Conservatoire royal de musique/Royal Conservatory of Music | l'Encyclopédie Canadienne

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Conservatoire royal de musique/Royal Conservatory of Music

Conservatoire royal de musique (Toronto Conservatory of Music, 1886-1947; Royal Conservatory of Music of Toronto, 1947-1991).

Conservatoire royal de musique (Toronto Conservatory of Music, 1886-1947; Royal Conservatory of Music of Toronto, 1947-1991). Incorporé à Toronto le 20 novembre 1886, le conservatoire ouvre ses portes en septembre de l'année suivante avec un effectif initial de plus de 100 élèves (283 à la fin du premier trimestre) et un personnel d'environ 50 professeurs. Edward Fisher, qui a joué un rôle majeur dans son organisation, en est le premier directeur musical; Marion Ferguson est responsable de l'admission des élèves. Le Conservatoire royal de musique devient rapidement le conservatoire le plus célèbre du Canada et l'un des établissements de formation musicale les plus importants du Commonwealth, statut qu'il atteint grâce à un enseignement professionnel, à un système d'examens d'une portée nationale et à un corps enseignant qui dirige en grande partie l'expansion et le développement de la musique au Canada. Tout en adaptant ses programmes d'études aux changements majeurs qui surviennent dans le développement de l'enseignement supérieur de la musique pendant les années 1960 et 1970, le conservatoire continue à jouer un rôle important dans la vie musicale du Canada.

Histoire du Conservatoire royal de musique

Premières années
En 1887, outre les cours pratiques et théoriques de musique, il offre des cours d'élocution, de langues étrangères, d'éducation musicale pour les écoles publiques, d'acoustique, d'accordage de pianos ainsi que d'anatomie et d'hygiène de la voix. On y trouve aussi des professeurs de saxophone (1888) et de guitare et cithare (1893). À cette époque, la vie musicale de Toronto profite d'une saine rivalité entre différentes écoles de musique et entre les personnalités qui y sont associées. Le Toronto Conservatory of Music (TCM), tel qu'initialement nommé, est affilié à l'Université de Trinity College de 1888 à 1904 et à l'Université de Toronto en 1896 afin de préparer les candidats aux examens menant au diplôme universitaire. Les conservatoires offrent les cours et les universités font passer les examens.

Dès sa fondation, le conservatoire est une entreprise de grande envergure. Son programme est réparti en deux départements - l'Academic, pour jeunes élèves et amateurs, et le Collegiate, qui offre une formation professionnelle aux futurs interprètes et professeurs. Les examens aux niveaux préparatoire, intermédiaire et terminal conduisent au diplôme d'Associate (A.T.C.M.) tandis que le Fellowship (F.T.C.M.), inauguré en 1890 et décerné jusqu'en 1914, où il est remplacé par le diplôme de Licentiate (L.T.C.M., voir aussi Diplômes), est attribué aux étudiants qui terminent deux cours supérieurs. Les normes exigées au niveau des études supérieures au conservatoire sont reconnues par l'Université de Toronto; les récipiendaires des diplômes du conservatoire sont exemptés des examens du B. Mus. de la première et de la deuxième année. Le premier diplômé de la classe de piano est J.D.A. Tripp en 1889. L'établissement décerne 169 certificats en 1891, et 25 élèves reçoivent des diplômes. La croissance remarquable de ces premières années correspond à l'arrivée de nombreux musiciens éminents à titre de professeurs. Un orgue à trois claviers est installé par Warren and Sons en 1889 dans l'Association Hall du YMCA, à proximité du TCM, au bénéfice des professeurs d'orgue, A.S. Vogt et J.W.F. Harrison. J. Humfrey Anger, nommé en 1892, met sur pied un programme exceptionnel de matières théoriques.

