Rita MacNeil | l'Encyclopédie Canadienne

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Rita MacNeil

Rita MacNeil, M.C., O.N.S., est auteure-compositrice-interprète (née le 28 mai 1944 à Big Pond, N.-É., décédée le 16 avril 2013 à Big Pond, N.-É.). Rita MacNeil était une auteure-compositrice-interprète indépendante à la voix douce œuvrant dans les genres musicaux folk, populaire et country.

Rita MacNeil

Rita MacNeil, M.C., O.N.S., est auteure-compositrice-interprète (née le 28 mai 1944 à Big Pond, N.-É., décédée le 16 avril 2013 à Big Pond, N.-É.). Rita MacNeil était une auteure-compositrice-interprète indépendante à la voix douce œuvrant dans les genres musicaux folk, populaire et country. Au moyen de sa voix passionnée et profonde, alliant force et fragilité, elle chantait le triomphe sur l’adversité, ce qui lui a permis de se forger un auditoire de musique populaire et country fidèle tant au Canada qu’à l’étranger. Elle fait partie des chanteurs néo-écossais qui ont fait connaître la scène musicale du Cap-Breton à l’échelle nationale et internationale dans les années 1980 et 1990. En 1990 et en 1991, elle a été l’artiste country la plus populaire au Canada, devançant au chapitre des ventes des vedettes états-uniennes comme Garth Brooks et Clint Black. Au cours de sa carrière, elle a lancé 24 albums, et a reçu 3 prix Juno, 4 prix de l’Association de la musique country canadienne, un prix Gémeaux et 11 Prix de la musique de la Côte est. Elle a été intronisée au Temple de la renommée de la musique country du Canada, et investie de l’Ordre de la Nouvelle-Écosse et de l’Ordre du Canada.

Jeunesse

Rita MacNeil naît au Cap-Breton dans une famille nombreuse pauvre, de parents alcooliques. Son enfance est d’autant plus difficile en raison des sévices sexuels d’un oncle et des nombreuses chirurgies requises pour fermer sa fente palatine. Dotée d’une belle voix, elle suit quelques cours de chant, mais apprend surtout de façon autodidacte. Elle tombe enceinte à l’adolescence. Puis, à 17 ans, elle déménage avec son enfant à Toronto à la recherche d’un emploi, qu’elle dénichera dans un grand magasin Eaton. Par la suite, elle se joint au mouvement des femmes et assiste aux réunions du Toronto Women’s Caucus, ce qui l’amène à s’exprimer en écrivant des chansons.

Début de carrière

Rita MacNeil amorce sa carrière d’artiste de façon tardive. Elle fait ses débuts devant un public à Toronto en 1971 dans des lieux dédiés à la musique folk, dont le Riverboat. Ses premières compositions (« Born a Woman », « War of Conditioning ») sont revendicatrices d’un point de vue féministe. Au départ, elle chante communément pour des groupes de femmes, et lors de leurs manifestations et de leurs assemblées. En 1975, elle lance de manière indépendante son premier disque, Born a Woman, et se produit lors de festivals de musique folk, comme le Festival de folklore Mariposa. En 1979, après avoir vécu un certain temps à Ottawa, où elle chante lors de manifestations politiques, elle retourne au Cap-Breton.

Rita MacNeil chante souvent dans les Maritimes, où elle perce auprès des adeptes de musique populaire grand public. Ces derniers l’adoptent peu à peu de façon enthousiaste et, au milieu des années 1980, à l’échelle du pays. En 1980, elle lance de manière indépendante son deuxième disque, Part of the Mystery, suivi, en 1982, de son troisième disque, I Am Not What I Seem. Ce dernier comprend la chanson « Working Man », un hymne poignant qu’elle a écrit en hommage aux mineurs de charbon du Cap-Breton (voir Exploitation du charbon).

Montée en popularité

Rita MacNeil participe à des festivals folk canadiens majeurs en 1983 et en 1984, chante à l’Expo de 1985, à Osaka, au Japon, et se produit pendant plusieurs semaines à l’Expo de 1986, à Vancouver. Son quatrième disque, Flying on Your Own (1986), lui permet de faire la percée commerciale pour laquelle elle travaillait depuis longtemps. Il est certifié double platine (plus de 200 000 copies vendues) au Canada et lui permet, à 42 ans, de remporter le prix Juno de l’interprète féminine la plus prometteuse. La chanson-titre du disque deviendra sa chanson phare. Cette dernière et « Fast Train to Tokyo » ont toutes deux connu un grand succès.

