Armée canadienne | l'Encyclopédie Canadienne

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Armée canadienne

L’histoire de l’Armée canadienne est en parallèle à celle du Canada. Ce qui a commencé comme une petite milice à l’époque de la Confédération s’est transformé en une force armée respectée et constituée principalement de soldats-citoyens qui a participé à la Première et la Deuxième Guerre mondiale. De la guerre de Corée aux missions de maintien de la paix des Nations Unies en Afghanistan et en Lettonie, et malgré des ressources limitées et des missions parfois mal définies, l’armée du Canada, aujourd’hui largement professionnelle, a servi avec distinction dans le monde entier.

Soldats canadiens revenant de la crête de Vimy

Actions de la milice de 1867 aux années 1900

L’une des premières préoccupations du gouvernement lors de la Confédération de 1867 est d’établir une force de défense intérieure pour la petite nation qui ne compte alors que 3,5 millions de personnes. La menace la plus importante pour le nouveau pays vient du sud, les États-Unis, avec ses 36 millions d’habitants.

La Loi sur la milice de 1868 (voir Lois de Milice) crée une milice sédentaire composée d’hommes âgés de 16 à 60 ans. Cette force n’existe que sur papier, mais elle est complétée en temps de paix par une milice active dont les soldats s’entrainent de 8 à 16 jours par année.

Peu après l’adoption de la Loi sur la milice, le nouveau pays est mis à l’épreuve durant la Résistance de la rivière Rouge de 1869 à 1870 (également connue sous le nom de Rébellion de la rivière Rouge). Au cœur de ce conflit se trouve le fait que le gouvernement canadien n’a pas négocié avec les Métis lorsqu’il a acheté la Terre de Rupert à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Craignant de perdre leurs terres et leur culture, les Métis empêchent les arpenteurs gouvernementaux d’entrer dans la colonie et ils forment un gouvernement provisoire sous Louis Riel.

À la suite de l’exécution d’un colon anglophone qui s’est opposé au gouvernement provisoire (voir Thomas Scott), le Canada envoie rapidement une force de soldats britanniques et de miliciens canadiens à la colonie de la rivière Rouge. Avant que l’armée n’arrive en août 1870, Louis Riel et ses lieutenants s’enfuient aux États-Unis et le gouvernement provisoire s’effondre, le tout sans effusion de sang. Des tensions sous-jacentes subsistent cependant et le traitement réservé aux propriétaires fonciers métis donne lieu à un autre conflit en 1885 (voir la discussion sur la Résistance du Nord-Ouest ci-dessous).

En 1870, plus de 13 000 miliciens se portent volontaires pour monter la garde aux frontières du Canada en raison de la menace d’une attaque de la part d’Américains d’origine irlandaise qu’on appelle les fenians. Les fenians espèrent faire avancer la cause de l’indépendance de l’Irlande face aux Britanniques en attirant des forces impériales en Amérique du Nord pour protéger le Canada. Leurs attaques échouent et en 1871, la Grande-Bretagne finalise le retrait de ses dernières garnisons au Canada, laissant ainsi à la milice le soin de défendre le pays.

En mars 1885, plus de 6000 hommes se portent volontaires pour maîtriser la Résistance du Nord-Ouest (également appelée la Rébellion du Nord-Ouest), un soulèvement de Métis et de peuples des Premières Nations dans les Prairies. La Force de campagne du Nord-Ouest envoyée par Ottawa est en majeure partie commandée par le major général britannique Frederick Middleton. Mis à part quelques autres officiers britanniques, la force militaire est composée de Canadiens. Ces soldats à temps partiel n’ont pas reçu d’entrainement et ils sont mal équipés, mais ils sont enthousiastes et ils progressent rapidement vers l’ouest en empruntant les sections nouvellement achevées du chemin de fer du Canadien Pacifique.

Bataille de Batoche

Une partie de la troupe commandée par Frederick Middleton est temporairement arrêtée par les Métis de Fish Creek le 24 avril avant de pouvoir reprendre son avancée. Après avoir réussi à libérer avec succès le fort de Battleford qui est assiégé, la troupe du lieutenant-colonel canadien William Otter est forcée de battre en retraite par le chef Pitikwahanapiwiyin (Poundmaker) à Cut Knife Hill le 2 mai. Frederick Middleton remporte la bataille finale à Batoche le 12 mai, provoquant la capitulation de Louis Riel et d’autres chefs rebelles. Au total, la milice compte 26 morts et 103 blessés lors de sa première grande campagne. Les miliciens apprennent de leurs adversaires métis et autochtones les avantages des tactiques du tir à cheval et du camouflage dans des tranchées ou dans les postes de tir. William Otter devient un héros chez lui, en Ontario.