À ses débuts, le conservatoire occupe deux étages au-dessus d'un magasin de musique à l'angle de la rue Yonge et de l'avenue Wilton (plus tard Dundas Square). Même s'il réussit à agrandir ces locaux en 1892, un nouvel édifice aux installations plus adéquates est construit en 1897 au coin sud-ouest de la rue College et de l'avenue University. Ce bâtiment comprend une salle de réception, des bureaux, 25 salles de cours, une salle de conférence et une salle de concert où est placé l'orgue Warren. En 1899, on ajoute 25 studios ainsi qu'un orgue de pratique à deux claviers construit par Edward Lye and Sons. À l'intention des élèves venant de l'extérieur, deux édifices adjacents du côté sud sont réaménagés en 1902 comme résidence de jeunes filles, et un autre du côté ouest loge 15 studios additionnels. Cette expansion physique est une conséquence de la croissance de tous les départements pendant le mandat d'Edward Fisher (1886-1913).

Peu après avoir emménagé rue College, le conservatoire introduit à son programme la méthode musicale Fletcher pour les jeunes enfants et tient une session pédagogique au cours de l'été 1898; la même année, il inaugure des centres d'examens locaux dans plusieurs villes de l'Ontario. Le conservatoire élargit aussi son enseignement par l'ouverture en 1905 des premières écoles affiliées dans des secteurs résidentiels de Toronto; en 1915, on en compte huit. Bertha Drechsler Adamson forme le Conservatory String Quartet (1901-1904), puis un orchestre à cordes. En 1906, Frank Welsman fonde et dirige le Toronto Conservatory Orchestra, qui devient l'Orchestre symphonique de Toronto deux ans plus tard. Parmi les diplômés de cette première période figurent Frank Blachford (violon, 1897), Mona Bates (piano, 1907) et Cora Ahrens (piano, 1911).

En 1910, le conseil d'administration transforme le conservatoire en fiducie privée afin de s'assurer que tous les profits servent au développement artistique. En 1912, l'établissement compte 2000 élèves inscrits, et le personnel enseignant inclut des musiciens éminents : A.T. Cringan (éducation musicale), Albert Ham (chant et orgue), Frank Blachford (violon), Edward Broome (orgue) et Leo Smith (violoncelle et matières théoriques). Au moment de la mort d'Edward Fisher (1913), le conservatoire joue un rôle important dans l'éducation musicale au Canada.

Partenariat avec l'Université de Toronto

Augustus Vogt, très connu à titre de chef du Choeur Mendelssohn de Toronto, devient principal du conservatoire en 1913. Il travaille en étroite collaboration avec le président, sir Edmund Walker, afin de resserrer les liens du conservatoire avec l'université et de garantir la continuité et la stabilité financière du TCM; Walker est aussi à cette époque président du conseil d'administration de l'université. En vertu d'une loi de l'Assemblée législative de l'Ontario (1919), la propriété et les biens du conservatoire sont cédés à l'université et, en 1921, la direction passe aussi sous le contrôle de l'université par l'intermédiaire d'un conseil d'administration dont les membres sont nommés chaque année par l'université. La fusion des deux établissements est consolidée en 1918 par la nomination de Vogt au poste de doyen de la faculté de musique, inaugurée en 1919. Cette double fonction, ajoutée à la coexistence des deux établissements sous un même toit (jusqu'en 1962), contribue à cimenter leur association au point de vue administratif.

En 1924, le conservatoire se porte acquéreur de la Canadian Academy of Music, dont le président, le colonel Albert Gooderham, est nommé président du conseil d'administration du TCM. À la fin des années 1920, le nombre de conservatoires à Toronto, autrefois considérable, est réduit à deux, le second étant le Hambourg Conservatory. Cette évolution permet à Vogt de consolider la position du TCM, qui est probablement le plus important de la ville depuis le début du siècle et qui n'a bientôt plus de concurrents à Toronto. Vogt assure à l'établissement une direction énergique sur plusieurs plans. L'une des expansions les plus significatives est le programme d'interprétation (1914-1952) offert au conservatoire même et conduisant au diplôme de Licentiate. Pendant le mandat de Vogt, Healey Willan, qui succède à Anger à la tête du département des matières théoriques, est nommé vice-principal (1920-1936) du conservatoire, et Luigi von Kunits, chef du Conservatory Orchestra en 1924. Vogt augmente le nombre des centres d'examens locaux et, vers la fin de son mandat (1913-1926), le nombre d'élèves est passé à près de 7500, et celui des candidats aux examens dépasse 16 000.