Par la suite, Rita MacNeil signe avec la maison de disques Virgin Records et lance Reason to Believe en 1988. Une nouvelle version de « Working Man », enregistrée avec la chorale Men of the Deeps, remporte un succès populaire, tout comme « Reason to Believe » et « Walk on Through ». L’album est aussi certifié double platine au Canada et lui vaut d’être nommée à la cérémonie des prix Juno dans la catégorie du meilleur album, en plus de connaître un succès de vente en Australie et en Grande-Bretagne. Elle reçoit un grade honorifique de l’Université du Nouveau-Brunswick en 1988, suivi d’un autre, cette fois de l’Université Sainte-Marie, de Halifax, en 1989. Elle se produit avec Men of the Deeps devant 10 000 personnes au Halifax Metro Centre en 1988, puis lors de la cérémonie des prix Juno de 1989, à Toronto.

En 1988, elle lance Now the Bells Ring, un album de Noël comprenant plusieurs de ses compositions, qui sera certifié triple platine au Canada. Elle poursuit en 1989 avec l’album Rita, qui inclut le succès country « I’ll Accept the Rose » et les succès populaires « We’ll Reach the Sky Tonight » et « Crazy Love ». En plus d’être certifié double platine, ce dernier lui vaut d’être nommée à la cérémonie des prix Juno de 1990 dans les catégories du meilleur album, du meilleur compositeur et de l’interprète féminine country de l’année, et lui permet de remporter le prix Juno de l’interprète féminine de l’année.

Années 1990

Le huitième album de Rita MacNeil, Home I’ll Be (1990), comprend le succès populaire « You Taught Me Well » et est certifié double platine au Canada. À la cérémonie des prix Juno de 1991, elle est nommée dans la catégorie du meilleur album, pour Home I’ll Be, et de l’interprète féminine de l’année, et remporte le prix Juno remis à l’interprète féminine country de l’année. Elle reçoit aussi le prix de l’Association de la musique country canadienne, remis à l’album le plus vendu (canadien ou étranger) en 1990 et en 1991, et le prix du choix du public, remis à l’artiste de l’année, en 1991 et en 1992.

Au Canada, les albums Thinking of You (1992) et Once Upon a Christmas (1993), et la compilation de ses plus grands succès, Volume 1: Songs from the Collection (1994), sont tous certifiés platine, alors que l’album Porch Songs (1995) est certifié or. Pour ces derniers, Rita MacNeil est nommée dans la catégorie de l’interprète féminine de l’année aux prix Juno de 1993, de 1994 et de 1996. À la même époque, elle reçoit des grades honorifiques de l’Université Saint-Francis-Xavier, de l’Université Mount Saint Vincent et de l’Université du Cap-Breton. Au cours des années 1990, elle lance Joyful Sounds: A Seasonal Collection (1996), Music of a Thousand Nights (1997) et A Night at the Orpheum (1999), ce dernier enregistré en concert. En 1998, la maison d’édition Key Porter Books publie son autobiographie, intitulée On a Personal Note.

Années 2000

Flying On Her Own, la pièce de théâtre de Charlie Rhindress au sujet de la vie et des chansons de Rita MacNeil, est jouée pour la première fois en 2000 et est publiée par la maison d’édition Playwrights Canada Press en 2008. Rita MacNeil lance Mining the Soul, en 2000, puis Common Dream, en 2002. De plus, elle reçoit la Médaille du jubilé d’or en 2002. Ses derniers albums, Songs My Mother Loved (2006), Pocket Full of Dreams (2008), Rita MacNeil: Live in Concert (2008) et Saving Grace (2012), proposent entre autres des reprises de chansons.

