barrage de castors à Reversing Falls, le long du fleuve Saint-Jean. Son but était de forcer un groupe de castors à quitter leur hutte tout proche, afin de pouvoir les chasser. La tourbe composant le barrage a été emportée par la rivière. L’un des morceaux de tourbe est devenu l’île Partridge.

Selon un autre récit, Glooscap vivait avec sa grand-mère dans un canot de pierre. Glooscap souffrant de la solitude, sa grand-mère lui a dit que d’autres gens vivaient le long du fleuve Saint-Jean. Quand ils sont arrivés au port de Saint John, le canot de pierre s’est échoué et est devenu l’île Partridge.

Géographie

L’île Partridge, au Nouveau-Brunswick

Carte postale montrant l’île Partridge et une bouée à cloche, vers 1905.

D’une longueur de 0,6 km et d’une largeur de 0,3 km, l’île Partridge comporte une superficie totale de 0,18 km2. Elle est située à l’embouchure du port de Saint John, dans la baie de Fundy. L’île est un dépôt de cendres volcaniques remontant à 300 millions d’années. Il est aujourd’hui couvert d’une forêt clairsemée de bouleau, d’épinette, de saule et d’aulne.

Phare et corne de brume

En 1791, le premier phare du Nouveau-Brunswick est construit sur l’île Partridge, afin d’assurer un passage sécuritaire jusqu’au port. D’autres premières s’ensuivent : en 1859, la première corne de brume activée par la vapeur, inventée par l’ingénieur civil Robert Foulis, est installée sur l’île. En 1905, la première station de radio du Nouveau-Brunswick, réalisée par la compagnie Marconi et utilisée pour les communications maritimes, y est construite.


Station militaire

En 1800, un poste de signalisation, une station de tir et une caserne sont construits sur l’île Partridge. Pendant la Guerre de 1812, la batterie de l’île constitue un des principaux points de défense. La batterie est utilisée à nouveau en 1866 pendant les Raids des fenians. Durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, l’île Partridge joue un rôle important en défendant le port de Saint John. En 1947, la station militaire de l’île est fermée.

Station de quarantaine

En 1785, la Charte royale de Saint John désigne l’île Partridge comme station de quarantaine. La station est utilisée pour la première fois 45 ans plus tard, en 1830. À cette époque, la quarantaine est le meilleur moyen de défense connu contre la diffusion des maladies contagieuses comme le typhus, la fièvre jaune et le choléra. Alors que les principales villes portuaires des États-Unis ont déjà créé des stations de quarantaine pour les immigrants arrivant par bateau d’Europe ou ailleurs, l’île Partridge est la première station de quarantaine de l’Amérique du Nord britannique. Une station de quarantaine sur la Grosse-Île, au Québec, est créée en 1832.

L’un des premiers bateaux à accoster sur l’île Partridge est le Feronia. Il arrive le 11 juin 1830 dans le port de Saint John, avec à son bord 120 passagers irlandais. En examinant les immigrants, le médecin John Boyd découvre qu’au moins une personne a contracté la variole pendant le voyage. Il recommande que les immigrants soient mis en quarantaine sur l’île Partridge. Peu après, d’autres cas de variole se déclarent parmi les passagers du bateau. Le maire de Saint John ordonne aux résidents de ne pas s’approcher de l’île, et des policiers sont déployés pour faire respecter cette interdiction.

Dans une lettre publiée par le New Brunswick Courier, John Boyd décrit les installations initiales de l’île : « des tentes fabriquées à l’aide de quelques planches, sur lesquelles on a étendu des voiles en guise de couverture ; le temps ayant été extrêmement froid et humide, ces abris étaient très imparfaits. » Le 4 septembre 1830, le médecin publie une autre lettre dans le Courier, annonçant cette fois la fin de la quarantaine.

Par la suite, les autorités construiront un abri pour les gens mis en quarantaine sur l’île, parfois surnommé « pest house » (maison de la peste). L’île continue à être utilisée comme station de quarantaine jusqu’en 1941.

La grande famine de la pomme de terre en Irlande : 1847

Croix de l’île Partridge

Une croix celtique rend hommage aux immigrants irlandais qui sont morts du typhus alors qu’ils étaient en quarantaine sur l’île Partridge.

L’île Partridge reçoit en 1849 le plus grand nombre d’immigrants de son histoire, à cause de la grande famine de la pomme de terre en Irlande. Entre 1846 et 1848, les récoltes de pomme terre en Irlande sont perdues. La pomme de terre est l’aliment de base de la majorité des irlandais, et des millions de personnes sont menacées de famine. Beaucoup choisissent de quitter le pays, ce qui entraîne la plus grande vague d’immigration irlandaise de l’histoire du Canada. Ils voyagent sur des bateaux surpeuplés, où beaucoup d’entre eux attrapent le typhus, une maladie causée par une souche de bactéries et transmise par les poux.

En 1847, la station de quarantaine de la Grosse-Île reçoit la majorité des immigrants irlandais en Amérique du Nord britannique. L’île Partridge est le deuxième point d’entrée le plus utilisé. Cette année-là, deux milliers d’Irlandais sont mis en quarantaine à cause d’une épidémie de typhus. Sur ce nombre, 601 sont enterrés dans une fosse commune sur l’île.

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