Ernest MacMillan est nommé principal en 1926 et, dès l'année suivante, il accède au poste de doyen de la faculté de musique. Les premières années de son mandat sont caractérisées par la diversité de son action et de multiples développements artistiques. Les services de la bibliothèque sont améliorés et des cours sur la méthode de rythmique Dalcroze sont introduits en 1927. MacMillan dirige le Conservatory Choir, qui présente chaque année la Passion selon saint Matthieu en plus d'autres oeuvres chorales d'envergure, en collaboration avec le TSO. Le Conservatory String Quartet regroupé par Elie Spivak (1929-1946; son prédécesseur est actif de 1901 à 1904) suscite beaucoup d'intérêt pour la musique de chambre. En 1930, Donald Heins succède à von Kunits comme chef du Conservatory Symphony Orchestra. Une compagnie d'opéra est fondée et monte plusieurs productions au cours de son existence, de 1928 à 1930 (voirUniversity of Toronto Opera Division).

Un certain nombre de changements significatifs dans le programme scolaire surviennent pendant les années 1930, notamment une révision majeure de l'enseignement du piano en 1934; des améliorations dans les tests de lecture à vue et de formation auditive; des exigences plus rigoureuses dans les disciplines théoriques pour l'obtention du diplôme d'Associate. En 1935 est inauguré un système d'examens basé sur des niveaux de I à X et, en vertu d'une entente avec le ministère de l'Éducation de l'Ontario, les crédits obtenus au conservatoire deviennent valides dans les écoles secondaires et pour l'admission à l'université. Les programmes d'été du conservatoire commencent en 1938, avec des cours de formation auditive et de pédagogie du piano donnés par Charles Peaker, Alberto Guerrero et Boris Berlin. Le principal du conservatoire est automatiquement directeur de l'école d'été jusqu'en 1950, lorsque les deux postes sont attribués de façon indépendante. Frederick Silvester est le premier à être directeur de l'école d'été. En tant que secrétaire des examens (1929-1946) et que secrétaire du conservatoire (1946-1966), Silvester est associé à plusieurs de ces changements.

À la requête du président de l'université et du conseil d'administration du conservatoire, et avec le soutien de la fondation américaine Carnegie, Ernest Hutcheson (alors président de la Juilliard School) examine les possibilités d'expansion de l'éducation musicale au Canada. Il conclut notamment que le conservatoire fait moins office d'école que de chambre de compensation pour les professeurs privés - le conservatoire fournissant des studios pour l'enseignement et des services administratifs en retour desquels les professeurs cèdent un pourcentage de leurs cachets. Hutcheson émet l'opinion que les professeurs non salariés sont probablement intéressés avant tout à garder les élèves doués dans leurs propres classes et se préoccupent assez peu de donner un enseignement englobant tous les aspects de la musique, y compris les matières théoriques. Il suggère par conséquent de réduire le personnel enseignant et de le rémunérer par un salaire, et de mettre davantage l'accent sur l'aspect global des programmes d'études à l'intention des élèves de niveau supérieur de calibre professionnel. Il recommande également de mettre sur pied une division préparatoire et des cours d'été.

Le rapport de Hutcheson (1937) n'est pas mis en pratique à l'époque (en partie à cause de la Deuxième Guerre mondiale), mais ses recommandations mènent à l'inauguration d'une division d'études supérieures au sein du conservatoire en 1946. Une baisse des inscriptions est attribuée à la dépression et à la guerre. Pendant la saison 1940-1941, 4654 étudiants sont inscrits aux cours et 12 495 aux examens. En 1942, appelé par d'autres fonctions, sir Ernest MacMillan démissionne du poste de principal. Son successeur, Norman Wilks, meurt en 1944 après un court mandat et est remplacé par Charles Peaker, qui est principal jusqu'en 1945.

La longue association entre le TCM et la Frederick Harris Music Company remonte à la première publication des cahiers du conservatoire pour les débutants (piano en 1916 et études vocales en 1924). Parmi les autres sociétés qui publient des cahiers d'examens du conservatoire, notons Anglo-Canadian, Heintzman, Nordheimer, Gordon V. Thompson et Whaley Royce. Cependant, Frederick Harris devient l'éditeur exclusif du TCM en 1944. La même année, Harris remet au conservatoire ses actions dans la compagnie en stipulant que leurs revenus devaient servir à des bourses d'études, cédant à toutes fins utiles le contrôle de la compagnie à l'Université de Toronto.

