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Gérard Côté

Quelques semaines plus tard, il remporte sa première course, tenue entre les localités de Sainte-Madeleine et Saint-Hyacinthe. Au début de 1932, il s'inscrit également à sa première course en raquette.

Gérard Côté

 Gérard Côté, athlète, coureur de fond, marathonien (Saint-Barnabé-Sud, Qc, 27 juillet 1913 - Saint-Hyacinthe, Qc, 12 juillet 1993). Après le décès de sa mère, la famille de Gérard Côté, adolescent, s'installe à Saint-Hyacinthe, alors que le jeune homme à son grand désarroi, devra laisser tomber ses études, pour entrer dans le monde du travail. Afin de se tenir en forme, il se tourne vers la course à pied. C'est à l'automne 1931, que les coureurs professionnels du Marathon Peter Dawson sont de passage à Saint-Hyacinthe pour une étape de cette grande course à relais de 800 kilomètres; dès qu'il voit les coureurs, Gérard ressent une forte poussée d'adrénaline : il sait désormais que la COURSE sera son sport de prédilection.

Quelques semaines plus tard, il remporte sa première course, tenue entre les localités de Sainte-Madeleine et Saint-Hyacinthe. Au début de 1932, il s'inscrit également à sa première course en raquette.

L'année 1935 sera significative puisqu'il prendra part à plusieurs compétitions d'envergure nationale : le marathon Chicklets pour le championnat canadien à Montréal, le marathon de Toronto et enfin le marathon de Yonkers, N.Y., où il se classe douzième. En avril 1936, il termine 23e lors du prestigieux marathon de Boston qu'il court pour la première fois. De retour à Toronto le 20 juin, il s'empare de la cinquième position lors des essais OLYMPIQUES canadiens. N'ayant pas été sélectionné, le journal La Patrie tiendra une souscription publique afin d'amasser des fonds pour envoyer cet athlète canadien-français à Berlin où se déroulent les Jeux olympiques. Malheureusement, l'argent vient à manquer et son rêve olympique s'écroule. Qu'à cela ne tienne, le coureur maskoutain affiche sa détermination lorsqu'il gagne le marathon Chicklets tenu à Montréal en octobre suivant. Il remporte ainsi sa première victoire importante, devenant champion canadien et réalisant le record du Québec.

Cette victoire combinée à la deuxième place obtenue à Yonkers quelques semaines plus tard deviendra la bougie d'allumage d'une carrière internationale. Dès lors, certains journaux américains le favorisent pour remporter le marathon de Boston. Il réussira l'exploit en 1940, comptant 2h 28 min 28 sec., tout en remportant le Yonkers au mois de novembre. Ces deux victoires lui feront acquérir un grand prestige et il se hissera au sommet de l'excellence sportive au Québec. Le reste du pays reconnaîtra ses exploits lorsque la presse canadienne lui décerne le TROPHÉE LOU-MARSH, attribué à l'athlète canadien de l'année. Dorénavant, Gérard Côté sera également perçu comme un grand champion au pays. Pris au dépourvu, les francophones du Québec chercheront une façon similaire de souligner ses exploits. D'importants acteurs de la scène sportive francophone uniront leurs efforts pour consacrer le coureur. Ainsi, en février 1941, Gérard Côté est le premier récipiendaire du trophée Jos-Cattarinich, décerné à l'athlète canadien-français s'étant le plus illustré au cours de l'année.

Alors que tonnent les canons de la Deuxième Guerre mondiale, Gérard rejoint les forces armées canadiennes à l'automne 1942. Quelques semaines après son enrôlement, il se porte volontaire pour les champs de bataille. Mais l'armée canadienne esquisse d'autres plans en le nommant instructeur de conditionnement physique. Dans ce Québec où la loi sur la conscription soulève les passions, les autorités militaires veulent tirer profit de la grande visibilité médiatique de l'athlète : on lui permet de courir sous les couleurs de l'armée et on lui accorde le temps nécessaire à sa préparation physique. En 1943, Gérard Côté, désormais promu au grade de sergent, remporte les marathons de Boston et Yonkers en arborant la feuille d'érable et le nom ARMY sur ses vêtements.

Sous une certaine pression sociale, l'armée cependant modifiera ses règles en interdisant aux soldats de participer à des événements sportifs civils. Qu'à cela ne tienne car au printemps 1944, Gérard Côté profite d'un congé et retourne à Boston par ses propres moyens. Courant sans affiliation, il y remportera le marathon pour la troisième fois.

