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Politique nationale

La Politique nationale est la stratégie économique et politique centrale du Parti conservateur sous le premier ministre John A. Macdonald ainsi que sous bon nombre de ses successeurs haut-placés.

La Politique nationale est la stratégie économique et politique centrale du Parti conservateur sous le premier ministre John A. Macdonald ainsi que sous bon nombre de ses successeurs haut-placés. Elle se traduit, de 1878 jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, par l’imposition de tarifs douaniers élevés sur les biens étrangers importés, afin de protéger les fabricants canadiens contre la concurrence étatsunienne.

Les bas tarifs de Mackenzie

La protection tarifaire des fabricants est le slogan de ralliement de la coalition libérale-conservatrice de Macdonald pendant sa campagne victorieuse aux élections générales de 1878.

Le Parti libéral du premier ministre Alexander Mackenzie, au pouvoir de 1873 à 1878, avait autrefois adhéré à une politique de tarifs douaniers (environ 20 % de droits de douane sur les produits fabriqués) uniquement dans le but de faire des revenus. Il était resté fidèle à cette politique non protestionniste malgré la crise économique des années 1870 et l’échec du gouvernement, en 1874-1875, dans la tentative de négociation d’un accord de réciprocité (libre-échange) avec les États-Unis.

La Politique nationale de Macdonald devient une question d’intérêt public après que le gouvernement libéral n’ait pas réussi à augmenter les tarifs douaniers dans le budget de 1876. Le gouvernement Macdonald revient au pouvoir en 1878, et augmente les tarifs dans le budget du 14 mars 1879, après consultation du milieu des affaires.

Stratégie économique des Tories

Il est prévu qu’en élargissant la base économique nationale, les tarifs élevés rétablissent la confiance des Canadiens envers le développement de leur pays. Macdonald reconnaît que sa Politique nationale favoriserait également le développement d’un groupe d’hommes d’affaires prospères, y compris plusieurs à Montréal, qui pourraient par la suite contribuer généreusement au Parti conservateur.

On augmente le tarif douanier sur la plupart des produits fabriqués à l’étranger, ce qui offre une protection considérable aux fabricants canadiens. Tout aussi importante pour ces derniers, la réduction des droits de douane sur les matières premières et les produits semi-transformés fait diminuer les coûts de production.

Au fil du temps, la Politique nationale prend un sens plus large dans la rhétorique du Parti conservateur, qui a tendance à l’assimiler à ses plus grandes politiques de développement. Parmi celles-ci, on compte le Chemin de fer du Canadien Pacifique (années 1880), la colonisation de l’Ouest (incluant la Loi sur les terres fédérales de 1872 et la politique d’immigration), l’aménagement portuaire et l’octroi de subventions au service rapide de navires à vapeur vers l’Europe et l’Asie pour faciliter l’exportation des produits canadiens. Elle devient la base de la politique du Parti conservateur pendant des décennies. Dans les années 1930, le premier ministre R.B. Bennett l’adopte de façon aussi fervente que Macdonald l’avait fait dans les années 1880.

Macdonald remporte sa dernière élection, en 1891, en défendant sa Politique nationale contre l’opposition libérale qui exige l’union commerciale et une « réciprocité illimitée » avec les États-Unis.

Enjeu d’élection récurrent

Le gouvernement libéral de sir Wilfrid Laurier de 1896, adopte les mêmes principes du protectionnisme, sans la rhétorique, toutefois, de la Politique nationale des tarifs douaniers, et garde ses tarifs généraux à des taux tout aussi fortement protectionnistes.

Même si le célèbre accord de réciprocité signé avec les États-Unis par le gouvernement de Laurier, en 1911, abolit dans son ensemble les droits sur les produits naturels et diminue les droits de douane sur une liste restreinte d’articles manufacturés, il ne fait que quelques concessions sur les tarifs s’appliquant aux produits manufacturés. Toutefois, l’accord proposé inquiète suffisamment les fabricants pour qu’ils transfèrent leur soutien aux conservateurs à l’élection générale de 1911.

Faisant campagne sur l’argument que la Politique nationale a permis de développer une économie équilibrée, que la réciprocité menace l’économie canadienne et que le choix des électeurs est que ce sera « soit l’esprit de canadianisme ou l'esprit de continentalisme qui prévaudra sur la moitié nord de ce continent », les conservateurs de Robert Borden remportent la victoire, apportant une continuité à la Politique nationale.

Démantèlement progressif

La Politique nationale, populaire dans le Canada central, n’est pas acceptée dans l’Ouest. Elle est au cœur du ressentiment persistant envers le secteur manufacturier de l’Est.

La Politique nationale est démantelée de façon progressive sous le gouvernement libéral des premiers ministres William Lyon Mackenzie King et Louis St. Laurent au cours des années 1940 et 1950, respectivement. Les économies du Canada et des États-Unis se sont peu à peu intégrées après la Deuxième Guerre mondiale. En signant le Pacte de l'automobile, en 1965, les deux pays franchissent une étape importante de l’intégration économique continue. En 1989, le Canada et les États-Unis signent l’accord de libre-échange (voir libre-échange), mettant ainsi en place des liens économiques étroits.

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