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Peter Mitchell

Peter Mitchell, Père de la Confédération, premier ministre du Nouveau-Brunswick de 1866 à 1867, avocat, constructeur de navires (né le 4 janvier 1824 à Newcastle, au Nouveau-Brunswick; décédé le 25 octobre 1899 à Montréal, au Québec).

Peter Mitchell, Père de la Confédération, premier ministre du Nouveau-Brunswick de 1866 à 1867, avocat, constructeur de navires (né le 4 janvier 1824 à Newcastle, au Nouveau-Brunswick; décédé le 25 octobre 1899 à Montréal, au Québec). En tant que premier ministre provincial en 1867, Peter Mitchell joue un rôle crucial dans l’entrée du Nouveau-Brunswick dans la Confédération. Matamore invétéré, il est surtout connu pour l’incident international dans lequel il se trouve impliqué pendant sa tenure de ministre canadien des Pêches dans le premier Cabinet de sir John A. Macdonald.

Jeunesse

Peter Mitchell est le fils de Peter Mitchell et Barbara Grant, un couple d’immigrants écossais arrivés au Nouveau-Brunswick en 1818. Ils s’installent ensuite sur les rives de la rivière Miramichi. Son père est un hôtelier et un aubergiste, et le jeune Peter Mitchell deviendra plus tard un farouche adversaire de la prohibition. Il étudie à la Newcastle Grammar School avant de devenir apprenti au cabinet d’avocats de George Kerr. De 1847 à 1852, il pratique le droit à Newcastle en partenariat avec John Mercer Johnson de Chatham, au Nouveau-Brunswick.

En 1853, Peter Mitchell épouse Isabella Gough, qui lui donne une fille. Le mariage offre à Mitchell de nouvelles connexions qui lui permettent de poursuivre ses intérêts d’affaire dans les secteurs de la construction navale et du commerce du bois d’œuvre. De 1853 à 1861, il dirige une entreprise de construction navale en partenariat avec John Haws, son beau-frère. Ensemble, ils construisent plus d’une douzaine de navires. Après la fin du partenariat, il continue d’étendre ses activités commerciales. En 1864, il emploie 250 ouvriers dans ses chantiers, et 100 autres pour charger des navires de cargaisons de bois d’œuvre destiné au commerce transatlantique. Malgré la prospérité de l’économie maritime du Nouveau-Brunswick au milieu du XIXe siècle, Peter Mitchell rencontre de fréquents problèmes d’affaires et a souvent de la difficulté à payer ses factures à temps.

Carrière politique

Peter Mitchell se lance en politique lors de l’élection partielle de 1852, se présentant comme un partisan du gouvernement responsable et de la réduction du salaire des fonctionnaires publics. Cette première tentative se solde par un échec. Lors de sa campagne de 1856, il souligne son opposition à tout projet de prohibition en distribuant du rhum aux électeurs sur le parcours de la campagne. Il est élu à titre indépendant à Northumberland et devient membre du conseil législatif en 1861 et siège comme ministre dans les gouvernements de Charles Fisher et Samuel Leonard Tilley. En tant que politicien, Peter Mitchell se fait connaître pour son caractère têtu et son habitude de refuser tout compromis avec ses opposants. Plus tard dans sa carrière politique, se remémorant une dispute avec Samuel Leonard Tilley à propos de l’itinéraire prévu du chemin de fer Intercolonial, il conclut que « Nous avons eu quelques discussions houleuses sur ce sujet, mais ma force de personnalité a réglé la question ».

Confédération

Ardent partisan de la Confédération, Peter Mitchell assiste aux conférences de Charlottetown et de Québec en 1864. En 1865, le premier ministre Samuel Leonard Tilley, un autre partisan de la Confédération, se rend compte que la majorité de la législature du Nouveau-Brunswick s’était rangée dans l’autre camp. Le lieutenant-gouverneur Arthur Gordon est convaincu que la question de la Confédération devrait « être présentée « honnêtement » devant le peuple » et pousse Samuel Leonard Tilley à dissoudre son gouvernement, déjà accusé par certains d’imposer la Confédération aux citoyens sans en avoir assez parlé lors de la campagne électorale. Tilley acquiesce et déclenche une élection partielle, ce qui pousse Peter Mitchell à accuser le lieutenant-gouverneur d’avoir parti pris contre la Confédération et à porter plainte auprès du Bureau de l’Intérieur britannique.

Lors des élections de 1865, les politiciens en faveur de la Confédération, y compris Samuel Leonard Tilley et Peter Mitchell, sont défaits. Cependant, les membres de l’administration anti-Confédération de Albert J. Smith ont peu en commun à part la méfiance que leur inspire une union fédérale. Ainsi, quand l’opinion publique change en faveur de la Confédération, le gouvernement s’écroule. Samuel Leonard Tilley refuse le poste de premier ministre et Arthur Gordon demande donc à Peter Mitchell de former un gouvernement conservateur.