En reconnaissance de l'influence considérable exercée par le conservatoire et avec le consentement du roi George VI, l'établissement est rebaptisé Royal Conservatory of Music of Toronto (RCMT) le 1er août 1947 et le nom des diplômes est modifié en conséquence. L'A.T.C.M. (Associate, Toronto Conservatory of music) devint l'A.R.C.T. (Associate, Royal Conservatory of Toronto) et le L.T.C.M. (Licentiate, Toronto Conservatory of music) devient le L.R.C.T. (Licentiate, Royal Conservatory of Toronto).

Expansion de l'après-guerre

Pendant le mandat d'Ettore Mazzoleni au poste de principal (1945-1968), l'école connaît une expansion sans précédent due en partie à la présence des vétérans de la Deuxième Guerre mondiale dont les études sont subventionnées par des prestations du ministère des Anciens combattants. Mazzoleni dirige le Conservatory Orchestra depuis 1934. Deux autres personnalités éminentes contribuent aux réalisations de cette période : Edward Johnson, président du conseil (1947-1959), et Arnold Walter, nommé directeur de la nouvelle Senior School en 1946. Cette école de niveau supérieur offre un programme de deux ans comprenant une formation professionnelle d'interprète accompagnée de cours connexes de matières théoriques et d'histoire. Le succès remporté par cette initiative dès ses débuts donne lieu à d'autres révisions du programme d'études, y compris, en 1948, l'implantation d'un programme de trois ans conduisant à un Artist Diploma. Walter dirige également l'école d'opéra du conservatoire (fondée en 1946), qui assure un apprentissage dans tous les domaines de l'art lyrique. Nicholas Goldschmidt, directeur musical, Felix Brentano et plus tard Herman Geiger-Torel, metteurs en scène, et Floyd S. Chalmers, responsable du comité féminin pour l'opéra et les concerts, secondent Walter dans cette expansion stimulante qui aboutit à l'Opera Festival et, par la suite, à la fondation de la Canadian Opera Company en 1959.

L'excellence du niveau artistique dont témoignent ces réalisations donne une idée de l'enthousiasme des anciens combattants et des autres élèves face aux nombreux défis des années difficiles de l'après-guerre. Quelques jeunes Canadiens parmi les plus doués se dirigent vers le Conservatoire royal de musique de Toronto et l'Université de Toronto à la fin des années 1940 et au début des années 1950 afin de profiter pleinement des nouveaux programmes. Parmi ceux qui poursuivent ensuite une carrière musicale de marque, citons John Beckwith, Mario Bernardi, George Crum, Ray Dudley, Victor Feldbrill, Gisèle MacKenzie, Glenn Gould, Elizabeth Benson Guy, Betty-Jean Hagen, Gordon Kushner, Andrew MacMillan, Lois Marshall, James Milligan, Mary Morrison, Phil Nimmons, Clermont Pépin, Patricia Rideout et Jon Vickers. D'autres, y compris Lorne Betts, Harry Freedman, Harry Somers et Andrew Twa, étudient la composition à titre privé avec John Weinzweig. Avec les élèves inscrits au programme de la faculté de musique, interprètes et compositeurs s'épanouissent dans un climat d'excellence artistique et de confiance dans l'avenir.

Le programme de l'école secondaire est intégré à l'institution (dans un climat de controverse et de discorde au milieu duquel MacMillan démissionne de son poste de doyen) lors de la restructuration de 1952 au cours de laquelle l'université crée deux divisions principales regroupées sous la désignation globale de Conservatoire royal de musique. L'école de musique, avec Mazzoleni comme principal, maintient les programmes d'études traditionnels du conservatoire dans les domaines de l'enseignement et des examens préparatoires, continue de décerner le diplôme d'Associate (A.R.C.T.) et conserve la responsabilité de l'école d'opéra. La faculté de musique, dirigée par Arnold Walter, offre des programmes conduisant à des grades ainsi qu'aux diplômes de Licentiate (repris de l'école de musique) et d'Artist de l'Université de Toronto. Boyd Neel devient administrateur en chef à sa nomination comme doyen du conservatoire en 1953. En 1952, le nouveau Licentiate devient un diplôme d'enseignement; l'Artist Diploma sanctionne les études supérieures en interprétation. En 1954, les lettres patentes originales du TCM sont révoquées et tous ses biens sont cédés à l'Université de Toronto.

