Groupe de Beaver Hall | l'Encyclopédie Canadienne

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Groupe de Beaver Hall

Le Groupe de Beaver Hall (connu aussi sous le nom « Groupe de Beaver Hall Hill ») est un groupe d’artistes qui comprend à la fois des femmes et des hommes. Les artistes de cette communauté partagent des ateliers au 305, Beaver Hall Hill, à Montréal, et organisent des expositions de leurs travaux ensemble.

Le Groupe de Beaver Hall (connu aussi sous le nom « Groupe de Beaver Hall Hill ») est un groupe d’artistes qui comprend à la fois des femmes et des hommes. Les artistes de cette communauté partagent des ateliers au 305, Beaver Hall Hill, à Montréal, et organisent des expositions de leurs travaux ensemble. Alexander Young Jackson est le premier président de la communauté. Le Groupe de Beaver Hall est créé en 1920, sans manifeste. Parmi les chercheurs, il existe un certain désaccord sur la durée de vie de cette communauté, mais la plupart affirment que le Groupe de Beaver Hall se dissout en 1922 à cause de problèmes financiers. Edwin Holgate qualifie le Groupe de Beaver Hall comme étant une association informelle d’artistes qui ont des idées similaires, mais qui n’ont pas assez d’argent.

Origines du groupe d’artistes de Montréal

Les artistes montréalais qui sont associés avec l’apparition du Groupe de Beaver Hall sont Randolph Hewton, Lilias Torrance Newton, Henrietta Mabel May et Edwin Holgate. En 1920, Randolph Hewton, Lilias Torrance Newton et Edwin Holgate découvrent des pièces spacieuses au 305, Beaver Hall Hill, parfaites pour des ateliers d’artistes. Peu après, ils invitent d’autres artistes, dont Mabel Lockerby, à partager leurs ateliers pour pouvoir payer le loyer et en même temps pour créer une sorte d’endroit où les artistes peuvent avoir des discussions. Contrairement au Groupe des sept, les peintres du Groupe de Beaver Hall créent surtout des toiles figuratives.

Prudence Heward, qui est souvent associée avec le Groupe de Beaver Hall, n’est pas un membre officiel de cette communauté d’artistes. Elle ne partage pas d’ateliers au 305, Beaver Hall Hill, et ses œuvres ne font pas partie de la première exposition majeure du Groupe de Beaver Hall, en 1921. Néanmoins, elle est liée d’amitié avec plusieurs membres du Groupe de Beaver Hall et elle expose ses tableaux avec ce dernier après sa dissolution. Il est à noter que plusieurs artistes de cette communauté étudient sous la direction de William Brymner à la Art Association of Montreal.

Les ateliers loués par le Groupe de Beaver Hall se situent dans un immeuble au 305, Beaver Hall Hill, le lien nord-sud entre la Place Phillips et la Place Victoria, à Montréal. Cet endroit est au cœur de la communauté artistique de Montréal où se trouvent des lieux de prédilection d’artistes locaux, comme Krausmann’s Tavern ou le Oxford Pub. Selon les habitués, ces deux bistros ont la même ambiance que ceux de Paris.

Le Musée des beaux-arts du Canada possède quelques tableaux faits par des artistes associés avec le Groupe de Beaver Hall, partiellement grâce à Eric Brown, qui est le directeur du Musée des beaux-arts du Canada de 1912 à 1939. Eric Brown appuie la génération de jeunes peintres canadiens, qu’on appelle parfois les « jeunes modernes », qui comprend à la fois les membres du Groupe de Beaver Hall et ceux du Groupe des sept. Le dernier a sa première exposition en 1920, l’année de la formation du Groupe de Beaver Hall.

Importance pour l’histoire des femmes artistes du Canada

Le Groupe de Beaver Hall est important pour l’histoire de l’art canadien, car c’est l’un des premiers groupes d’artistes dans lesquels les femmes jouent un rôle déterminant. En 1920, quand le Groupe de Beaver Hall commence à travailler et à exposer ensemble, la seule organisation artistique (sauf la Art Association of Montreal) acceptant les femmes en tant que membres est la Women’s Art Association, fondée en 1886 à Toronto comme le Women’s Art Club par le professeur et l’artiste Mary E. Dignam. Auparavant, les femmes peintres sont considérées comme amatrices plutôt qu’artistes professionnelles. La plupart des membres femmes du Groupe de Beaver Hall continuent à exposer leurs œuvres à l’échelle nationale et internationale après 1922.

