Tanguay, Eva | l'Encyclopédie Canadienne

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Tanguay, Eva

Eva Tanguay, actrice de vaudeville (Marbleton/Limeridge près de Sherbrooke, Qc, 1er août 1878 - Los Angeles, É.-U., 11 janvier 1947). Connue comme « la fille qui a rendu le vaudeville célèbre », elle s'installe au Massachusetts avec ses parents (son père est Français, sa mère, Canadienne française).

Tanguay, Eva

Eva Tanguay, actrice de vaudeville (Marbleton/Limeridge près de Sherbrooke, Qc, 1er août 1878 - Los Angeles, É.-U., 11 janvier 1947). Connue comme « la fille qui a rendu le vaudeville célèbre », elle s'installe au Massachusetts avec ses parents (son père est Français, sa mère, Canadienne française). Elle démontre un intérêt précoce pour la scène. Enfant, elle fait des tournées pendant cinq ans dans Little Lord Fauntleroy avant de jouer des rôles secondaires dans des mélodrames aujourd'hui oubliés, comme The Engineer (1895) et Who is Who? (1899).

En 1901, Tanguay se produit comme chanteuse et danseuse dans My Lady au Victoria Theatre d'Oscar Hammerstein à New York. Elle fonde bientôt sa propre compagnie, Eva Tanguay Comedy Co, et tient la vedette dans The Office Boy (1903), The Sambo Girl (1904) et A Good Fellow (1906). Dans The Chaperones (1903), elle fait sensation en chantant « I Don't Care », un air auquel elle sera dorénavant associé. Endossant les nouvelles aspirations féministes, elle crée en 1907 un numéro de vaudeville dans lequel elle joue un personnage déluré qui affiche la liberté sexuelle véhiculée par sa chanson fétiche. Deux fois par jour, son numéro énergique et provocateur ébranle le théâtre. Toujours précédée de trombones, ce « garçon manqué » virevolte frénétiquement autour de la scène, ce qui lui vaut d'être qualifié de « Reine du mouvement perpétuel », de « Petit cyclone sur deux jambes » et de « Femme de Jolson ». Elle fait le clown, attifée de costumes de plumes, de billets de banque et même de blocs-notes et de crayons. Ces chants émoustillants ridiculisent les conventions victoriennes : « I Want Someone To Go Wild With Me », « Go As Far As You Like », « It's All Been Done Before, But Not The Way I Do It ».

Le cachet de Tanguay grimpe de 250 à 3500 $ par semaine. Pendant 25 ans, elle est « la plus grande attraction aux guichets du vaudeville ». Elle fait des tournées au Canada et aux É.-U. et finit par braver les monopoles d'engagement des artistes en organisant ses propres tournées. Orageuse sur scène et en dehors, elle est réputée avoir jeté dans les escaliers un préposé qui bloquait son retour sur scène au moment du rappel, et avoir découpé en tranches un rideau coupe-feu parce que son cachet ne la satisfaisait pas. Elle fait régulièrement la manchette des journaux en prenant des bains de champagne avant ses spectacles, en s'envolant en montgolfière et en posant à côté de tigres. En 1908, elle incorpore dans son répertoire la danse de Salomé, très à la mode, et donne une conférence de presse pour dévoiler son costume. En desserrant son poing, elle laisse voir deux perles et un morceau de gaze verte. Un critique narquois note qu' « on ne peut guère décrire son costume en détail ».

Son numéro de tournée est filmé en 1908 dans un premier essai d'enregistrement du son. Elle est artiste invitée dans les Zeigfeld Follies of 1909 et tourne un film muet en 1916 (Wild Girl). Selon la discographie « Roll Back the Years », sa version de « I Don 't Care » est enregistrée vers 1922. En 1918, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, elle chante « La Marseillaise » en français, agenouillée et vêtue de petits drapeaux. Les critiques ne savent comment expliquer son succès. Elle n'est pas belle; sa grosse voix claironnante est comparée au « hurlement d'un dinosaure préhistorique » ou dite « pas plus musicale que le bourdonnement d'une scie », mais son humour agressif et sa vitalité lui conservent la fidélité du public jusque bien avant dans la cinquantaine.

Tanguay est connue pour payer ses achats avec des billets de 1000 $, mais le crash boursier de 1929 lui fait perdre deux millions de dollars. La fin prochaine du vaudeville la force en 1931 à se produire quatre à cinq fois par jour dans de petits cabarets. Après avoir tenté sa chance dans l'immobilier à Los Angeles, elle y meurt à 68 ans dans un oubli relatif, rendue presque aveugle par une cataracte.

En 1952, Mitzi Gaynor est la vedette de la version filmée de sa vie, The I Don't Care Girl