La croissance continue des deux établissements pendant les années 1950 crée un sérieux problème d'espace physique exigeant une fois de plus l'agrandissement et l'amélioration des locaux. En 1962, l'université vend à Hydro-Ontario la propriété à l'angle de la rue College et de l'avenue University et la faculté de musique s'installe dans le nouvel édifice Edward Johnson de l'Université de Toronto. En 1963, l'école de musique emménage dans l'ancien édifice McMaster de la rue Bloor, dont les installations rénovées comprennent une salle de concert de 265 places, une salle de récital, trois orgues et deux petits studios de musique électroacoustique. Durant le dernier mandat de Mazzoleni (été 1962), un cours spécial élargi de méthode Orff est introduit au programme. C'est le premier cours à être enseigné dans le nouvel édifice Edward Johnson. L'Artist Diploma est maintenu parallèlement au programme de baccalauréat en interprétation de la faculté, inauguré en 1965.

David Ouchterlony, responsable des succursales (1947-1968), devient principal de l'école de musique en 1968, à une période où d'autres changements administratifs se préparent. La direction de l'école d'opéra est de nouveau confiée à l'université en 1969.

Changement et réforme : des années 1970 au début des années 1990

En 1970, après une réorganisation de ses départements de musique, l'université rend à l'école de musique le nom historiquement plus juste de « Royal Conservatory of Music » , et le doyen de la faculté de musique devient l'administrateur en chef de la musique et est investi d'autorité, autant sur la faculté que sur le conservatoire. Bien qu'un tel système soit en vigueur pendant le mandat de John Beckwith au poste de doyen (1970-1977), le conservatoire demeure en réalité une entité distincte suivant les principes qui ont prévalu jusqu'en 1952. Sous la direction d'Ouchterlony (1968-1977), le conservatoire répond à un intérêt croissant pour l'étude de la musique comme activité enrichissante de l'homme contemporain, pratiquée pour elle-même sans ambition professionnelle. Gordon Kushner est principal par intérim en 1978, avant la nomination d'Ezra Schabas plus tard la même année. Pendant le mandat de ce dernier, le programme de formation orchestrale, subventionné sur une base annuelle par Emploi et Immigration Canada, est mis sur pied (1979); le personnel enseignant, en particulier pour les instruments d'orchestre, est considérablement augmenté; le programme pour enfants doués est mis en place. Certaines de ces initiatives avivent le conflit de juridiction entre la faculté et le conservatoire.

L'existence de ce qui est devenu une école de musique essentiellement communautaire avec un système d'examens à l'échelon national établi de longue date, dans les limites d'une institution postsecondaire dotée d'une faculté de musique, finit inévitablement par créer des problèmes à la fois sur le plan administratif et sur le plan de l'enseignement. Études et rapports se font de plus en plus fréquents (1973, 1977, 1981), contenant tous des recommandations quant à l'organisation et à l'exploitation de l'école et de la faculté ainsi que des domaines de leur juridiction. Mais aucun ne traite efficacement des véritables problèmes. En janvier 1983, l'université désigne un nouveau comité ayant pour mandat d'élaborer un programme « pour l'intégration des deux divisions par l'entremise desquelles l'université offre des cours de musique ». Dans son rapport présenté le 19 juin 1984, le comité rejette ce mandat et recommande que le Conservatoire royal de musique de Toronto devienne une institution autonome. Le conseil d'administration donne son accord de principe à cette recommandation le 18 avril 1985 puis, en avril 1986, l'université désigne un conseil consultatif au nom du conservatoire afin de faciliter les négociations devant mener à la séparation. Celles-ci se prolongent jusqu'au 8 février 1990, alors que les membres approuvent les modalités finales de la séparation, dont le transfert de biens tels que l'édifice McMaster, les succursales en place et la Frederick Harris Music Co. La Loi sur le Conservatoire royal de musique (projet de loi 70), votée par le corps législatif de l'Ontario et établissant le Conservatoire royal de musique comme entité indépendante, est sanctionnée le lendemain, soit le 27 juin 1991.

