Suzuki : Introduction et diffusion de la méthode de ce nom au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Suzuki : Introduction et diffusion de la méthode de ce nom au Canada

Suzuki : Introduction et diffusion de la méthode de ce nom au Canada. Système d'enseignement de la musique élaboré par Shinichi Suzuki, violoniste et éducateur japonais né en 1898, et largement répandu après la Deuxième Guerre mondiale sous le nom d'Éducation du talent (Sai-no-kyoiku).
Suzuki : Introduction et diffusion de la méthode de ce nom au Canada. Système d'enseignement de la musique élaboré par Shinichi Suzuki, violoniste et éducateur japonais né en 1898, et largement répandu après la Deuxième Guerre mondiale sous le nom d'Éducation du talent (Sai-no-kyoiku). La participation des parents et l'apprentissage précoce et « par cœur » constituent les principes essentiels de la méthode Suzuki. L'enfant regarde, écoute et reproduit. Les formateurs donnent régulièrement des cours particuliers et, de temps en temps, des leçons collectives. On accepte sans présélection les enfants dès deux ans et demi ou trois ans, et on les initie par étapes à la musique. Le processus est très individualisé, puisque l'élève ne passe au stade suivant que lorsqu'il a assimilé la leçon en cours, et ce, quel que soit le temps nécessaire.

Il apprend en fait de la même façon qu'il apprend à parler : en reproduisant les sons qu'il entend. C'est ce que Suzuki appelle la méthode de la langue maternelle (au sens propre). De plus, les élèves imitent non seulement leurs professeurs, mais aussi leurs camarades; cette dimension collective leur donne confiance en eux. Les parents jouent un rôle crucial et sont donc directement concernés en tant qu'instructeurs à domicile. Ils doivent d'autant plus s'impliquer dans cette tâche que l'enfant est jeune.

Appliquée d'abord à l'enseignement du violon, la méthode Suzuki a été adaptée à d'autres instruments, ainsi qu'aux premiers niveaux scolaires (maternelle, élémentaire). Des versions existent pour l'alto, le violoncelle, les formations de cordes, le piano, la flûte, la harpe et la guitare. Il faut s'attendre à ce que ce mode d'apprentissage soit bientôt proposé pour tous les instruments de l'orchestre.

La méthode Suzuki en Amérique du Nord

La technique est présentée en Amérique du Nord en 1964, lors de la Music Educators' National Conference qui se tient à Philadelphie : Suzuki fait une démonstration avec un groupe de ses élèves. Ainsi débute ce qu'on appelle l'« explosion Suzuki ». L'usage de la méthode se répand partout en Amérique du Nord, en particulier grâce aux professeurs d'instruments à cordes. En 1966, le projet SUPER (Suzuki à Penfield-Eastman-Rochester) conduit le Dr. Suzuki à l'Eastman School of Music dans l'État de New York Bon nombre des premiers professeurs Suzuki en Amérique du Nord (y compris les professeurs canadiens) reçoivent leur formation du Dr. Suzuki dans le cadre du projet SUPER.

La méthode Suzuki

Les provinces des Prairies
En juillet 1965, Thomas Rolston fonde la Society for Talent Education d'Edmonton. Le programme démarre la même année sous les auspices d'un professeur japonais spécialiste de la méthode Suzuki, Yoko Oike, à qui Yasuko Tanaka se joint un an plus tard. En 1966, Tomoko Otsuka lance un programme pour le violoncelle. Vers 1974, plus de 600 élèves ont été formés à Edmonton. D'autres centres des provinces des Prairies commencent leur propre programme de la méthode Suzuki : Calgary, lancé par Georgiana Ritter, Kyoko Kawakami et Allison Sloan; Regina, mis sur pied par Ernest Kassian et Adele Graham; Winnipeg, fondé par Dorothy Breckman et Saskatoon, fondé par Robert Koss en 1971. Calgary élabore son propre programme de musique grâce à la méthode Suzuki en fondant la Suzuki Talent Education Society de Calgary et la Piano Association of Southern Alberta. Merlin B. Thompson ouvre le programme de piano selon la méthode Suzuki au Mount Royal College à Calgary en 1988. Avec l'établissement d'écoles à charte en Alberta dans les années 1990, Edmonton fonde sa propre école à charte dispensant la méthode Suzuki pour inclure la musique comme une partie essentielle de l'éducation globale de l'enfant. Le Manitoba et la Saskatchewan élaborent des programmes d'enseignement de la méthode Suzuki et incorporent diverses idées émanant de la méthode dans leur programme d'enseignement de la musique au sein du système scolaire public. En 1980, la méthode Suzuki, ou des adaptations de celle-ci, est utilisée à l'Université de Regina par Howard Leyton-Brown, dans les programmes d'enseignement des instruments à cordes des écoles primaires de Lethbridge, en Alberta, et dans le cadre du programme d'enseignement des instruments à cordes destiné aux jeunes du Saskatoon Symphony Orchestra. Le Saskatoon Suzuki Piano Institute de Regina est fondé et, en 2002, la Brandon University School of Music crée le Brandon Suzuki Talent Education Program avec Robert Richardson Jr comme premier directeur.

