Paul Hellyer | l'Encyclopédie Canadienne

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Paul Hellyer

Paul Theodore Hellyer, membre du Conseil privé, politicien, ingénieur, homme d’affaires, auteur (né le 6 août 1923 près de Waterford, en Ontario; décédé le 8 août 2021 à Toronto, en Ontario). Longtemps député, Paul Hellyer a fait partie des cabinets des premiers ministres Lester B. Pearson et Pierre Trudeau. Au moment de son décès, il était le membre ayant le plus longtemps siégé au Conseil privé. En tant que ministre de la Défense, il a coordonné l’adoption des armes nucléaires par le Canada ainsi que l’unification des Forces armées. Paul Hellyer a contesté le leadership des partis libéral et progressiste-conservateur et est devenu chef de deux petits partis fédéraux qu’il a lui-même fondés. L’homme politique est à la fois connu pour son opposition au libre-échange et pour son appui à la réforme de la politique monétaire. Il a aussi gagné une réputation à l’échelle internationale pour avoir affirmé que les gouvernements occidentaux possédaient (et cachaient) des preuves de l’existence des ovnis et de la vie extraterrestre.

Jeunesse

Paul Hellyer naît et grandit sur une ferme près de Waterford, en Ontario. Dès son jeune âge, il manifeste un intérêt pour l’aviation. Après le secondaire, il fréquente l’institut technique d’aéronautique Curtiss-Wright, à Glendale, en Californie. Il décroche ainsi un diplôme d’ingénierie aéronautique peu avant son 18e anniversaire. Il obtient également un brevet de pilote.

Deuxième Guerre mondiale

Les aptitudes techniques de Paul Hellyer sont très en demande pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il se trouve donc rapidement à Fort Erie, en Ontario, à la tête d’un groupe d’ingénieurs fabriquant des avions-écoles pour l’Aviation royale canadienne (ARC). Toutefois, les besoins de l’ARC en matière de pilotes diminuent grandement vers la fin de la guerre. Paul Hellyer intègre donc à nouveau l’Armée canadienne, cette fois comme artilleur, mais ne fait aucun service outre-mer. Pendant un certain temps, il est responsable de surveiller des prisonniers de guerre dans un camp en Alberta.

Après la guerre, Paul Hellyer s’installe à Toronto et épouse Ellen Ralph en juin 1945. Il achète ensuite une boutique de vêtements pour femmes, qu’il gère pendant qu’il poursuit des études à l’Université de Toronto. Pendant ce temps, sa famille et lui partagent un appartement à trois chambres au-dessus de la boutique. Paul Hellyer obtient son baccalauréat en 1949, soit l’année où il est élu pour la première fois député au Parlement, dans la circonscription de Davenport.

Député

Lorsque Paul Hellyer se lance en politique, ses intérêts portent surtout sur l’économie et le logement. Toutefois, son expérience militaire l’amène à surtout occuper des postes dans le ministère de la Défense du gouvernement de Louis St-Laurent, tout d’abord comme adjoint parlementaire du ministre de la Défense en février 1956, puis comme ministre associé de la Défense nationale en avril 1957. Âgé de seulement 33 ans lorsqu’il intègre le cabinet, il est également le premier membre originaire de Toronto depuis les douze dernières années. Son mandat est toutefois de courte durée puisque les libéraux sont vaincus aux élections de 1957. Paul Hellyer ne remporte aucun siège lors des élections de 1957 et de 1958.

À la fin des années 1950, Paul Hellyer est aussi président d’une entreprise de construction résidentielle et d’une autre dans le secteur immobilier. Dans ses temps libres, il s’adonne notamment au chant, qu’il a étudié au Centre d’arts de Banff et au Conservatoire de musique de Toronto (aujourd’hui le Conservatoire royal de musique).

Ministre du cabinet

Paul Hellyer fait son retour au Parlement lors de l’élection partielle de 1958 pour le comté de Trinity, au centre-ville de Toronto. Il devient rapidement reconnu en tant qu’opposant important du gouvernement du premier ministre John Diefenbaker. Lorsque les libéraux remportent l’élection fédérale de 1963, le nouveau premier ministre, Lester B. Pearson, nomme Paul Hellyer comme ministre de la Défense nationale. Pendant son mandat, Paul Hellyer coordonne l’adoption des armes nucléaires. Il organise également l’ unification des Forces armées, qui mène à la fusion des différentes branches militaires du Canada pour former les Forces armées canadiennes. Quoique controversée, cette décision est encore aujourd’hui au cœur de la structure organisationnelle de l’armée canadienne.

Paul Hellyer devient ministre des Transports en septembre 1967. Au mois d’avril 1968, il participe à la course à la chefferie du Parti libéral, mais se retire au troisième tour. Il termine alors en quatrième place, et Pierre Trudeau remporte le titre de chef du parti. Sous la gouverne de Pierre Trudeau, Paul Hellyer conserve son poste de ministre des Transports. Il devient également la première personne nommée ministre de premier plan au Canada (que l’on désignerait aujourd’hui sous le nom de vice-premier ministre), en 1968.

