Conseil canadien de la musique/Canadian Music Council | l'Encyclopédie Canadienne

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Conseil canadien de la musique/Canadian Music Council

Conseil canadien de la musique/Canadian Music Council. Organisme parapluie fondé en 1944 comme « comité de musique ». Il adopta ce nom en 1945, reçut une charte fédérale en 1949, mais n'ouvrit un secrétariat permanent à Ottawa qu'en 1976.

Conseil canadien de la musique/Canadian Music Council

Conseil canadien de la musique/Canadian Music Council. Organisme parapluie fondé en 1944 comme « comité de musique ». Il adopta ce nom en 1945, reçut une charte fédérale en 1949, mais n'ouvrit un secrétariat permanent à Ottawa qu'en 1976. Il cessa ses activités en 1990, bien qu'il ait conservé sa charte. Le Conseil réunissait des groupes et des particuliers, et ses objectifs étaient de donner des renseignements sur la musique au Canada, susciter des discussions sur des sujets musicaux d'intérêt général, représenter la communauté musicale auprès des gouvernements et des organismes internationaux, contribuer au développement de la musique au Canada et se préoccuper de son statut. Le Conseil était également responsable de certains projets spéciaux, comme des conférences, des recherches et des rapports.

Origines

Les conseils nationaux de musique naquirent à partir d'un besoin de coordonner l'activité musicale dans un pays donné et d'établir des liens avec d'autres pays sur des matières allant du financement aux droits d'auteur et de la publicité aux projets de recherche. Parmi les plus anciens conseils du genre, on compte ceux de l'Allemagne (Allgemeiner Deutscher Musikverein, 1861) et de l'Angleterre (British Music Society, 1918).

Au Canada, il n'existait aucun organisme pouvant agir comme mandataire de tous les musiciens lorsque, en 1944, le comité de reconstruction de l'après-guerre créé par la Chambre des communes se montra disposé à écouter des porte-parole de tous les milieux. À la demande pressante de personnes intéressées, sir Ernest MacMillan convoqua à la hâte un comité et présenta un rapport (conservé avec les documents de MacMillan à la Bibliothèque nationale du Canada) faisant état des problèmes et des espoirs de la communauté musicale; il s'efforça par la suite de maintenir un contact avec les musiciens préoccupés de l'avenir, puis il demanda à Charles Peaker d'accepter la présidence d'un comité provisoire. De son côté, Peaker s'acquit la collaboration de John Cozens. Quelques mois plus tard, 20 personnes s'assemblèrent à Toronto, et le nom de Conseil canadien de la musique fut adopté (1946). Peaker démissionna l'année suivante et MacMillan fut élu prés., poste qu'il occupa (comme prés. du conseil ou prés.) durant 20 ans. Cozens oeuvra comme secr. bénévole durant 30 ans.

Les premières années - avant la création du CAC

En vertu de sa charte accordée en 1949, le Conseil CM fut doté d'un conseil d'administration de 12 membres. Dans la pratique, ce nombre fut plus restreint - les premiers membres incluaient Jean-Marie Beaudet, William Saint Clair Low et Arnold Walter. Comme le travail était bénévole et qu'aucun fonds n'était disponible pour des frais de voyage, le conseil fut essentiellement un groupe torontois en dépit d'une représentation équitable à l'échelle nationale chez les adhérents. De trois à cinq réunions des membres étaient tenues à Toronto chaque année; la première réunion hors Toronto se déroula à Montréal le 7 février 1959. Les participants étaient admis sur invitation (après approbation à la réunion précédente) et parmi les adhérents se trouvaient des représentants des départements de musique des principales universités, des individus de renom et divers spécialistes. En 1953, on comptait 40 particuliers et trois organismes : la CAPAC, la FCAPM et le CCO (CRCO). La SRC joua un rôle d'observateur, avant de devenir membre. Les organismes à portée nationale suivants devinrent membres au cours des années 1950 : la LCComp, BMI Canada (SDE Canada), l'ACBM, les JMC, la CMPA, la SCMF (SCTM), la CBA, la FCMF, le Canadian Bureau for the Advancement of Music et la Canadian Music Educators' Conference (bientôt modifiée en ACEM). La plus grande partie du temps des réunions était consacrée à l'échange d'informations entre ces organismes.

Les ressources financières (dons de CAPAC et, plus tard, également de la SDE Canada, et cotisations fixes des adhérents) étant limitées, aucun projet de quelque envergure ne pouvait être envisagé. Nombre de réunions du conseil remirent sur le tapis les deux questions : « Comment trouver l'argent pour faire ce qui devrait être fait? » et « Si nous avions des fonds, qu'en ferions-nous? » Le Conseil CM vivait dans l'attente que le gouvernement canadien donne suite au projet alors dans l'air de fondation d'un CAC, lequel pourrait présumément confier au Conseil canadien de la musique le mandat d'appliquer sa politique dans le domaine musical.