Professeurs canadiens

Parmi les premiers professeurs canadiens ayant assimilé et enseigné la méthode ou une adaptation de celle-ci, figurent Jean Cousineau, Alfred Garson, Baird Knechtel, Claude Létourneau, Ted McLearon, Susan Magnusson et Harry Wagschall. Knechtel Létourneau et McLearon furent les premiers à appliquer la version pour formation de cordes en milieu scolaire. Au niveau de la maternelle, le premier programme Suzuki canadien débute à London, Ont., en 1985, par l'entremise de la professeure de piano Dorothy Jones assistée de Susan Grill.

John Konrad, qui commence à enseigner à la Bornoff School en 1937 et dirige l'école sous son propre nom après 1949, est réputé pour les excellents résultats qu'il atteint en travaillant à l'aide de lignes directrices semblables à celles élaborées de son côté par Suzuki. D'autres professeurs canadiens n'hésitent pas à élaborer et à adapter la méthode Suzuki pour répondre à leurs besoins. En général, les professeurs canadiens ont tendance à mettre davantage l'accent sur la lecture que ne le font les Japonais; la notation musicale est présentée comme une première étape, et ce, sans sacrifier l'accent sur la mémorisation propre à la méthode Suzuki.

Formation des professeurs canadiens

À Montréal, Jean Cousineau met en œuvre une méthode inspirée de la philosophie de la méthode Suzuki, mais en l'adaptant au contexte canadien-français. Il la présente à Suzuki dans son pays, publie un manuel (Canadian Music, en anglais et en japonais) et, de retour à Montréal, fonde les Petits violons. Létourneau présente sa propre méthode en l966 et, la même année, met sur pied Les Jeunes violonistes - ils deviennent en l973 la Société musicale Le Mouvement Vivaldi, qui combine les techniques Suzuki et Kodály.

Quant à Garson, il se met à parcourir le Canada à partir de 1966, animant des ateliers, formant des professeurs et contribuant à la mise en place de programmes Suzuki à Vancouver, Calgary, Regina, Winnipeg, Hamilton, Halifax et Saint-Jean, T.-N. En 1970, il est nommé directeur du programme de l'Université McGill, et est le premier Canadien à siéger au comité de la Suzuki Association of the Americas. (Avec Dorothy Jones, le Canada préside pour la première fois l'association, de 1988 à 1990.) De 1970 à 1980, Garson expérimente avec succès la philosophie et les principes de la méthode appliqués à d'autres disciplines enseignées au niveau élémentaire (de la prématernelle à la sixième année). Lors de l'Expo 67, on peut le voir (ainsi que Cousineau) enseigner et jouer de la musique avec ses élèves.

Merlin B. Thompson, considéré comme l'une des autorités au Canada dans la méthode de piano Suzuki, élabore un programme à temps partiel sur deux ans en pédagogie du piano s'inspirant de la méthode Suzuki au Mount Royal College à Calgary en 2001 et, en 2003, il met sur pied le premier cours à distance présenté en ligne sur la pédagogie du piano selon la méthode Suzuki. Considéré comme le seul programme de ce genre offert dans une université ou un collège au Canada, le programme est composé de cours en pédagogie du piano, en philosophie et en interprétation selon la méthode Suzuki et offre aux participants une expérience de professeurs apprentis. Le cours en ligne regroupe des activités sur Internet avec une technologie de vidéoconférence.

