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Baies de culture

Les petits fruits les plus importants produits au Canada sont les fraises (Fragaria x ananassa), les framboises rouges (Rubus idaeus), les bleuets en corymbe (Vaccinium corymbosum), les bleuets nains (Vaccinium angustifolium) et les canneberges (Vaccinium macrocarpon). Les mûres (Rubus d’espèces diverses), les cassis, (Ribes Nigrum), les groseilles (R. rubrum) et les groseilles à maquereau (Ribes grossulariia ou = r. uva-crispa) sont moins importants, mais gagnent toutefois en popularité.

Production de petits fruits au Canada

Au Canada, le sud-ouest de la Colombie-Britannique demeure la plus importante région de production pour toutes les cultures de petits fruits à l’exception des bleuets nains, qui sont produits presque exclusivement dans les Maritimes. Les fraises sont également importantes dans les régions du sud de l’Ontario et du Québec, ainsi que dans les Maritimes. Elles sont aussi produites dans des régions localisées à l’extérieur des centres urbains dans les provinces des Prairies. La Colombie-Britannique, avec Washington et l’Oregon, possède des régions qui comptent parmi les plus importantes au monde pour la production de framboises rouges. Au cours des dernières années, la production de bleuets et de canneberges a augmenté de manière significative en Colombie-Britannique et dans certaines régions de l’est du Canada. Les autres petits fruits sont surtout cultivés en Colombie-Britannique et, dans une moindre mesure, en Ontario et au Québec.

Les framboises et les fraises donnent de meilleurs résultats sur des sols fertiles et bien drainés. Sur des sols plus lourds, la croissance des deux cultures peut être sérieusement entravée par la pourriture des racines. Les bleuets en corymbe s’épanouissent sur des sols acides et riches en matières organiques. Les bleuets nains poussent mieux sur les sols acides, généralement de fertilité modérée à faible. Les canneberges prospèrent sur les sols acides dans des conditions de tourbières. Les autres cultures fruitières ont des exigences de sols semblables à ceux des fraises et des framboises rouges, bien que les mûres puissent souvent être cultivées sur des sols plus lourds que ceux qui conviennent aux fraises.

Toutes les cultures de petits fruits sont considérées comme étant vivaces, bien que les fraisiers, qui sont des herbacés, soient parfois remplacés tous les deux ans en raison d’un déclin de vigueur et de productivité. Les plantations des autres cultures de petits fruits peuvent durer plusieurs années à condition qu’elles ne soient pas décimées par des organismes provoquant des maladies ou par des insectes nuisibles, ou encore si elles ne sont pas irrémédiablement endommagées par des conditions environnementales extrêmes, comme la sécheresse ou des températures hivernales inhabituellement froides.

Tous les cultivars de chacune des cultures de petits fruits sont autofertiles, bien que pour Vaccinium et Ribes, il soit recommandé de placer deux cultivars ensemble sur un même site pour obtenir une nouaison maximale. Les abeilles sont importantes pour le mouvement du pollen dans toutes les cultures.

Toutes les fraises et les fruits des autres cultures destinées au marché frais sont cueillis à la main. La récolte à la machine avec divers types de mécanismes de secouage est courante pour les framboises rouges et les bleuets en corymbe destinés à la transformation. Les canneberges sont généralement récoltées par des machines qui ratissent ou battent les fruits des vignes. Les bleuets nains sont récoltés à l’aide de râteaux manuels.

Fraises

Les fraises sont cultivées selon l’un de deux procédés de culture. Dans le système à rangs buttés, tous les stolons sont enlevés et la production de fruits provient entièrement des plantes mères d’origine, qui sont espacées de 30 cm à 35 cm dans des rangs séparés de 2,7 m à 3 m. Pour le marché frais, les plants sont parfois cultivés dans des plates-bandes surélevées et couvertes de plastique afin que les fruits restent propres et aient moins tendance à pourrir. Les plates-bandes surélevées aident également à réduire les incidences de pourriture des racines. Dans le système à rangs nattés, on laisse un nombre prédéterminé de stolons s’enraciner; ainsi, les plantes mères et les stolons produisent tous deux des fruits. Les plantes mères sont espacées de 50 cm à 75 cm dans des rangs séparés de 2 m à 3 m. Généralement, les fruits produits en rangs buttés sont plus gros et sont destinés à être vendus aux marchés frais. Les plus petits fruits des rangs nattés sont souvent transformés.

Framboises rouges

Les plants de framboisiers rouges, qui sont généralement plantés au début du printemps sous forme de cannes dormantes d’un an, sont espacés dans des rangs séparés de 2,5 m à 3 m. Dans les plantations établies, on laisse jusqu’à 12 cannes par plant ou souche. Les tiges de fructification qui sont épuisées sont enlevées en hiver. Au début du printemps, on taille les cannes de fructification de l’année en cours entre 1,5 m à 2 m.

Bleuets

Les bleuets en corymbe sont espacés de 1,5 m à 1,8 m dans des rangs séparés de 3 m. L’émondage annuel, qui consiste à enlever le vieux bois des cannes plus faibles, se fait en hiver. Comme la plupart des plantations de bleuets nains se développent en milieu naturel, il n’y a pas de recommandation d’espacement. L’émondage se fait à la fin de l’automne ou au début du printemps en faisant des feux de broussailles alimentés et contrôlés au pétrole, au propane ou à la paille.