La bataille de Paardeberg

Guerre d’Afrique du Sud (Boers)

En 1899, William Otter commande le premier contingent envoyé pour combattre les républiques boers en Afrique du Sud, ce qui est la première guerre outre-mer du Canada. Malgré la résistance d’une grande partie du Canada français à l’idée d’envoyer des troupes combattre pour la Grande-Bretagne dans une guerre impériale, le premier ministre Wilfrid Laurier parvient à un compromis en envoyant un bataillon d’infanterie de 1000 volontaires. Le Canada s’engage à payer les dépenses associées à l’enrôlement, à l’équipement et au transport de ces soldats en Afrique du Sud, tandis que la Grande-Bretagne promet de payer toutes les dépenses après leur arrivée. Wilfrid Laurier souligne que cette décision ne doit pas être considérée comme un précédent engageant les troupes canadiennes à jouer un rôle de combat dans les futures guerres de la Grande-Bretagne. Trois contingents supplémentaires sont levés pour servir en Afrique du Sud, portant le nombre total d’hommes enrôlés à plus de 8000. Lord Strathcona, haut-commissaire du Canada à Londres, finance également personnellement une unité de 600 fusiliers à cheval, qui devient plus tard une partie des forces armées canadiennes permanentes et connues sous le nom de Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians).

Les infirmières militaires canadiennes servent également pendant la guerre, cette fois en tant qu’officières en uniforme dans l’armée. Quatre infirmières accompagnent chacun des premier et deuxième contingents, tandis que huit infirmières font partie du troisième contingent. Quatre d’entre elles en sont à leur deuxième mission en Afrique du Sud. Depuis lors, les infirmières militaires servent dans tous les conflits outre-mer du Canada.

Les unités canadiennes sont placées ensemble en Afrique du Sud, au lieu d’être divisées pour renforcer les unités britanniques, ce qui marque le début d’une tradition nationale pour les forces canadiennes qui considèrent cette unité d’effort comme un fondement essentiel à leur esprit de corps et à leur capacité au combat. Les conditions de vie sous le climat torride d’Afrique du Sud sont horribles, les fusiliers boers sont d’une efficacité redoutable et les maladies sévissent. Quatre-vingt-neuf Canadiens meurent au combat, 252 sont blessés et 135 succombent à des maladies. Lorsque la guerre se termine en faveur de la Grande-Bretagne, et les Canadiens sont accueillis chez eux par une nation remplie de fierté pour l’Empire et les troupes. (Voir bataille de Paardeberg.)

La fierté de la mission accomplie en Afrique du Sud alimente le soutien du public pour une armée de volontaires. Frederick Borden, ministre de la Milice au sein du gouvernement Laurier, introduit la Loi sur la Milice de 1904 afin de mettre en œuvre des réformes clés, notamment la création d’un conseil de la milice qui est présidé par un officier supérieur canadien occupant le poste militaire le plus haut placé, celui de chef de l’état-major général. Au moment où le sentiment nationaliste canadien prend de l’ampleur, le dévouement à l’Empire subsiste et il devient bientôt le moteur de l’engagement du Canada dans une guerre mondiale dévastatrice.

Général Sir Samuel Hughes

Première Guerre mondiale

Mobilisation

En 1868, le budget miliaire du Canada s’élève à 1,6 million de dollars. En 1914, sous le premier ministre Robert Borden, il est déjà passé à 11 millions de dollars et permet alors d’entretenir une milice de première ligne de 74 213 hommes et une force permanente de 3110 hommes. Lorsque la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août 1914, le Canada se retrouve également automatiquement en guerre.

Le colonel Sam Hughes, fervent partisan de la milice et ministre de la Milice et de la Défense dans le gouvernement de Robert Borden, entre en action. Il choisit d’ignorer les plans de mobilisation mis en place par son personnel, les considérant trop lents et trop compliqués pour être efficaces dans le cadre d’une guerre dont beaucoup s’attendent à ce qu’elle soit terminée avant Noël. Au lieu de cela, Sam Hughes contacte directement les commandants de régiment, leur ordonnant d’enrôler des volontaires aussi rapidement que possible et de les envoyer dans un nouveau camp d’entrainement en construction à Valcartier au Québec. En l’espace de quelques semaines, plus de 30 000 soldats sont mobilisés et équipés, et ils s’embarquent ensuite pour la Grande-Bretagne en tant que premier contingent (officiellement nommé 1re Division canadienne) du Corps expéditionnaire canadien (CEC). Les premières recrues viennent principalement des villes et 70 % des effectifs du premier contingent sont d’origine britannique.

Ypres

Le lieutenant-général britannique E.A.H Alderson commande la Division canadienne qui livre son premier combat d’envergure lors de la deuxième bataille d’Ypres, en 1915. Les Canadiens y établissent leur réputation de combattants déterminés et ingénieux, leurs troupes parvenant à conserver leurs positions face à la première attaque au chlore gazeux de cette guerre provenant des Allemands. Ils défendent avec succès le saillant d’Ypres tandis que les troupes alliées qui sont tout près s’enfuient avant de ressentir l’atroce impact de ces armes chimiques jamais utilisées auparavant.

