Margaret Ecker | l'Encyclopédie Canadienne

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Margaret Ecker

Margaret Alberta Corbett Ecker, journaliste (née en 1915 à Edmonton, en Alberta; décédée le 3 avril 1965 à Ibiza, en Espagne). Margaret Ecker a remporté plusieurs prix pour ses articles de journaux et de magazines. Elle a été la seule femme à servir outre-mer en tant que correspondante de guerre pour le service de transmission de la Presse canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle était également la seule femme présente lors de la reddition sans condition de l’Allemagne en 1945. Margaret Ecker a été faite officier de la Maison de l’Ordre d’Orange des Pays-Bas en 1947; c’était la première femme canadienne à recevoir une telle distinction.

Jeunesse

Margaret Ecker est la fille de Margaret Elizabeth (nom de naissance Corbett) et de Peter Ecker. Sa mère participe au travail bénévole de différents clubs et de l’Église unie. Son père travaille comme mouleur dans une fonderie. C’est un membre à vie du Syndicat international des mouleurs et de leurs alliés. (Voir Sidérurgie.) Avant sa naissance, ses parents perdent un fils de sept ans, happé à mort par un tramway près de son école d’Edmonton. Ils intentent un procès infructueux contre la municipalité. La famille déménage à Vancouver en 1917.

Margaret Ecker écrit dès son jeune âge. En 1930, à l’âge de 15 ans, elle écrit plusieurs reportages et nouvelles fictives pour la page des enfants du Daily Province alors qu’elle est encore élève à l’école secondaire King George.

Formation universitaire

Margaret Ecker étudie l’anglais et l’histoire à l’Université de Colombie-Britannique, d’où elle obtient un baccalauréat ès arts en 1936. Elle est active sur le campus en tant que collaboratrice du journal étudiant Ubyssey, pour lequel elle agit à titre de rédactrice en chef en 1935-1936. Elle est rédactrice de l’annuaire Totem lors de sa dernière année d’études. Elle est également membre du club littéraire des lettres et de la troupe de théâtre Players’ Club, en plus d’être dirigeante de la section Beta Theta de la sororité Alpha Phi. Elle devient ensuite rédactrice en chef du magazine des anciens élèves, Graduate Chronicle.

Carrière en journalisme

Après avoir obtenu son diplôme, Margaret Ecker travaille comme reporter pour le journal Province de Vancouver. Elle travaillera également pendant quelque temps au Calgary Herald.

Alors qu’elle couvre la tournée royale de 1939 pour le Province, elle fait la connaissance de Bob Francis, un correspondant de l’agence British United Press basé à Montréal. Bob Francis, né à Sydenham, en Angleterre, grandit en Colombie-Britannique, où son père était producteur fruitier. Le couple se marie à l’Église unie St. John’s de Vancouver le 3 décembre 1941, quatre jours avant l’attaque japonaise sur Pearl Harbor.

Margaret Ecker est embauchée comme rédactrice d’articles spéciaux et d’information féminine à Montréal par British United Press. L’un de ses premiers reportages est une série en deux volets portant sur le centre d’entraînement du Service féminin de l’Armée canadienne au Québec. Au bout de quelques mois, elle et Bob Francis sont engagés par la Presse canadienne pour présenter des reportages depuis Ottawa. En juillet 1942, Margaret Ecker s’engage comme officier de liaison avec la presse auprès de l’Aviation royale canadienne.

Margaret Ecker continue d’utiliser son nom de naissance comme nom professionnel pendant la guerre. Elle reste au Canada, couvrant le front intérieur pour le service de presse. Elle est connue pour ses histoires sur la princesse Juliana des Pays-Bas, qui vit alors en exil à Ottawa. (Voir aussi Princesse Margriet des Pays-Bas.)

