Balance des paiements | l'Encyclopédie Canadienne

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Balance des paiements

Relevé comptable des transactions économiques intervenues entre résidants (y compris le gouvernement) d'un pays et ceux d'autres pays au cours d'une période donnée, généralement annuelle ou trimestrielle.

Balance des paiements

Relevé comptable des transactions économiques intervenues entre résidants (y compris le gouvernement) d'un pays et ceux d'autres pays au cours d'une période donnée, généralement annuelle ou trimestrielle. Ce terme s'applique aussi à la différence entre recettes et paiements d'une certaine catégorie d'opérations internationales (échanges commerciaux ou comptes courants le plus souvent) qui peut faire l'objet d'une analyse économique (portant sur les causes ou les conséquences de l'état de cette balance) et d'une politique de l'État (sur les moyens d'atteindre ce qu'il considère être une situation désirable de cette balance).

La balance des paiements est fondée sur une comptabilité à partie double, où chaque opération économique donne lieu à un crédit et à un débit. Un crédit indique une diminution de l'actif ou une augmentation du passif; un débit affiche l'inverse. Ainsi, lors d'un échange de biens par troc entre résidants de deux pays, la baisse de l'inventaire des biens exportés constituerait un crédit, alors que la hausse de l'inventaire des biens importés s'inscrirait comme un débit. Le paiement des exportations se traduira par un accroissement du solde bancaire des résidants exportateurs, par une augmentation de la dette des résidants étrangers importateurs ou par une diminution de la dette de ces mêmes résidants exportateurs.

L'accroissement du solde du compte bancaire et le montant des prêts consentis à des résidants étrangers s'inscriraient comme débits d'un montant égal à celui du crédit né de l'exportation des biens. Les transactions non accompagnées de paiement (p. ex. dons personnels envoyés à l'étranger, aide étrangère sans contrepartie ou envoi de fonds par des immigrants à leur parenté au pays d'origine) figurent néanmoins dans la colonne du débit pour maintenir l'équilibre entre crédits et débits.

Puisque toutes les transactions s'incrivent en double entrée, c'est-à-dire dans une colonne de débit et une colonne de crédit, un écart ne peut apparaître entre la somme des crédits et celle des débits que pour certaines catégories de transactions, mais non pour l'ensemble de la balance des paiements. En fait, certaines transactions sont mal répertoriées ou ne le sont pas du tout, ce qui provoque un déséquilibre entre les deux sommes. Le redressement se fait alors par l'introduction d'une catégorie arbitraire qu'on appelle des « erreurs et omissions nettes ». Dans les statistiques canadiennes, les crédits sont des encaissements notés d'un signe positif, et les débits, des débours marqués d'un signe négatif.

Les comptes de la balance des paiements du Canada se regroupent en trois grandes catégories de transactions, la balance du commerce des marchandises (appelée aussi balance commerciale), la balance des comptes courants et la balance des capitaux. La balance commerciale note les recettes de l'exportation de biens moins les dépenses des importations de biens. La balance des comptes courants est la somme de la balance commerciale et de la valeur nette des transactions portant sur les services, les revenus d'investissement et les transferts unilatéraux (voir Commerce international). Le compte de capital comptabilise les mouvements monétaires officiels sous la forme des variations dans les réserves d'or et de devises étrangères de l'État résultant de ses interventions sur les marchés des changes. La somme des comptes courants, du compte de capital et des « erreurs et omissions nettes » vaut, par définition, zéro.

Les plus importantes opérations du compte courant sont celles du commerce des marchandises : en 1995, les exportations représentent 81,4 p. 100 des recettes courantes et les importations, 69,8 p. 100 des paiements courants. Les autres opérations courantes concernent les services et les revenus d'investissements à l'étranger. En 1995, l'excédent du commerce des marchandises se chiffre à 28,39 milliards de dollars, un sommet en termes de dollars (ces chiffres sont en dollars courants et ne tiennent donc pas compte de la dépréciation causée à la valeur réelle des transactions par l'inflation). La balance des comptes courants enregistre cependant un déficit de 11,2 milliards de dollars induit par le déficit de 39,59 milliards des transactions invisibles courantes.

Les principales recettes de transactions invisibles proviennent de la vente de services de voyages, de fret et de services d'affaires à des résidants étrangers ainsi que des revenus tirés par des Canadiens de leurs investissements étrangers. Les Canadiens font à l'étranger des dépenses de voyages et de fret, mais les paiements invisibles les plus importants, sous forme d'intérêts et de dividendes (47,76 milliards de dollars), sont payés à des non-résidants pour l'utilisation de leurs capitaux au Canada.