Lorsque le CAC devint une réalité en 1957, il ne fit cependant pas du Conseil CM son mandataire pour la musique. Sir Ernest fut nommé au CAC (1957-63) et le CAC accorda un budget croissant d'année en année à de nombreux projets présentés par le Conseil CM. Dans l'intervalle, le conseil avait réalisé sans subsides plusieurs actions valables. Pour les Jeux olympiques de 1948, il aida à rassembler des partitions de compositeurs canadiens afin de les soumettre à un concours. (L'une d'elles, le Divertimento no.1 de Weinzweig, se classa première dans la catégorie musique de chambre.) Le Conseil constitua aussi, en grande partie grâce à des dons de maisons d'édition, une musicothèque de quelque 700 compositions canadiennes; il prépara en 1954 un rapport pour la Commission royale sur les brevets d'invention, le copyright, les marques de commerce et le dessin industriel; il sélectionna cinq oeuvres pour orchestre qu'il imprima et distribua au Canada et à l'étranger en 1955 avec l'aide du ministère des Affaires extérieures. La même année, le Conseil publia sous la direction du prés. Music in Canada, volume contenant 18 chapitres sur des aspects spécifiques et signés par des spécialistes. L'année suivante, il lança le Canadian Music Journal (1956-62), premier périodique musical de haute qualité et d'envergure nationale. L'une des premières livraisons du CMJ (printemps 1957) fut consacrée à : « La Musique et le CAC » et présenta un résumé des propositions préparées par des membres spécialistes de divers domaines, ainsi qu'une étude sur les problèmes du mécénat par Arnold Walter.

1957-1965

La fondation du CAC en 1957 ne modifia pas le statut du Conseil CM comme porte-parole officieux des musiciens canadiens, mais permit au moins à l'organisme de rembourser à ses membres leurs frais de déplacement et d'obtenir des fonds pour quelques projets majeurs. Le projet le plus important et de plus longue portée fut la création du Centre de musique canadienne (1959) pour la promotion des oeuvres canadiennes. Jusqu'en 1965, le centre demeura sous l'autorité directe du Conseil qui recevait et lui transmettait les subventions annuelles du CAC.

Le Conseil CM devint le comité canadien du Conseil international de la musique (CIM) en 1952 et du Conseil interaméricain de la musique (CIDEM) en 1959. Durant les quelques années qui ont suivi, il accueillit dans ses rangs plusieurs nouveaux organismes : CAMMAC, l'ONJ et l'ACEUM (SMUC).

1965-1990

Au milieu des années 1960, on délaissa les assemblées générales fréquentes comme temps de discussion et de décisions au profit d'une seule assemblée générale annuelle mettant l'accent sur des tendances et des thèmes précis. Combinée à des colloques, cette assemblée constituait une occasion particulièrement propice aux échanges d'idées et aux contacts personnels. Les thèmes et les lieux en furent :

1965 Pour ou contre les festivals-concours (Toronto).

1966 La musique au Canada, ses ressources et ses besoins (Ottawa).

1967 La musique et les médias (Toronto).

1968 L'éducation musicale au Canada (Montréal).

1969 La musique contemporaine et le public (Montréal).

1970 Le musicien en 2001 (Ottawa).

1971 Musique et jeunesse au Canada (Québec).

1972 L'élaboration d'une politique de la musique pour le Canada (Banff, Alb.).

1973 La critique musicale au Canada (Montréal).

1974 La musique folklorique au Canada (Halifax, N.-É.).

1975 La musique au Canada : rétrospective et perspective (Ottawa). La musique, un art de vivre (Ottawa et Montréal), en collaboration avec le Conseil international de la musique (Paris) et l'Institut international de musique, de danse et de théâtre (Vienne).

1976 La musique à l'heure de l'inflation : de la prolifération à la consolidation (Guelph, Ont.).

1977 La musique et la collectivité (Vancouver).

1978 Musique et télévison (London, Ont.).

1979 À chaque enfant sa musique quotidienne (Québec).

1981 L'industrie du disque de musique sérieuse au Canada (Toronto).

1982 La situation de l'interprète au Canada (Montréal).

1984 Journées mondiales de la musique (avec la SIMC, Toronto et Montréal).

1984 Symposium international sur le théâtre musical (Toronto).

1989 Partenaires musicaux : le rôle des conservatoires au Canada (Toronto).

Après la retraite de sir Ernest et sa nomination comme prés. honoraire en 1966, le siège social du Conseil CM déménagea plusieurs fois et les membres élus au conseil d'administration furent de plus en plus représentatifs de l'ensemble du territoire. Le nouveau prés., Arnold Walter (1966-67), avait été vice-prés. durant plusieurs années. Sous son mandat, le Conseil CM fut l'hôte du congrès du Conseil interaméricain de la musique, à Toronto en 1967. Les présidents subséquents furent Jean Papineau-Couture (1967-68), John P.L. Roberts (1968-71, 1975-77), Françoys Bernier (1971-73), Ronald Napier (1973-75), Maryvonne Kendergi (1977-80), George Laverock (1980-82), Micheline Tessier (1982-83), Patricia Tompkins (1983-87), Alexander Tilley (1987-88 et Mireille Gagné (1988-90). En 1969, Wilfrid Pelletier fut nommé prés. d'honneur.