Un deuxième contingent arrive sur le front occidental peu après, ce qui permet la création du Corps canadien. Sam Hughes et ses généraux sont déterminés à ce que les unités canadiennes restent une fois de plus ensemble au front. Le lieutenant-général britannique E.A.H. Alderson prend le commandement du Corps canadien, tandis que les majors généraux canadiens Arthur Currie et Richard E. Turner commandent la première et la deuxième divisions. L’addition des troisième et quatrième divisions sous le commandement des majors généraux Malcolm Mercer et David Watson en 1916 fait passer les effectifs du Corps à 70 000 hommes, mais les pertes s’accumulent à un rythme alarmant. Plusieurs unités de nouvelles recrues du Canada sont divisées pour renforcer des bataillons déjà expérimentés au combat. Le Corps canadien contribue à développer un puissant sentiment de fierté nationale, surtout depuis que les divisions canadiennes restent ensemble contrairement aux divisions britanniques qui se transfèrent d’un Corps à un autre sur une base régulière.

Durant la guerre, de nombreux Canadiens noirs veulent également servir leur pays, mais ils se heurtent aux préjugés typiques de l’époque. À la suite d’un lobbying intense, le 2e Bataillon de construction est formé en juillet 1916. Il est composé d’hommes noirs et d’officiers blancs, à l’exception de l’aumônier de l’unité, William Andrew White, qui est l’un des rares officiers noirs de l’Empire britannique. En raison de problèmes de recrutement, l’unité est réduite à une compagnie. Elle sert dans le massif du Jura, situé dans le sud-est de la France, à partir de mai 1917, où elle soutient les compagnies du Corps forestier canadien dans ses opérations d’exploitation forestière. Entre 300 et 500 autres hommes noirs servent dans d’autres unités du CEC. (Voir Volontaires noirs dans le Corps expéditionnaire canadien.)

Les cent jours de Vimy

Bien que Sam Hughes soit le visage public de l’effort de guerre canadien durant les deux premières années du conflit, c’est Arthur Currie qui émerge comme le héros du Canada après la victoire de la crête de Vimy, le 9 avril 1917. Arthur Currie, sous le commandement du lieutenant-général britannique Julian Byng, commande les efforts de quatre divisions canadiennes lors d’une attaque innovatrice et planifiée de manière complexe sur les hauteurs de Vimy, un secteur jusqu’alors inatteignable pour les forces britanniques et françaises. Comme un grand nombre de ses officiers, Arthur Currie s’est joint au CEC après avoir fait partie de la milice, et le CEC se transforme en une force armée d’outre-mer professionnelle et efficace. En juin, Arthur Currie remplace Julian Byng au poste de commandant du Corps canadien et en devient ainsi le premier commandant canadien. Il continue à insister pour que les divisions du CEC demeurent groupées ensemble tout au long des durs combats de 1918, incluant la campagne des Cent Jours, au cours de laquelle les Canadiens sont le fer de lance de la poussée finale des alliés vers la victoire et l’armistice de novembre 1918. (Voir Bataille d’Amiens; Bataille de Cambrai; Bataille de Mons.)

Plateau de Vimy

Fierté et pertes

À la fin de la guerre, les soldats canadiens, tout comme le public, savent qu’ils ont créé une armée spéciale dotée d’une expertise acquise par le courage, l’adaptabilité, l’aptitude au combat et un esprit unique. Ils ont intégré les anciennes traditions de la milice au Corps expéditionnaire nouvellement formé qui combat à Ypres, à la Somme, à la crête de Vimy, à Passchendaele et lors de la campagne des Cent Jours. Renforcé par des innovations tactiques et un imposant esprit de corps, le CEC compte 619 636 soldats. Au total, 66 000 de ces soldats donnent leur vie et 173 000 sont blessés en servant leur pays et l’Empire britannique. (Voir Évolution des troupes de choc canadiennes.)

Après leur retour au Canada en 1919, la plupart des soldats du CEC démobilisés retournent au travail comme commis, agriculteurs, enseignants, bûcherons, mineurs ou ouvriers d’usine. Une fois encore, la force permanente compte environ 4000 hommes. Elle est composée des Royal Canadian Dragoons (RCD), des Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians), du Royal Canadian Regiment (RCR), du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI) et du Royal 22e Régiment (R22eR). La milice, forte de 40 000 hommes, demeure une composante de réserve de l’armée. Épuisés par plus de quatre années d’une guerre d’usure âpre et coûteuse qui a duré de 1914 à 1918, les Canadiens deviennent isolationnistes et les dépenses militaires perdent leurs soutiens.

Deuxième Guerre mondiale

En septembre 1939, la guerre éclate à nouveau entre les alliés et l’Allemagne. Le Canada se prépare à combattre aux côtés de la Grande-Bretagne, mais cette fois en tant que nation indépendante. La Première Armée canadienne est formée sous le commandement du lieutenant-général A.G.L. McNaughton. Lorsqu’arrive l’année 1942, elle compte déjà trois divisions d’infanterie, en plus de deux divisions blindées et deux brigades blindées indépendantes. La majeure partie de l’entrainement des soldats est effectué en Grande-Bretagne où ils attendent leur déploiement.

