Épouses de guerre | l'Encyclopédie Canadienne

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Épouses de guerre

Le terme « épouses de guerre » fait référence aux femmes qui ont épousé des militaires canadiens à l’étranger et qui ont ensuite immigré au Canada après les guerres mondiales pour y rejoindre leur mari. Le terme est devenu populaire pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais est aujourd’hui également utilisé pour décrire les femmes qui ont vécu une expérience similaire au cours de la Première Guerre mondiale. Il n’y a pas de chiffres officiels en ce qui concerne les épouses de guerre et leurs enfants durant la Première Guerre mondiale. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, on estime qu’environ 48 000 femmes ont épousé des militaires canadiens à l’étranger. En date du 31 mars 1948, le gouvernement canadien avait transporté près de 43 500 épouses de guerre et environ 21 000 enfants au Canada.  

Épouse de guerre et son enfant

Une épouse de guerre et son enfant arrivent à la gare Bonaventure à Montréal, au Québec, le 4 mars 1946. La mère et son enfant ont traversé l’océan Atlantique à bord du SS Aquitania.

(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada)

Épouses de guerre de la Première Guerre mondiale

Pendant la Première Guerre mondiale, environ 424 000 Canadiens servent à l’étranger au sein du Corps expéditionnaire canadien. À la fin de la guerre, on compte leurs personnes à charge par milliers en Grande-Bretagne et en Europe. Beaucoup de ces personnes à charge sont des femmes canadiennes (et leurs enfants) qui ont voyagé vers la Grande-Bretagne pour être près de leur mari. Cependant, des milliers de militaires marient aussi des femmes rencontrées lors de leur service militaire outremer, en particulier en Grande-Bretagne. On estime qu’environ 25 000 militaires canadiens ont épousé des femmes britanniques pendant la Première Guerre mondiale.

En janvier 1919, le gouvernement canadien offre de ramener gratuitement toutes les personnes à charge des militaires canadiens, de la Grande-Bretagne jusqu’au Canada. Ce voyage inclut le transport océanique (en troisième classe) et ferroviaire. Au total, plus de 54 000 personnes à charge arrivent au Canada après la guerre. Toutefois, ce nombre inclut toutes les personnes à charge des militaires canadiens, et il n’existe aucun chiffre officiel distinguant le nombre d’épouses de guerre et d’enfants.

Une épouse de guerre en Angleterre

L’infirmière-major Kathleen Hurley aide une épouse de guerre, Mme H.F. Whitmore, et son fil Mervin, alors qu’ils s’apprêtent à voyager vers le Canada. Photo prise au Maple Leaf Club à Londres, en Angleterre, le 4 décembre 1944.

(photo du lieutenant Charles H. Richer, ministère de la Défense nationale, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA-128181)

Épouses de guerre de la Deuxième Guerre mondiale

Plusd’un million de Canadiens et de Terre-Neuviens combattent dans les Forces armées au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Tout comme lors de la dernière Grande Guerre, de nombreux militaires canadiens épousent des femmes rencontrées à l’étranger. Vers la fin de 1946, on compte 47 783 mariages entre des militaires canadiens et des femmes d’autres pays (majoritairement de l’Europe); de ces unions naissent 21 950 enfants.

Pays

Épouses de guerre

Enfants

Royaume-Uni

44 886

21 358

Pays-Bas

1886

428

Belgique

649

131

France

100

15

Autres pays

262

18

TOTAL

47 783

21 950

La vaste majorité des épouses de guerre (44 886) proviennent du Royaume-Uni, où les forces canadiennes sont postées pendant la majeure partie de la guerre. On compte un plus petit nombre de femmes venant des Pays-Bas, de la Belgique, de la France et d’ailleurs. Quelque 1 886 femmes hollandaises épousent des militaires canadiens, qui ont libéré leur pays à la fin de la guerre. Marguerite Blaisse d’Amsterdam, par exemple, a rencontré le lieutenant Wilf Gildersleeve des Seaforth Highlanders le 7 mai 1945. Ils se marient un an plus tard et s’installent à Vancouver, en Colombie-Britannique.


