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Racisme

Le racisme est une croyance selon laquelle les humains peuvent être divisés suivant une hiérarchie du pouvoir en fonction de leurs différences de race et d’ethnicité. Ainsi, certains groupes sont vus comme supérieurs à d’autres uniquement en raison de caractéristiques raciales ou ethniques. Le racisme est souvent exprimé sous forme de préjugés ou de discrimination. Cette croyance peut être manifestée par des individus, mais aussi par des sociétés ou des institutions.
Canadian Illustrated News, 26 April 1879


Début du racisme

Alors que la xénophobie, la peur à l’égard de personnes qui ne nous ressemblent pas, a pendant longtemps constitué un élément des cultures humaines, le concept de « race » apparaît dans la langue anglaise vers le 17siècle. Les Nord-Américains adoptent ce terme dans leurs écrits scientifiques vers la fin du 18siècle. Les scientifiques du 19siècle entreprennent d’étudier le racisme. On tente alors de s’en servir pour tenter d’expliquer les conflits politiques et économiques ainsi que pour justifier le colonialisme et l’impérialisme européens de par le monde.

Vers le milieu du 19siècle, plusieurs racistes s’entendent sur le fait qu’on peut répartir la population du monde entre une variété de races constituées de groupes humains partageant des attributs phénotypiques similaires, tels que la couleur de la peau et la texture des cheveux. Ce processus consistant à cataloguer les races, nommé « racialisation », est un préalable à l’émergence du racisme comme idéologie.

Croyances fondamentales

Le racisme prétend diviser l’espèce humaine en un certain nombre de groupes biologiques différents. Ces groupes déterminent les comportements et les succès des individus qui en font partie. Il s’agit d’une croyance qui perçoit les races comme des subdivisions naturelles et immuables de l’espèce humaine, chacune ayant ses caractéristiques culturelles et son potentiel distinct et variable pour créer et faire évoluer sa civilisation respective. C’est-à-dire que les attributs biologiques peuvent servir à expliquer la diversité sociale et culturelle de l’humanité. Fait aussi partie de cette idéologie la croyance en un ordonnancement naturel et hiérarchique des groupes humains, qui permet aux races supérieures de dominer les autres.

La pensée raciste tient pour acquis que les différences entre groupes sont innées et immuables. Selon elle, l’environnement n’influence donc pas l’intelligence, les attitudes et les croyances. Elle interprète l’existence de groupes au bas et au sommet de la hiérarchie sociale, qui sont le résultat de différences qualitatives dans leur constitution biologique naturelle, et non comme le produit des influences de leur milieu social. Les racistes s’opposent à l’intégration sociale en affirmant qu’elle provoquerait la dégénérescence du groupe supérieur.

Si les différences biologiques ne peuvent pas être perceptibles aussi facilement, les racistes inventent des différences biologiques, par exemple la taille du nez ou la couleur des yeux. Le racisme n’existe pas en raison de la présence de différences physiques objectives parmi l’humain, mais plutôt en raison de la reconnaissance sociale et de l’importance accordée à de telles différences.

L’idéologie raciste repose sur trois suppositions erronées. Premièrement, les différences biologiques vont de pair avec des différences culturelles. Deuxièmement, la constitution biologique prédétermine les réalisations culturelles d’un groupe. Troisièmement, la constitution biologique limite le niveau de développement culturel qu’un groupe peut atteindre. Les recherches montrent le caractère erroné de ces suppositions, qui reposent en bonne partie sur la thèse insoutenable voulant que la biologie soit responsable de tout. Les nombreux faits qui démontrent l’existence de différences plus marquées à l’intérieur des groupes qu’entre eux et l’impact des facteurs sociaux sur les comportements ébranlent sérieusement les croyances racistes. Pour tout dire, si le terme « race » s’emploie dans le langage courant, surtout pour désigner les différentes couleurs de la peau, il n’est guère utile sur le plan biologique.

Racisme institutionnel

Dans les années 1960, l’application du concept de racisme concerne le traitement d’individus et la croyance qu’un individu est inférieur en raison de sa race. Avec le temps, le terme prend de l’ampleur pour inclure le racisme institutionnel, lorsque les institutions politiques, économiques et sociales fonctionnent au détriment d’un individu ou d’un groupe. Le racisme culturel repose sur une prétendue incompatibilité entre des traditions culturelles plutôt que sur des idées de supériorité biologique innée.