Hong Kong et Dieppe

Mis à part deux bataillons envoyés pour aider à la défense échouée de Hong Kong, les unités de l’Armée canadienne ne participent que très peu aux combats avant le raid amphibie de Dieppe sur la côte française, le 19 août 1942. Sur les 4963 soldats de la Deuxième division débarqués sur les plages de Dieppe, 907 sont tués, 586 sont blessés et 1946 sont faits prisonniers. Ce taux effroyable de pertes humaines ne trouve qu’une faible justification plus tard dans la guerre, lorsque les stratèges alliés tiennent compte des nombreuses erreurs commises à Dieppe en vue de la préparation de la bataille de Normandie.

Bataille d'Ortona

Italie

En 1943, la Première division d’infanterie canadienne et la Première brigade blindée de l’armée canadienne sont finalement lancées dans les combats en Italie. Les Canadiens avancent à travers la Sicile avec la Huitième armée britannique du général Bernard Montgomery. Ils commencent ensuite la longue et difficile campagne sur le continent italien. Au début de 1944, la 5e Division blindée canadienne se joint à la 1re Division et la 1re Brigade blindée canadienne (qui a été renommée), permettant la formation du 1er Corps canadien. Tout en développant leur expertise en matière de coopération entre les unités d’infanterie et les unités blindées, les 92 757 Canadiens présents sur ce théâtre opérationnel se battent avec succès contre des forces allemandes bien entrainées et lourdement armées.

De la Sicile à la rivière Moro, en passant par Ortona, la vallée du Liri, la ligne Gothique à Rimini, Montone et Senio, les soldats canadiens font leurs preuves en terrain difficile et lors de batailles coûteuses qui favorisent souvent les défenseurs allemands bien retranchés. Plus du quart des soldats canadiens en Italie sont des victimes : 5 399 d’entre eux sont tués, 19 486 sont blessés, et 1004 sont faits prisonniers.

Des soldats canadiens débarquant sur Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, le 6 juin 1944.

Normandie

Le Jour J, le 6 juin 1944, les alliés envahissent la Normandie et entament une avancée qui dure 11 mois, à travers la France et le nord-ouest de l’Europe jusqu’en Allemagne. Près de 14 000 soldats canadiens prennent part aux débarquements alliés sur un front de 90 km, tandis que les soldats du 1er Bataillon de parachutistes canadiens sautent avec les Britanniques sur le flanc est. Après avoir pris d’assaut Juno Beach, les Canadiens avancent plus loin à l’intérieur des terres que les forces britanniques ou américaines lors de ce premier jour de l’invasion. Le Jour J est un succès décisif, mais le prix est très élevé pour le Canada; 359 sont tués au combat, 715 sont blessés et 47 sont faits prisonniers.

Cependant, le succès des Canadiens lors du Jour J est suivi, le mois suivant, d’un désastre lors de l’avancée vers Falaise, un mouvement offensif destiné à couper la retraite de plusieurs éléments de l’armée allemande. Les deuxième et troisième divisions canadiennes ont été intégrées au 2e Corps sous le commandement du lieutenant-général Guy Simonds quelques semaines auparavant. Au cours de l’opération Spring, le 25 juillet, les Canadiens subissent une de leurs plus lourdes pertes de toute la guerre, le bilan des pertes dans la journée n’étant surpassé que par celui de Dieppe. Durant tout l’été, dans des conditions difficiles, la Première Armée canadienne, sous les ordres du général Harry Crerar, continue à avancer vers le sud malgré une résistance tenace de la part des Allemands. Le 21 août, les alliés finissent par capturer le restant des forces allemandes dans le nord de la France, mettant ainsi fin à la campagne de Normandie.

Montgomery et Crerar

Les ports de la Manche et le Rhin

Alors que les alliés s’avancent vers l’est en direction de l’Allemagne, les Canadiens sont chargés de libérer les ports situés sur la Manche, notamment la ville belge d’Anvers et l’estuaire de l’Escaut, en aval. (Voir Libération des Pays-Bas; Le Canada et la bataille de l’Escaut.) Le général Crerar prend bientôt le commandement de la plus grande armée canadienne de campagne jamais constituée, soit plus de 450 000 hommes, renforcée par les forces canadiennes qui se battaient jusqu’alors en Italie, ainsi que par d’autres unités internationales. En mars 1945, les soldats canadiens, qui combattent aux côtés des forces britanniques et américaines, traversent le Rhin et contribuent bientôt à la défaite finale du troisième Reich de Hitler.

Trois quarts des commandants de brigade canadiens et 90 % des commandants d’unité étaient miliciens avant la guerre. Sur plus d’un million d’hommes et de femmes qui ont servi dans les forces armées durant la guerre, plus de 730 000 étaient actifs dans les unités combattantes. Le bilan pour ces unités a été de 22 910 morts, 52 679 blessés et 6 433 faits prisonniers, un lourd tribut pour une petite nation de seulement 11 millions de personnes. Tout comme le Corps canadien de 1918, la Première Armée canadienne de 1945 est devenue une force armée professionnelle, extrêmement efficace, dotée d’une solide réputation militaire.

