Sites archéologiques de Pointe-du-Buisson | l'Encyclopédie Canadienne

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Sites archéologiques de Pointe-du-Buisson

 C'est dans les années 1960 que commencent les premières interventions archéologiques professionnelles à Pointe-du-Buisson. Elles sont menées par la Société d'ARCHÉOLOGIE préhistorique du Québec et permettent la découverte et la documentation de cinq sites archéologiques majeurs.
Pointe-du-Buisson, Artefacts
Artefacts préhistoriques de Pointe-du-Buisson : a) perle à facettes -XVIIe et XVIIIe siècles ; b) fourchette, 1867-1950 ; c) bouton en cuivre, 1800-1860 ; d) broche à vêtement, XXe siècle (photos : Luc Bouvrette ; avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
Villa Ellice
Vestiges du \u00ab fishing cottage \u00bb construit par la famille Ellice au XIXe siècle (avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie).
Un archéologue partage sa passion avec le public à Pointe-du-Buisson (photo : Luc Bouvrette ; avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie).
Pointe-du-Buisson
Pointe-du-Buisson avec les rapides où les gens devaient faire du portage (avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie).
Fouilles archéologiques à Pointe-du-Buisson dans les années 1960 (avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
Pointe-du-Buisson, Artefacts
Artefacts préhistoriques de Pointe-du-Buisson : a) pointe de projectile de type Snook Kill - Archaïque Post-Laurentien, 4200 à 3000 AA ; b) pierre aviforme - Sylvicole inférieur, 3000 à 2400 AA ; c) Fragment de vase en céramique \u0096 Sylvicole moyen ancien, 2400 à 1500 AA ; d) Tête de harpon en os - Sylvicole moyen tardif, 1500 à 1000 à AA (photos : Luc Bouvrette ; avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)

Sites archéologiques de Pointe-du-Buisson

Pointe-du-Buisson est une petite pointe de terre (21 hectares) s'avançant dans les eaux du lac Saint-Louis (élargissement du fleuve Saint-Laurent) au confluent de la rivière des Outaouais. Bordée de rapides impossibles à franchir en bateau, Pointe-du-Buisson était un lieu très fréquenté à la période de PRÉ-CONTACT par les populations amérindiennes qui devaient y faire du PORTAGE. Lieu de courtes haltes, campements estivaux, site de pêche puis lieu de villégiature, Pointe-du-Buisson accueille les groupes humains depuis 5 000 ans.

C'est dans les années 1960 que commencent les premières interventions archéologiques professionnelles à Pointe-du-Buisson. Elles sont menées par la Société d'ARCHÉOLOGIE préhistorique du Québec et permettent la découverte et la documentation de cinq sites archéologiques majeurs. Puis, dans les années 1970, l'Université de Montréal instaure un important programme de formation en archéologie à Pointe-du-Buisson. Pendant 20 ans, les professeurs et étudiants de l'École de Fouilles arpentent le sol de Pointe-du-Buisson et y découvrent 10 autres sites archéologiques importants. Au total, 17 sites archéologiques y ont été répertoriés, et plus de deux millions d'artefacts ont été collectés. Au fil des ans, Pointe-du-Buisson devient un des sites les mieux documentés au QUÉBEC et un lieu clé pour la compréhension des populations préhistoriques de la région.

Les premiers visiteurs (5 000 ans AA)

Les premières populations vivent dans la région il y a 5 000 ans AA (avant aujourd'hui, une expression temporelle utilisée en archéologie, « aujourd'hui » correspondant à 1950). Les premiers individus à laisser des traces sur le sol de Pointe-du-Buisson sont assez discrets. En effet, à peine une dizaine d'artefacts (essentiellement des pointes de projectile en pierre) témoignent de leur passage. On sait qu'ils ont pratiqué la chasse et peut-être la pêche au cours de haltes brèves.

