Sir Charles Bagot | l'Encyclopédie Canadienne

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Sir Charles Bagot

Sir Charles Bagot, diplomate (né le 23 septembre 1781 à Blithfield Hall, en Angleterre; décédé le 19 mai 1843 à Kingston, au Canada). Issu d’une famille riche et influente, Charles Bagot a été élu au Parlement britannique en 1807. Il a servi au sein du Cabinet en tant que sous-secrétaire d’État aux affaires étrangères avant d’être nommé ministre britannique en France (1814), aux États-Unis (de 1816 à 1819), en Russie (de 1820 à 1824), et aux Pays-Bas (de 1824 à 1832). En tant que ministre britannique aux États-Unis, il a négocié l’Accord Rush-Bagot de 1817 qui a réduit le nombre de navires militaires sur les Grands Lacs et le lac Champlain, et il a contribué à sécuriser la frontière canado-américaine. De 1841 à 1843, il a été gouverneur général de la Province du Canada, faisant la promotion d’un gouvernement responsable et de l’égalité entre les francophones et les anglophones dans la colonie.

Jeunesse

Charles Bagot naît dans une famille aristocratique à leur domaine, Blithfield Hall, à 8 km au nord de Rugeley, en Angleterre. Sa mère est la fille du 2e vicomte St John, et son père, William Bagot 1er baron Bagot, est un membre de longue date du Parlement. Charles Bagot fréquente la prestigieuse Ruby School et en 1804, il obtient sa maîtrise à la Oxford University.

Charles Bagot épouse Mary Charlotte Anne Wellesley-Pole, dont le père est le 3e comte de Mornington et l’oncle est le duc de Wellington. Ensemble, ils ont plusieurs enfants.

L’oncle de Charles Bagot s’arrange pour que ce dernier remporte un siège au Parlement en 1807, représentant Castle Rising. Il est nommé sous-secrétaire aux affaires étrangères. Charles Bagot quitte la politique après un mandat pour ses aspirations de postes diplomatiques.

Début de carrière diplomatique

En 1814, Charles Bagot est nommé ministre plénipotentiaire en France, un poste qui comporte plusieurs des mêmes pouvoirs et privilèges que celui d’ambassadeur. Il est un négociateur hautement qualifié qui travaille très fort et qui représente la Grande-Bretagne et ses intérêts de manière honorable.

En juillet 1815, Charles Bagot, 34 ans, est nommé ministre plénipotentiaire aux États-Unis. La guerre de 1812, qui voit de la violence et de la destruction des deux côtés de la frontière canado-américaine, se termine avec la ratification du Traité de Gand en février 1815. Les tensions entre la Grande-Bretagne et les États-Unis demeurent néanmoins élevées. Charles Bagot négocie avec le secrétaire d’État américain James Monroe, et par la suite avec son successeur, le secrétaire par intérim Richard Rush. L’Accord Rush-Bagot est ratifié par le Sénat américain le 28 avril 1818. Cet accord fixe une limite sur la taille et le nombre de navires militaires sur les Grands Lacs et sur le lac Champlain. L’accord allège les tensions frontalières, permet à la Grande-Bretagne et les États-Unis de réduire leurs dépenses militaires, et permet également davantage de commerce à travers les lacs.

En juin 1820, Charles Bagot est nommé ambassadeur extraordinaire en Russie. Il négocie une entente qui aide le commerce britannique en demandant au gouvernement russe de renverser un décret antérieur qui interdisait tous les navires sauf les navires russes dans le nord du Pacifique.

Charles Bagot est nommé ambassadeur de la Grande-Bretagne aux Pays-Bas en novembre 1824. Il joue un rôle important dans les négociations qui mènent éventuellement à l’indépendance de la Belgique en 1831.

Il retourne à sa vie privée en 1832. En 1835, il agit brièvement en tant que représentant spécial de la Grande-Bretagne en Autriche où il soutient le prince Ferdinand pour que celui-ci devienne le nouveau monarque autrichien. Il retourne ensuite à sa vie privée.