Tel que recommandé dans le rapport de 1984 et simultanément aux négociations de séparation, le RCMT entreprend un examen intensif de ses programmes et de ses activités. Par exemple, pour faire suite au plan de développement mis de l'avant par Robert Creech (vice-principal, 1987-1991), le RCMT ajoute à son programme d'études générales celui d'études professionnelles - quatre programmes menant à des diplômes d'études postsecondaires : en 1987, le Performance Diploma de quatre ans (licencié L.P.R.C.M.) et l'Artist Diploma de deux ans; en 1988, le Resident A.R.C.T. Honours de quatre ans et le diplôme Artist-Teacher licencié en interprétation et pédagogie (L.P.P.R.C.M.) de trois ans. En 1990, les études professionnelles incluent deux programmes précollégiaux à temps partiel pour enfants doués.

La Royal Conservatory of Music Commission on the National Examination System, mise sur pied en 1991 par les commissaires Norman Burgess, Warren Mould et Campbell Trowsdale, ne se contente pas de réviser le système national d'examens du RCMT et de formuler des recommandations de grande envergure pour son amélioration; elle fournit en outre une étude comparative d'autres systèmes d'examens utilisés dans le monde. John Kruspe fait la révision des matières théoriques, des programmes d'histoire et des méthodes d'enseignement; Trowsdale examine le mode de fonctionnement des publications et les rapports avec la compagnie Frederick Harris.

Durant les années 1980, la direction du RCMT est d'abord assurée par Schabas, suivi de Gustav Ciamaga (principal intérimaire, 1983-1984), Robert Dodson (principal intérimaire, 1984-1987; principal, 1987-1988) et Gordon Kushner (principal intérimaire, 1988-1991).

D'autres faits dignes de mention se produisent au cours de cette décennie. L'association des professeurs du conservatoire (formée au milieu des années 1970) est reconnue comme unité de négociations pour les conventions collectives de travail (26 octobre 1984). Le RCMT célèbre sa 100e saison de bien des manières, notamment en présentant au Roy Thomson Hall un concert exceptionnel diffusé à la radio et à la télévision de la SRC mettant en vedette « les étoiles du conservatoire » (10 février 1987); il reçoit un prix spécial du Conseil canadien de la musique en reconnaissance de sa contribution unique pendant 100 ans; il publie en 1988 la série de cahiers gradués Centennial Celebration consacrée au répertoire pour piano, dont les pièces sont enregistrées la même année par des professeurs du RCMT. En juin 1989, il accueille le colloque national « Partners in Music » présenté par l'Association des conservatoires et des collèges de musique au Canada, ayant pour thème le rôle du conservatoire en formation musicale au Canada. Toujours en 1989, le RCMT met sur pied la Summer Performance Academy, un programme de deux semaines en résidence au collège Appleby d'Oakville, en Ontario. En 1991, 130 étudiants en interprétation sont inscrits au programme de quatre semaines dirigé par Angelo Calcafuoco. De plus, un programme d'échange entre le conservatoire et la Manhattan School of Music de New York est signé le 18 avril 1991. L'accord comporte notamment la désignation de professeurs à des postes conjoints et permet aux diplômés du RCMT d'accéder aux programmes d'études supérieures.