Pour ce qui est de la prohibition, Peter Mitchell et Samuel Leonard Tilley ont des points de vue opposés, et leurs personnalités ne pourraient être plus différentes. Cependant, en ce qui concerne la Confédération et la construction du chemin de fer Intercolonial, ils partagent un engagement sincère. En tant qu’homme d’affaires respecté et directeur de la Compagnie d’assurance maritime des marchands du Canada, Peter Mitchell occupe une position de choix pour réfuter les dires de certains marchands du Nouveau-Brunswick qui craignent que la Confédération ne soit nuisible à leurs intérêts économiques. Peter Mitchell assiste à la conférence de Londres en 1866, mais est insulté par le fait que sir John A. Macdonald considère Samuel Leonard Tilley comme le véritable chef du Nouveau-Brunswick malgré sa nouvelle position de secrétaire provincial. Sir John A. Macdonald et Peter Mitchell entrent en désaccord concernant plusieurs questions politiques. Ce n’est que le début d’une relation houleuse entre les deux hommes qui va durer pendant des décennies.

Voir aussi Le Nouveau-Brunswick et la Confédération.

Vie et carrière après la Confédération

À la mi-1867, Peter Mitchell est nommé au Sénat et au Cabinet de sir John A. Macdonald en tant que ministre de la Marine et des Pêcheries, où il fait preuve d’innovation et d’agressivité. Le portfolio du ministère est des plus divers, couvrant les questions de navigation, les régulations de pêche et l’assistance aux marins malades et infirmes. Sous le ministère de Peter Mitchell, six navires sont rajoutés à la flotte canadienne, qui ne comptait alors que deux vaisseaux. Les nouveaux vaisseaux sont construits pour ressembler à des vaisseaux de pêche américains, hormis le fait qu’ils étaient armés. En 1870, la flotte saisit des pêcheurs américains dans les eaux canadiennes, provoquant un incident international. Après plusieurs mois de relations tendues entre le Canada et les États-Unis, Peter Mitchell défie le président américain Ulysses S. Grant sur le sujet des droits de pêche américains dans les eaux canadiennes. Peter Mitchell exige que le Cabinet demande une commission mixte dans le but de mettre fin à l’impasse. Le Traité de Washington, qui sera négocié l’année suivante, est le résultat de cette commission. Selon les termes du traité, les États-Unis reçoivent le droit de pêcher sur le littoral canadien pendant 12 ans en échange d’un paiement de 5,5 millions de dollars. De plus, les Canadiens reçoivent la permission de vendre leur poisson sur le marché américain sans payer de droits de douane.

En 1872, Peter Mitchell démissionne de son siège au Sénat pour se porter candidat à Northumberland au Nouveau-Brunswick, qu’il remporte. L’année suivante, le scandale du Pacifique fait tomber le gouvernement Macdonald. N’étant pas impliqué dans le scandale, Peter Mitchell abandonne les conservateurs et conserve son siège à la Chambre des communes en tant qu’indépendant. Il y perd néanmoins l’essentiel de son influence politique, les libéraux et les conservateurs le regardant désormais avec méfiance.

Mitchell continue sa carrière politique pendant plusieurs années après sa réélection en 1874. Il démissionne un bref moment en janvier 1878 après avoir été impliqué dans un scandale de conflit d’intérêts, mais reprend son siège en février. Cependant, il perd son siège lors de l’élection générale de septembre 1878.

En 1885, Peter Mitchell achète le Montreal Herald, qui avait publié des articles dénonçant l’administration Macdonald. Peter Mitchell y retrouve de la confiance en lui-même, mais n’en devient pas plus fiable. Poussé par ses rancunes contre plusieurs politiciens, dont Macdonald, il s’aligne avec les Libéraux. Il conserve son siège de Northumberland en 1882 et en 1887 en tant que libéral indépendant, mais est battu lors des élections générales de 1891 et 1896.

Après la mort de sa femme Isabella en 1889, sa solitude ne cesse de croître. En 1899, il subit une attaque qui le laisse affaibli. Il est retrouvé mort dans sa chambre à l’hôtel Windsor à Montréal, où il a vécu ses dernières années.

Postérité

En tant que premier ministre du Nouveau-Brunswick en 1867, Peter Mitchell joue un rôle crucial dans l’entrée de la colonie dans la Confédération. En tant que ministre de la Marine et des Pêcheries, il met sur pied une flotte de croiseurs, une première dans l’histoire du Canada, afin de protéger les poissonneries du pays, et érige des phares sur les côtes maritimes et les Grands Lacs. Et par ses négociations avec les États-Unis concernant les droits de pêche, il affirme la souveraineté du Canada sur les eaux canadiennes. Son neveu Charles Richmond Mitchell devient chef du parti libéral albertain en 1924 et occupe la position de chef de l’opposition officielle pendant deux ans avant d’être nommé à la Cour suprême de l’Alberta.