À Kingston, les formatrices d'enseignants à la méthode Suzuki sont la pianiste Valery Lloyd-Watts et Carole L. Bigler. En 1979, Lloyd-Watts et Bigler sont les coauteures de Studying Suzuki Piano : More Thank Music (publié par Warner) qui est souvent considéré comme la « Bible » des professeurs de piano de la méthode Suzuki. L'ouvrage est revu et son titre devient : Mastering the Piano : Beginnings to Artistry (publié en 2004).

Visites et ateliers de Suzuki

Suzuki revient plusieurs fois à Montréal - où Garson, en l966, l'a invité à venir accompagné de ses élèves. Il va aussi à London, Ont., et à Winnipeg (1972), ainsi qu'à Edmonton (1977, 1985). Ses fréquents passages à Montréal favorisent indéniablement l'implantation de la méthode au Québec. Haruto Kataoka, qui a mis au point avec lui une version pour le piano, la présente à des professeurs durant des classes de maître qu'il donne en 1978 au Northwest Community College de Terrace, C.-B. Un rassemblement international de professeurs et d'élèves se tient chaque année en juillet à Kingston, Ont. Il est présidé par la pianiste de concert Valery Lloyd-Watts, qu'on entend sur les enregistrements de la version pour piano.

Professionnels et commencements de la méthode Suzuki

Parmi les orchestres d'enfants, les ensembles de chambre, les interprètes solo, les chefs d'orchestre et même les compositeurs canadiens, beaucoup sont formés grâce à cette méthode. Du côté des cordes, par exemple, citons Scott Saint John, Michelle Seto (violon) et Shauna Rolston (violoncelle). En 2003, la méthode Suzuki est bien établie et, surtout, elle continue à connaître une forte croissance.

Bibliographie

Jean COUSINEAU, Méthode de violon (Montréal 1965).

Canadian Music (Tokyo 1965).

Baird KNECHTEL, « Music man from Matsumoto », Recorder, IX (sept.-oct. 1966).

Claude LÉTOURNEAU, Méthode élementaire de violon (Québec 1966).

Alfred GARSON, « Some questions and answers on the Suzuki teaching method », CME, IX (sept.-oct. 1968).

-« The Suzuki teaching method », Australian J of Music Education, 4 (avril 1969).

-« The Talent Education kindergarten », CME, IX (aut. 1969).

- « Learning with Suzuki », Music Educators' J (févr. 1970).

-The Suzuki Teaching Method (Londres 1971).

-« The Suzuki teaching method », British Columbia Music Educator, XV (oct. 1971).

Evelyn HERMANN, Shinichi Suzuki : The Man and His Philosophy (Athens, O. 1972).

Shinichi SUZUKI, Nurtured by Love : A New Approach to Education (New York 1973).

Alfred GARSON, « More about Suzuki », CME, XIV (été 1973).

-, « Suzuki and physical movement », Music Educators' J (déc. 1973).

Janis GAFFE, « Suzuki philosophy of learning », Recorder, XVI (déc. 1973, mars 1974).

William STARR, The Suzuki Violinist : A Guide for Teachers and Parents (Knoxville, Tenn. 1976).

Alfred GARSON, « Suzuki in Montreal », Suzuki : A Gift of Love (Wisconsin 1977).

Carol BIGLER et Valery LLOYD-WATTS, Studying Suzuki Piano : More than Music (Athens, O. 1979).

Shinichi SUZUKI, « Where love is deep », Talent Education J (1982).