Peter C. Simon (né en Hongrie en 1949) est nommé au poste de président le 1er septembre 1991. Le RCMT offre alors des cours d'instruments à clavier, de chant, d'instruments d'orchestre et autres ainsi qu'un éventail complet de cours de matières théoriques de même que des leçons d'élocution et d'art dramatique, des études de direction et de musique ancienne et des programmes pour enfants et pour jeunes. En plus de l'édifice principal de la rue Bloor, le conservatoire possède neuf succursales : six dans la région métropolitaine de Toronto, une à Brampton, une à Mississauga et une autre à Oakville. Le conservatoire fait passer des examens à quelque 86 000 candidats dans 228 centres d'une extrémité à l'autre du Canada et dans 8 centres à l'étranger pour l'obtention de certificats d'études et de diplômes d'Associate comme interprète, professeur et compositeur. Parmi les autres programmes courants du conservatoire figurent l'école d'été, des ateliers spéciaux, des cours de matières théoriques par correspondance ainsi que des ensembles instrumentaux et choraux pour tous les degrés de compétence. Les séries « Wednesday Noon Hour Recital » et « Thursday Twilight Concerts » ainsi que les séries de concerts du soir et de concerts symphoniques deviennent des manifestations régulières faisant partie de la vie musicale de Toronto, qu'elles aient lieu au RCMT ou à d'autres endroits tels que le Musée des beaux-arts de l'Ontario ou l'Exposition nationale canadienne. Les récitals gratuits d'élèves sont aussi une tradition depuis longtemps établie.

Le Conservatoire royal de musique à l'aube du 21e siècle

Sous la présidence de Peter C. Simon, le conservatoire élargit sa gamme de programmes de formation de façon significative. Avec un énoncé de mission renouvelé (« développer le potentiel humain par les arts »), le Conservatoire royal met de l'avant des programmes innovateurs, comme le programme d'apprentissage par les arts (Learning Through the Arts ou LTTA), offert dès 1995, un programme scolaire structuré autour de l'enseignement d'un tronc commun par l'écriture de chansons, le conte, la danse et la photographie. Le programme est implanté dans une dizaine d'écoles au Canada et à l'étranger. En 1997, le programme pour enfants doués du Conservatoire royal est établi en tant que le Young Artists Performance Academy, offrant aux jeunes étudiants une formation en musique, art dramatique, improvisation et mouvement.

Le centre de formation professionnelle du Conservatoire royal de musique est rebaptisé École Glenn Gould en 1997. Désignée établissement national de formation par le gouvernement, l'École décerne des baccalauréats et des diplômes d'artistes et offre des cours de maître avec des artistes de la scène de renommée internationale. Le programme offre des possibilités de performance avec quelques-uns des organismes artistiques les plus éminents de Toronto, comme l'Orchestre symphonique de Toronto, la Compagnie d'opéra canadienne et la SRC. Les diplômés de renom de l'École Glenn Gould sont, entre autres, Isabel Bayrakdarian (soprano), Mariko Anraku (harpiste) et Li Wang (pianiste). Poursuivant la tradition du Conservatoire royal de musique, l'École propose des récitals gratuits chaque semaine. Elle est financée par le ministère du Patrimoine canadien par le biais du Programme national de formation dans le secteur des arts et du Conseil des arts de l'Ontario. En 2002, l'ensemble de musique de chambre des Artistes du Conservatoire de musique (Artists of the Royal Conservatory ou ARC) est formé afin de présenter les professeurs et les diplômés de l'École Glenn Gould. Avec à sa tête le directeur artistique Simon Wynberg, le groupe maîtrise les œuvres musicales qui ne font pas partie du répertoire classique. Depuis la signature d'un contrat d'enregistrement avec SONY BMG Masterworks en 2006, l'ensemble est mis en nomination pour deux Prix Grammy (2006, 2007) et effectue une tournée internationale avec une série de concerts intitulée Music in Exile.

Le centre TELUS pour l'interprétation et l'apprentissage

En 2008, le Conservatoire royal change de locaux et s'installe dans le centre TELUS pour l'interprétation et l'apprentissage spécialement construit pour lui. Le centre TELUS est adjacent à l'édifice historique du Conservatoire royal de musique de la rue Bloor et gagne la médaille du gouverneur en architecture en 2010. Le centre dispose de nouveaux espaces pour les cours, l'administration et les spectacles, dont 77 studios, 20 salles de cours, le Conservatory Hall - une salle à usage multiple pour les spectacles et les répétitions -, un laboratoire de technologie musicale et la bibliothèque Rupert Edwards. La pièce maîtresse est le Koerner Hall, une salle de concert de 1135 places inaugurée le 25 septembre 2009 par un concert mettant en vedette le pianiste Anton Kuerti, les membres du Chœur Mendelssohn de Toronto et l'ensemble de l'ARC. Une oeuvre commandée à R. Murray Schafer, Spirits of the House, est créée et un extrait de six minutes tiré du film Genius Within: The Inner Life of Glenn Gould est projeté. Le concert est le principal événement d'un festival de dix jours célébrant l'ouverture de la salle de concert. Koerner Hall acquiert une réputation mondiale pour son acoustique et attire des musiciens de renommée internationale, comme Yo-Yo Ma, Frederica von Stade, The Tallis Scholars, James Ehnes, Tafelmusik, Ravi Shankar et Chick Corea.