Télévision

En 1990, la télévision de la CBC diffuse un documentaire sur Rita MacNeil et Men of the Deeps. Plus tard, Rita MacNeil anime l’émission de variétés Rita and Friends, de 1994 à 1997, sur les ondes de la CBC, pour laquelle elle reçoit un prix Gémeaux, en plus d’animer plusieurs émissions spéciales sur les ondes du réseau CTV. Rita and Friends attirait sans cesse plus de deux millions d’auditeurs, mais l’émission a été annulée dans la controverse alors qu’elle était au sommet de sa popularité. Timide et réservée sur scène, Rita MacNeil représentait l’antithèse des personnalités télévisuelles typiques, mais c’est ce qui la rendait attachante pour son public. Elle fait plusieurs apparitions dans des émissions de télévision canadiennes, dont The Tommy Hunter Show, Royal Canadian Air Farce et Trailer Park Boys.

Style et popularité de ses concerts

Dès 1988, Rita MacNeil se produit souvent dans de grandes salles de concert canadiennes, comme les théâtres Orpheum et Queen Elizabeth, à Vancouver, ou le Roy Thomson Hall et le O’Keefe Centre, à Toronto, et ce, même si elle est sans cesse rongée par le trac. Elle se produit aussi lors de l’Expo de 1988, à Brisbane, en Australie, part en tournée en Europe, puis, en 1989, fait ses débuts aux États-Unis au Berklee Performance Center, à Boston. Elle fait une tournée au Royaume-Uni en 1991, puis une autre en Australie en 1992, où elle se produira au Royal Albert Hall et à l’Opéra de Sydney. Elle se classe au palmarès des 10 meilleurs succès dans ces deux pays. Cependant, elle ne remporte pas le même succès aux États-Unis. Au cours des années 2000, elle continue de donner des concerts et d’enregistrer des disques. En 2010 et en 2012, elle se produit entre autres en tournée au Canada avec Frank Mills.

Les concerts de Rita MacNeil étaient de facture chaleureuse, survolaient plusieurs genres musicaux, du country au rhythm and blues, et adoptaient un ton inspirant, pouvant émouvoir son public jusqu’aux larmes. Sa voix chargée d’émotion résonnant d’un profond vibrato contrastait avec sa voix parlée lente et timide. Pour elle, la chanson était une source de liberté, et l’image de l’éternelle optimiste ayant surmonté de multiples obstacles (fente palatine, pauvreté, problèmes de poids, timidité) qu’elle projetait l’a aidée à s’attirer un public fidèle.

Écriture musicale

Les succès de Rita MacNeil reposent en grande partie sur ses compositions. Plus de 200 de ses chansons sont enregistrées auprès de Broadcast Music, Inc. (BMI). Anne Murray connaît un succès modeste avec son interprétation de « Flying on Your Own » en 1988, et la chanson « We’ll Reach the Sky Tonight » reçoit un prix de la SOCAN en 1991. Enfin, Rita MacNeil reçoit le Prix national de la SOCAN en 2009.

Ne sachant ni lire ni écrire la musique, elle écrivait ses chansons de manière inhabituelle : elle composait d’abord la musique et les paroles mentalement de manière spontanée, puis enregistrait le tout. En 1997, la maison d’édition Warner Chappell a publié un recueil de ses chansons.

Décès et héritage

Rita MacNeil était considérée comme un pilier de la scène musicale de la côte est. Son esprit indépendant et idéaliste, et son succès durement remporté au Canada et à l’étranger sont une source d’inspiration pour de nombreux artistes. Elle est reçue membre de l’Ordre du Canada en 1992, puis est investie de l’Ordre de la Nouvelle-Écosse en 2005. Cette année-là, elle reçoit aussi le prix d’excellence pour l’ensemble de son œuvre, remis par les Prix de la musique de la Côte est. En 2013, le même organisme lui décerne son prix du 25e anniversaire. Elle donne son dernier spectacle lors de la Semaine de la musique de la Côte est au mois de mars de la même année. Elle décède un mois plus tard, à l’âge de 68 ans, des suites de complications survenues après une intervention chirurgicale. Elle est intronisée au Temple de la renommée de la musique country du Canada à titre posthume en octobre 2013.

Au Cap-Breton, son salon de thé, situé dans une ancienne école de rang qu’elle avait achetée en 1982 et dans laquelle elle a vécu pendant plusieurs années avant d’ouvrir, en 1986, le Rita’s Tea Room and Gift Shop, demeure populaire auprès des touristes.

Lecture supplémentaire

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