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Histoire politique

L'histoire politique est l'étude des mécanismes, des activités et des institutions des GOUVERNEMENTS, ainsi que des facteurs qui influencent ces derniers et des individus qui les forment.

Histoire politique

L'histoire politique est l'étude des mécanismes, des activités et des institutions des GOUVERNEMENTS, ainsi que des facteurs qui influencent ces derniers et des individus qui les forment. Les historiens de la politique ont traditionnellement examiné et consigné les faits et gestes des monarques et des premiers ministres, des hommes politiques et des partis, des gouvernements et des institutions connexes. Plus récemment, cependant, les historiens et les politicologues se sont intéressés à des questions plus larges touchant l'exercice du pouvoir dans la société, comme les tentatives des groupes d'intérêt pour déterminer les politiques, la circulation des idées et des idéologies et leur influence sur la scène politique, de même que l'influence de l'intervention gouvernementale sur la société (voir SCIENCE POLITIQUE).

Si la biographie politique reste importante pour comprendre et expliquer notre histoire, nous la complétons par l'examen de presque toutes les facettes de la vie politique canadienne. Ce faisant, notre perception de l'évolution politique canadienne a dû s'adapter pour englober certains de ces aspects, comme les opinions des travailleurs ainsi que des minorités ethniques et linguistiques, le rôle des femmes dans la société, les conséquences des mouvements de réforme sociale et politique, etc. Le champ de l'histoire politique a été forcément élargi par les historiens qui cherchaient à comprendre et à expliquer l'exercice du pouvoir. L'histoire politique canadienne ne fait donc que commencer par l'étude des hommes politiques et des partis.

L'historien moderne essaie de découvrir et de suivre les différents fils conducteurs de la vie canadienne (économique, sociale et culturelle) qui ont influencé le pays au cours des années et qui orientent sa compréhension des événements politiques. Certains thèmes ont toujours préoccupé les hommes politiques canadiens et conservent leur intérêt pour les historiens. Ainsi, l'étendue du territoire canadien plein de ressources mais peu peuplé a encouragé les hommes politiques à bâtir leurs programmes autour du thème de l'expansion économique nationale et ce, particulièrement après le milieu du XIXe siècle. Sir John A. MACDONALD et sir Wilfrid LAURIER ont tenté d'industrialiser le centre et l'Est du Canada par le biais du PROTECTIONNISME et de coloniser l'Ouest grâce à la construction de chemins de fer et à l'IMMIGRATION massive. Pour John DIEFENBAKER, l'expansion économique se matérialise par une ouverture du NORD canadien, alors que pour Brian MULRONEY elle se concrétise par la signature d'un accord de LIBRE-ÉCHANGE avec les États-Unis.

Les partis politiques font souvent appel à des considérations économiques pour rassembler les Canadiens. Ainsi, un des arguments en faveur de la CONFÉDÉRATION est qu'elle devait, entre autres, résoudre les malheurs économiques de l'AMÉRIQUE DU NORD BRITANNIQUE . Les questions économiques ont cependant souvent divisé amèrement les Canadiens. Par exemple, la construction de chemins de fer était présentée comme nécessaire pour ouvrir le pays et augmenter le commerce, mais leur nombre, leur propriété (privée ou gouvernementale) et la politique à ce sujet ont divisé les Canadiens (voir CHEMIN DU FER, HISTOIRE DU). Des politiques dites nationales, comme la protection tarifaire, pouvaient être présentées à la population comme souhaitables pour tous : elles n'offraient pas seulement un marché restreint au fabricant mais aussi des emplois pour les travailleurs. Plus récemment, les défenseurs de l'Accord de libre-échange soutenaient que cet accord serait non seulement favorable aux manufacturiers canadiens mais créerait aussi de nouveaux emplois et réduirait les prix à la consommation. De nombreux projets économiques potentiellement explosifs ont été au coeur de la plupart des querelles fédérales-provinciales (voir RELATIONS FÉDÉRALES-PROVINCIALES).

