Frank Bing Wong (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Frank Bing Wong (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

« ‘’Votre sang, notre liberté.’’ Voilà ce qu’ils pensent des Canadiens. »

Frank Bing Wong a servi dans l'armée Canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet de M. Wong, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Frank Wong en 1942.
Frank Wong en 1942.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Frank Wong)
Frank Wong (au centre) en Belgique, 1944.
Frank Wong (au centre) en Belgique, 1944.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Frank Wong)
Frank Wong en formation avancée à Barriefield, Ontario, 1942.
Frank Wong en formation avancée à Barriefield, Ontario, 1942.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Frank Wong)
Frank Wong en entrainement de base à Vernon, Colombie Britannique, 1942.
Frank Wong en entrainement de base à Vernon, Colombie Britannique, 1942.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Frank Wong)
Frank Wong devant la Tour Eiffel à Paris, France, en 1945.
Frank Wong devant la Tour Eiffel à Paris, France, en 1945.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Frank Wong)

Transcription

En autant que ça me concerne, le service militaire a été une très bonne expérience pour moi. Pour la première fois de ma vie, je me sentais confiant, je me sentais vraiment comme une personne à part entière, un citoyen canadien comme les autres. Je n’ai ressenti aucune discrimination pendant mes années avec les Forces canadiennes. En tant que civil, par contre, j’avais ressenti beaucoup de discrimination raciale. Mais dans les, dans mon cas, il n’y avait aucune discrimination dans les Forces canadiennes.

J’étais très heureux dans les Forces ; je recevais de nombreuses invitations à souper chez les copains et tout ça. C’est dur à croire, en tant que Chinois j’étais sensé être inférieur aux Blancs et tout ça mais on m’invitait quand même. J’étais à Ottawa et les copains m’invitaient chez eux pour le souper de Noël. On expliquait qu’on m’invitait pour les fêtes parce que j’étais éloigné de mon chez moi.

J’ai fait partie du 2e atelier de réparation. C’était un atelier mobile de réparation chargé de suivre l’artillerie, les groupes d’armée de l’Artillerie royale (AGRA). Nous suivions l’artillerie dans tous ces déplacements et nous étions spécialisés dans la réparation d’armes. Nous avons été souvent pris sous le feu ennemi.

Et, en France, après la bataille de la poche de Falaise, nous sommes allés à Caen, la ville de Caen en France. Je me souviens, cette ville devait être prise par les Alliés au jour J mais en réalité, les Alliés ont mis six ou sept semaines à la prendre. Ils ont du combattre très fort dans cette région. Et, je suis allé, mon Dieu ! L’odeur nauséabonde m’a fait vomir. Il y avait des cadavres partout, vous savez, ils n’étaient pas enterrés et oh, mon Dieu ! L’odeur était insupportable. C’est là que j’ai vomi pour la première fois. Ensuite, en traversant la France, alors que les Allemands battaient en retraite, c’était très rassurant, vous savez. Chaque fois qu’on s’arrêtait, les Français venaient à notre rencontre avec du vin et de la nourriture et puis, il y a un petit village qui s’appelle Equeurdreville. Nous étions la première unité à arriver dans cette petite ville. Les gens étaient tellement heureux de nous voir. Plus tard, nous avons reçu une lettre des citoyens nous informant qu’ils avaient installé une plaque commémorative en plein sur la place centrale. Ils n’avaient pas retenu le numéro de notre unité, mais ils avaient retenus le nom du commandant, le Major Thomas Quan, celui des officiers et des soldats.

J’étais le seul Chinois, mais j’ai été traité comme les autres. À ma grande surprise, une dizaine de jour après le débarquement de Normandie, sur la plage de Juno, j’ai été fait caporal. J’en étais très surpris. J’ai déclaré, ‘’Wow ! Je suis surpris, je suis le seul Chinois !’’. Et, j’ai quand même accédé au grade de caporal. Alors, il n’y avait aucun problème dans mon unité. Les gens me respectaient. C’est un peu triste, vous savez. Je me souviens lorsque nous sommes arrivés en Hollande, les gens crevaient de faim. Et, je me souviens des petits enfants qui se battaient pour obtenir ce qu’on jetait dans les poubelles. Alors, tout naturellement, nous ne mangions que la moitié de nos repas pour les partager avec les enfants. Et, lorsque notre officier a su ce qu’il se passait, il a ordonné la garde autour de la cuisine pour empêcher les enfants de venir. Ils nous disaient, ‘’Vous avez besoin de la nourriture.’’ Et, nous répondions, ‘’Nous avons toute une organisation qui s’occupe de nous nourrir, au détriment des civils.’’ Mais, ils nous répondirent, ‘’Vous avez besoin de toute la nourriture.’’

À cette époque en Hollande, nous étions les derniers à recevoir les provisions. Tous les approvisionnements devaient être expédiés à partir de la plage Juno en France, et nous étions à une distance de 300 à 400 milles. À ce moment précis, nos trois poids lourds étaient nettement plus importants que notre char d’assaut – le transport des munitions et du pétrole était prioritaire. Alors, à cause de la distance et du temps de transport, nos rations et nos calories s’en sont trouvé réduites. Les choses se sont améliorées une fois à Anvers (Belgique). Anvers était le point d’approvisionnement principal des Alliés. C’est un des plus grands ports de mer et il y avait plein de navires à la disposition de tous. Tout arrivait à Anvers, même les provisions de l’armée américaine.

J’ai eu une autre expérience, à Vancouver il y a deux ou trois ans. Je portais mon manteau avec toutes mes médailles et un jeune homme m’a abordé en disant, ‘’Vous avez servi en Hollande.’’ J’ai répondu, ‘’Oui.’’ Il a continué, ‘’Je veux vous remercier d’avoir libéré notre pays.’’

J’avais l’impression que les gens de la Hollande, même les enfants d’école, en savaient plus sur l’armée canadienne que mes concitoyens canadiens. Je crois que nous sommes allés au cimetière militaire. Chaque année, les écoliers visitent les tombes, apportent des fleurs et se tiennent en rang à côté des tombes. Après les cérémonies, les enfants nous faisaient des demandes d’autographes. Alors, j’ai demandé à mon tour l’autographe d’un des enfants. Et, je me souviens encore, la petite fille a écrit, ‘’Merci d’avoir libéré notre pays,’’ et elle a ajouté une phrase, ‘’Votre sang, notre liberté.’’ Je me souviens encore de cette phrase, ‘’Votre sang, notre liberté.’’ Voilà ce qu’ils pensent des Canadiens.

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