Stephen Reid | l'Encyclopédie Canadienne

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Stephen Reid

​Stephen Reid, auteur, braqueur de banques (né le 13 mars 1950 à Massey, en Ontario; décédé le 13 juin 2018 à Haida Gwaii en Colombie britannique). Connu pour son roman Jackrabbit Parole (1986) et sa série d’essais A Crowbar in the Buddhist Garden : Writing from Prison (2012), Stephen Reid est l’un des membres fondateurs du tristement célèbre Stopwatch Gang.

Débuts du Stopwatch Gang

Né à Massey, en Ontario, Stephen Reid est le deuxième d’une famille de neuf enfants; ses parents sont Douglas Reid et Sylvia Shiels. À l’âge de 13 ans, il fait son chemin jusqu’à Vancouver, en Colombie-Britannique, et fréquente East Hastings Street, au sein d’un quartier réputé pour le crime et le trafic de drogue.

Stephen Reid retourne à quelques reprises dans le Nord de l’Ontario, mais demeure majoritairement livré à lui-même pendant ses années d’adolescence; il entretient sa dépendance à la cocaïne et à l’héroïne au moyen d’activités criminelles, qui le mènent plusieurs fois en prison. Vers 23 ou 24 ans, il fait à Ottawa la rencontre de Patrick Mitchell, de 8 ans son aîné; ils forment le Stopwatch Gang avec un troisième membre, Lionel Wright. Ils choisissent ce nom en référence à leur habitude de porter des chronomètres autour du cou lorsqu’ils braquent une banque, s’assurant ainsi de ne jamais prendre plus de 90 secondes pour terminer le travail.

Le Stopwatch Gang mène à bien le plus important cambriolage d’or jamais rapporté au Canada (soit une quantité d’or d’une valeur de 785 000 $ dérobée dans un aéroport d’Ottawa) et le plus important braquage de banque de l’histoire de San Diego, en Californie (283 000 $ américains), en plus d’une centaine d’autres braquages de banque depuis Seattle, Washington jusqu’à Miami, en Floride, en passant par Montréal, au Québec. Stephen Reid s’évade de prison à plusieurs reprises et aide parfois ses complices à faire de même; il se déguise un jour en chirurgien pour libérer Patrick Mitchell d’une ambulance de prison. Stephen Reid figure sur la liste des gens les plus recherchés par le FBI et est finalement arrêté lors d’une descente du FBI en Arizona en 1980. Il est enfermé quelque temps au pénitencier de Marion, en Illinois, avant son extradition au Canada.

Milieu de vie

Stephen Reid commence sa carrière d’écrivain en 1984, pendant une condamnation de 21 ans à l’institution Kent, une prison à sécurité maximale d’Agassiz, en Colombie-Britannique. Il écrit de la poésie et termine un manuscrit alors qu’il est encore en prison. Il le soumet à Susan Musgrave, alors écrivaine en résidence à l’Université de Waterloo. Ils entretiennent une correspondance et se marient en 1986, entre les murs de la prison. C’est également en 1986 que Stephen Reid publie son premier et seul roman, Jackrabbit Parole. Un an plus tard, il obtient sa libération conditionnelle.

Jackrabbit Parole est un récit audacieux et semi-autobiographique de braquage de banque, d’évasion, d’amour et d’incarcération, dont la prose est tout à la fois dure, inventive et philosophique. Le roman connaît du succès. Sans doute par son passé criminel sensationnel, Stephen Reid reçoit beaucoup d’attention de la part des médias, ce qu’il déplorera plus tard. « J’étais là pour promouvoir une image », confie-t-il en 2014 dans une entrevue accordée au magazine Vice. « J’ai dû le faire en collaboration avec ceux qui fabriquaient mon portrait dans les médias, et c’était une grave erreur ».

Après sa sortie de prison, en 1987, Stephen Reid vit avec Susan Musgrave et ils élèvent leurs deux filles, Charlotte Musgrave et Sophie Musgrave Reid, sur l’île de Vancouver. Il continue d’écrire, tant des scénarios que des essais et de la fiction, et enseigne la création littéraire au Camosun College, de Victoria, en plus de travailler comme conseilleur auprès des jeunes des Territoires du Nord-Ouest.

Pourtant, Stephen Reid est toujours aux prises avec sa dépendance à la drogue. En juin 1999, il fait irruption avec un fusil chargé dans une banque de Victoria, ayant consommé de la cocaïne. Il en sort avec un butin de 93 000 $ et fait feu en direction d’un policier au cours d’une poursuite en voiture. Il est alors condamné à 18 ans de prison pour tentative de meurtre et vol à main armée.

Fin de vie

En 2012, Stephen Reid fait paraître A Crowbar in the Buddhist Garden : Writing from Prison, une série d’essais autobiographiques qu’il rédige depuis sa cellule et qui lui rapporte en 2013 le City of Victoria Butler Book Prize. Le ton de A Crowbar in the Buddhist Garden est plus franc et plus introspectif que Jackrabbit Parole, désinvolte et rempli d’action, mais résonne de la même intelligence. Par exemple, dans un essai portant sur l’absurdité du programme de traitement des délinquants violents, Stephen Reid se demande ce qui serait advenu de certains criminels célèbres s’ils y avaient pris part : « Est-ce que Billy the Kid serait devenu Billy au cœur d’enfant? »

Dans Junkie, le plus long essai de la série, il raconte sa première dose de morphine : il avait 11 ans, et la drogue lui avait été donnée par un pédophile, un docteur charismatique d’âge mûr qui avait alors continué de lui en fournir et l’avait agressé sexuellement à répétition pendant les deux années suivantes. « Je me suis éteint; je suis devenu le fantôme de mon enfance », écrit Stephen Reid dans Junkie, racontant comment il a quitté le Nord de l’Ontario à 13 ans pour se jeter dans le tourbillon de drogues et de crimes de East Hastings Street, qui lui volera ses années d’adolescence. « Les accros à l’héroïne, écrit-il, veulent simplement que le monde cesse de tourner, veulent un point fixe dans le temps qui soit comme un sanctuaire, un état embryonnaire, comme au temps d’avant la perte ».

Stephen Reid est remis en libération conditionnelle de jour dans une maison de transition près de Victoria de février 2014 jusqu’en août 2015, moment où on lui accorde une libération d’office pour avoir terminé les deux tiers de sa sentence.

Prix

Stephen Reid fait l’objet d’un documentaire de l’ONF en 2007, Inside Time, qui reçoit en 2008 le prix Golden Sheaf dans la catégorie des documentaires sociopolitiques. A Crowbar in the Buddhist Garden lui mérite en 2013 le City of Victoria Butler Book Prize.

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