Lors de son séjour en Angleterre, il reçoit à nouveau la permission de courir; se mesurant à des coureurs britanniques renommés, Gérard Côté se méritera trois victoires lors de six épreuves. Il est de retour au pays à la fin de l'hiver 1946, juste à temps pour se présenter au marathon de Boston où il se contente de la troisième place. Quelques mois plus tard, il remporte le titre de champion américain du marathon en signant sa troisième victoire à Yonkers.

C'est en 1948 que G. Côté pourra enfin réaliser son rêve olympique, alors que la ville de Londres est désignée pour présenter les XIVe Jeux olympiques d'été. Avant de s'envoler pour l'Angleterre, il remporte successivement les marathons de Boston en avril, de Los Angeles en mai et d'Hamilton en juin. Malgré sa victoire à Boston, l'Union athlétique amateur du Canada l'obligera à courir à Hamilton afin d'obtenir sa sélection pour les Jeux. Malheureusement, la proximité de ces trois courses avec le marathon olympique lui sera néfaste. Victime de malaises à une jambe pendant une grande partie de l'épreuve, il fait preuve de courage et porte fièrement les couleurs du Canada jusqu'à la ligne d'arrivée qu'il franchit en 17e place. Ayant raté sa chance d'obtenir une médaille olympique, cette défaite, extrêmement douloureuse littéralement et moralement, demeurera celle qui le marquera le plus.

Après son expérience olympique, Gérard Côté éprouve une grande fatigue et remettra sa carrière en question sans pour autant abandonner.

Tout en présentant le marathon de Saint-Hyacinthe année après année, G. Côté relève d'autres défis tels les Jeux de l'Empire (JEUX DU COMMONWEALTH) d'Auckland en Nouvelle-Zélande (1950) et de Vancouver (1954). À cet endroit, des malaises le contraignent à l'abandon. Sa dernière expérience à des jeux internationaux s'avèrera désolante puisque pour la première fois, il ne terminera pas une course à pied. Par la suite, il participera à des épreuves de courtes distances en attendant d'accrocher ses espadrilles au terme de vingt-cinq ans de carrière. Sa dernière course surviendra dans le cadre du marathon de Saint-Hyacinthe à l'automne 1956. Cette épreuve « Quart de siècle » se déroule sur le même parcours que lors de sa première course sur route en 1931. Vingt-cinq ans plus tard, il ne remporte pas l'épreuve, mais il réalise un temps plus rapide!

Même si le coureur est maintenant à la retraite, il continue d'organiser le marathon de Saint-Hyacinthe jusqu'en 1975. Cette épreuve, attirant des coureurs du Québec, de l'Ontario et des États-Unis, sera une des plus prestigieuses pendant un certain temps au pays. À plusieurs occasions, on y disputera le championnat canadien sur distance marathon (42,2 km).

Au début des années 1980, alors que la course à pied est en marge de devenir un sport populaire, certains individus travaillent à la formation d'un circuit provincial de course au Québec. L'organisation commanditée par Loto-Québec embauche le valeureux coureur comme ambassadeur du circuit. Pendant une dizaine d'années, Gérard Côté aura ainsi l'occasion de fraterniser avec la nouvelle génération de coureurs.

Dans une certaine mesure, son poste au sein de cette organisation permet au public québécois de renouer avec ses exploits. Au fil des ans, ses 192 000 kilomètres de course, conjuguées à ses quatre victoires au marathon de Boston et ses trois titres de champion américain, en font un symbole d'excellence au Québec et au Canada.

En 1976, le Comité d'organisation des Jeux olympiques de Montréal lui accorde un honneur significatif : la veille de l'ouverture des Jeux, au terme du Relais de la flamme olympique, Gérard Côté allume la vasque sur le Mont-Royal sous les yeux de millions de téléspectateurs.

Au fil des ans, de nombreux organismes ont salué ses exploits et son endurance légendaire. En 1955, il fut intronisé au TEMPLE DE LA RENOMMÉE olympique du Canada. L'année suivante, le Panthéon des sports canadiens lui ouvre ses portes. En 1989, il est décoré de l'ORDRE NATIONAL DU QUÉBEC. À l'automne 1990, le Gouverneur général lui remet l'Insigne de Membre de l'ORDRE DU CANADA. Quelques mois plus tard, en 1991, il est de la première cuvée du Temple de la renommée des sports du Québec. Puis, en 1993, il est récipiendaire de la médaille commémorative du 125e anniversaire du Canada.

Gérard Côté s'éteint 12 juillet 1993, une semaine après l'inauguration d'une piste cyclable nommée en son honneur à Saint-Hyacinthe.