Les premiers occupants (4 200 à 3 000 AA)

On fréquente de façon plus continue le site de Pointe-du-Buisson au cours de la période appelée « ARCHAÏQUE post-laurentien ». On construit une habitation multifamiliale à trois foyers qui est occupée pendant quelques semaines. La chasse, la pêche et la cueillette sont des activités très importantes. On participe à des réseaux d'échange assez étendus comme le révèle les ressemblances entre le matériel trouvé à Pointe-du-Buisson et celui de la région des Grands Lacs ou de l'État de New York. La cornéenne du Mont-Royal (une ROCHE MÉTAMORPHIQUE à grains fins) est la matière préférée des tailleurs de pierre qui fréquentent Pointe-du-Buisson à cette époque.

Les rituels funéraires (3 000 à 2 400 AA)

Il y a environ 3 000 ans, un groupe humain incinère et enterre ses morts à Pointe-du-Buisson. On compte une dizaine d'individus, enterrés dans des fosses recouvertes de grandes dalles de pierre. Plusieurs offrandes funéraires accompagnent les morts dans leur dernier grand voyage : pierres aviformes, gorgerins (colliers d'apparat), lames de cache, perle en pierre, tessons de poterie, etc. On participe encore à une vaste sphère d'interaction où les biens culturels et les idées circulent abondamment.

D'intenses et brèves escales (2 400 à 1 500 AA)

Si de nombreux groupes ont visité Pointe-du-Buisson pendant la période appelée « Sylvicole moyen ancien », ils n'ont pas ou peu laissé de vestiges (dépotoirs, structures d'habitation, etc.) laissant à penser qu'ils occupèrent le site de façon prolongée. Toutefois, cette période est marquée par l'abondance d'une poterie caractéristique, décorée abondamment par des méthodes et outils qui lui sont propres. Cette poterie diagnostique et les autres objets mal connus de cette période de la préhistoire se retrouve en abondance sur certains sites de Pointe-du-Buisson et sont actuellement à l'étude.

Prélude à l'horticulture (1 500 à 1 000 AA)

C'est à cette période que l'on note au Québec et particulièrement à Pointe-du-Buisson, une augmentation de la sédentarité. En effet, les archéologues ont découvert à Pointe-du-Buisson plusieurs importants dépotoirs qui témoignent d'une volonté d'aménager un espace de vie utilisé sur une longue période. On s'y concentre sur: les ressources aquatiques, toujours très abondantes. En se déplaçant moins, les populations vont se distinguer de plus en plus les unes des autres et c'est ce qu'on observe avec l'apparition de la poterie de tradition Melocheville au style particulier, identifiée pour la première fois à Pointe-du-Buisson.

Des campements satellites (1 000 à 500 AA)

Les fouilles archéologiques ont permis la découverte de quelques petits campements de pêche datant de la période appelée « Sylvicole supérieur ». Ceux-ci étaient fréquentés par les Iroquoiens du Saint-Laurent, une nation amérindienne aujourd'hui disparue. Ces groupes vivaient probablement dans les villages avoisinant Pointe-du-Buisson et venaient profiter de l'abondance du poisson au site pendant quelques semaines, à la belle saison.

Des occupations historiques (XVIème siècle à aujourd'hui)

Le site de Pointe-du-Buisson n'a jamais cessé d'être fréquenté même après l'arrivée des Européens dans la région. D'abord, les coureurs des bois, militaires (dont FRONTENAC) et RELIGIEUX y arrêtent souvent afin d'éviter les importants rapides. Puis, au XIXe siècle, la famille Ellice, seigneurs de Beauharnois, y construit un « fishing cottage » dont les archéologues trouveront les vestiges. Perles de traite, bagues de JÉSUITE, ustensiles de cuisine, pipes en plâtre, etc. : une foule d'objets nous permet d'en apprendre davantage sur la vie à Pointe-du-Buisson pendant toute la période historique qui fut riche en évènements.

Mise en valeur du site

En 1986, un important centre d'interprétation est ouvert à Pointe-du-Buisson, qui deviendra plus tard : Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie. Ce musée cherche à faire découvrir et apprécier l'archéologie québécoise à un public toujours plus large.

Avec son imposante collection d'artefacts, ses nombreux sites archéologiques, sa bibliographie comprenant plusieurs centaines d'ouvrages et son musée exceptionnel, Pointe-du-Buisson est un lieu phare en recherche, en enseignement et en diffusion de l'archéologie au Québec. Son importance a été reconnue en 2006, lors que le site a été désigné LIEU HISTORIQUE national.

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