En septembre 1943, Margaret Ecker écrit un article remarquable sur un homme retrouvé dans les rues de Toronto incapable de parler ou de bouger. Frappé par une paralysie soudaine et inexpliquée, l’homme finit par retrouver suffisamment de mouvement dans la main pour graver son nom au crayon. L’homme devient par la suite écrivain pour des magazines à sensation. Margaret Ecker écrit que ce qui lui est arrivé est « encore plus étrange que les histoires fictives qu’il compose ». L’article, publié dans des journaux de tout le pays, vaut à Margaret Ecker un prix du Canadian Women’s Press Club. La juge du prix, l’auteure et actrice américaine Cornelia Otis Skinner, décrit l’article comme « laconique et vif avec juste la bonne dose d’émotion, sans tomber dans le mélodrame ». Margaret Ecker remporte de nouveau ce prix pour un article publié en 1946 par le magazine Chatelaine.

Correspondante de guerre

En novembre 1943, le service de transmission de la Presse canadienne affecte Margaret Ecker à son bureau de guerre de Londres. C’est alors la première femme à être ainsi déployée à l’étranger par l’agence. Elle écrit à cette époque des articles sur les infirmières militaires, les femmes de la marine marchande et les nettoyeuses qui travaillent sous garde armée au quartier général secret pour la planification de l’invasion. Après l’invasion du jour J, le 6 juin 1944, Margaret Ecker interviewe des soldats blessés dans des hôpitaux en Angleterre. En septembre, elle fait ses reportages depuis Paris, désormais libérée.

Tard un soir de 1945, Margaret Ecker et une poignée d’autres correspondants basés à Paris sont convoqués au quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées dans une école de Reims, en France. Quand le général Dwight D. Eisenhower, commandant suprême des forces alliées, repère la jeune journaliste, alors âgée de 30, il s’exclame : « Mais que fait cette enfant ici? »

Margaret Ecker est l’un des 17 correspondants invités à la signature de l’armistice et de la reddition des forces armées allemandes aux premières heures du 7 mai 1945. C’est la seule femme dans la salle à la cérémonie qui met fin à six années sanglantes de guerre, événement mieux connu sous le nom de jour de la Victoire en Europe.

« Nous avons tout de suite su en recevant l’appel téléphonique que c’était quelque chose d’important », déclarera Margaret Ecker plus tard. « Nous sommes allés en voiture; nous étions une soixantaine. C’était tout un capharnaüm à l’école. Tout le monde se poussait et tentait de voir par-dessus les épaules des autres. » Plus tard, Margaret Ecker racontera qu’elle n’avait pas réfléchi, à l’époque, à l’importance de son rôle en tant que seule femme à assister à cette signature historique. « Je savais simplement que le plus grand événement sur lequel j’aurais jamais l’occasion d’écrire dans ma vie était en train de se dérouler sous mes yeux », déclare-t-elle.

Le 23 mai 1945, la journaliste est encore une fois sur place lorsque se rendent les derniers éléments du régime nazi au maréchal britannique Bernard Montgomery au port maritime allemand de Flensburg, sur la mer Baltique. Margaret Ecker réalise également une tournée des Pays-Bas libérés en compagnie de la reine Wilhelmina, avec qui elle s’est liée d’amitié à Ottawa. Les deux femmes passent huit heures ensemble dans un véhicule amphibie, saluant au passage les habitants des terres inondées.

Carrière d’après-guerre

 

Dans les années qui suivent la guerre, Margaret Ecker et son mari travaillent à la pige lors de leurs voyages en Europe et dans le Pacifique Sud. En 1951, elle devient directrice pour la région de l’Ouest d’Inside Canada, un cabinet de relations publiques. Elle est basée à Vancouver. Elle continue d’écrire des articles pour des magazines comme Liberty et Saturday Night. En 1956, elle devient rédactrice en chef de l’information féminine du Vancouver Herald. Après la fermeture du journal l’année suivante, Margaret Ecker et son mari se réinstallent à Londres, en Angleterre, où Bob Francis travaille comme correspondant pour Newsweek.

Prix

En 1947, la reine des Pays-Bas nomme Margaret Ecker officier de la Maison de l’Ordre d’Orange. La journaliste est la première femme canadienne à recevoir une telle distinction.

Décès

Margaret Ecker décède pendant des vacances familiales dans les îles Baléares, en Espagne.

Voir aussi Kathleen Coleman; Ella Cora Hind; Robertine Barry (Françoise)