Guerre froide et maintien de la paix

Comme elle l’a fait en 1919, l’Armée canadienne se démobilise rapidement après la Deuxième Guerre mondiale. Les forces actives et les forces de réserve restantes sont sous-financées et mal équipées durant les premières années de la guerre froide, qui éclate entre le bloc ouest, dirigé par les États-Unis, et le bloc est qui est communiste et dirigé par l’Union soviétique. En 1949, le Canada se joint à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

À l’époque, le Canada a déjà effectué sa première mission de maintien de la paix des Nations unies (ONU) en 1948 en prenant part à l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve pour les territoires israéliens et arabes. La tradition de maintien de la paix de l’Armée canadienne devient fermement établie l’année suivante, avec l’observation de la nouvelle ligne de démarcation entre l’Inde et le Pakistan. En 1954, l’armée joue un rôle en Indochine, en supervisant et en contrôlant des territoires anciennement détenus par la France.

Guerre de Corée

Le 25 juin 1950, la Corée du Nord communiste envahit la Corée du Sud. En février 1951, le Canada envoie le 2e bataillon du PPCLI sur la ligne de front sous le commandement de la 27e Brigade d’infanterie britannique. Les 2e bataillons du RCR et du Royal 22e Régiment, en plus d’un escadron blindé, un régiment d’artillerie, un escadron de génie de campagne et diverses unités de soutien, forment le 25e Groupe-brigade d’infanterie canadien et deviennent une partie de la 1re Division du Commonwealth aux côtés de deux brigades britanniques. Les deux groupes subissent fréquemment des pertes lors de violentes escarmouches ou d’opérations de plus grande envergure, souvent contre des forces chinoises hautement qualifiées et lourdement armées. Au cours de la guerre, plusieurs rotations d’unités ont lieu, aboutissant généralement à une période de service d’un an en Corée.

Comme ils sont experts dans l’utilisation des mitrailleuses, des mitrailleuses Bren, des lance-roquettes et des mortiers, les Canadiens sont plongés dans une guerre visant à empêcher la perte de la Corée du Sud. Lorsque le cessez-le-feu du 27 juillet 1953 met fin aux combats, le Canada a perdu 516 hommes (312 sont tués au combat), tandis que 1202 sont blessés et 32 sont faits prisonniers. Le 38e parallèle est rétabli en tant que frontière entre les deux Corées et l’Armée canadienne peut être fière d’avoir contribué à l’endiguement du communisme (Voir Guerre de Corée; Bataille de Kapyong).

Crise de Suez

Trois des unités d’infanterie qui ont servi en Corée sont ensuite envoyées pour se joindre aux forces de l’OTAN en Europe, et sont éventuellement relevées par leur 1er Bataillon en 1955. La paix mondiale est de nouveau en jeu avec la crise de Suez qui éclate en 1956. Lester Pearson, secrétaire d’État aux Affaires extérieures du Canada, aide à résoudre la crise en mettant sur pied la Force d’urgence des Nations Unies (FUNU) qui comprend un contingent de plus d’un millier de soldats canadiens, environ un sixième de l’effectif de cette force. La FUNU maintient la stabilité de la région pendant 10 ans et est retirée juste avant que n’éclate la guerre israélo-arabe de 1967. Les Canadiens forment le plus important contingent de la FUNU. Lorsque Lester Pearson gagne le prix Nobel de la paix en 1957 pour son rôle dans cette mission, l’image du Canada comme nation dévouée au maintien de la paix s’en trouve renforcée.

Les membres canadiens de la Force d’urgence des Nations Unies (FUNU) à la frontière entre l’Égypte et l’Israël, en 1962.

Chypre

En mars 1964, la Grèce et la Turquie sont sur le point d’entrer en guerre en raison d’un conflit concernant l’île méditerranéenne de Chypre. Les Canadiens constituent une part majeure de la réponse en matière de maintien de paix de l’ONU, et tous les bataillons d’infanterie de la force régulière et les régiments blindés et d’artillerie (ces deux derniers étant reconfigurés en infanterie pour la mission) servent éventuellement à Chypre sur une période de 29 ans. Durant l’époque du maintien de la paix, les Canadiens adoptent des armes, des équipements, des techniques d’entrainement et des technologies de communication de type américain, remplaçant les modèles britanniques qui ont été la norme de l’Armée canadienne depuis l’époque coloniale.

Maintien de la paix à Chypre

Unification, réorganisation et compressions

Au milieu des années 1960, le gouvernement libéral entame le processus qui vise à unifier les différents services du Canada en une seule force connue sous le nom de Forces armées canadiennes (FAC). En conséquence, en 1965, l’armée devient la Force mobile.

À peu près au même moment, les FAC commencent à former des unités francophones supplémentaires afin d’encourager le recrutement et les opportunités de carrière des francophones. À partir de 1968, ceci mène à la création de ce qui devient éventuellement le 5e Groupe-brigade mécanisé du Canada (5 GBMC) ainsi qu’un régiment blindé, le 12e Régiment blindé du Canada (12e RBC), un régiment d’artillerie, le 5e Régiment d’artillerie légère du Canada. (5e RALC), et d’autres unités de brigade.