Canneberges

Les tourbières de canneberges sont établies à partir de vignes mesurant de 7 à 10 cm de long, et provenant de plantes déjà établies. Elles sont plantées à un taux de 1700 à 2200 kg/ha.

Insectes et maladies

Toutes les cultures de petits fruits se multiplient par voie végétative et sont vulnérables aux attaques d’insectes et de divers organismes pathogènes. Les maladies virales sont particulièrement difficiles à contrôler. Les framboises sont affectées par le virus de la mosaïque du framboisier qui peut avoir des effets dévastateurs sur la vigueur et la fructification des plantes; il est efficacement contrôlé par l’utilisation de la résistance génétique au puceron, Amphorophora agathonica. Un autre virus qui n’est pas aussi facile à manipuler par des moyens génétiques, le virus du rabougrissement buissonnant du framboisier, se transmet par le pollen. La résistance est principalement déterminée par la fuite du virus dans les conditions du terrain. Certains cultivars s’infectent beaucoup plus rapidement que d’autres, et il est recommandé d’utiliser du matériel de plantation exempt du virus et de le planter loin des sources possibles d’infections. Les fraises sont également affectées par des virus transmis par les pucerons, et le meilleur contrôle s’obtient par une combinaison de contrôle des pucerons et de tolérance au virus. Les deux cultures peuvent être aussi gravement affectées par la pourriture des racines causée par Phytophthora fragariae var fragarae chez les fraises, et par Phytophthora fragariae var rubi chez les framboises. Les incidences de pourriture des racines peuvent être réduites en plantant sur des sites bien drainés et en utilisant des plates-bandes surélevées. Les cultures de mûres et de Vaccinium et Ribes ne sont pas aussi sensibles à la pourriture des racines que les fraises et les framboises.

Toutes les cultures sont vulnérables à divers organismes, principalement aux champignons, qui causent la pourriture des fruits ou des maladies semblables à de la pourriture. Botrytis cinerea est le principal champignon causant la pourriture des fraises, des framboises et des mûres. Les incidences réduites de la pourriture sont généralement obtenues par de bonnes pratiques culturales, comme la réduction de la densité des plants, des pratiques d’assainissement (comme l’élimination des débris végétaux), et l’utilisation de cultivars moins sensibles. La pourriture sclérotique du bleuet, causée par le champignon Monilinia vaccinii-corymbosi, est une grave maladie des bleuets, tout comme la pourriture sclérotique de la canneberge, qui est causée par un champignon apparenté, le Monilinia oxycocci.

Diverses maladies des cannes, dont la plupart sont causées par des champignons, peuvent gravement affecter les fraises et les mûres. Le contrôle se fait généralement par l’assainissement, la réduction du nombre de cannes, et l’utilisation de cultivars qui présentent une certaine résistance ou tolérance.

Les insectes et les mites peuvent causer des dommages importants à toutes les cultures de petits fruits. Encore une fois, le contrôle est mis en œuvre plus efficacement par des méthodes culturales comprenant l’assainissement, la réduction des densités des plants, la rotation des cultures, ainsi que par des méthodes biologiques qui utilisent des prédateurs.

L’utilisation judicieuse de produits chimiques recommandés peut aider à contrôler à la fois les insectes et certains des organismes pathogènes. De plus, le fait d’éviter les monocultures et de faire la rotation des cultures aide souvent. Toutes les nouvelles plantations de petits fruits devraient être faites à partir de plants exempts, autant que l’on puisse en juger, de maladies et autres parasites.

L’avenir

L’avenir de la production de petits fruits semble assuré au Canada, malgré la compétition des importations en provenance des climats du sud. La qualité et la saveur essentielles des petits fruits produits localement sont reconnues comme étant uniques. L’introduction continue et l’acceptation de cultivars supérieurs bien adaptés, comme la framboise Tulameen et la fraise Cavendish, sont nécessaires pour l’expansion de la production locale et une plus grande autosuffisance. Les nouveaux cultivars doivent être résistants aux insectes et aux organismes pathogènes. La résistance est un avantage incommensurable pour l’environnement, pour le producteur, et ultimement, pour le consommateur. L’importance des petits fruits comme source de substances phytochimiques, dont les antioxydants qui aident à combattre les effets des maladies dégénératives associées au vieillissement, est un facteur important dans le développement futur de la production des petits fruits au Canada.

D’autres facteurs qui sont également nécessaires à l’expansion comprennent l’utilisation de méthodes de production plus efficaces (de l’aide mécanisée pour les récoltes, l’utilisation de cultures hors du sol, des systèmes de formation innovateurs, etc.), la culture dans des structures protégées (serres, tunnels en plastique, etc.), et l’utilisation de systèmes de marquage alternatifs (l’autocueillette, les marchés des agriculteurs, etc.). La production de baies continuera de bénéficier de l’utilisation d’agents de contrôle biologiques pour supprimer les insectes et les organismes pathogènes.

Les obstacles à l’expansion de la production de petits fruits au Canada comprennent la concurrence des importations, la perte d’environnements propices à la croissance des cultures, et le manque de recherche innovatrice dans tous les aspects de la production. Les secteurs privé et public doivent tous deux être conscients de ces obstacles et collaborer pour les surmonter.

Voir aussi : Recherche sur les cultures; Cultures des fruits; Baies sauvages au Canada.

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