Ts’msyen (Tsimshians) | l'Encyclopédie Canadienne

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Ts’msyen (Tsimshians)

Le nom Ts’msyen (nom qui signifie « peuple de la rivière Skeena »; parfois écrit Tsimshians ou Tsm’syen) désigne habituellement les peuples autochtones de la côte nord-ouest du Pacifique. Ces peuples sont des locuteurs de la famille de langues ts’msyen. Dans le recensement de 2016, 2695 personnes s’identifiaient comme locuteurs d’une langue ts’msyen. La plus grande concentration de ces locuteurs (98,1 %) se trouvait en Colombie-Britannique. Toujours dans ce même recensement, 5910 personnes se sont dites d’origine ts'msyen.

Amulette de chaman
Amulette de chaman tsimshiane faite d’os, trouvée près de la rivière Nass, en Colombie-Britannique.
Masque
Masque tsimshian en bois, village de Metlakatla, en Colombie-Britannique.
Coiffe de grenouille volante
Sculpture tsimshiane intitulée « Flying Frog Headpiece » (Coiffe de grenouille volante) faite de bois, datant du milieu du 19e siècle.
Fronteau
Fronteau tsimshian en bois et ormeau, Colombie-Britannique.

Population et territoire

Les communautés ts’msyen trouvent à Terrace et à Prince Rupert, en Colombie-Britannique, ainsi que dans le sud de l’Alaska.

Des fouilles archéologiques dans le port de Prince Rupert ont mis au jour les vestiges de maisons en planches de cèdre remontant à 5000 ans. Ainsi, les Ts’msyen constituent l’un des plus anciens groupes culturels ayant existé de façon ininterrompue en Amérique. (Voir aussi Histoire de l’architecture des peuples autochtones au Canada.) Beaucoup croient que les groupes ts’msyen seraient apparentés aux peuples pénutiens de l’Oregon et de la Californie.

Territoire traditionnel tsimshian.
(avec la permission de Native Land Digital / Native-Land.ca)

Culture et société

Les Ts’msyen, aux côtés des Tlingits de l’Alaska, de la Colombie-Britannique et du Yukon, ainsi que des Haïdas de Haida Gwaii, habitent la région culturelle de la côte nord-ouest. Cette région est caractérisée par ses sculptures telles que les mâts totémiques et ses cérémonies traditionnelles, dont le potlatch. Fiers de leur héritage, les Ts’msyen continuent de pratiquer certaines coutumes rituelles. Ils observent notamment la cérémonie des prénoms, des mariages, des divorces, des adoptions et des funérailles en organisant des événements, auxquels est conviée toute la communauté. Peu de Ts’msyen pratiquent de nos jours le trappage traditionnel, mais la pêche demeure une partie importante de leur économie.

À l’origine, la société ts’msyen est matrilinéaire : la descendance s’établit par le lignage maternel. Elle est également fondée sur un système de clans, ou de « moitié ». Chaque Ts’msyen se réclame d’une appartenance à l’une des quatre phratries (représentées par des tribus, ou totems). Ces phratries sont : la Grenouille ou la Corneille, le Loup, l’Aigle, et l’Épaulard ou l’Épilobe. Les Ts’msyen appartiennent donc à la phratrie de leur mère et, traditionnellement, épousent quelqu’un issu d’une phratrie différente. Héréditaires, les titres de noblesse traditionnels sont encore détenus par des hommes comme par des femmes pour les besoins des différentes cérémonies.

Langues ts’msyen

La langue ts’msyen peut être divisée en quatre dialectes. Le ts’msyen du nord se trouve le long du cours inférieur de la rivière Skeena. Le nisga’a est parlé le long de la rivière Nass. Le gitksan est présent en amont de la rivière Skeena. Le ts’msyen du sud, ou de la côte, se retrouve entre le sud de la rivière Skeena et la côte. Le ts’msyen du sud, ou de la côte, que l’on appelle parfois le « ts’msyen » proprement dit. Il est parlé par des bandes du cours inférieur de la Skeena, depuis le canyon Kitselas et le Kitsumkalum (près de Terrace). Il inclut aussi les communautés le long de la côte sud adjacente jusqu’à Milbanke Sound, incluant Port Simpson, Metlakatla (dans la région de Prince Rupert), Kitkatla, ainsi que les baies de Hartley et de Kitasu. Selon Statistique Canada, 250 personnes se disent locuteurs du ts’msyen comme langue maternelle. Quelque 455 autres se disent locuteurs de la langue nisga’a. Enfin1000 personnes ont pour langue maternelle le gitxsan. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Histoire coloniale

En 1862, le missionnaire anglican William Duncan fonde la colonie chrétienne de Metlakatla, en Colombie-Britannique. Environ 350 Ts’msyende Port Simpson se joignent à lui à Metlakatla. En 1887, c’est aux côtés d’environ 825 Ts’msyen de Metlakatla que William Duncan bâtit la communauté de « New » Metakatla, près de Ketchikan, en Alaska.

Les Européens empiètent de plus en plus sur les territoires ancestraux des Ts’msyen. Ces derniers se voient donc repoussés vers de plus petites parcelles de terre. (Voir aussi Territoire autochtone.) Afin d’assimiler les populations autochtones, le gouvernement canadien envoie les enfants ts’msyen dans les pensionnats indiens où on les empêche, ainsi que les autres enfants autochtones, de s’exprimer dans leur langue et de pratiquer leur culture. Lancée officiellement en 2008, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) cherche à guider les Canadiens dans la pénible découverte des réalités vécues dans le système de pensionnats. Elle vise aussi à jeter les bases d’une réconciliation durable partout au pays.

Négociations des traités

Pour parlementer avec le gouvernement de Colombie-Britannique et avec le fédéral, les Ts’msyen créent en 1988 le Conseil tribal de Ts’msyen. Il représente sept bandes ts’msyen. Ces bandes sont les Kitselas, les Kitsumkalum, les Gitga’at, les Kitasoo, les Metlakatla, les Lax Kw’alaams et les Gitxa’ala. (Voir aussi Revendications territoriales des Autochtones.) En 1991, le Conseil tribal de Ts’msyen intègre officiellement le processus de négociation des traités du gouvernement britanno-colombien. Les négociations stagnent pendant que l’on débat d’un accord de principe. En 1997, le cadre pour une négociation de traité exhaustive est établi entre les sept bandes d’origine et le gouvernement de Colombie-Britannique.

En 2004, un nouveau conseil de négociation, la Ts’msyen First Nations Treaty Society (TFN), remplace le Conseil tribal de Ts’msyen. Il représente cinq des sept bandes membres originales dans le processus de négociations de traités britanno-colombien. Il comprend la Nation Gitga’at, la bande Kitasoo-Xai’xais, la bande Kitselas, la bande Kitsumkalum et la Première Nation Metlakatla. La TFN travaille pour obtenir l’autonomie gouvernementale, ainsi que pour la protection des droits territoriaux, économiques et politiques de son peuple.

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