Un territoire vaste et diversifié a aussi favorisé le développement d'économies régionales dont les intérêts ont été extrêmement difficiles à harmoniser (voir ÉCONOMIE RÉGIONALE). On a encouragé l'exploitation des ressources naturelles en alléguant qu'elle permettrait l'enrichissement du pays, mais quand le temps est venu de diviser les bénéfices, l'unité nationale a toujours durement été mise à l'épreuve. Il n'est guère surprenant que l'unité économique et politique canadienne ait obsédé les politiciens fédéraux. Pour obtenir le pouvoir, les partis fédéraux ont dû bâtir des coalitions de classes et de groupes d'intérêts locaux dont les buts étaient souvent contradictoires. De plus, les gouvernements provinciaux ont plutôt partagé les intérêts locaux et régionaux et, par conséquent, se sont souvent vu obligés de défendre ces intérêts contre toute intrusion fédérale.

D'autres influences sur le développement politique intéressent les historiens, comme la RELIGION qui, à une certaine époque, déterminait le vote des citoyens. Des questions comme celles des écoles confessionnelles (voir CATHOLICISME; ÉCOLES SÉPARÉES) et du MOUVEMENT POUR LA TEMPÉRANCE se sont trouvées souvent au centre de débats politiques envenimés. Lorsque l'éducation est devenue une nécessité, les politiciens ont dû élaborer des politiques de réforme des institutions traditionnelles, améliorer les programmes, former les professeurs et augmenter le financement et l'accès aux institutions d'enseignement. L'INDUSTRIALISATION a rendu nécessaire la protection des travailleurs et l'amélioration des conditions de travail, et les gouvernements ont dû intervenir de plus en plus dans les querelles opposant travailleurs et employeurs.

Le spectre du CHÔMAGE a suscité l'élaboration de politiques non seulement destinées à soulager la misère mais aussi à soutenir le pouvoir d'achat des travailleurs, et ce, pour des raisons économiques. L'URBANISATION a modifié les besoins de la population. La santé des citoyens est devenue une question cruciale et les gouvernements ont commencé à participer activement à l'amélioration des soins hospitaliers et médicaux et à en faciliter l'accès. Certains débats ont porté sur l'habitation, l'AMÉNAGEMENT URBAIN ET RÉGIONAL, l'organisation municipale et régionale, les services de garde des enfants, la main-d'oeuvre féminine (voir FEMMES DANS LA POPULATION ACTIVE), la protection des consommateurs et le CRIME. Des groupes de pression et des groupes d'intérêts se sont formés pour promouvoir certaines politiques. Enfin, dans les années 90 plus particulièrement, la nécessité de réduire les déficits budgétaires galopants a entraîné un désengagement de l'État dans de nombreux secteurs d'activité. Les compressions de dépenses qui ont suivi ont provoqué des débats acrimonieux.

Les caractéristiques de la POPULATION ont aussi grandement influencé les politiques canadiennes. L'existence d'une minorité francophone représentant quelque 30 p. 100 de la population, et principalement concentrée au Québec, a marqué le débat sur l'unité canadienne. D'une part, bon nombre de Canadiens français estimaient que les intérêts de leur société étaient très différents de ceux du Canada considéré comme un tout. À leurs yeux, l'unité canadienne signifiait l'assimilation et la destruction des bases de la culture canadienne-française (voir NATIONALISME CANADIEN-FRANÇAIS).

D'autre part, le débat sur les « deux nations », engagé au milieu du XIXe siècle (voir DURHAM, RAPPORT) et l'un des thèmes les plus controversés de la politique canadienne au cours des années 60 et 70, a eu tendance à voiler l'hétérogénéité culturelle du Canada anglais et à accorder trop peu d'importance au nombre sans cesse croissant de groupes ethniques et aux AUTOCHTONES. Alors que de nombreux anglophones ont réagi en mettant de l'avant la notion d'égalité des provinces, beaucoup de Canadiens français vivant au Québec aspirent à la souveraineté pour leur province. Les hommes politiques ont habituellement trouvé plus facile de rassembler le Canada français que le Canada anglais autour d'une même cause. En effet, à l'exception de la guerre et, peut-être, de l'opposition à la séparation du Québec, aucune considération n'a été assez forte pour unir une majorité de Canadiens anglais. Dans la plupart des cas, les différences régionales, provinciales, sociales et ethniques se sont révélées plus fortes qu'un LANGAGE commun qui, pour plusieurs, n'est même pas la langue maternelle (voir ETHNIES, LANGUE DES).