En 1970, les groupes d'interprètes (d'organismes régionaux) commencèrent à être admis comme membres et 13 d'entre eux furent admis à la fin de cette année-là. En 1984, 35 organismes nationaux, 45 régionaux, 22 écoles de musique et universités et 250 individus s'étaient affiliés.

Parmi les projets spéciaux réalisés au cours de ces premières années, on compte la publication d' Aspects of Music in Canada (Toronto 1969), ouvrage dirigé par Arnold Walter. Composé de plusieurs chapitres signés par Walter en collaboration avec sept participants, l'ouvrage fut traduit et mis à jour dans une édition française, Aspects de la musique au Canada (Montréal 1970), dirigée par Maryvonne Kendergi et Gilles Potvin. Ce dernier fut nommé rédacteur en chef du nouveau périodique du conseil, Les Cahiers canadiens de musique / The Canada Music Book, durant la même année. En 1970 également, le Conseil vit à la formation d'un comité canadien pour assurer la participation canadienne aux festivals annuels de la SIMC. En 1971, on créa la médaille du canadien de la musique et, en 1977, plusieurs autres prix : Artiste de l'année, Compositeur de l'année, Prix spécial (voir la liste sous la rubrique Récompenses 1), ainsi que de nombreux prix aux médias pour des réalisations à la radio, à la télévision et sur disques. (Le domaine de la musique pop n'y fut pas inclus.) Au début des années 1970, le Conseil CM consacra ses principales énergies à la préparation de la 16e assemblée générale du Conseil international de la musique et à sa première Semaine mondiale de la musique, du 24 septembre au 5 octobre 1975. Par sa dimension et la participation qu'elle suscita, cette assemblée surpassa toutes les manifestations antérieures du même genre au Canada.

Peu après cette fructueuse conférence, le Conseil CM réalisa, avec l'appui du CAC, l'un de ses plus vieux rêves : la mise sur pied d'un secrétariat permanent qui ouvrit ses portes à Ottawa en 1976 avec Guy Huot comme secr. général, John Cozens devenant secr. honoraire. (Le secrétariat ouvert en 1949 et dirigé par Kenneth Ingram était prématuré et ne dura que peu de temps.) L'une des premières initiatives à la suite de l'inauguration de ces locaux fut la publication de Musicanada, une version nouvelle de la revue discontinuée du Centre MC. Lorsque Huot fut nommé secr. exécutif du Conseil international de la musique, en 1987, Myra Grimley Dahl le remplaça comme secr. générale.

En 42 ans d'existence, le Conseil CM a connu des changements de structure et de fonction, passant d'une organisation centralisée à Toronto à un organisme d'une envergure véritablement nationale. Il s'est penché sur les faiblesses et les points forts de la musique au Canada et s'est tourné vers l'extérieur avec le souci d'assurer la présence canadienne à l'étranger. Son champ d'action s'est élargi du lobbying à la propagande et de l'attribution de prix à la coordination d'efforts. Toutes ses entreprises ne réussirent pas également et tout son potentiel d'organisme parapluie national ne s'est pas entièrement concrétisé, mais ses réalisations n'en demeurent pas moins impressionnantes et son dévouement à tout un éventail de causes valables a produit des résultats qui sont déjà passés à l'histoire. Un des derniers projets du Conseil fut d'entreprendre une étude sur la situation des conservatoires au Canada qui déboucha sur le rapport Independent and Affiliated Non-Profit Conservatory-Type Music Schools in Canada : A Speculative Survey. Moins d'un an après avoir installé ses quartiers généraux au Centre culturel Chalmers d'Ottawa, le conseil se retrouva avec un déficit de 54 000 $ et la perspective d'un retrait du soutien du CAC. Il décida donc (février 1990) de suspendre ses opérations et de fermer ses bureaux. Sous certains rapports, le conseil a certainement prouvé son utilité puisque des organismes de musique spécialisés avaient pu établir leurs propres moyens efficaces pour pouvoir négocier avec les gouvernements et les autres sources financières. Toutefois, cette éclipse a malheureusement laissé la profession en entier sans porte-parole et sans liaison internationale efficace. Les archives de l'organisme ont été déposées à la Université Laval.

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