Les importations de biens et services d'un pays ne doivent pas forcément égaler ses exportations. Le Canada a généralement plus de dépenses courantes que de recettes, sauf lors de la récession du début des années 80. Sa balance des opérations courantes est égale à la différence entre le total de ses revenus de toutes sources (production et vente de biens et de services, revenus d'investissements à l'étranger et de transferts unilatéraux) et l'ensemble de ses dépenses. Un individu dont les dépenses excèdent ses revenus doit financer la différence par l'emprunt ou la réduction de ses avoirs. Le Canada fait la même chose : sa balance des comptes courants se finance par des emprunts ou des prêts nets, ou encore par l'achat ou la vente de capitaux propres (capitaux des propriétaires). À l'échelle internationale, les Canadiens et leurs gouvernements sont des débiteurs nets (avec une des dettes nettes par habitant les plus élevées au monde). Au compte de capital figurent les transactions internationales nettes de diverses catégories d'actifs.

En 1995, les entrées nettes d'investissements directs de l'étranger au Canada se chiffrent à 6,84 milliards de dollars (au lieu d'une exportation nette de 212 millions en 1994). Cet apport net est attribuable à d'importants mouvements de capitaux bruts dans les deux sens, et entraîne un accroissement de la propriété étrangère d'entreprises canadiennes.

En 1995, les principaux investissements directs nets des résidants canadiens à l'étranger se chiffrent à 7,87 milliards de dollars. De ce total, 5,43 milliards vont en placements de portefeuille (actions et obligations), soit beaucoup moins que le montant record de 13,89 milliards placés en 1993. L'exportation totale de capitaux canadiens atteint 18,64 milliards en 1995, soit moins que le record de 19,14 milliards en 1993.

La valeur globale des investissements étrangers au Canada dépasse encore de beaucoup celle des investissements canadiens à l'étranger, surtout si l'on considère la taille relative des économies concernées. Le total des dettes envers les non-résidants augmente de 25,29 milliards en 1995. Les étrangers réduisent de 4,24 milliards leur portefeuille d'actions canadiennes en 1995, mais augmentent de 29,8 milliards leur part des obligations canadiennes. Tous flux compris, la balance du capital enregistre une entrée nette de capitaux de 6,65 milliards de dollars en 1995, contre une entrée record de 37,95 milliards en 1993.

En 1995, le surplus de 6,65 milliards de dollars enregistré par la balance des capitaux ne compense pas le déficit de 11,2 milliards inscrit à la balance des comptes courants. L'écart entre les deux, soit 4,55 milliards ne peut être imputé nulle part et apparaît donc à la rubrique des erreurs et omissions nettes.

La politique du mercantilisme, qui prévaut jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, recommande un surplus des recettes sur les dépenses dans la balance commerciale ou celle des comptes courants. Les résidants étrangers paient l'excédent en or ou en argent et augmentent ainsi les réserves de métaux précieux qui reflètent la richesse d'un pays. Les seules transactions de capitaux reconnues alors sont les échanges internationaux de métaux précieux. De là viennent les expressions balance des paiements « favorable » qui indique un excédent, et « défavorable » qui indique un déficit de la balance commerciale ou de celle des comptes courants.

D'autres mercantilistes croient qu'un excédent crée de l'emploi et prônent donc l'adoption d'une politique qui engendrerait un excédent des exportations. En 1752, le philosophe écossais David Hume conteste la théorie mercantiliste en expliquant qu'un excédent permanent du compte courant est impossible à réaliser parce que l'afflux d'or et d'argent par lequel l'étranger paie cet excédent entraînerait un accroissement des réserves monétaires, suscitant la hausse des prix à l'intérieur du pays et, par conséquent, l'augmentation des importations et la diminution des exportations.

D'après l'analyse économique moderne, l'excédent des comptes courants permet à un pays de compenser les fluctuations temporaires de son revenu par des emprunts ou des prêts destinés à régulariser la consommation. La balance des paiements est également considérée comme un moyen de répartir les ressources pécuniaires internationales. Les résidants d'une région à haute productivité de capital importent plus de biens et de services qu'ils n'en exportent et utilisent cette balance pour accroître le potentiel de production de leur pays.