La création de ces unités francophones et la réduction de la taille de l’armée entrainent le retrait de plusieurs unités anglophones de l’ordre de bataille de l’Armée régulière. Deux régiments blindés et deux bataillons d’infanterie reviennent au statut de réserve, deux deviennent les troisièmes bataillons du RCR et du PPCLI, tandis qu’un quartier général de brigade et des bataillons d’infanterie sont dissous.

En 1969, le contingent canadien de l’OTAN est déplacé à Lahr en Allemagne de l’Ouest, où il sert à proximité des forces américaines. Les mesures d’économie mises en place par le ministre de la Défense, Paul Hellyer, telles que l’unification de l’armée, de l’aviation et de la marine en un seul service, se révèlent inefficaces en raison du déclin subséquent du moral des militaires et de l’incapacité à réaliser les économies désirées. Les forces armées canadiennes comptent alors moins de 80 000 hommes, une baisse considérable par rapport aux 120 000 soldats en 1963. La force canadienne de l’OTAN est réduite de moitié, et ne compte plus que 5000 personnes.

Cependant, le Canada maintient son engagement envers les efforts de l’ONU et il participe à chaque mission de maintien de la paix de l’époque de la guerre froide jusqu’en 1989. Les troupes canadiennes aident à maintenir la stabilité en Inde/Pakistan, Israël/Égypte, Iran/Irak et en Amérique centrale.

Après-guerre froide

Au début des années 1990, le mur de Berlin est détruit, l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est sont réunifiées, et l’Union soviétique est dissoute. Ces événements ont un impact direct sur l’Armée canadienne. Ils entrainent la dissolution du 4e Groupe-brigade mécanisé du Canada qui est stationné en Allemagne depuis le début des années 1950, et la fin de la mission de renforcement du groupe‑brigade canadien transportable par air et par mer (CTAM) dans le nord de la Norvège.

Avec la prolifération des conflits régionaux et ethniques qui ne sont plus contenus par les contraintes de la guerre froide, et en raison de la résistance des zones de conflits envers l’intervention de l’ONU, les missions qui sont censées être un « maintien de la paix » dégénèrent en interventions de « restauration de la paix » plus controversées.

Les forces canadiennes jouent un rôle limité au sein de la coalition sanctionnée par l’ONU contre l’Irak durant la guerre du Golfe de 1991, après l’invasion du Koweït.

L’année suivante, durant une violente guerre civile en ex-Yougoslavie, un contingent du RCR et du Royal 22e sert avec la FORPRONU à Sarajevo sous le commandement du major général Lewis MacKenzie, principalement pour sécuriser l’aéroport de la ville assiégée. Les soldats de l’ONU sont trop peu nombreux dans le secteur et le danger monte alors que les Serbes tirent de leur artillerie lourde à partir des hauteurs qui surplombent la ville. Lewis MacKenzie reste un fervent partisan des missions de maintien de la paix de l’ONU, mais il met en garde contre l’aggravation des pénuries de ravitaillement et la difficulté de commander une mission sur le terrain lorsqu’un grand nombre de décisions cruciales doivent être discutées au préalable au siège des Nations unies, à New York.

Les 15 et 16 septembre 1993, un groupement tactique de 875 personnes en Croatie basé sur le 2 PPCLI est confronté à une action agressive de la part des Croates. Durant la bataille de la poche de Medak, les soldats canadiens mènent leur bataille la plus importante depuis la guerre de Corée. Quatre Canadiens sont blessés et pas moins de 27 Croates sont tués. L’année suivante, les Serbes prennent 400 soldats de la paix en otage, dont 55 Canadiens.

La FORPRONU est suivie par des missions autorisées par l’OTAN comme la IFOR, la SFOR et la KFOR. Environ 40 000 Canadiens servent dans les Balkans, la plupart appartenant à l’armée. (Voir Casques bleus canadiens dans les Balkans.)

Lors des missions de l’ONU de 1993 en Somalie et au Rwanda, l’impossibilité de maintenir un contrôle, une discipline et un moral efficaces en raison de ressources insuffisantes devient encore plus évidente. En Somalie, le Régiment aéroporté du Canada (RAC) devient l’objet d’un examen rigoureux après qu’un adolescent somalien ait été torturé et tué dans le camp canadien. L’incident mène à une longue enquête politique au Canada et, ultimement, à la dissolution du régiment d’élite de l’armée du Canada. (Voir Affaire de la Somalie.)

En 1994, le major général canadien Roméo Dallaire, qui commande la mission de l’ONU au Rwanda, fait appel pour avoir davantage de troupes afin de mettre fin au génocide rwandais, mais il est impuissant à arrêter la catastrophe qui se déroule.

Roméo Dallaire

Le Canada est présent depuis longtemps en Haïti. Les soldats canadiens de maintien de la paix y servent dans diverses missions au milieu des années 1990, ainsi que du milieu des années 2000 jusqu’à la fin des années 2010. De plus, le Canada fournit une aide substantielle à la nation insulaire lors du tremblement de terre dévastateur de 2010.