Ontario

En 1967, à titre d'œuvre du Centenaire, le Women's Committtee de l'Orchestre philharmonique de Hamilton met sur pied un programme d'enseignement de la méthode Suzuki. Akiko Takubo, Keiko Yamada et Marta Hidy sont les premiers professeurs à enseigner la méthode Suzuki à Hamilton et commencent leur programme en 1967. En 1980, la méthode Suzuki est une méthode populaire d'enseignement de la musique à Hamilton et le programme est réaménagé sous le nom de la Hamilton Suzuki School of Music. La première directrice en est Margot Jewell. En 1969, Herman Dilmore élabore un programme d'enseignement de la méthode Suzuki à l'University of Western Ontario à London. L'accompagnatrice Dorothy Jones, de London, ouvre des classes préparatoires de musique selon la méthode Suzuki en 1972. Elayne Ras et Dave Stelpstra fondent la Huron String School à Clinton et Seaforth et, en 1985, l'école est déplacée à Goderick. Elle dessert plus de 80 élèves dans le comté d'Huron, et bon nombre de ses élèves de cycle supérieur jouent avec le London Youth Symphony. Dilmore forme beaucoup de professeurs à la méthode Suzuki, y compris Jean et Bruce Johnston qui commencent à enseigner la méthode dans les Toronto Montessori Schools dans les années 1970. Un programme Suzuki est mis sur pied au Seneca College en 1974. À peu près à la même période, Jean Grieve élabore un programme Suzuki à Oakville. D'autres établissements voient le jour dans la région de Toronto, entre autres Toronto Suzuki, Beaches Suzuki School of Music (Ajax, Toronto), Etobicoke Suzuki School of Music (fondée en 1982), la North York Suzuki School of Music et la Toronto Flute School (fondée en 1998 par Vicky Blechta). Daphne Hugues et Comer mettent sur pied le Guelph Suzuki program comme programme auxiliaire à celui de Hamilton. En 1972, la Suzuki String School de Guelph est fondée par Daphne et Bill Hugues, Hazel Comer et Gail Lange. À la même époque environ, des programmes semblables sont mis sur pied à London en Ontario, sous l'influence de Jones, et à Ottawa. À Kingston, Valery Lloyd-Watts et Carole L. Bigler fondent le Suzuki Kingston en 1974. More Thank Music est un festival de musique d'été du Suzuki Kingston, un atelier annuel orienté vers l'apprentissage et le plaisir ainsi que vers la formation offerte par des enseignants. En 2003, l'école Suzuki Music/Suzuki Musique à Ottawa dessert plus de 200 familles dans la région d'Ottawa-Gatineau (ouest du Québec). En 2003, elle est considérée comme l'une des plus grandes écoles de musique offrant la méthode Suzuki au Canada avec un programme d'enseignement des instruments ainsi qu'un « programme Headstart », un cours d'initiation à la musique offert en groupe destiné aux enfants de trois à cinq ans. Des communautés dans le Nord de l'Ontario mettent sur pied des programmes d'enseignement de la méthode Suzuki dans les années 1990, y compris Thunder Bay.

Québec

Jean Cousineau élabore sa propre méthode s'inspirant de la méthode Suzuki à Montréal à la fin des années 1990. L'Institut Suzuki Montréal est fondé plus tard. Sous la direction de Gilles Comeau de l'Université d'Ottawa, le Studea Musica Institute offre un programme estival d'enseignement de la méthode Suzuki et des cours de formation par des enseignants au Centre d'arts d'Orford, à Magog, au Québec. En 1980, la méthode Suzuki est incorporée au programme d'enseignement du Conservatoire de musique de Hull.

Est du Canada

La méthode d'enseignement Suzuki voit le jour dans les provinces de l'Atlantique dans les années 1970. Eileen Kearns commence d'abord à enseigner la méthode Suzuki à son studio de violon situé à St-Jean, Terre-Neuve, en 1975. Le Suzuki Talent Education Program (STEP) de St-Jean est fondé en 1982. Yvonne De Roller crée la Halifax Talent Education Suzuki Music School (HTESS) en 1983. Vers 1990, l'école compte plus de 200 élèves.

Colombie-Britannique

Des programmes d'enseignement de la méthode Suzuki ont été élaborés à Vancouver à la Vancouver Academy of Music par Jerold Gerbrecht et Marian Schreiber. La méthode Suzuki a été ajoutée au programme d'enseignement du Victoria Conservatory ainsi que dans des studios individuels situés dans des plus petits centres comme New Denver (Miranda Hugues Suzuki). En 1974, Susan Magnusson a fondé le Langley Community School Suzuki Institute, un programme auquel ont participé 16 facultés et plus de 200 élèves. Son atelier annuel Suzuki Summer Workshop comptait l'enseignement aux jeunes de tous âges ainsi qu'un programme de perfectionnement en piano, en violon et en violoncelle.

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