Margriet et Wilf Gildersleeve et leur famille

Margriet et Wilf Gildersleeve et leur famille à l’extérieur de l’église catholique St. Anthony’s à Vancouver, en Colombie-Britannique, dans les années1950.

(avec la permission de la West Vancouver Memorial Library)

Environ 80 % des épouses de guerre épousent des soldats de l’Armée canadienne, tandis que 18 % font de même avec des membres de l’Aviation royale canadienne. Le reste épouse des soldats de la Marine. Bien que toutes les femmes de militaires obtiennent la permission d’immigrer au Canada, environ 4 500 d’entre elles refusent de faire le voyage. En date du 31 mars 1948, le gouvernement canadien avait transporté 43 454 épouses et 20 997 enfants auCanada.

Des épouses de guerre à bord d'un navire

Des épouses de guerre et leurs enfants en route vers le Canada. Photo prise en Angleterre, le 17 avril 1944.

(photo du lieutenant W.J. Hynes, Défense nationale et Forces armées canadiennes, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada / PA-147114)

Certaines femmes militaires épousent également des hommes britanniques lors de leur service à l’étranger. Ces maris, surnommés les « épouses de guerre masculines », obtiennent également le droit d’immigrer au Canada. Il n’existe cependant aucun chiffre officiel concernant ces hommes.

À l’instar de la Première Guerre mondiale, le gouvernement canadien fournit le transport maritime et ferroviaire gratuitement aux épouses de guerre immigrant au Canada. Elles reçoivent également une ration quotidienne de nourriture et l’accès gratuit à des soins médicaux sur les navires et dans les trains.

Des épouses de guerre et leurs enfants à bord d’un navire

Les agentes accompagnatrices Helen Drope et Patricia Keene de la Croix-Rouge canadienne servent le souper aux enfants des épouses de guerre en route vers le Canada, embarqués sur SSLetitia.(Photo prise le 2 avril 1946 à Liverpool en Angleterre.)

(photo de Barney J. Gloster, Défense nationale et Forces armées canadiennes, avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-175792)

Les épouses de guerre et leurs enfants traversent l’océan Atlantique à bord de navires de transport militaire et de paquebots luxueux jusqu’au Quai 21 de Halifax, en Nouvelle-Écosse. La plupart montent ensuite dans des trains spéciaux qui les transportent vers leur destination finale, dans des communautés de part et d’autre du pays. Un grand nombre d’épouses de guerre sont mal préparées aux conditions de vie canadiennes, mais la plupart finissent par s’adapter à leur nouvelle vie.

Joyce (Gawn) Crane

Joyce (Gawn) Crane est une épouse de guerre britannique qui a épousé un soldat canadien posté en Angleterre au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Elle a plus tard immigré au Canada.

(avec la permission d’Anciens combattants Canada)

Joyce (Gawn) Crane, une des premières femmes en aviation et épouse de guerre

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Joyce Gawn est membre du Corps auxiliaire féminin de l’Aviation de l’Angleterre. Pendant son congé, elle rencontre Bruce Crane, soldat de l’armée canadienne. Le couple se marie le 6 janvier 1945. L’année suivante, Joyce et son très jeune enfant voyagent jusqu’au Canada pour retrouver Bruce.

Le soir précédant mon retour de congé, mon ami et moi avons décidé d’aller boire un thé au casse-croûte de la gare de Manchester avant de regagner le site de notre ballon. Il y avait foule et alors que nous étions assis là, un beau soldat canadien s’est approché et nous a demandé s’il pouvait s’asseoir avec nous. […] Bruce est rentré au Canada en septembre à bord du Mauritania et, parce que j’étais enceinte, j’ai dû rester. Brian est né le 10 janvier 1946, et nous avons tous deux traversé l’Atlantique à bord du Queen Mary. Nous sommes partis le 11 juin et sommes arrivés à Halifax le 15 juin. Bruce nous y attendait et je ne l’ai pas reconnu tout de suite, dans son costume bleu et son chapeau de feutre. Je ne l’avais connu qu’en uniforme !

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