Les soldats canadiens participent également à plusieurs plus petites missions de maintien de la paix depuis le début des années 1990. Celles-ci comprennent le Congo, le Cambodge, le Timor oriental, l’Éthiopie et l’Érythrée. En 75 ans de missions de maintien de la paix, le Canada fournit environ 125 000 militaires et perd 130 d’entre eux. C’est le prix que paye une puissance moyenne pour ses efforts visant à préserver la paix dans le monde.

Afghanistan

L’armée de la Force régulière du Canada atteint son niveau le plus bas en 2001, soit de 19 700 hommes. Toutefois, les attitudes envers l’armée rebondissent drastiquement après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 sur New York et Washington DC. Les attaques du 11 septembre entrainent la mise en œuvre d’une campagne internationale contre le terrorisme en Afghanistan, dirigée par les États-Unis et destinée à chasser le régime des talibans qui ont hébergé les terroristes d’Al-Qaïda. Lors du premier déploiement de combat du Canada depuis la guerre de Corée, 900 soldats du 3e Bataillon du PPCLI sont envoyés à l’aérodrome de Kandahar. En 2005, le Canada envoie également un groupe-bataillon renforcé comptant 2000 soldats à Kandahar. Les soldats font face à des tirs d’armes légères, des attaques à la roquette, des attentats-suicides à la bombe et à des engins explosifs improvisés (EEI). En 2010, le Canada compte déjà 2500 soldats en Afghanistan qui sont engagés dans une mission antiterroriste de grande envergure, l’engagement militaire le plus important de la nation depuis la guerre de Corée.

Le rôle de combat du Canada en Afghanistan prend officiellement fin en 2011. Le bilan humain s’élève à 158 soldats tués, dont les deux tiers servaient dans l’infanterie. La plupart d’entre eux sont tués par des attaques d’engins explosifs improvisés. Parmi les morts figure la capitaine Nichola Goddard, une officière d’artillerie qui, en 2006, devient la première Canadienne membre des troupes à être tuée au combat.

Opérations nationales

Les opérations nationales consistent à apporter de l’aide aux forces de l’ordre, aux interventions d’urgence et prévention, et à faire respecter la souveraineté canadienne, plus particulièrement dans le Nord. L’armée canadienne participe à de telles missions depuis plusieurs années.

Au fil des décennies, l’armée contribue souvent au maintien de l’ordre durant les périodes de troubles civils, comme lors des grèves des années 1920 et 1930. Au cours de la crise d’Octobre de 1970, des milliers de soldats sont appelés pour effectuer des patrouilles à Ottawa, à Montréal et dans d’autres villes, ainsi que pour assurer la protection de plusieurs points vitaux à travers le Québec en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. L’armée fournit également une assistance lors de la résistance de Kanesatake (crise d’Oka) en 1990, et elle contribue à mettre fin à cette impasse.

Affrontement d'Oka

D’autres exemples récents de l’aide apportée par l’armée aux forces de l’ordre comprennent les Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver et les sommets du G7 de 2002, de 2010 et de 2018 en Alberta, en Ontario et au Québec, respectivement.

L’armée fournit également du personnel, de l’équipement et de l’expertise lors de situations d’urgence et de catastrophes nationales. Le nom Opération Lentus est le nom donné aux Forces armées lors de leurs interventions en cas de catastrophes naturelles. (Voir Les Forces armées canadiennes et les catastrophes naturelles.)

L’armée répond également aux demandes d’aide fédérales et provinciales pour de l’aide durant la pandémie de Covid-19. Entre autres tâches, l’armée déploie des médecins spécialistes et d’autres membres du personnel dans des établissements de soins de longue durée en Ontario et au Québec et elle soutient directement les communautés nordiques et éloignées, généralement par l’intermédiaire des Rangers canadiens.

Le Nord

L’armée joue un rôle important dans le Nord canadien par l’intermédiaire des Rangers canadiens et des groupes-compagnies d’intervention dans l’Arctique (GCIA).

Les Rangers canadiens sont une sous-composante de la réserve de l’armée, et leurs membres vivent et travaillent dans plus de 200 communautés situées dans des régions éloignées, isolées et côtières du Canada. Leur rôle est d’apporter leur aide lors de situations d’urgence ou d’opérations nationales.

Les Rangers sont divisés en cinq groupes de patrouilles des Rangers canadiens (GPRC), chacun ayant un quartier général responsable de la formation et du mentorat des Rangers et de leur programme jeunesse, les Rangers juniors canadiens. Les Rangers sont présents dans toutes les provinces et tous les territoires canadiens, à l’exception des trois provinces maritimes.

L’armée maintient quatre groupes-compagnies d’intervention dans l’Arctique (GCIA), un groupe est basé sur chaque division et est composé de réservistes. Les GCIA sont chargés de mener des opérations de souveraineté, de participer aux interventions en cas de catastrophe et d’aider d’autres services gouvernementaux. Ils s’entrainent dans le Nord sur une base régulière.