Le racisme peut aussi se refléter dans les façons que les institutions sociales fonctionnent, en niant à certains groupes d’individus un traitement juste et équitable. Dans ce cas, on parle de « structures de pouvoirs », autrement nommées « racisme institutionnel ». Ceci comprend l’autorité d’établir ce qui est normal, nécessaire et souhaitable pour favoriser la supériorité ou les préférences d’un groupe par rapport à un autre.

De nombreux exemples de formes de racisme institutionnel se voient dans l’histoire du Canada, notamment des politiques d’immigration restrictives et des politiques contre les peuples autochtones et les immigrants non blancs, en particulier les Asiatiques, les  personnes noires et les Juifs. Le racisme institutionnel se manifeste dans les politiques ou les programmes en apparence neutres sur le plan racial, mais, intentionnellement ou non, désavantageant un groupe minoritaire. Par exemple, dans certaines provinces, le processus de sélection des citoyens pour servir comme jurés a eu comme conséquence que peu d’Autochtones étaient choisis. Ces aspects du racisme démontrent que l’État et les individus dans des postes d’autorité peuvent créer ou perpétuer des politiques ou des pratiques raciales.

Certaines des politiques les plus racistes ont été dirigées envers les peuples autochtones. Jusqu’en 1960, les adultes autochtones ne pouvaient pas voter lors des élections fédérales, à moins qu’ils renoncent à leur statut inscrit sous la Loi sur les Indiens et renoncent à leurs droits issus des traités.

En 1880, le gouvernement du Canada a entrepris de financer des pensionnats conçus pour intégrer les enfants autochtones dans la culture eurocanadienne. Entre les années 1930 et 1990, des écoles religieuses à travers le Canada étaient consacrées à l’assimilation des enfants autochtones dans la culture dominante. Plusieurs enfants ont été enlevés de leurs parents, et soumis à des abus humiliants, à des expériences scientifiques et à de mauvaises conditions de vie. La culture autochtone était régulièrement dénigrée, et plusieurs enfants étaient battus s’ils parlaient leur langue.

Élèves du pensionnat indien de Metlakatla

Le taux de meurtres et de disparitions de femmes autochtones au Canada est beaucoup plus élevé que chez les femmes non autochtones, un fait qui découle des conséquences du racisme, selon plusieurs. Les femmes autochtones représentent seulement 4,3 % des femmes canadiennes, mais représentent 16 % de toutes les victimes d’homicide.

Les Canadiens de race noire font l’objet d’une surveillance policière accrue, et les études témoignent de l’existence du profilage racial. Une étude a établi que les policiers constatent que 33,6 % des conducteurs arrêtés par les policiers de Toronto étaient de race noire, en comparaison avec les 8,1 % de la population totale de race noire.

Lutte contre le racisme

Pendant le dernier quart de siècle, le gouvernement fédéral et ceux des provinces ont édicté des lois pour combattre le racisme. Alors que l’idéologie grossièrement raciste est rare (voir Ku Klux Klan), des exemples de croyances racistes sont encore apparents. Aujourd’hui, le racisme et la discrimination sont plus fréquemment vécus par les minorités visibles.

Le Canada et les provinces ont adopté des lois pour protéger les individus, les groupes et leurs expressions culturelles. Toutefois, des formes de racisme et de discrimination persistent. La Loi canadienne sur les droits de la personne  prohibe la communication haineuse. La loi protège les Canadiens contre tout discours qui fait la promotion de la haine, incite à la haine contre un groupe identifiable basé sur son ethnicité ou la couleur de sa peau.

La Charte canadienne des droits et des libertés énonce les droits constitutionnels essentiels dans une société démocratique et précise que toute loi canadienne doit être conforme avec la Charte. L’égalité entre tous les Canadiens est protégée sous la Charte, et celle-ci assure la garantie de certains droits aux peuples autochtones et affirme l’héritage multiculturel Canada.

La Charte canadienne des droits et libertés

La Loi canadienne sur les droits de la personne protège les individus contre la discrimination basée sur des caractéristiques personnelles, y compris la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle et le statut matrimonial. La Loi sur le multiculturalisme canadien protège les groupes contre la discrimination culturelle et affirme l’engagement envers les nouveaux Canadiens qu’ils peuvent préserver certains aspects de leur culture au Canada. D’autres dispositions législatives importantes se trouvent dans le Code criminel du Canada, qui interdit la promotion de la haine et l’incitation à la propagande haineuse, la Loi sur l’équité en matière d’emploi, qui vise à assurer un traitement équitable dans les pratiques d’embauche des femmes, des Autochtones, des personnes ayant des handicaps et des membres des minorités visibles.

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