La même année, Paul Hellyer se voit confier la Commission fédérale d’étude sur le logement et l’aménagement urbain, qui publie son rapport un an plus tard. Celui-ci suggère notamment d’adopter de nouvelles approches en matière de logement et d’aménagement urbain entre autres, avec l’implication accrue du gouvernement fédéral. Toutefois, Pierre Trudeau considère que les enjeux liés aux logements et à l’urbanisme relèvent des compétences provinciales, ce qui déclenche une querelle avec Paul Hellyer quant à la place du fédéralisme. Ce dernier, jugeant que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans « le logement, la pollution, l’inflation et le développement urbain », quitte le cabinet du premier ministre le 29 avril 1969.

Action Canada

Paul Hellyer siège au Parlement en tant que député indépendant jusqu’à ce qu’il forme son propre parti politique, Action Canada. Celui-ci, plutôt éphémère, vise alors le plein emploi, le maintien d’une faible inflation et l’amélioration de la qualité de vie des Canadiens et Canadiennes. Les enjeux macroéconomiques sont au cœur de l’orientation et des intérêts politiques de Paul Hellyer.

En 1971, le chef du Parti progressiste-conservateur, Robert Stanfield, invite Paul Hellyer à se joindre à son caucus. À la suite, Paul Hellyer adopte la bannière progressiste-conservatrice à sa réélection au Parlement en 1972, dans sa circonscription d’origine, Trinity. Il perd toutefois son siège en 1974.

En 1976, Paul Hellyer se porte candidat à la chefferie du Parti progressiste-conservateur, mais nuit à sa propre campagne lorsqu’il insulte les tories rouges pendant un discours au congrès d’investiture. Il se retire donc après le deuxième tour et termine en sixième place, loin derrière Joe Clark, le futur premier ministre. Paul Hellyer se joint à nouveau au Parti libéral en 1982, mais ne retourne pas au Parlement.

Parti action canadienne

En 1997, Paul Hellyer fonde le Parti action canadienne (PAC), qu’il dirige jusqu’en 2004. Comme le parti précédent, le Parti action canadienne est fondé sur des principes de nationalisme économique et s’oppose à la mondialisation et au libre-échange. Paul Hellyer se porte candidat aux élections parlementaires de 1997 et de 2000 en tant que chef du PAC, mais ne réussit pas à obtenir de siège. Au milieu des années 2000, il tente de négocier une fusion avec le Nouveau Parti démocratique (NPD), mais ce projet ne se concrétise pas non plus. Le PAC est finalement dissous en 2017.

Journalisme et écriture

Paul Hellyer, l’un des premiers investisseurs du Toronto Sun, devient millionnaire à la vente du journal en 1982. De 1974 à 1984, le politicien publie régulièrement des chroniques dans ce périodique. Il gère également une entreprise de construction lucrative à Toronto et est propriétaire d’un complexe touristique à Muskoka.

Au cours de sa vie, Paul Hellyer publie plus d’une douzaine de livres, dont One Big Party: To Keep Canada Independent (2003), The Money Mafia: A World in Crisis (2014) ainsi que l’autobiographie Hope Restored: My Life and Views on Canada, the U.S., the World & the Universe (2018). Il participe aussi souvent à l’émission de télévision Front Page Challenge de la CBC.

Vie personnelle

Avec sa première femme, Ellen, Paul Hellyer a trois enfants : une fille, Mary Elizabeth, et deux fils, Peter et David. Après le décès de sa première femme en 2004, il épouse en 2005 Sandra Bussiere, une amie de la famille, elle aussi veuve.

Ovnis et extraterrestres

Paul Hellyer est un ministre du cabinet de premier plan lorsque sont aperçus les deux ovnis les plus connus au Canada, soit celui du lac Falcon, au Manitoba, et celui de Shag Harbour, en Nouvelle-Écosse. Les deux incidents surviennent en 1967. La même année, Paul Hellyer inaugure une aire d’atterrissage d’ovnis à St. Paul, en Alberta. Construite pour souligner le centenaire du Canada, l’aire symbolise les bonnes intentions des Terriens envers toute civilisation extraterrestre potentielle.

Pendant les dernières années de sa vie, Paul Hellyer acquiert une réputation internationale lorsqu’il devient la première personne à travailler dans le cabinet d’un pays du G7 à croire ouvertement à l’existence des extraterrestres. Paul Hellyer affirme d’ailleurs avoir lui-même observé un objet volant non identifié (ovni). Il prétend également que, pendant plusieurs années, la Terre a été visitée régulièrement par des êtres vivants sensibles d’autres planètes et que les gouvernements de pays riches et industrialisés, comme le Canada et les États-Unis, en sont conscients, mais choisissent de garder le secret.

À plusieurs reprises, Paul Hellyer affirme que les extraterrestres possèdent des technologies avancées pouvant être utilisées sur Terre, notamment pour mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles et pour appuyer la lutte contre les changements climatiques. Il avance également que les extraterrestres pourraient aider les peuples de la Terre s’ils ne se battaient pas autant entre eux. Ses allégations n’ont jamais été confirmées ni infirmées par le gouvernement du Canada.