Le Conservatoire royal continue de mener ses examens trois fois par année dans ses centres d'examens à travers le pays. En 2003, l'expansion en territoire américain est accentuée grâce à l'ajout de 40 centres d'examens. Le 25 mars 2011, le Conservatoire royal de musique annonce son association avec le Carnegie Hall, ce qui permet également d'augmenter la visibilité du Conservatoire aux États-Unis.

Professeurs réputés

Le conservatoire emploie des professeurs de premier ordre tout au long de son existence. Beaucoup d'entre eux sont réputés à la grandeur du pays, et quelques-uns à l'échelle internationale : Boris Berlin, Hayunga Carman, Reginald Godden, Alberto Guerrero, Gordon Hallett, Marek Jablonski, May Kelly Kirby, Antonín Kubálek, Earle Moss, Ernest Seitz et Pierre Souvairan pour le piano; Greta Kraus pour le clavecin; Irene Jessner, Emmy Heim, Weldon Kilburn, George Lambert, Dorothy Allan Park et Ernesto Vinci pour le chant; Géza de Kresz, Moshe Hammer, Eugene Kash, John Montague, Kathleen Parlow et Elie Spivak pour le violon; Marcus Adeney et Leo Smith pour le violoncelle; Frederick J. Horwood, Eric Rollinson et Molly Sclater pour les matières théoriques; Samuel Dolin (qui établit également un studio de musique électroacoustique en 1966) et John Weinzweig pour la composition; Madeleine Boss Lasserre pour la rythmique. Le pianiste Warren Mould (registraire de 1966 à 1976) enregistre en 1971 huit disques d'oeuvres de difficultés progressives tirées des cahiers publiés par le conservatoire (RCP-GI à RCP-GVIII). Les professeurs invités à donner des classes de maître au niveau des programmes d'études professionnelles sont notamment Lise Elson, Leon Fleisher, José Luis Garcia et Jaime Laredo.

Prix et distinctions

Le conservatoire commence à décerner des diplômes honorifiques en 1982 avec l'attribution d'un A.R.C.T. h.c. à Louis Applebaum. Parmi les autres musiciens honorés ainsi, mentionnons Zara Nelsova (1986), Nicholas Goldschmidt (1987) et Adelmo Melecci (1988). Ont reçu un Artist Diploma h.c. : Leo Barkin et Peter C. Simon en 1989 ainsi que Norman Burgess et John Kruspe en 1991. Toujours en 1991, les professeurs du RCMT Irene McLellan, Eugene Kash et Gordon Kushner reçoivent le titre de Fellow (F.R.C.M.T.) nouvellement créé. Les autres récipiendaires sont, entre autres, Isabel Bayrakdarian (2004), Bramwell Tovey (2005) et Blue Rodeo (2007).

Publications

The Conservatory Bi-Monthly (janv. 1902-1912).

The Conservatory Monthly (1912-oct. 1913).

Toronto Conservatory of Music Alumni Gazette (1916-1918).

The Conservatory Quarterly Review (1918-1935).

The Toronto Conservatory of Music Bulletin (1935-1947).

Royal Conservatory of Music of Toronto Monthly Bulletin (1948-1964).

The Bulletin (1964-1974).

ConNotes (mai 1980-sept. 1986).

The RCM Bulletin (nov. 1986 -), paru comme encart dans Music (nov.-déc. 1987-mai-juin 1991).

RCM Newsletter (1988-1990); rebaptisé RCM Dialogue (1990-).

Music in our Lives: The Royal Conservatory of Music National Magazine (1996-).

Motif Quarterly (2003?-).

Bibliographie

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Lecture supplémentaire

Liens externes