En 1924, quand les membres du Groupe de Beaver Hall ne donnent plus d’ateliers, les membres Henrietta Mabel May, Lilias Torrance Newton, Mabel Lockerby, Anne Savage, Sarah Robertson et Nora Collyer, ainsi que Prudence Heward, Kathleen Morris et Ethel Seath, continuent à se voir et à exposer ensemble. La plupart de ces femmes demeurent seules, sauf Torrance Newton, sans doute parce qu’encore à cette époque, on s’attend que les femmes mariées sont tenues d’abandonner leur carrière.

Les femmes qui sont associées avec le Groupe de Beaver Hall communiquent aussi avec d’autres femmes artistes. Elles participent aux expositions de la Women’s Art Association à Toronto. Certaines d’entre elles sont amies du sculpteur Frances Loring (1887-1968), président de la Women’s Art Association, et de sa conjointe, Florence Wyle (1881-1968). Anne Savage, Henrietta Mabel May et Sarah Robertson rencontrent aussi Emily Carr, l’artiste de Colombie-Britannique, quand elle visite Montréal, en 1927.

Expositions

La première exposition officielle du Groupe de Beaver Hall a lieu le 17 janvier 1921. Les travaux de 19 peintres, dont 11 hommes et 8 femmes, sont présentés. Le lendemain, la Montreal Gazette donne un compte-rendu sur l’exposition. Le titre de l’article annonce « La profession publique de la foi artistique : dix-neuf peintres dont les travaux sont présentés à l’exposition du Groupe de Beaver Hall ne sont passécessionnistes ». L’auteur de l’article fait remarquer : « Expression individuelle, sincérité et nuances nationales frappantes sont les idéaux résultant en des excellentes toiles. » L’exposition est qualifiée comme étant « la première exposition annuelle » du Groupe de Beaver Hall. En fait, une autre exposition a lieu un peu plus tôt, du 22 novembre au 4 décembre 1920, mais l’exposition de janvier est plus importante, car cet événement est largement couvert par la presse, donc certains objectifs du Groupe de Beaver Hall sont articulés.

Selon Alexander Young Jackson, l’objectif principal du Groupe de Beaver Hall est « d’assurer l’artiste qu’il peut peindre ce qu’il ressent sans faire attention à ce qui a été requis jusqu’à présent pour que le tableau soit accepté pour des expositions connues dans des musées canadiens. Les écoles et les courants artistiques ne nous préoccupent pas; c’est l’expression individuelle qui est notre priorité » (Montreal Gazette, le 18 janvier 1921).

Le Musée des beaux-arts du Canada organise une exposition itinérante des travaux du Groupe de Beaver Hall en 1966. Norah McCullough crée un petit dépliant de l’exposition en se concentrant plutôt sur les femmes peintres. Une autre exposition consacrée aux femmes peintres du Groupe de Beaver Hall, organisée par les Galeries de sir George Williams à l’Université Concordia, à Montréal, voit le jour en 1982. Pour celle-là, c’est Kathryn Kollar qui rédige un essai de catalogue.

Il y a quelques expositions féministes qui comprennent des tableaux des peintres associées avec le Groupe de Beaver Hall : From Women’s Eyes: Women Painters in Canada (Centre d’art Agnes Etherington, 1975), Expressions of Will: The Art of Prudence Heward (Centre d’art Agnes Etherington, 1986) et The Artist Herself: Self-Portraits by Canadian Historical Women Artists (Centre d’art Agnes Etherington, 2015).

En 2015, le Musée des beaux-arts de Montréal organise l’exposition intitulée Une modernité des années 1920 : Montréal, le Groupe de Beaver Hall. Cette exposition itinérante va être déplacée dans la Art Gallery of Hamilton, puis dans la Art Gallery of Windsor et le Glenbow Museum, à Calgary.