Gouverneur général du Canada

En 1841, alors que Charles Bagot a 60 ans, le secrétaire britannique des colonies, Lord Stanley, lui demande d’accepter le poste de gouverneur général de la colonie canadienne. Charles Bagot arrive à Kingston en janvier 1842. La tâche est difficile en raison des problèmes et des tensions qui règnent au sein du système politique de l’endroit.

Le gouvernement du Canada a été restructuré à la suite des rébellions de 1837, selon les recommandations du rapport Durham de 1839. Les colonies du Canada-Est (le Québec) et du Canada-Ouest (l’Ontario) s’unissent en une seule colonie en 1841, qui est nommée le Canada, et dont la capitale se trouve à Kingston. Le nouveau gouvernement doit rendre des comptes à la population plutôt qu’à la Couronne britannique. Les membres du conseil exécutif (comme le Cabinet d’aujourd’hui) doivent être choisis par l’Assemblée législative (comme la Chambre des communes d’aujourd’hui). Le gouvernement ne conserve le pouvoir qu’avec le soutien de l’Assemblée législative. La nouvelle structure gouvernementale vise également à permettre à la majorité anglaise croissante d’envahir et d’éliminer lentement la présence française au Canada.

La Grande-Bretagne envoie le gouverneur lord Sydenham pour promulguer les parties du rapport Durham. Il unifie les deux colonies en une et empêche les dirigeants français d’avoir accès aux positions de pouvoir. Conformément aux instructions du gouvernement britannique, il n’instaure pas un gouvernement responsable. Il est soutenu dans ses efforts par des membres du parti conservateur. Pendant ce temps, les membres canadiens, français et anglais, du parti réformiste tentent d’élire davantage de leurs membres afin de forcer le conseil exécutif à rendre des comptes à l’Assemblée législative, et donc à la population. Vers la fin de 1841, la colonie est divisée, et son gouvernement semble être sur le point de s’effondrer.

Charles Bagot, qui arrive au début de 1842, parle français, et lui et son épouse sont fréquemment invités et chaleureusement accueillis aux fêtes et événements officiels anglais et français. Charles Bagot demande à des francophones et à des membres du Parti réformiste influents, dont l’important dirigeant du Canada-Est, Louis-Hippolyte Lafontaine, de se joindre au conseil exécutif. Ce dernier insiste pour former un partenariat politique avec le chef du Parti réformiste du Canada-Ouest, Robert Baldwin. Charles Bagot et Louis-Hippolyte Lafontaine négocient durant plusieurs jours jusqu’à ce qu’ils en viennent à un accord sur les membres français et réformistes qui seront invités à se joindre au conseil exécutif. Une majorité de l’Assemblée législative soutient le nouveau gouvernement de Robert Baldwin et de Louis-Hippolyte Lafontaine. (Voir La politique de l’accommodement culturel : Baldwin, LaFontaine et le gouvernement responsable.)

Les conservateurs sont contrariés par le compromis de Charles Bagot. Cependant, les réformistes voient le gouvernement Baldwin-Hippolyte comme une étape importante dans la reconnaissance des droits et de la permanence des francophones au Canada, ainsi que dans la création d’un gouvernement responsable. Charles Bagot communique à Londres : « Que la doctrine d’un gouvernement responsable soit ouvertement reconnue ou qu’elle soit seulement tacitement acceptée, il n’en demeure pas moins qu’elle existe pratiquement. »

Alors qu’il est gouverneur général, Charles Bagot est nommé chancelier ex officio du nouveau King’s College de Toronto, qui deviendra plus tard l’Université de Toronto. Il joue un rôle important dans l’embauche de professeurs, et en 1842, il participe à son inauguration.

Décès de Charles Bagot

À l’automne de 1842, Charles Bagot tombe malade. Il est contraint de démissionner en janvier 1843. Son successeur prend ses fonctions le 30 mars 1843, et Charles Bagot meurt le 19 mai de cette même année.

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