Ukraine

En 2015, les FAC lancent l’Opération Unifier, une mission de formation militaire et de renforcement des capacités à l’appui des forces armées ukrainiennes. En 2023, la mission est prolongée jusqu’en 2026. La formation a lieu en Grande-Bretagne, en Pologne et en Lettonie. L’Armée canadienne fournit la plupart des 300 membres des FAC qui assurent la formation des recrues, des soldats de blindés, des ingénieurs de combat, des médecins de combat, du leadership des officiers subalternes et de la maintenance des obusiers M777A2. Les Ukrainiens formés assument de plus en plus de tâches d’enseignement, et les membres des FAC sont maintenant des conseillers, des mentors et des guides d’élaboration de cours.

Entre le début de l’invasion russe dans l’Ukraine en février 2022 et la fin de l’année 2023, le Canada fait don de plus de 2,4 milliards de dollars en équipement militaire aux forces armées ukrainiennes. Une grande partie de ce matériel provient des stocks de l’armée canadienne, dont huit chars de combat principaux Leopard 2A4, quatre obusiers M777A2 de 155 mm, 100 fusils antichars sans recul Carl Gustav de 82 mm, 4200 lance-roquettes antichars M72 de 66 mm et 7000 grenades à main. De nombreux autres articles donnés, allant des vêtements et équipements d’hiver aux armes légères et munitions, proviennent également des stocks de l’armée, certains en conjonction avec des achats commerciaux.

Lettonie

L’opération Reassurance commence en 2014; dix ans plus tard, il s’agit de la plus grande mission outre-mer des FAC. L’opération fait partie des mesures d’assurance et de dissuasion de l’OTAN en Europe centrale et de l’Est. Entre 2014 et 2017, l’armée fournit des soldats sur une base de rotation dans le cadre de la Force opérationnelle terrestre en Pologne. En juin 2017, l’armée commence à fournir un groupement tactique à présence avancée renforcée de 1700 personnes à la Lettonie. Le Canada commande le groupement tactique et fournit 540 soldats. Le groupement tactique comprend des chars, de l’artillerie, de l’infanterie mécanisée, du soutien au combat, du soutien au service de combat et des éléments de guerre électronique provenant du Canada et de dix autres pays de l’OTAN. Le groupement tactique est entièrement intégré à la brigade d’infanterie mécanisée des forces terrestres lettones. Il s’agit de l’un des quatre groupements tactiques de ce type, les autres étant stationnés en Pologne, en Lituanie et en Estonie et dirigés respectivement par les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Depuis, d’autres groupes de combat sont ajoutés et stationnés en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et en Slovaquie. Ils sont dirigés respectivement par l’Italie, la Hongrie, la France et l’Espagne.

En juin 2022, le Canada annonce que son groupement tactique en Lettonie devient une brigade dirigée par le Canada dans le cadre de sa Division multinationale Nord. Pour y parvenir, le groupe-brigade doit combler plusieurs lacunes importantes en matière d’équipement, notamment des systèmes de missiles antichars portables, des armes de défense aérienne à très courte portée et des systèmes de contre-attaque aériens sans équipage. Ces capacités prennent une importance renouvelée en raison des expériences apprises de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En janvier 2023, l’élément de commandement avancé du groupe-brigade est déployé en Lettonie pour préparer l’intégration de la brigade dans la Division multinationale Nord. Bien que la composition finale du groupe-brigade ne soit pas finalisée en février 2024, il est éventuellement composé de trois groupements tactiques; deux sont fournis par le Canada et un par le Danemark. L’un des groupes tactiques canadiens est stationné en Lettonie sur une base de rotation de six mois et il comprend des chars, de l’artillerie, de l’infanterie mécanisée ainsi qu’une gamme complète d’éléments d’appui au combat et de soutien logistique au combat. L’autre groupement tactique canadien est un bataillon d’infanterie légère fourni par le Canada sur une base de montée en puissance durant des périodes de six à huit semaines dans le cadre d’un entrainement intensif sur le terrain. Le groupe-brigade canadien atteindra sa pleine capacité au combat d’ici 2026.

L’armée en 2024

Les soldats-citoyens de la milice du 19e siècle, les volontaires et les conscrits des deux guerres mondiales ainsi que les célèbres Casques bleus du 20e siècle sont remplacés par les soldats d’une armée professionnelle moderne, une armée qui revient d’Afghanistan hautement entrainée et technologiquement très avancée.

Aujourd’hui, l’Armée canadienne est constituée d’un quartier général, soit quatre divisions basées géographiquement qui sont elles-mêmes divisées en trois groupes-brigades mécanisés de la force régulière et une brigade de soutien logistique au combat, dix brigades de la force de réserve et de groupes de soutien divisionnaire, ainsi que le Centre de doctrine et d’instruction de l’Armée canadienne. (Voir Organisation de l’Armée canadienne.)

En date du début de 2024, l’Armée est composée d’environ 22 000 soldats de la force régulière, 20 000 réservistes, 5000 Rangers canadiens et 3500 civils. Il lui manque environ 6000 hommes par rapport à son effectif autorisé, dont 4000 dans la réserve militaire et 3000 dans la force régulière.

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