Il est impossible d'étudier l'histoire politique canadienne sans reconnaître la force des liens économiques et sociaux qui unissent le Canada à l'Angleterre et, plus tard, aux États-Unis (voir COMMONWEALTH; RELATIONS CANADO-AMÉRICAINES). Tant que la majorité des Canadiens, à l'exception de l'importante minorité francophone, demeurait d'origine britannique, des liens étroits avec la mère patrie, notamment en temps de guerre, étaient préservés. Toutefois, les liens avec l'Angleterre s'affaiblissant, le Canada s'est définit de plus en plus par rapport à sa situation nord-américaine. La décision de la Grande-Bretagne d'adhérer au Marché Commun en 1974 n'a fait qu'accélérer l'affaiblissement des liens avec le Canada et les autres pays du Commonwealth. Les relations économiques avec les États-Unis ont gagné en importance au cours du XXe siècle. Le débat sur les tarifs et la question de la RÉCIPROCITÉ, au coeur des discussions au début du siècle, ont cédé la place, dans les années 60 et 70, à des problèmes touchant l'INVESTISSEMENT ÉTRANGER et le contrôle étranger de l'INDUSTRIE canadienne. À la fin des années 80, le débat acrimonieux sur le libre-échange avec les États-Unis a divisé les Canadiens.

L'indépendance culturelle du Canada a aussi fait l'objet de débats. Déjà, dans les années 20, les Canadiens lisent des revues, écoutent la radio et voient des films américains. Par la suite, leurs moments de loisirs sont de plus en plus meublés par la télévision américaine. Des professeurs américains enseignent fréquemment dans des universités canadiennes mais, dans les années 80, le domaine des études canadiennes se donne des bases plus solides, et les travaux en histoire et en sciences sociales offrent une plus grande variété d'approches que jamais.

Pour une meilleure vue d'ensemble de l'histoire politique canadienne, voir NOUVELLE-FRANCE; ACADIE; PROVINCE DE QUÉBEC; HAUT-CANADA; BAS-CANADA; PROVINCE DU CANADA; PROVINCES ATLANTIQUES; PROVINCES MARITIMES; PRAIRIES OCCIDENTALES et les différents articles présentant chaque province et territoire, de même que les articles suivants : TRAITE DES FOURRURES; PÊCHE, HISTOIRE DE LA; AGRICULTURE, HISTOIRE DE L'; HISTOIRE DEPUIS LA CONFÉDÉRATION.

Parmi les articles traitant en tout ou en partie de thèmes politiques, on trouve : CONQUÊTE; LOYALISTES; GOUVERNEMENT RESPONSABLE; GOUVERNEMENT REPRÉSENTATIF; MOUVEMENT SÉCESSIONNISTE; SCANDALE DU PACIFIQUE; POLITIQUE NATIONALE; RÉFORME URBAINE; FEMME, DROIT DE VOTE DE LA; CRISE DES ANNÉES 30; RELATIONS EXTÉRIEURES ; et de nombreux autres.

La participation du Canada à de nombreux conflits nationaux et à des guerres internationales a été décidée et menée surtout par le pouvoir politique, et ces conflits ont eu des effets sur d'autres événements politiques. Voir GUERRE DE SEPT ANS; GUERRE DE 1812; RÉBELLIONS DE 1837; RÉBELLION DE LA RIVIÈRE ROUGE; RÉBELLION DU NORD-OUEST; GUERRE DES BOERS; PREMIÈRE GUERRE MONDIALE; DEUXIÈME GUERRE MONDIALE; et GUERRE DE CORÉE. Plusieurs autres champs d'intérêt permettent de mieux comprendre l'histoire politique canadienne, comme HISTOIRE CONSTITUTIONNELLE; HISTOIRE INTELLECTUELLE; HISTOIRE SOCIALE; et TRAVAILLEURS, HISTOIRE DES.

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